Pas de voix unique chez les évêques sur la "Manif pour tous"
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Pas de voix unique chez les évêques sur la "Manif pour tous"
Pas de voix unique chez les évêques sur la "Manif pour tous"
Jean Mercier - publié le 08/01/2013
Ils devraient être moins d'une dizaine à manifester dimanche 13 janvier. Si certains évêques appellent explicitement à descendre dans la rue, d'autres mettent en garde contre le risque de récupération politique ou pointent la défense de "valeurs" qui témoigneraient plus de la morale que de l'Evangile.
Face à la marche du 13 janvier 2013, organisée par le collectif de la Manif pour tous, il n’existe pas de front unanime de la part des évêques français. Selon La Croix du 7 janvier, seuls huit évêques ont annoncé leur intention de défiler dans la foule, et 25 évêques (soit environ le quart de l’épiscopat) ont donné leur soutien. La plupart des hauts responsables de l’Eglise catholique n’ont donc pas souhaité renchérir sur leurs prises de position de l’été contre le projet de loi, considérant sans doute que leur message était alors clair et désormais suffisant.
Assez jaloux de leur indépendance, mais aussi soucieux de laisser une latitude à chaque conscience compte-tenu d’une opinion catholique assez diverse, les évêques se sont gardés de définir une ligne officielle épiscopale. Ils ont, le plus souvent explicitement, soutenu les prises de parole du cardinal André Vingt Trois, président de la Conférence épiscopale, lors de l’Assemblée plénière de Lourdes, début novembre. Le cardinal avait reconnu le droit des catholiques à “se manifester”, sans explicitement parler d’un devoir de manifester.
Ceux qui soutiennent explicitement la "manif pour tous"
La plupart des évêques qui se sont exprimés sur la pertinence d’une descente dans la rue, soulignent l’exigence d’un tel geste et appellent à la vigilance, rappelant qu’il existe d’autres moyens pour manifester son opposition, comme l’action auprès des responsables politiques, et rappellent que l’initiative n’est pas estampillée “catholique”.
Chez ceux qui soutiennent explicitement la "Manif pour tous", la bienveillance est réelle, mais sans emballement. Comme sous la plume de Robert Wattebled, évêque de Nîmes : “Dans cette manifestation de nature apolitique et non confessionnelle, des chrétiens se trouveront avec des personnes d'autres religions ou courants de pensée. Les catholiques gardois qui y participeront peuvent être assurés du soutien de leur évêque ainsi que de nombreux prêtres et autres membres de nos communautés chrétiennes.”
L’appel à la vigilance est souligné par Mgr André Marceau, évêque de Perpignan : “Tout citoyen a la liberté de « se manifester » pour faire part ainsi de son opinion. Descendre dans la rue doit se vivre dans le calme, le respect, la dignité. Il en va de la crédibilité de la démarche. Les attitudes provocatrices suscitent dans l’opinion des réactions inverses à l’adhésion souhaitée. (...) Pour notre département, des initiatives se font jour pour faciliter la participation au rassemblement du 13 janvier, je les encourage. (...) Mais continuons à réfléchir… à nous informer et à en parler autour de nous dans le respect des personnes.”
C’est dans le même esprit qu’écrit ainsi Hervé Gaschignard, évêque d’Aire et Dax, qui cite d’abord les moyens d’action que sont la prière et le dialogue : “J’invite en premier lieu tous les fidèles catholiques à demander à Dieu, dans la prière et le jeûne, sa lumière pour nous-mêmes et pour les consciences de tous nos concitoyens. On choisira, personnellement ou en famille, ce temps de prière et de jeûne. Pour ma part, je le marquerai le vendredi 11 janvier.
Je souligne à nouveau l’importance de reprendre le chemin du débat, à tous les niveaux, avec tous les élus (députés, conseillers généraux ou régionaux, maires), sans se contenter de réponses péremptoires, de slogans, ni céder à l’agressivité et à la violence verbale. Que chacun écrive une lettre manuscrite à ses élus, organise un vrai débat avec ceux qu’il rencontre habituellement.
J’encourage ceux qui pensent, en conscience, qu’ils doivent manifester leur opposition à ce projet, à rejoindre les femmes et les hommes de bonne volonté qui se réuniront à Paris, le 13 janvier prochain. Comme citoyens, nous devons participer à la vie politique, en utilisant les moyens d’expression qui sont ceux de la démocratie participative.”
En résumé, la volonté d’action démocratique est encouragée par les évêques. Mais on peut être un bon catholique et agir contre le projet de loi sans nécessairement se sentir forcé de descendre dans la rue.
Ceux qui craignent la récupération politique...
Sur ce dossier, les évêques marchent sur une ligne de crête, résumée par Luc Ravel, évêque aux armées : “Manifester dans la rue est un acte politique. C’est aussi un moyen démocratique légitime d’entrer dans le jeu où le peuple reste souverain et exerce son autorité propre : soit indirectement grâce à ses représentants, soit directement par des manifestations ou des élections dont le référendum fait partie.
Il ne revient donc pas à l’épiscopat français de proposer une option politique particulière mais d’exercer son charisme prophétique. Il l’a déjà fait et le fera encore.” Le cardinal archevêque de Paris André Vingt-Trois a souligné au micro de RTL, juste avant Noël, qu’il n’avait pas besoin d’une manifestation en tant qu’homme d’Eglise : “Quand j’ai besoin de faire savoir quelque chose, je n’ai pas besoin de défiler”.
La plupart des évêques tiennent par dessus tout à ce que les catholiques ne puissent être associés à des dérapages d’ordre politique ou homophobe. C’est le cas de l’évêque de Limoges, François Kallist, qui appelle à les catholiques à faire entendre leur voix. “avec discernement et prudence, en évitant les pièges d'une récupération politique”, précisant aussi “qu’il importe également qu'ils refusent toute parole ou comportement discriminatoire, et qu'il manifestent, à l'égard des personnes qui vivent d'autres réalités ou qui font d'autres choix, comme à l'égard de leurs proches, une plus grande attention fraternelle”.
... Et appellent à la fraternité plutôt qu'au combat des valeurs
Sans faire directement référence à la "Manif pour Tous", d’autres évêques ont souligné, à l’occasion des voeux destinés à leur diocèse, l’importance du dialogue, comme Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio : “Soyons donc vigilants pour démasquer les soubassements de ce qu’on appelle la pensée unique, et en même temps attentifs à ne pas diaboliser ceux qui ne partagent pas nos points de vue”. L’évêque de Coutances, Stanislas Lalanne appelle “à l’ouverture de notre vie et de notre coeur au service de nos frères”.
L’évêque de Nanterre, Gérard Daucourt, a fait une allusion cryptée aux catholiques sociologiques qui seraient tentés de récupérer la mobilisation contre le projet de loi au nom de soit disant valeurs chrétiennes, dans son dernier éditorial de la Lettre de l’Eglise catholique dans les Hauts-de-Seine : “Comme évêque, je me demande parfois si certains catholiques ne sont pas des "athées pieux" (phénomène connu en italie sous l'appellation "atei devoti").
L'athée pieux défend des "valeurs". Il s'engage généreusement dans des combats pour lesquels il fait référence à la morale chrétienne. Il participe à des rites chrétiens. Mais la question demeure : croit-il que le Christ est vivant, qu'Il nous aime, qu'Il nous sauve, qu'Il nous attend pour une vie éternelle ? Entretient-il une relation avec le Christ ? C'est en tout cela que consiste la spécificité de la foi chrétienne et on pas dans la défense de "valeurs" ou dans la générosité ou dans une morale, toutes réalités que vivent aussi les non-chrétiens”.
L’évêque cite le cas d’une prostituée, obligée de commettre des actes répréhensibles au regard de la morale évangélique, mais croit fortement en Dieu. Il appelle à la nouvelle évangélisation, pour laquelle il trouve les athées pieux “anti-constructifs”. Désignant ensuite un horizon vaste pour 2013 : “Qui montrera à tous les laissés-pour-compte et à tous les souffrants que la foi chrétienne n'est véritable que si elle agit au service du prochain ?”
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Jean Mercier - publié le 08/01/2013
Ils devraient être moins d'une dizaine à manifester dimanche 13 janvier. Si certains évêques appellent explicitement à descendre dans la rue, d'autres mettent en garde contre le risque de récupération politique ou pointent la défense de "valeurs" qui témoigneraient plus de la morale que de l'Evangile.
Face à la marche du 13 janvier 2013, organisée par le collectif de la Manif pour tous, il n’existe pas de front unanime de la part des évêques français. Selon La Croix du 7 janvier, seuls huit évêques ont annoncé leur intention de défiler dans la foule, et 25 évêques (soit environ le quart de l’épiscopat) ont donné leur soutien. La plupart des hauts responsables de l’Eglise catholique n’ont donc pas souhaité renchérir sur leurs prises de position de l’été contre le projet de loi, considérant sans doute que leur message était alors clair et désormais suffisant.
Assez jaloux de leur indépendance, mais aussi soucieux de laisser une latitude à chaque conscience compte-tenu d’une opinion catholique assez diverse, les évêques se sont gardés de définir une ligne officielle épiscopale. Ils ont, le plus souvent explicitement, soutenu les prises de parole du cardinal André Vingt Trois, président de la Conférence épiscopale, lors de l’Assemblée plénière de Lourdes, début novembre. Le cardinal avait reconnu le droit des catholiques à “se manifester”, sans explicitement parler d’un devoir de manifester.
Ceux qui soutiennent explicitement la "manif pour tous"
La plupart des évêques qui se sont exprimés sur la pertinence d’une descente dans la rue, soulignent l’exigence d’un tel geste et appellent à la vigilance, rappelant qu’il existe d’autres moyens pour manifester son opposition, comme l’action auprès des responsables politiques, et rappellent que l’initiative n’est pas estampillée “catholique”.
Chez ceux qui soutiennent explicitement la "Manif pour tous", la bienveillance est réelle, mais sans emballement. Comme sous la plume de Robert Wattebled, évêque de Nîmes : “Dans cette manifestation de nature apolitique et non confessionnelle, des chrétiens se trouveront avec des personnes d'autres religions ou courants de pensée. Les catholiques gardois qui y participeront peuvent être assurés du soutien de leur évêque ainsi que de nombreux prêtres et autres membres de nos communautés chrétiennes.”
L’appel à la vigilance est souligné par Mgr André Marceau, évêque de Perpignan : “Tout citoyen a la liberté de « se manifester » pour faire part ainsi de son opinion. Descendre dans la rue doit se vivre dans le calme, le respect, la dignité. Il en va de la crédibilité de la démarche. Les attitudes provocatrices suscitent dans l’opinion des réactions inverses à l’adhésion souhaitée. (...) Pour notre département, des initiatives se font jour pour faciliter la participation au rassemblement du 13 janvier, je les encourage. (...) Mais continuons à réfléchir… à nous informer et à en parler autour de nous dans le respect des personnes.”
C’est dans le même esprit qu’écrit ainsi Hervé Gaschignard, évêque d’Aire et Dax, qui cite d’abord les moyens d’action que sont la prière et le dialogue : “J’invite en premier lieu tous les fidèles catholiques à demander à Dieu, dans la prière et le jeûne, sa lumière pour nous-mêmes et pour les consciences de tous nos concitoyens. On choisira, personnellement ou en famille, ce temps de prière et de jeûne. Pour ma part, je le marquerai le vendredi 11 janvier.
Je souligne à nouveau l’importance de reprendre le chemin du débat, à tous les niveaux, avec tous les élus (députés, conseillers généraux ou régionaux, maires), sans se contenter de réponses péremptoires, de slogans, ni céder à l’agressivité et à la violence verbale. Que chacun écrive une lettre manuscrite à ses élus, organise un vrai débat avec ceux qu’il rencontre habituellement.
J’encourage ceux qui pensent, en conscience, qu’ils doivent manifester leur opposition à ce projet, à rejoindre les femmes et les hommes de bonne volonté qui se réuniront à Paris, le 13 janvier prochain. Comme citoyens, nous devons participer à la vie politique, en utilisant les moyens d’expression qui sont ceux de la démocratie participative.”
En résumé, la volonté d’action démocratique est encouragée par les évêques. Mais on peut être un bon catholique et agir contre le projet de loi sans nécessairement se sentir forcé de descendre dans la rue.
Ceux qui craignent la récupération politique...
Sur ce dossier, les évêques marchent sur une ligne de crête, résumée par Luc Ravel, évêque aux armées : “Manifester dans la rue est un acte politique. C’est aussi un moyen démocratique légitime d’entrer dans le jeu où le peuple reste souverain et exerce son autorité propre : soit indirectement grâce à ses représentants, soit directement par des manifestations ou des élections dont le référendum fait partie.
Il ne revient donc pas à l’épiscopat français de proposer une option politique particulière mais d’exercer son charisme prophétique. Il l’a déjà fait et le fera encore.” Le cardinal archevêque de Paris André Vingt-Trois a souligné au micro de RTL, juste avant Noël, qu’il n’avait pas besoin d’une manifestation en tant qu’homme d’Eglise : “Quand j’ai besoin de faire savoir quelque chose, je n’ai pas besoin de défiler”.
La plupart des évêques tiennent par dessus tout à ce que les catholiques ne puissent être associés à des dérapages d’ordre politique ou homophobe. C’est le cas de l’évêque de Limoges, François Kallist, qui appelle à les catholiques à faire entendre leur voix. “avec discernement et prudence, en évitant les pièges d'une récupération politique”, précisant aussi “qu’il importe également qu'ils refusent toute parole ou comportement discriminatoire, et qu'il manifestent, à l'égard des personnes qui vivent d'autres réalités ou qui font d'autres choix, comme à l'égard de leurs proches, une plus grande attention fraternelle”.
... Et appellent à la fraternité plutôt qu'au combat des valeurs
Sans faire directement référence à la "Manif pour Tous", d’autres évêques ont souligné, à l’occasion des voeux destinés à leur diocèse, l’importance du dialogue, comme Olivier de Germay, évêque d’Ajaccio : “Soyons donc vigilants pour démasquer les soubassements de ce qu’on appelle la pensée unique, et en même temps attentifs à ne pas diaboliser ceux qui ne partagent pas nos points de vue”. L’évêque de Coutances, Stanislas Lalanne appelle “à l’ouverture de notre vie et de notre coeur au service de nos frères”.
L’évêque de Nanterre, Gérard Daucourt, a fait une allusion cryptée aux catholiques sociologiques qui seraient tentés de récupérer la mobilisation contre le projet de loi au nom de soit disant valeurs chrétiennes, dans son dernier éditorial de la Lettre de l’Eglise catholique dans les Hauts-de-Seine : “Comme évêque, je me demande parfois si certains catholiques ne sont pas des "athées pieux" (phénomène connu en italie sous l'appellation "atei devoti").
L'athée pieux défend des "valeurs". Il s'engage généreusement dans des combats pour lesquels il fait référence à la morale chrétienne. Il participe à des rites chrétiens. Mais la question demeure : croit-il que le Christ est vivant, qu'Il nous aime, qu'Il nous sauve, qu'Il nous attend pour une vie éternelle ? Entretient-il une relation avec le Christ ? C'est en tout cela que consiste la spécificité de la foi chrétienne et on pas dans la défense de "valeurs" ou dans la générosité ou dans une morale, toutes réalités que vivent aussi les non-chrétiens”.
L’évêque cite le cas d’une prostituée, obligée de commettre des actes répréhensibles au regard de la morale évangélique, mais croit fortement en Dieu. Il appelle à la nouvelle évangélisation, pour laquelle il trouve les athées pieux “anti-constructifs”. Désignant ensuite un horizon vaste pour 2013 : “Qui montrera à tous les laissés-pour-compte et à tous les souffrants que la foi chrétienne n'est véritable que si elle agit au service du prochain ?”
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sylvia- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
- Messages : 6068
Date d'inscription : 06/02/2011
Re: Pas de voix unique chez les évêques sur la "Manif pour tous"
@ Tous :
On sait que beaucoup d'Évêques français n'enseignent plus le véritable Évangile du Christ Jésus. Il ne faut donc pas s'étonner qu'il n'y ait pas d'UNANIMITÉ entre eux !
L'Administrateur
On sait que beaucoup d'Évêques français n'enseignent plus le véritable Évangile du Christ Jésus. Il ne faut donc pas s'étonner qu'il n'y ait pas d'UNANIMITÉ entre eux !
L'Administrateur
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