Jésus au temple.

Jésus au temple. Extrait de Marie… que dit de Toi, l’écriture ? Bernard Gillard

Comme Anne et Elqana allaient à Silo, où demeurait l’Arche d’Alliance, Marie et Joseph »allaient chaque année à Jérusalem pour la fête de la Pâque »Jésus venait d’entrer dans sa majorité religieuse. Il est tenu, dès lors, d’observer les prescriptions de la loi mosaïque .Il peut donc légitimement faire acte d’indépendance. Ce ne sont pas les liens de la chair et du sang , rapporte St Jean, qui comptent dans l’ordre de la filiation divine .Jésus marque qu’il y a , pour lui, une obligation supérieure à celle qui le lie à ses parents de la terre : il n’a pas à leur rendre compte de ses agissements, puisqu’il est l’Envoyé pour une mission de salut .Il est le temple vivant dans lequel seront rassemblés tous les peuples, à la fin des temps .Il montre déjà qu’il est la Parole de Vérité et de Vie . Peut-être veut-il éclairer les docteurs chargés de l’enseignement religieux, pour qu’ils puissent mieux préparer eux-mêmes les esprits de la Révélation que lui, Jésus, donnera pendant son ministère public …
Le fait que ni Marie ni Joseph ne s’aperçoivent de son absence, au moment du départ ne doit pas nous étonner. Les femmes étaient séparées des hommes pendant l’étape
Comme Jésus était « majeur », mais depuis peu, Marie pouvait penser qu’Il marchait avec les hommes. Joseph pouvait penser lui aussi que Jésus voulait une dernière fois faire le voyage ou la première étape du retour avec Marie…
Trois jours vont passer dans l’angoisse pour eux. Ces trois jours doivent alerter notre attention. Le thème des trois jours ou le troisième jour est important dans la bible.
Abraham marche durant trois jours avec Isaac, avant de l’offrir en holocauste.
Le peuple, ayant quitté l’Egypte, devait après trois jours de marche dans le désert, offrir le sacrifice demandé par Dieu à Moïse. Ce sacrifice est le but même de l’exode
Le peu de foi d’Israël, sa peur et sa récrimination repousseront à trois mois le sacrifice de l’Alliance au Sinaï.
Trois jours de préparation seront demandés par Dieu au peuple avant de passer le Jourdain et de célébrer la pâque, la première, en Terre Promise.
Dans l’Evangile, le troisième jour sera celui de la Résurrection.
Jésus donnera le signe de Jonas come preuve de sa messianité et du Salut. Or le prophète sera trois jours et trois nuits dans le ventre du monstre marin, symbole de Satan, avant que d’être rejeté par lui sur le rivage.
Jésus traversera la Nuit des Ténèbres et de la Mort dans Sa Passion pour sortir victorieux des puissances du Mal, précisément le troisième jour, au matin de Pâques.
Le premier «signe » de Jésus fut donné à Cana, « le troisième jour »… Ainsi ces trois jours de recherche anxieuse et d’angoisse ne doivent pas être séparés de ce thème biblique qui prend sa vérité au Calvaire
Pendant ce temps, Jésus semble parfaitement insouciant de l’inquiétude de ses parents. Cette façon d’agir de l’Enfant les déconcerte : « En le voyant, ils furent frappés d’étonnement et sa mère lui dit « Mon enfant, pourquoi as-tu agi de la sorte avec nous ? Vois ton, ton Père et moi, te cherchions out angoissés. » Il leur dit : »pourquoi me cherchiez-vous donc ? Ne saviez-vous pas qu’il me faut être aux affaires de mon Père ? » Mais eux ne comprirent pas ce qu’Il leur disait. »
Saint Joseph n’est pas le père de Jésus, c’est pourquoi il demeure silencieux .C’est Marie qui parle. Selon la coutume, c’est au père de prendre la parole .Saint luc qui a bien mis en relief la virginité de Marie, n’hésite pas à écrire « ses parents » en parlant de Jésus. Marie dit elle-même : »ton père et moi … » Il lui faut garder le secret de l’identité du Seigneur, il faut donc en public, se comporter comme si Joseph était le vrai père de Jésus.
Jésus semble « étonné de l’étonnement »qu’ sa mère lui exprime. Il va plus loin. Il considère comme anormale la question de Marie, anormal le fait de l’avoir cherché. Quoi cependant de plus naturel et de plus urgent pour ses parents ? C’est la question de Jésus qui nous étonne nous- mêmes !...Il semble donc que Jésus reproche- le mot est sans doute trop fort-à ses parents, le fait de Le chercher, parce qu’ils savent eux, qui Il est. Ils doivent donc Lui faire confiance .Ils n’auraient pas dû être inquiets. Leur angoisse n’aurait pas dû être causée par son absence, mais uniquement par l’existence du mal qui abîme l’humanité .Jésus exprimera la sienne à cause du délai qui le sépare du moment où il pourra s’offrir en sacrifice. Peut-il y avoir invitation plus pressante pour Marie et Joseph, au dépassement d’eux – mêmes dans la foi ?
Quelles sont les affaires du Père, sinon la finalité de l’Incarnation et de la Rédemption ? Toute la vie du Seigneur est rédemptrice, depuis le premier instant de la conception. Il est en permanence aux affaires du Père. Peut-être que Marie-ou seulement Joseph-ne comprit pas que toute la vie de Jésus était rédemptrice. Sans doute n’imaginaient-ils pas, l’un et l’autre, qu’ils étaient associés étroitement à Jésus et que, par leur recherche angoissée, ils participaient déjà à Sa Passion, Lui donnant de pouvoir éclairer les docteurs et non d’être éclairé Lui-même…
Comme à Noel, comme au jour de la présentation, l’horizon est toujours le même : la croix dressée pour le Salut du monde.
Saint Luc , avant de clore l’épisode qui termine le chapitre deuxième , mentionne que Marie conservait tous les événements dans son cœur. Or Jésus, durant sa vie publique , dira à ceux qui Lui annoncent l’arrivée de sa mère et de sa parenté : » Ma Mère et mes frères , ce sont ceux qui écoutent la parole de Dieu et qui la mettent en pratique »(8,21).En 11,28,à la femme qui proclame sa mère heureuse de l’avoir allaité, le Seigneur reprendra la même expression :mais pour déclarer plus heureux ceux qui écoutent cette parole et qui l’observent.