SONDAGE : Le temps se fait de plus en plus urgent de venir en aide à votre prochain
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Ce don de trois millions de dollars représente-t-il pour vous la Vraie Charité Chrétienne ?

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Message  Francine-2 Lun 30 Juil 2018 - 15:22

Le temps se fait de plus en plus urgent de venir en aide à votre prochain
29 juillet 2018

Mes enfants, Je vous ai demandé dernièrement d’être très charitables pour venir en aide à votre prochain.  Il y a quelqu’un du Québec qui a bien agi à Mes yeux sans aucune arrière-pensée mauvaise, tout au contraire.  Il a donné le bon exemple d’une charité sans rien attendre en retour, une charité pure et délibérée de cœur.

Pas besoin d’attendre d’être millionnaire non plus pour donner davantage au prochain; mais cela, c’est certain, que ça facilite la tâche pour en donner encore plus.

Ce qu’il a fait est grand et beau à Mes yeux, J’aimerais tant qu’il le sache, Mon enfant.

Surtout lisez son témoignage, sur CE LIEN d’une page d’internet, qui en dit bien long sur sa conversion qui est entamée par une prise de conscience, par la lecture diverse en sa vie.  Je le bénis de tout Mon cœur et le remercie pour ce geste gratuit et de cœur envers une famille qui peut maintenant dormir le cœur tranquille pour assurer l’avenir de tous ses membres.  Je ne pouvais passer sous silence un geste si bon et gratuit.

Mes enfants, comprenez que le temps se fait de plus en plus urgent de venir en aide à votre prochain.

Amen, Je vous bénis en ce beau dimanche d’été.  Paix et joie dans l’espérance.

Jésus votre Sauveur qui passe inaperçu par le prochain au cœur charitable.  Par Ma petite Lucie du Québec, Mon instrument.


https://ici.radio-canada.ca/nouvelle/1115274/il-offre-son-gros-lot-a-une-quasi-inconnue

https://maranathajesus.net/2018/07/30/le-temps-se-fait-de-plus-en-plus-urgent/

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Message  Admin Mer 1 Aoû 2018 - 20:24

@ Tous :

Ouais, j'ai lu cette histoire dans le journal comme tout le monde et j'ai été incapable d'adhérer à l'esprit de cette histoire. En effet, le gagnant de 6 millions de dollars a donné à une inconnue TOUTE SA CAGNOTTE jusqu'au moment où l'heureuse élue lui en a redonné trois millions de dollars.

La ou les questions que je pose, ici, ce sont celles-ci :

Pour être heureux, a-t-on besoin de trois millions de dollars pour vivre ? Est-ce vraiment de la charité que de donner trois millions de dollars à une inconnue ou de la démesure ? Le gagnant n'aurait-il pas pu fractionner son don en de multiples plus petits montants afin d'en faire bénéficier à un plus grand nombre de gens dans le besoin ? N'y a-t-il pas, dans cette histoire, de la démesure qui, au final, dénature ce geste soit-disant de charité ? N'y a-t-il pas aussi une part de charité-spectacle dans ce geste, laquelle est l'antithèse de la vraie charité :

Flèche

"3 Mais quand tu fais l'aumône, que ta main gauche ne sache pas ce que fait ta droite, 4 afin que ton aumône se fasse en secret; et ton Père, qui voit dans le secret, te le rendra." Matthieu, 6 :3-4.

Si c'est ça la charité, donner trois millions de dollars à une inconnue, aussi bien dire que peu d'entre nous pourront mettre en pratique la charité ne possédant pas suffisamment d'argent pour pouvoir en donner autour de nous !

Bref, autant de questions, autant de commentaires qui m'interpellent et qui me font douter de la valeur de ce geste !

La VÉRITABLE CHARITÉ ne serait-elle pas plutôt liée à notre don de soi aux autres en prenant le temps de les écouter, de les aider sur le terrain, de partager leurs souffrances, d'ouvrir notre coeur à leurs angoisses ?

Mère Teresa, à cet égard, est un beau modèle à imiter quand on veut être charitable, n'est-ce pas ?

Pour le dire autrement, cette histoire, pour moi, est l'ANTITHÈSE de la vraie charité, laquelle se veut d'abord discrète, mesurée, pondérée et pas juste matérielle.

Comprenne qui pourra !

Je ne sais pas

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Message  Admin Jeu 2 Aoû 2018 - 0:32

@ Tous-Bis :

La Vraie Charité, n'est-ce pas de donner sa vie pour ceux qu'on aime ?

La question ?

La Vraie Charité, n'est-ce pas de défendre, de diffuser la Vérité autour de nous ?

La question ?

La Vraie Charité a-t-elle à voir avec le matérialisme, particulièrement l'argent ?

La question ?

La Vraie Charité, n'est-ce pas aimer Dieu d'abord et avant tout, ensuite son prochain en lui faisant connaître Dieu ?

La question ?

Décidément, plus je réfléchie et plus je trouve cet exemple d'un don de trois millions de dollars superficiel, caricatural et faux, lequel est, finalement, TRÈS LOIN de l'Authentique Charité !

Voyons ce qu'en disent les Mystiques dans les deux blocs plus bas !

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Message  Admin Jeu 2 Aoû 2018 - 0:36

@ Tous-Re-Bis :

CARACTÈRE DE LA CHARITÉ CHRÉTIENNE :

Je dois aimer mon prochain dans Dieu, pour Dieu, et comme Dieu l'aime : l'aimer dans Dieu, en sorte que Dieu soit le principe de ma charité ; l'aimer pour Dieu, en sorte que Dieu soit le motif de ma charité ; l'aimer comme Dieu l'aime , en sorte que Dieu soit le modèle de ma charité : trois points essentiels dont voici le sens.

I. Je dois aimer mon prochain dans Dieu : c'est-à-dire que je dois l'aimer comme étant l'ouvrage de Dieu, qui l'a créé par sa toute-puissance ; comme étant l'image vivante de Dieu , qui l'a formé à sa ressemblance ; comme étant la conquête et le prix des mérites d'un Dieu qui l'a racheté de son sang ; comme étant sous la garde de la providence de Dieu, qui veille sur lui sans cesse, et s'applique à le conserver et à le conduire ; comme ayant Dieu aussi bien que moi pour fin dernière, comme étant appelé à vivre avec moi dans la gloire et le royaume de Dieu. De sorte que je puis et que je dois considérer ce vaste univers comme la maison de Dieu, et tout ce qu'il y a d'hommes dans le monde, comme une grande famille dont Dieu est le père. Nous sommes tous ses enfants, tous ses héritiers, tous frères et tous, pour ainsi parler, rassemblés sous ses ailes et entre ses bras. D'où il est aisé de juger quelle union il doit y avoir entre nous, et combien nous devenons coupables, quand il nous arrive de nous tourner les uns contre les autres jusque dans le sein de notre Père céleste. N'est-ce pas, si j'ose m'exprimer en ces termes, n'est-ce pas déchirer ces entrailles de charité où il nous porte et où il nous embrasse tous sans distinction ? N'est-ce pas, par proportion, lui causer des douleurs pareilles à celles que ressentit la mère d’Esaü et de Jacob, lorsque ces deux enfants, avant que de naître , se combattaient l'un l'autre dans le sein même où ils avaient été conçus ?

Or voilà néanmoins le triste spectacle que nous avons continuellement devant les yeux. Il semble que le monde soit comme un champ de bataille, où, de part et d'autre, on ne pense qu'à s'entre-détruire et à se perdre. On y emploie tout, la force ouverte et les violences, les intrigues et les cabales secrètes, la malignité de la médisance, les artifices de la chicane, le poids de l'autorité, le crédit et la faveur, le mensonge, les trahisons et les plus insignes perfidies : car c'est là que tous les jours on se laisse entraîner par les différentes passions qui nous dominent, et qui, pour se satisfaire,étouffent dans les cœurs tout sentiment de charité, et souvent même tout sentiment d'humanité. Tellement que dans la société humaine, au lieu que chaque homme devrait être à l'égard des autres hommes un frère pour les aimer et les traiter en frères, un soutien pour les appuyer et les aider dans les rencontres, un patron pour s'intéresser en leur faveur et les défendre, un conseil pour leur communiquer ses lumières et les diriger, un confident à qui ils puissent ouvrir leur âme et déclarer avec assurance leurs pensées, un consolateur qui prît part à leurs peines et qui s'employât à les soulager, on peut dire, au contraire, quoiqu'avec la restriction

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convenable , que par le renversement le plus affreux, et selon l'expression commune, la plupart des hommes sont, au regard des autres hommes, comme des loups ravissants, qui ne cherchent qu'à surprendre leur proie et à la dévorer  (1).
On se hait et l'on s'offense mutuellement les uns les autres, on se décrie et l'on se ruine de réputation les uns les autres, on se dresse des embûches, et l'on travaille à se tromper, à se supplanter, à se dépouiller les uns les autres. Que voyons-nous autre chose que des querelles et des divisions, et de quoi entendons-nous parler plus ordinairement que de procès, de contestations, d'inimitiés, de calomnies, de fourberies, d'impostures, d'injustices, de vexations ? D'où il arrive que quiconque aime la paix et veut assurer son repos, se tient, autant qu'il peut, éloigné de la multitude, comme si la compagnie des hommes et leur présence était incompatible avec la douceur et la tranquillité de la vie.

Que ces désordres règnent dans les cours des princes, je n'en suis point surpris : car on sait assez quel est l'esprit de la cour; et parce que les intérêts y sont beaucoup plus grands que partout ailleurs, les passions y sont aussi beaucoup plus vives et plus ardentes. Qu'est-ce en effet que la cour? le siège de la politique, mais d'une politique la plus intéressée. On n'y est occupé que de sa fortune , et l'on n'y a d'autre vue ni d'autre soin que de s'avancer, de s'élever, de se maintenir aux dépens de qui que ce soit, et par quelque voie que ce soit. Telle est L'âme qui anime tout, tel est le mobile qui remue tout, tel est le principal agent qui met tout en œuvre. Et de là même qu'est-ce communément que ce qui s'appelle gens de cour? gens fans charité et sans amitié, malgré les apparences les plus spécieuses et les plus belles démonstrations; gens obligés d'être toujours sur la réserve , toujours dans la défiance, toujours en garde , parce que chacun jugeant des autres par soi-même, ils se connaissent tous, et qu'aucun deux n'ignore cette maxime générale, que, dans le train de la cour, il y a sans cesse quelque mauvais coup à craindre, et de nouvelles attaques , ou à livrer, ou à repousser.

Qu'on voie encore ces mêmes désordres dans des états du monde moins relevés, et jusque dans les dernières conditions, je n'ai point de peine à le comprendre. Eu égard à la diversité des esprits, à la différence des tempéraments, à la variété et même à la contrariété absolue des

1 Homo homini lupus.

idées et des prétentions, où l'un pense d'une façon , et l'autre tout autrement, où l'un veut ceci, et l'autre cela, il n'est guère possible que le monde ne soit pas perpétuellement agité de discordes et de dissensions : pourquoi? parce que le seul lien capable d'unir les cœurs, malgré tous les sujets de désunion qui naissent, et le seul moyen qui pourrait prévenir tous les troubles et les arrêter, c'est un esprit de christianisme et de charité, et que cet esprit de charité, cet esprit chrétien, est presque entièrement banni du monde, et qu'il n'y a plus ni vertu ni action.

Mais voici ce qui me paraît bien déplorable et bien étrange. Ce n'est pas seulement à la cour ni dans le monde profane et corrompu que la passion suscite ces guerres et cause ces mésintelligences; mais elles ne sont que trop fréquentes au milieu même de l'église, jusque dans le sanctuaire de Jésus-Christ et entre ses ministres, jusque dans la solitude du cloître et dans le centre de la religion. Le Fils de Dieu nous a dit à tous, dans la personne de ses apôtres : On connaîtra que vous êtes mes disciples, par l'affection mutuelle que vous aurez, et que vous témoignerez les uns envers les autres. Suivant ce principe, et pour donner à leur divin Maître cette preuve d'un attachement si inviolable ,  les   premiers  chrétiens n'avaient rien plus à cœur que la charité, et que le soin de la conserver entre eux. Mais dans la suite des temps, la charité de plusieurs étant venue à se refroidir, et la paix ayant commencé à se troubler parmi le troupeau fidèle, du moins lui restait-il, ce semble, un asile en certains états plus parfaits, et spécialement dévoués à Dieu par leur caractère et leur profession. Qui l'eût cru que jamais on dût voir ce qu'on a vu tant de fois, je veux dire parmi des hommes d'Eglise, parmi des prêtres du Dieu vivant, dans des retraites et des monastères, les animosités ,  les jalousies, les partis, les brigues, et tous les maux qui en sont les suites funestes et scandaleuses? Où donc la charité pourra-t-elle se retirer sur la terre, et où sera-t-elle à couvert? qui la maintiendra, si ceux-là mêmes qui, selon leur ministère, devraient donner tous leurs soins à l'entretenir, qui devraient être autant de médiateurs pour concilier les esprits et terminer les différends ; qui, par l'exemple d'une modération inaltérable et d'un   plein  désintéressement, devraient  apprendre  aux fidèles à réprimer leurs sentiments trop vifs  et à sacrifier sur mille points peu importants leurs droits

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prétendus, plutôt que de les défendre aux dépens de la tranquillité et du repos commun : si, dis-je, ceux-là mêmes s'échappent, comme 1< s autres, dans les rencontres, et ont leurs démêlés et leurs aversions? N'insistons pas là-dessus davantage : on n'en est que trop instruit, mais on n'en peut assez gémir.

II. Je dois aimer mon prochain pour Dieu ; c'est-à-dire que je dois l'aimer en vue d'obéir à Dieu qui me l'ordonne; en vue de plaire à Dieu , qui semble n'avoir rien plus à cœur et ne nous recommander rien plus expressément; en vue de marquer à Dieu ma fidélité, ma reconnaissance, mon amour, puisqu'un des témoignages les plus certains que Je puis lui en donner, et qu'il attend de moi, est de renoncer pour lui à mes propres sentiments, quelque justes d'ailleurs qu'ils me paraissent, et d'étouffer tout chagrin, toute haine, toute envie , toute antipathie qui m'indisposerait contre le prochain et m'en éloignerait. Motif excellent, qui relève notre charité au-dessus de tout amour purement humain, et qui en fait une charité surnaturelle et toute divine. Motif universel, qui donne à notre charité une étendue sans bornes, et qui la répand sur toutes sortes de sujets, grands et petits, riches et pauvres, domestiques, étrangers, amis, ennemis. Motif nécessaire, et sans lequel il n'est pas possible d'accomplir tout le précepte de la charité chrétienne. Car nous aurons beau consulter la raison, jamais la raison seule ne nous déterminera à certains devoirs que la charité néanmoins exige indispensablement de nous. Il n'y a qu'une vue supérieure qui puisse nous y engager, et c'est la vue de Dieu. Sous cet aspect tout nous devient, non-seulement praticable, mais facile; et la charité ne nous prescrit rien alors de si héroïque, qui nous étonne. A toute autre considération, nous pouvons opposer des difficultés : mais il n'y a point de réplique à celle-ci ; et que pourrions-nous alléguer pour notre défense, quand on nous dit : Dieu vous le demande ; faites-le pour Dieu ?

De là donc il est aisé de voir l'illusion qui nous séduit et la fausseté de nos excuses, quand nous voulons nous prévaloir des défauts du prochain, ou des offenses que nous pensons-en avoir reçues, pour autoriser notre indifférence à son égard, et le ressentiment que nous lui témoignons par noire conduite et nos manières. On dit : C'est un homme inquiet et bizarre; d'un moment à l'autre on ne le connaît plus, et quoi qu'on fasse on ne peut le contenter. Le moyen d'essuyer toutes ses humeurs et d'être sans cesse exposé à ses caprices? On dit : C'est un homme violent et emporté; on ne saurait lui dire une parole qu'il n'éclate tout d'un coup , et qu'il ne vous brusque sans modération et sans ménagement. On dit : C'est un mauvais cœur et un ingrat ; on a beau lui faire du bien, il n'en a nulle reconnaissance, et ne voudrait pas vous rendre le plus léger service, après qu'on lui en a rendu d'essentiels. On dit: C'est un malade bien importun; il ne vous entretient que de ses infirmités; et à force de se plaindre, il devient fatigant, et ne donne pour lui que du dégoût. On dit : C'est mon ennemi; il a pris parti contre moi en plus d'une affaire : et je n'en ai jamais eu que des désagréments. Enfin que ne dit-on pas? car il n'est point de matière où l'on soit plus éloquent, que lorsqu'il s'agit des autres et de leurs imperfections. Les raisons, vraies ou apparentes, ne manquent point pour les mépriser et les condamner. On s'établit là-dessus, et l'on demande.: Comment vivre avec des gens de ce caractère, et comment aimer ce qui n'est pas aimable?

Comment l'aimer? à cette question la réponse est aisée et prompte : la voici telle que je l'ai déjà fait, entendre , et elle est sans réplique. Comment, dis-je, l'aimer? pour Dieu: point d'autre raison ; et si cette raison ne nous suffit pas , nous cessons d'être chrétiens, et en perdant la charité du prochain , nous perdons la charité de Dieu. Développons ceci, et rendons cette importante leçon plus intelligible. Si je vous disais d'aimer le prochain, parce que l'un est homme de mérite, et qu'il a d'excellentes qualités; parce que l'autre est un esprit doux, patient, accommodant; parce que celui-ci est d'une probité reconnue, dune piété exemplaire, d'une vertu consommée; parce que celui-là, prévenu en votre faveur, vous comble de grâces et ne cherche qu'a vous obliger et à vous faire plaisir, vous pourriez alors mesurer votre charité selon la diversité des talents et la différence des personnes; vous pourriez la borner à un certain nombre, et en exclure ceux qui n'auraient pas les mêmes avantages et seraient sujets à des vices tout opposés. Vous auriez droit de vous en tenir a la règle que je vous aurais prescrite, et vous pourriez me représenter que tels et tels ne vous conviennent point, et qu'ils n'ont rien d'engageant pour vous; qu'ils sont fiers et hautains, qu'ils sont critiques et médisants, qu'ils sont faux et menteurs; que ce sont de petits génies, sans lumière et sans connaissance;

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que ce sont des âmes dures , sans condescendance et sans pitié; qu'ils n'ont ni retenue, ni pudeur, ni crainte de Dieu, ni religion; que pus d'une fois même ils vous ont personnellement attaqué et insulté, et que tout cela justifie assez l'indifférence avec laquelle vous les regardez, et le peu de part que vous prenez à ce qui les touche.

Ces considérations, je l'avoue, ne sont pas tout à fait déraisonnables, à en juger suivant les vues purement humaines. Aimer ceux qui nous aiment, ceux qui nous marquent de l'estime, de la confiance, de la bienveillance; ceux avec qui nous sympathisons et qui nous plaisent; ceux qui dans la société ont des manières plus liantes et plus propres à nous attacher; au contraire, mépriser qui nous méprise; fuir qui nous déplaît, qui nous ennuie, qui nous gêne, qui nous choque; se ressentir d'une injure, et user de retour envers celui qui nous blesse; le traiter comme il nous traite, ou le délaisser comme il nous délaisse : voilà ce qu'inspire la nature; mais ce n'est point ce que l'Evangile nous apprend. Ce n'est point là seulement ce qu'exige de nous la loi de Dieu; et puisque je parle ici en qualité de ministre de Dieu et de son Evangile, la charité que je prétends vous enseigner ne connaît point toutes ces distinctions et ne les souffre point, parce que le motif sur quoi elle est fondée s'étend à tout sans distinction, et qu'il comprend généralement tout ce qu'il y a d'hommes sur la terre , sans exception de personne.

Car je vous dis précisément d'aimer le prochain, soit qu'il ait toutes les perfections qu'on peut désirer dans un homme accompli, ou qu'il n'en ait aucune; soit qu'il possède tous les dons d'intelligence, de science, de sagesse, de probité, d'équité, de politesse, d'honnêteté, ou qu'il en soit absolument dépourvu; soit que su naissance, sa fortune le relève, ou que sa condition et sa misère l'avilisse. En un mot, quel qu'il soit et en quelque situation que vous le supposiez, c'est toujours votre prochain; et comme votre prochain, Dieu veut que vous l'aimiez. Il le veut, dis-je, et il vous dit : Si ce n'est pas pour lui-même que vous l'aimez, aimez-le pour moi. De ne l'aimer que pour lui-même, ce serait une charité toute profane sujette à mille exceptions et à mille variations ; mais de l'aimer pour moi, c'est ce qui doit rehausser le prix de votre charité et la sanctifier. Afin de nous ôter tout prétexte, et de donner à notre charité un mérite supérieur en lui proposant un objet tout sacré et toutdivin. Dieu se substitue à la place du prochain. Il nous déclare, dans les termes les plus exprès et les plus touchants, que tout le bien que nous ferons à autrui, fût-ce au plus petit et au dernier des hommes, il l'acceptera et le comptera comme fait à lui-même, dès que nous le ferons en son nom. Qu'aurions-nous là-dessus à répondre ? et si nous sommes insensibles à cette raison souveraine, il faut que nous ne connaissions, ni ce que nous devons à Dieu, ni ce que nous nous devons à nous-mêmes.

Je dis ce que nous devons à Dieu : car, pour appliquer ici ce que saint Paul écrivait à son disciple Philémon, en lui renvoyant Onésime et lui recommandant de recevoir avec douceur et avec bonté cet esclave fugitif il me semble que Dieu, dans le fond de l'âme, nous adresse les mêmes paroles au sujet de chacun de nos frères : Usez-en envers lui comme si c'était moi-même. Peut-être vous a-t-il fait tort, et peut être vous est-il redevable en quelque chose; mais je prends tout sur moi, et si tous voulez, c'est moi qui vous le dois : je vous satisferai, pour ne pas dire que vous vous devez vous-même tout à moi (1) .

J'ajoute ce que nous nous devons à nous-mêmes. Et en effet, nous sommes doublement intéressés à maintenir cette loi de charité établie de Dieu : car, en premier lieu, la même loi qui nous ordonne d'aimer le prochain, sans égard à toutes les raisons qui, selon le sentiment naturel pourraient nous indisposer contre lui et nous retirer de lui, ordonne pareillement au prochain d'avoir pour nous la même indulgence, et de nous rendre les mêmes devoirs de la charité évangélique. Eu second lieu, cette vue de Dieu que nous devons nous proposer dans l'amour du prochain, c'est ce qui consacre, pour ainsi parler, notre charité, et ce qui y attache le mérite le plus excellent. Nous y pouvons faire à Dieu bien des sacrifices, par la pénitence et les austérités, par la patience dans les adversités, par le renoncement au monde et à toutes ses vanités ; mais de tous les sacrifices, j'ose dire qu'il n'en est point de plus méritoire devant Dieu que le sacrifice de notre cœur et de ses affections par la charité. Supporter le prochain pour Dieu, pardonner au prochain pour Dieu, modérer pour Dieu nos ressentiments, adoucir nos aigreurs, réprimer nos colères, surmonter nos répugnances, que c'est une vertu peu connue des personnes même qui font une plus haute profession de piété ! ou, pour mieux dire, sans cette vertu y

1 Philem., V, 18.

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a-t-il une piété solide et de quelque prix auprès de Dieu ?

III. Je dois aimer mou prochain comme Dieu : c'est-à-dire que je dois l'aimer de la même manière, par proportion, que Dieu l'aime. Grand et divin modèle que Jésus Christ lui-même nous a proposé dans son Evangile, lorsqu'instruisant ses disciples sur la charité du prochain, et en particulier sur le pardon des injures et l'amour des ennemis, il conclut : Soyez donc parfaits comme votre Père céleste est parfait (1). Car, selon le texte sacré, cette perfection en quoi Dieu veut surtout que nous l'imitions, autant qu'il est possible à notre faiblesse aidée du secours de la grâce, c'est la perfection de la charité, et c'est aussi conformément à cette même règle, et dans le même sens, que le Sauveur du monde disait aux apôtres : Je vous fais un commandement nouveau, qui est de vous entr'aimer comme je vous ai aimés (2).

Commandement nouveau, non point que la charité n'ait pas été une vertu de tous les temps, mais parce qu'elle est singulièrement et plus excellemment la vertu du christianisme. Or comment Dieu, comment Jésus-Christ. Fils de Dieu et vrai Dieu, nous a-t-il aimés? d'un amour sincère, d'un amour efficace, et, pour m'exprimer de la sorte, d'un amour salutaire et sanctifiant. D'un amour sincère, par une bienveillance et une affection véritable du cœur; d'un amour efficace, et mis en œuvre par mille bienfaits ; enfin, d'un amour que j'appelle salutaire et sanctifiant, parce que dans les vues de Dieu il ne tend qu'à notre sanctification et à notre salut, et que c'en est là le dernier et le principal objet : trois qualités de la vraie charité. Plût au ciel qu'elles fussent aussi communes qu'elles sont conformes à l'esprit de la religion, et à cette loi d'amour qu'un Dieu-Homme est venu établir parmi les hommes !

Charité sincère et du cœur. A juger par les dehors, jamais siècle ne fut plus charitable que le nôtre, puisque jamais siècle n'eut plus l'extérieur et toutes les apparences de la charité. On est civil, honnête, poli; on a des airs affables, gracieux, insinuants ; on affecte une complaisance infinie dans la société; on sait et l'on se pique de savoir se conformer au goût, aux inclinations, à toutes les volontés des personnes avec qui l'on est en relation. Voilà en quoi consiste la science du monde. Ce ne sont que promesses obligeantes, qu'expressions affectueuses, que protestations  de

1 Matth., V, 48. — 2 Joan., XII, 34.

service, et d'un dévouement sans réserve. Mais dans le fond, qu'est-ce que tout cela, sinon un langage? Langage qui dit tout, et qui ne dit rien; qui embrasse tout, et qui ne va à rien ; où le cœur paraît s'épancher dans les plus beaux sentiments , et ne sent rien : langage dont le monde n'est point la dupe. Car, avec le moindre rayon de lumière, on perce tout d'un coup au travers de ces apparences, et l'on entend tout ce qu'elles signifient. On réduit les paroles à leur vrai sens, les empressements étudiés, les témoignages les plus spécieux, à leur juste valeur. Ce sont, selon l'opinion commune, des compliments; ce sont des bienséances, des usages , des façons d'agir : rien davantage. De sorte que quiconque ferait fond sur cela, et voudrait tirer de là quelque conséquence en sa faveur, serait regardé comme un homme sans expérience, et dépourvu de toute raison.

En effet, si nous pouvions pénétrer dans le secret des âmes et en découvrir les dispositions intérieures, de quoi serions-nous témoins, et sous ce voile de charité que verrions nous? l'indifférence la plus parfaite à l'égard de ceux-là mêmes pour qui il semble qu'on brûle de zèle. Encore est-ce peu que cette indifférence; et si du moins on s'en tenait là, ce sciait un état plus tolérable , et le mal serait moins grand ; mais je dis plus, et sous cet extérieur charitable et officieux, que verrions-nous? les soulèvements de cœur, les mépris, les jalousies, les desseins de nuire, de traverser, d'abaisser, de perdre ; les mesures prises à celle fin, les moyens imaginés, médités , prépares de loin et concertés; les intrigues formées en secret, conduites avec art, avancées peu à peu et sans bruit, soutenues jusqu'au bout, aux dépens de toute équité, et au préjudice de tout autre intérêt que le sien propre. Je n'exagère point, et, au lieu d'outrer la chose, peut-être en dis-je trop peu. Or est-ce la charité, ou n'est-ce pas artifice, dissimulation, mauvaise foi? n'est-ce pas imposture et tromperie? De là vient qu'il n'y a presque plus de confiance entre les hommes, et que par sagesse on est obligé de se tenir toujours en garde les uns contre les autres : car à qui se fier, dit-on? On le dit, et on a bien sujet de le dire. Dieu voulait que la charité nous unît tous. Il voulait que, par une confiance réciproque, la charité ouvrît les cœurs, et que dans ces ouvertures de cœur les hommes pussent avoir entre eux de sûres et d'utiles communications. C'était la douceur de la société humaine ; c'en était

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l'avantage le plus solide : mais il fallait pour cela une charité sans fard et sans déguisement, une charité intime et véritable. Or, où la trouver? et tant qu'elle sera aussi rare qu'elle l'est, il n'est pas surprenant que chacun de part et d'autre se tienne si resserré, et qu'entre les esprits il y ait si peu d'accord et de bonne intelligence.

Charité efficace et pratique. Parce que Dieu nous a aimés et qu'il nous aime sincèrement, il nous a aimés et il nous aime efficacement. L'un suit de l'autre , et en est l'effet immanquable. Car aimer sincèrement, c'est vouloir sincèrement du  bien à celui qu'on aime ; et dès qu'on lui veut du bien sincèrement, on le fait du moment qu'on le peut et selon qu'on le peut. Aussi quels biens  n'avons-nous pas reçus de notre Dieu ? Quels  biens n'en recevons-nous pas tous les jours,  et que nous réserve-t- il encore dans l'avenir? Marque essentielle par  où le Fils de  Dieu donnait à juger de l'amour de son  Père   pour nous. Voulez-vous savoir, disait-il à un docteur de la loi, comment Dieu a aimé le monde? Il l'a aimé jusqu'à livrer son Fils unique pour le monde (1). Marque sensible et convaincante à quoi l'apôtre saint Paul reconnaissait l'amour de Jésus-Christ même pour lui en particulier: Il m’a aimé (2), s'écriait ce maître des Gentils , saisi d'étonnement et comme ravi hors de lui-même ; il m'a aimé, ce Dieu Sauveur; et la preuve de son amour la plus incontestable et la plus touchante est de s'être livré pour moi. Il est vrai que la charité ne nous engage pas toujours à ces sortes de sacrifices; il est vrai qu'elle ne nous oblige pas toujours à exposer notre vie ni à la perdre pour le prochain. Il y a des rencontres où nous le devons; mais ces rencontres, après tout, ces occasions ne sont pas fréquentes, et je veux bien ne point les compter parmi les devoirs communs de la charité. Je me borne à ces devoirs ordinaires, dont les sujets se présentent presque à toute heure, et dont je ne fais point le détail, parce qu'il serait infini. Une âme que la charité anime n'a pas besoin qu'on les lui fasse connaître, elle les aperçoit d'elle-même; et peur les découvrir, elle devient aussi clairvoyante et aussi ingénieuse que sa charité est prompte et ardente. Elle sait prévenir, servir, faire plaisir selon toute l'étendue de son pouvoir. Elle sait assaisonner les services qu'elle rend par des manières encore plus gracieuses que les grâces mêmes   qu'elle  fait.  Elle sait compatir aux

1 Joan., III, 16. — 2 Gal., II, 20.

maux du prochain , le soulager, lui prêter secours, et l'aider à propos. Elle sait, par l'esprit de charité qui l'inspire et qui la conduit, parler, se taire, agir, s'arrêter, se gêner, se mortifier, relâcher de ses intérêts, et renoncer à de justes prétentions. Elle sait, dis-je , tout cela , parce qu'elle s'affectionne à tout cela, parce qu'elle s'étudie à tout cela, parce qu'intérieurement portée à tout cela, elle y pense incessamment , et ne laisse rien échapper à son attention et à sa vigilance. Mais, par une règle toute contraire, que la charité vienne à se refroidir ou même à s'éteindre dans nos cœurs, tout cela disparaît à nos yeux et s'efface de notre souvenir. On n'est bon que pour soi-même, et l'on ne se croit chargé que de soi-même. Qu'ai-je affaire, dit-on, de celui-ci et de celui là? que puis-je faire pour eux? On ne le voit pas, parce qu'on ne le veut pas voir ; parce que, dans une indolence et une insensibilité que rien n'émeut, on ne veut pas, pour qui que ce soit, se donner la moindre peine, ni se causer le moindre embarras. On est amateur de son repos : quiconque peut le troubler passe pour importun, et fatigue par sa présence.

Charité sanctifiante et toute  salutaire : je m'explique. Je ne dis pas seulement salutaire et sanctifiante à l'égard de celui qui la pratique, et qui en a le mérite devant Dieu ; mais je dis sanctifiante  et   salutaire   pour  celui   même envers qui elle s'exerce, et qui en est Je sujet. Car de même que la charité de Dieu envers les hommes a pour fin principale leur sanctification et leur salut, et que toutes les vues de sa providence sur nous se rapportent là, de même est-il  de  notre  charité de  procurer , autant qu'il nous est possible, le salut du prochain, et de nous intéresser dans la plus grande affaire qui le regarde. Non pas que tous soient appelés à prêcher l'Evangile comme les apôtres, ni que tous aient été destinés à conduire les âmes comme les ministres et les pasteurs de l'Eglise. C'est une vocation particulière et spécialement propre de certains états :   mais, outre cette vocation spéciale, il y a une vocation commune et  générale à laquelle nous avons tous part,   et qui se trouve exprimée dans cet oracle du Saint-Esprit : Dieu les a tous chargés les uns des autres (1). Et certes si c'est pour nous un devoir de charité d'assister le prochain dans ses besoins temporels, n'en est-ce pas un encore plus important de l'assister dans ses besoins spirituels, quand nous le pouvons

1 Eccli, XVIII, 12.

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et de la manière que nous le pouvons? Or il y a mille conjonctures où nous le pouvons; où, dis je, nous pouvons donner au prochain d'utiles conseils par rapportai! salut; où, par de sages remontrances, nous pouvons détourner le prochain des voies corrompues du monde et l'attirer dans les voies du salut, où nous pouvons en de pieux entretiens instruire le prochain, l'éclairer, l'édifier, le porter à de saintes résolutions touchant le salut, et l'y confirmer. Il n'est point pour cela nécessaire que nous soyons revêtus de certaines dignités, ni que nous ayons l'autorité en main. D'égal à égal, on peut de la sorte se communiquer l'un à l’autre ses pensées et ses sentiments ; on peut être, pour ainsi dire, l'apôtre l'un de l'autre. Zèle d'autant plus digne de la charité chrétienne, que le salut est un bien plus excellent, et que c'est le souverain bien. Par là combien de mauvais exemples la charité ferait elle cesser? combien de scandales retrancherait-elle? combien écarterait-elle de dangers et d'obstacles du salut? Elle sanctifierait le monde, comme elle le sanctifia dans ces heureux temps de l'Eglise, où les fidèles vivaient ensemble avec la même union que s'ils n'eussent eu qu'un cœur et qu'une âme. C'est ainsi que nous espérons vivre éternellement dans le ciel, et c'est ainsi que dès maintenant la charité doit nous disposer à cette vie bienheureuse et immortelle où nous aspirons.

SOURCE : http://www.abbaye-saint-benoit.ch/saints/bourdaloue/vol4/pensees/043.htm

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SONDAGE : Le temps se fait de plus en plus urgent de venir en aide à votre prochain Empty Re: SONDAGE : Le temps se fait de plus en plus urgent de venir en aide à votre prochain

Message  Admin Jeu 2 Aoû 2018 - 0:41

@ Tous-Re-Re-Bis :

LA CHARITÉ N'EST PAS UN HUMANISME :

Nous vivons dans une époque d’une telle confusion intellectuelle, que même aux plus hauts sommets de l’Église on ne sait plus de quoi on parle. Aussi voit-on régulièrement nos prélats et autres catéchistes assermentés nous expliquer que le chrétien doit accepter toutes les offenses et recueillir toute la misère du monde au nom de la charité. Que ce mot a bon dos ! Plus prompt à flatter leurs consciences qu’à défendre la vérité, beaucoup d’ecclésiastiques et de fidèles ont profané la charité [1]. Profaner en deux sens : d’abord dans son usage, puisqu’ils en ont fait une vertu profane, altruiste, détachée de toute fin religieuse, pour la transformer en un lénifiant humanisme philanthropique. Profanée également dans le sens du sacrilège, puisque ce qui est d’abord grâce infuse et don gratuit de Dieu, a été réduit à de la soupe compassionnelle qui n’a rien de spirituel. De fait, une brève lecture des écrits des Pères et Docteurs, et une lecture du Nouveau Testament éclairée par la Tradition, nous montrent que la charité est loin de ce bon sentiment dégoulinant d’empathie. N’en déplaise aux chrétiens qui font profession d’humanisme, le christianisme n’est pas la religion de l’homme. Prenant prétexte de l’idée d’Incarnation, ils n’ont que le mot de « personne », « individu », ou dignité humaine à la bouche, jusqu’à placer l’homme là où Dieu devrait se tenir toujours. Il nous apparaît donc urgent de rappeler ce que la doctrine dit de la première des vertus théologales.

La charité est Amour de Dieu.

Le christianisme ne connaît qu’une seule adoration, celle de Dieu. Il est le Bien au-dessus de tous les autres biens, car il en est le principe et la forme. À ce titre, il est la fin ultime de l’existence humaine : Le bien ultime et principal de l’homme est de jouir de Dieu, selon la parole du Psaume (73, 28) : "Pour moi, adhérer à Dieu est mon bien." Et c’est à cela que l’homme est ordonné par la charité [2].

Les raisons métaphysiques de cet amour sont évidentes : le monde a été créé par Dieu, pour la gloire de Dieu [3]. Dieu n’a pas d’autre raison de créer que son Amour, et son dessein est de communiquer sa bonté, afin de faire de nous des « fils adoptifs par Jésus-Christ » (Ep 1, 5-6) : « Car la gloire de Dieu, c’est l’homme vivant ; et la vie de l’homme, c’est la vision de Dieu : si déjà la révélation de Dieu par la Création procura la vie à tous les êtres qui vivent sur la terre, combien plus la manifestation du Père par le Verbe procure-t-elle la vie à ceux qui voient Dieu [4] ». La fin ultime de la Création, c’est que Dieu, qui est le Créateur de tous les êtres, devienne enfin « tout en tous » (1 Cor 15, 28), en procurant à la fois sa gloire et notre béatitude. D’autre part, Dieu est infiniment plus grand que toutes ses œuvres : « Sa majesté est plus haute que les cieux  » (Ps 8, 2), « à sa grandeur point de mesure » (Ps 145, 3). Et parce qu’Il est le Créateur souverain et libre, cause première de tout ce qui existe, Il est présent au plus intime de ses créatures : « En Lui nous avons la vie, le mouvement et l’être » (Ac 17, 28).

Par conséquent l’amour qu’on doit Lui porter est prioritaire sur toutes les autres formes d’amour. Quand un pharisien interroge le Christ sur le plus grand commandement de la Loi, le Christ lui répond d’abord d’aimer « le Seigneur ton Dieu de tout ton cœur, de toute ton âme et de tout ton esprit », car « C’est là le plus grand et le premier commandement » [5]. La charité, en son sens premier, caritas, est donc l’Amour de Dieu. Et si elle est une vertu théologale, c’est précisément parce qu’elle vient de Dieu et nous mène à Lui : La charité est une amitié de l’homme pour Dieu, fondée sur la communication même de la vie spirituelle qui fait parvenir à la béatitude éternelle [6].

Nous devons donc aimer Dieu d’une manière absolue et sans partage, et c’est ce qu’entend le Christ en nous ordonnant de L’aimer de « tout notre cœur, toute notre âme et tout notre esprit ». Saint Jean Chrysostome commente : « Or, aimer Dieu de tout son cœur, c’est n’avoir dans son cœur aucune affection qui l’emporte sur l’amour de Dieu. Car celui qui croit que Dieu renferme tout bien, et qu’en dehors de lui il n’existe aucun bien véritable, aime Dieu de toute son âme [7]. » Toutes nos facultés, qu’elles soient spirituelles, intellectuelles ou vitales, doivent être dirigées vers le Premier Principe, et saint Augustin poursuit :

Dieu n’a donc laissé aucune partie de notre vie libre, et dont nous puissions disposer pour l’appliquer à un autre objet. Mais tout ce qui se présente d’ailleurs à notre affection, doit être emporté par l’élan de notre cœur dans le courant général de l’amour ; car l’homme n’atteint vraiment la perfection, que lorsque toute sa vie se dirige vers le Bien immuable. [8]

L’existence terrestre nous oblige à un investissement temporel irréductible, lié à notre condition humaine, mais notre idéal doit être de nous en extraire au maximum, comme l’écrit saint Thomas d’Aquin : l’homme s’applique tout entier à vaquer à Dieu et aux choses divines en laissant tout le reste, sauf ce que requièrent les nécessités de la vie présente. Telle est la perfection de la charité qui est possible ici-bas [9].
Contrairement à l’homme, que l’on doit aimer pour Dieu, la divinité n’est aimable que pour elle-même : Dieu ne saurait être aimé pour rien d’autre que lui-même. En effet, il ne se rapporte pas à autre chose comme à sa fin, puisqu’il est lui-même la fin ultime de tous les êtres [10]. Pour reprendre le mot de saint Bernard : Le motif d’aimer Dieu, c’est Dieu ; la mesure à y apporter, c’est d’aimer sans mesure [11]. C’est d’ailleurs la grande leçon des mystiques, de Richard de Saint-Victor à Dante : l’amour de Dieu est à l’image de son objet, infini. Par rapport à l’objet aimé, la charité est parfaite quand une chose est aimée autant qu’elle est aimable. Or Dieu est aussi aimable qu’il est bon ; et comme sa bonté est infinie, il est infiniment aimable [12].

La charité est amour du prochain en Dieu.

Le deuxième commandement du Christ, qui est apparenté au premier, est d’aimer son prochain. C’est sur ce commandement que la plupart de nos contemporains, abusés par les idéologies modernes de fraternité universelle et d’humanisme athée, ont une interprétation biaisée. S’il nous est ordonné d’aimer son prochain, c’est uniquement par et pour l’Amour de Dieu. Se demandant ce que l’on doit aimer de charité, saint Thomas d’Aquin explique que la raison d’aimer le prochain, c’est Dieu ; car ce que nous devons aimer dans le prochain, c’est qu’il soit en Dieu [13]. Et il rappelle avec attention que, dans le cas de ceux qui nous éloignent de Dieu, il faut toujours préférer le Père céleste aux hommes.

À cause de Dieu, nous devons haïr notre prochain s’il nous détourne de Dieu, selon la parole de S. Luc (14, 26) : "Si quelqu’un vient à moi sans haïr son père, sa mère, sa femme, ses enfants, ses frères, ses sœurs, il ne peut être mon disciple." Nous devons donc aimer de charité Dieu plus que le prochain. […] C’est donc Dieu qui doit être aimé de charité à titre principal et par-dessus tout ; il est aimé en effet comme la cause de la béatitude, tandis que le prochain est aimé comme participant en même temps que nous de la béatitude. [14]

L’homme ne doit donc jamais, pour un chrétien, être aimé comme une fin. Notre charité est ordonnée à Dieu, et si nous aimons notre prochain, c’est au titre de sa relation possible ou présente à Dieu : pour le convertir, pour l’édifier, pour être édifié par lui, pour partager une vie spirituelle [15]. Aussi faut-il se garder d’une vision purement morale de la charité, toute sentimentale et humaniste, qui s’attacherait d’avantage à soulager la misère des hommes qu’à adorer le Seigneur, accusant de pharisianisme ceux qui préféreraient les oraisons aux actions sociales [16]. La fin de toutes les actions et de tous les sentiments de l’homme c’est d’aimer Dieu : c’est par la dilection de Dieu que nous atteignons tout à fait notre fin ultime [17].

La charité pour le prochain est donc tout diamétralement différente de l’amour naturel des hommes entre eux, ou de la fausse fraternité universelle des athées, au nom d’une prétendue « humanité » qui n’est qu’un leurre et qui n’a jamais existé [18]. Comme nous le demande saint Augustin :

Ne vous aimez pas comme s’aiment les hommes qui ne cherchent qu’à corrompre, ni comme ceux qui s’aiment, parce qu’ils ont une même nature, mais aimez-vous comme ceux qui s’aiment mutuellement, parce qu’ils sont dieux, et les fils du Très-Haut, pour devenir ainsi les frères du Fils unique de Dieu, en s’aimant mutuellement de cet amour qu’il a eu pour eux et qui le porte à les conduire à cette fin bienheureuse où il rassasiera leurs désirs dans l’abondance de tous les biens [19].

Notre amour du prochain est surnaturel, il repose en Dieu, et nous n’aimons le prochain que parce qu’il est comme nous un être déiforme et que nous voulons avec lui participer de la divinité. C’est là tout le sens du commandement du Christ : « aimez-vous les uns les autres », pas comme le monde le fait, mais « comme je vous ai aimés » (Jn XV, 12) :

La charité est distincte de l’amour que les hommes ont les uns pour les autres, en tant qu’ils sont hommes, et Notre Seigneur prend soin d’établir cette distinction, en ajoutant : « Comme je vous ai aimés. » car dans quel dessein Jésus-Christ nous a-t-il aimés, si ce n’est pour nous faire régner avec lui dans les cieux ? Aimons-nous donc les uns les autres pour le même motif, afin que notre amour nous sépare de ceux dont l’amour réciproque n’a point pour fin l’amour de Dieu, et qui ne s’aiment pas véritablement. Ceux au contraire qui s’aiment les uns les autres pour tendre d’un commun accord à la possession de Dieu, s’aiment d’un amour véritable [20].

Puisqu’il faut aimer son prochain pour Dieu, il est aussi nécessaire de rejeter son péché. La véritable charité hait le péché, et le fait savoir au pécheur. Les chrétiens actuels ont si peur du pharisianisme, qu’ils se privent souvent de corriger leurs frères, au prétexte que les pécheurs sont appelés au Christ et qu’ils les précéderont peut-être au royaume des Cieux. Il n’y a dans ce raisonnement qu’humilité mal placée et pharisianisme inversé. La vraie charité n’est ni tiède ni timide : elle dénonce, elle corrige, et elle accepte aussi d’être corrigée. Le Docteur angélique le rappelle magistralement :

Mais la faute des pécheurs est contraire à Dieu, et elle est un obstacle à la béatitude. Aussi, selon leur faute qui les oppose à Dieu, ils méritent d’être haïs, quels qu’ils soient, fussent-ils père, mère ou proches, comme on le voit en S. Luc (14, 26). Car nous devons haïr les pécheurs en tant qu’ils sont tels, et les aimer en tant qu’ils sont des hommes capables de la béatitude. C’est là véritablement les aimer de charité, à cause de Dieu. Détester le mal d’un être et aimer son bien ont une même motivation. Aussi la haine parfaite [du péché] relève-t-elle aussi de la charité [21].

La vraie charité est donc le partage de la vérité et le rejet public de l’erreur. Ma gorge méditera la vérité, ma bouche maudira l’impie dit les Proverbes [22]. La charité, comme amour de Dieu et du prochain en Dieu, ne s’incarne que dans un élan de foi qui n’est pas compassion sentimentale [23]. À ce titre, il n’y a rien de moins charitable que l’œcuménisme post-Vatican II ou les compromis du magistère avec les autres confessions chrétiennes [24]. Les prêtres ne font preuve d’aucune charité lorsqu’ils ménagent l’opinion fausse de leurs contemporains, ou quand ils pensent tirer un bien du compromis avec les idéologies antireligieuses.

Dans sa lettre Notre charge apostolique, datée du 25 août 1910, le pape saint Pie X adressait à l’épiscopat français une mise en garde salutaire qui résume parfaitement ce que nous venons de dire : en tant qu’évêques, ils doivent dénoncer l’erreur et ne jamais pactiser avec lui.

§ 24. (…) La doctrine catholique nous enseigne que le premier devoir de la charité n’est pas dans la tolérance des convictions erronées, quelque sincères qu’elles soient, ni dans l’indifférence théorique ou pratique pour l’erreur ou le vice où nous voyons plongés nos frères, mais dans le zèle pour leur amélioration intellectuelle et morale non moins que pour leur bien-être matériel. Cette même doctrine catholique nous enseigne aussi que la source de l’amour du prochain se trouve dans l’amour de Dieu, père commun et fin commune de toute la famille humaine, et dans l’amour de Jésus-Christ, dont nous sommes les membres au point que soulager un malheureux, c’est faire du bien à Jésus-Christ lui-même. Tout autre amour est illusion ou sentiment stérile et passager. Certes, l’expérience humaine est là, dans les sociétés païennes ou laïques de tous les temps, pour prouver qu’à certaines heures la considération des intérêts communs ou de la similitude de nature pèse fort peu devant les passions et les convoitises du cœur. Non, Vénérables Frères, il n’y a pas de vraie fraternité en dehors de la charité chrétienne, qui, par amour pour Dieu et son Fils Jésus-Christ notre Sauveur, embrasse tous les hommes pour les soulager tous et pour les amener tous à la même foi et au même bonheur du ciel [25].

La charité est ordonnée

Parce qu’elle est de Dieu, la charité est ordonnée à son principe et se déploie par degrés : dans les choses qui sont aimées de l’amour de charité, il y a un certain ordre, selon leur relation au premier principe de cet amour, qui est Dieu [26]. La charité est d’abord amour de Dieu, puis amour du prochain pour Dieu. Mais si le prochain peut signifier, dans une perspective universelle, l’ensemble des hommes, dans la réalité de l’action caritative, le prochain est d’abord celui qui nous est proche. « Prochain » vient du latin proximus, superlatif de proprior et peut se traduire « le plus proche » ou « le plus voisin ». L’ordre de la charité exige d’aimer et d’aider d’abord ceux qui nous sont les plus proches : d’abord Dieu, parce qu’il habite notre âme, puis nos frères dans la foi, notre famille, nos amis, nos compatriotes, ceux qui nous sont étrangers, et même nos ennemis. Saint Paul, dans l’Epître aux Galates, l’affirme sans détour : Ainsi donc, tant que nous en avons l’occasion, pratiquons le bien à l’égard de tous et surtout de nos frères dans la foi [27]. Ce qui distingue la charité chrétienne de la solidarité mécanique des ONG humanitaires, c’est qu’elle ne voit que Dieu dans l’homme, et ne se donne pas indistinctement à tout le monde. Elle s’étend par cercles concentriques, en respectant un ordre, qui va du prioritaire et du plus proche au plus éloigné et au plus étranger : soi-même, la famille, la paroisse, la patrie, l’Église.

Il pourrait sembler étrange de se considérer soi-même comme le premier objet de charité. C’est pourtant ce que l’ordre de la charité ordonne : de s’aimer d’abord en premier, car c’est là que Dieu veut établir sa demeure. Saint Thomas d’Aquin nous l’explique : La charité est principalement une amitié de l’homme pour Dieu et, par voie de conséquence, pour toutes les créatures qui appartiennent à Dieu. Or, parmi celles-ci, il y a le sujet lui-même, qui a la charité. Ainsi, parmi tout ce qu’il aime de charité comme ressortissant à Dieu, l’homme s’aime lui-même d’un amour de charité [28].

La charité étant l’amour de Dieu, il est important de s’assurer d’abord de cet amour en soi-même avant de s’intéresser à celui des autres. En d’autres termes, il faut se soucier de son salut avant toutes choses : médecin, guéris-toi toi-même dit l’Évangile (Luc 4, 23). Il faut d’abord s’appliquer à soigner son âme avant de s’occuper du soin des autres, sous peine d’être des aveugles conducteurs d’aveugles, et si un aveugle conduit un aveugle, ils tomberont tous deux dans une fosse (Matthieu 15, 14). Le Docteur commun va même plus loin : le chrétien doit d’abord et en priorité se considérer comme le premier objet de son amour, car l’on ne peut aimer l’autre que lorsqu’on s’aime soi-même. Notre amour de soi sert de modèle pour l’amour du prochain, et saint Thomas y insiste à plusieurs reprises :

Il est dit en S. Matthieu (22, 39) : " Tu aimeras ton prochain comme toi-même. " On voit par là que l’amour de l’homme pour soi-même est comme le modèle de l’amour qu’il doit avoir pour le prochain. Or le modèle l’emporte sur la copie. L’homme doit donc s’aimer soi-même de charité plus que le prochain. […] L’homme est tenu de s’aimer, après Dieu, plus que quiconque. Et cela découle clairement de la raison pour laquelle on aime. En effet, comme nous l’avons vu plus haut, Dieu est aimé comme le principe du bien sur lequel est fondé l’amour de charité ; l’homme s’aime soi-même de charité parce qu’il participe de ce bien ; quant au prochain, il est aimé parce qu’il lui est associé dans cette participation. […] De même que l’unité l’emporte sur l’union, de même participer soi-même du bien divin est un motif d’aimer supérieur à celui qui vient de ce qu’un autre nous est associé dans cette participation. C’est pourquoi l’homme doit s’aimer soi-même de charité plus que son prochain [29].

L’analyse de saint Thomas est limpide : le Christ ne nous demande pas d’aimer le prochain autant que nous-même, mais comme, de la même manière que nous nous aimons [30]. Cette idée est aisément transposable dans le domaine temporel : il faut d’abord s’aimer soi-même et ce que nous sommes, chrétien et habitant d’une terre, pour être en mesure d’aimer véritablement l’autre et comprendre ses intérêts. Même la défense de la cité terrestre peut être charitable si elle est ordonnée à l’amour de ce que nous sommes [31]. C’est pour cette raison que l’amour des mondialistes et autres sans-frontiéristes, qui ont en horreur l’idée d’identité, ne pourra jamais être véritable et authentique, puisqu’ils sont incapables de s’aimer eux-mêmes et ce qu’ils sont.

L’amour se propage ensuite vers ceux qui nous sont les plus proches, donc en premier lieu ceux qui avec qui nous sommes apparentés. C’est ce qu’explique avec simplicité saint Thomas d’Aquin : il est manifeste que l’union fondée sur l’origine naturelle a la priorité et est aussi la plus stable parce qu’elle tient à la substance de notre être, tandis que les autres liens sont surajoutés et peuvent disparaître. Dans les préceptes du décalogue il est spécialement commandé d’aimer ses parents, ainsi qu’il apparaît dans l’Exode (20, 12). Nous devons donc plus spécialement aimer ceux qui nous sont plus unis par le sang [32].

Il existe donc bien un ordre de la charité, et une hiérarchie de l’amour : le prochain n’est pas une abstraction idéelle. Il s’incarne en nos proches, ceux qui nous entourent, ceux qui sont présents et avec qui nous entretenons des liens [33]. Gardons-nous donc de ce discours nouveau dans l’Église qui flatte sa conscience en invoquant à tout propos la charité envers l’étranger, figure chimérique et idéale du prochain, sans se soucier d’abord de tous ses enfants qui ont quitté l’Église et qui habitent avec une grande misère spirituelle (et parfois matérielle) ses diocèses. Il est donc dangereux et irresponsable de confondre charité et gestion de crise, de confondre le devoir du fidèle et celui de l’État, en défendant une charité dévoyée qui réserverait ses attentions à l’inconnu sans d’abord se donner tout entier à ceux qui nous sont les plus proches — le prochain.

Boniface
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[1] Nous reprenons l’expression du magistral ouvrage de Jean Borella, La charité profanée (éd. Harmattan), qui est une somme d’une richesse rare sur la question. Le propos est largement théologique et métaphysique.

[2] Thomas d’Aquin, Somme théologique, IIa IIae, Q. 23, La nature de la charité, article 7 — Sans la charité, peut-il y avoir quelque vertu véritable ?

[3] Concile Vatican I, DS 3025.

[4] Saint Irénée, Contra haereses, 4, 20, 7.

[5] Matthieu XXII, 36-38.

[6] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 2 - La charité doit-elle être aimée de charité ? Et Q. 24, Le siège de la charité, Article 2 - La charité est-elle causée dans l’homme par les actes qui la précèdent ou par infusion divine ?

[7] Catena aurea, Saint Jean Chrysostome (sur S. Matth., XXII, 36).

[8] Saint Augustin, De Doctrina christiana I, 22. Repris dans la Catena Aurea.

[9] Somme théologique, Q. 24, Le siège de la charité, Article 8 - La charité du voyage peut-elle être parfaite ?

[10] Somme théologique, Q. 27, La dilection, Article 3 - Dieu doit-il être aimé de dilection pour lui-même ?

[11] Saint Bernard de Clairvaux, Traité sur l’Amour de Dieu, I, 1. Repris par saint Thomas : Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 6 - Notre dilection de Dieu a-t-elle une mesure ?

[12] Article 8 — La charité du voyage peut-elle être parfaite ?

[13] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 1 - Dieu seul doit-il être aimé de charité, ou aussi le prochain ?

[14] Somme théologique, Q. 26, L’ordre de la charité, Article 2 - Doit-on aimer Dieu plus que le prochain ?

[15] L’amour du prochain n’est pas à n’importe quel prix : Qui n’est pas avec moi est contre moi (Luc 11, 23).

[16] Les deux pratiques sont évidemment complémentaires et elles doivent être pratiquées toutes les deux pour acquérir une charité parfaite. Mais là encore, il y a hiérarchie : l’amour de Dieu doit prévaloir sur l’amour des hommes ; la prière doit être privilégiée sur le caritatif, l’action humanitaire ou la charité comprise au sens pauvre et déviée d’amour et solidarité entre les hommes. « L’équilibre du monde a besoin de contemplatifs. Se perdre pour Dieu, c’est toujours se donner aux hommes. Réduire toute spiritualité à la charité sociale, c’est, non seulement placer l’humain au-dessus du divin, mais aussi se croire indispensable et prêter une valeur absolue à ce qu’on est capable de donner. Pourquoi la bienfaisance sociale n’est-elle pas ensoi une vertu et n’entraîne-t-elle pas la connaissance de Dieu ? Parce qu’elle peut parfaitement aller de pair avec la suffisance, qui annule sa qualité spirituelle. Sans les vertus intérieures, telles que l’humilité et la générosité, les bonnes œuvres n’ont aucun rapport avec la sainteté ; elles peuvent même, indirectement, éloigner de Dieu.  » F. Schuon, Perspectives spirituelles.

[17] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 6 - Notre dilection de Dieu a-t-elle une mesure ?

[18] Voir infra la note 33.

[19] Catena aurea, Saint Augustin (Traité 83 sur Saint Jean).

[20] Ibidem. Il poursuit ainsi : Celui qui aime le prochain d’un amour surnaturel et spirituel, qu’aime-t-il en lui, si ce n’est Dieu ? C’est cet amour que Notre Seigneur veut séparer de toute affection terrestre, lorsqu’il ajoute : « Comme je vous ai aimés. » Qu’a-t-il aimé en nous, en effet, si ce n’est Dieu ? Non pas Dieu que nous possédons, mais Dieu, qu’il désirait voir en nous. Aimons-nous donc ainsi les uns les autres, afin qu’autant que nous le pourrons, nous soyons attirés à la possession de Dieu seul par la force de cet amour mutuel.

[21] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 6 - Les pécheurs doivent-ils être aimés de charité ? Plus loin, dans le même article, parlant des châtiments infligés au pécheur, saint Thomas d’Aquin affirme que l’exercice même du châtiment ne se fait pas par haine mais par amour de la charité, car le bien commun prime sur l’individu : Cependant, ce châtiment, le juge ne le porte point par haine, mais par l’amour de charité, qui fait passer le bien commun avant la vie d’une personne. Et pourtant, la mort infligée par le juge sert au pécheur, s’il se convertit, à l’expiation de sa faute, et s’il ne se convertit pas, elle met un terme à sa faute, en lui ôtant la possibilité de pécher davantage.

[22] Proverbes 8, 7. D’autres traductions sont possibles : « Car ma bouche proclame la vérité, et mes lèvres ont l’iniquité en horreur. » Thomas d’Aquin a mis cette phrase en exergue de sa Somme contre les Gentils.

[23] Saint Paul nous montre d’ailleurs que l’amour du prochain est avant tout un résumé de la loi ancienne, qui est moins action caritative, qui relève en réalité des œuvres de la miséricorde, que cet adage : ne pas faire à autrui ce qu’on n’aimerait pas qu’on nous fasse : En effet, ces commandements : " Tu ne commettras point d’adultère ; tu ne tueras point ; tu ne déroberas point ; [tu ne diras point de faux témoignage] ; tu ne convoiteras point, " et ceux qu’on pourrait citer encore, se résument dans cette parole : "Tu aimeras ton prochain comme toi-même." Épître aux Romains, 13, 9.

[24] Il y aurait beaucoup à dire sur l’action du pape François, mais nous nous contenterons ici de quelques faits : son apologie de Luther à l’occasion des 500 ans de son schisme (http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Vatican/Luther-voulait-diviser-lEglise-mais-renouveler-affirme-pape-2017-01-19-1200818531), sa commémoration de la Réforme avec la Fédération luthérienne mondiale en Suède (http://www.la-croix.com/Religion/Pape/Voyage-pape-Francois-Suede-textes-2016-11-01-1200800080 ; https://w2.vatican.va/content/francesco/it/speeches/2016/october/documents/papa-francesco_20161031_svezia-evento-ecumenico.html) ; sa visite, première historique, à la communauté anglicane de Rome (http://www.rainews.it/dl/rainews/articoli/Papa-nella-chiesa-anglicana-camminiamo-insieme-come-amici-e-pellegrini-90eb4bcb-d655-41f7-a33c-1696591e3d49.html?refresh_ce) etc. Les exemples abondent, et on en trouverait tout autant pour les pontificats précédents (entre autres : https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/it/speeches/2010/march/documents/hf_ben-xvi_spe_20100314_christuskirche.html ; les agnostiques-athées à Assise en 2011 : https://w2.vatican.va/content/benedict-xvi/fr/speeches/2011/october/documents/hf_ben-xvi_spe_20111027_assisi.html). La vraie charité ne serait-elle pas de convertir les hommes à la vérité ? Le pape n’est-il pas le successeur de l’apôtre Pierre ?

[25] Saint Pie X, Lettre Notre charge apostolique, 25 août 1910, 24.

[26] Somme théologique, Q. 26, L’ordre de la charité, Article 1 - Y a-t-il un ordre dans la charité ? Saint Thomas d’Aquin a bien montré, dans le Livre III de sa Somme contre les Gentils, comment toute chose était ordonnée à Dieu comme à son Souverain Bien et que, par la nature divine de son âme, l’homme était naturellement orienté vers Dieu : « Mais dans cette échelle des biens chacun a place sous l’unique souverain bien, cause de toute bonté, et ainsi, le bien ayant raison de fin, tous les êtres se hiérarchisent au-dessous de Dieu, comme sous la fin dernière s’ordonnent celles qui la précèdent. Dieu est donc nécessairement la fin de tous les êtres. […] Toutes choses sont donc orientées, comme vers leur fin, vers cet unique bien qu’est Dieu. […] Or il appartient nécessairement à l’être premier d’être la première de toutes les causes et cet être est Dieu, nous l’avons dit. Dieu est donc la fin dernière de tout. De là il est dit dans les Proverbes : « Dieu a créé l’univers pour lui-même », et dans l’Apocalypse : « Je suis l’Alpha et l’Oméga, le premier et le dernier. » Somme contre les Gentils, III, 17.

[27] Epître aux Galates 6, 10. …ergo dum tempus habemus operemur bonum ad omnes maxime autem ad domesticos fidei.

[28] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 4 - Peut-on s’aimer soi-même de charité ?

[29] Somme théologique, Q. 25, Ce que l’on doit aimer de charité, Article 4 - Doit-on s’aimer soi-même plus que le prochain ?

[30] Saint Thomas d’Aquin, Commentaire de St Matthieu (22, 39) : 2283. « Et ce qu’il dit : COMME TOI-MÊME, ne s’entend pas au sens de : « autant que toi-même », car cela serait contre l’ordre de la charité, mais au sens de : « comme toi-même », c’est-à-dire comme la fin pour laquelle tu [t’aimes] ou à la manière dont tu [t’aimes]. Pour la fin, car tu ne dois pas t’aimer pour toi-même, mais pour Dieu ; de même en est-il pour le prochain, [comme dit] l’Apôtre, 1 Co 10, 31 : Faites tout pour la gloire de Dieu. »

[31] Somme théologique, Q. 23, La nature de la charité, Article 7 - Sans la charité, peut-il y avoir quelque vertu véritable ? « Mais si ce bien particulier est un bien véritable, comme la défense de la cité ou quelque œuvre de ce genre, il y aura vertu véritable, mais imparfaite, à moins qu’elle ne soit référée au bien final et parfait. »

[32] Somme théologique, Q. 26, L’ordre de la charité, Article 8 - Doit-on aimer davantage celui qui nous est uni par le sang ?

[33] Une réflexion semblable peut être faite à propos de l’Homme dont on vante la nature et les droits. Mais, comme disait Joseph de Maistre dans ses Considérations sur la France : « J’ai vu, dans ma vie, des Français, des Italiens, des Russes, etc. ; je sais même, grâce à Montesquieu, qu’on peut être Persan : mais quant à l’homme, je déclare ne l’avoir rencontré de ma vie ; s’il existe, c’est bien à mon insu. » L’homme, comme abstraction, comme idée, n’existe pas. L’homme est toujours incarné, existant. C’est pour cette raison que le Christ nous demande d’aimer notre « prochain » et non « l’homme ». Et c’est pour cette raison que saint Thomas et les Docteurs peuvent parler d’un « ordre dans la charité ».

SOURCE : https://www.lerougeetlenoir.org/contemplation/les-contemplatives/la-charite-n-est-pas-un-humanisme


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Dernière édition par Admin le Jeu 2 Aoû 2018 - 0:50, édité 1 fois

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Message  Bobestparti Jeu 2 Aoû 2018 - 0:50

@ admin Meeerci !  Paix !

C'est vrai , cette histoire est assez troublante.
La seule chose que l'on doit retenir de cette histoire c'est que le très pauvre et le très riche sont capables de se dépouiller de tout pour le service des autres.
Tout est une affaire de coeur..
Sinon , je partage votre avis cher admin.
Soyez rassuré Gros sourire  , votre avis est juste et  pleine de bon sens.
Rien de glorieux dans le geste de cette personne sauf l'intention qui est espérons le , non calculé qui lui est salutaire dans sa radicalité humaine...

   Le prêche !
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Message  Admin Jeu 2 Aoû 2018 - 0:57

@ Robert Adelaide :

Meeerci !

En effet, l'intention de donner son argent est, AU DÉPART, bonne et mérite d'être soulignée. Mais ça s'arrête là !

D'autant plus qu'on dit, dans l'article, que l'homme en question était en cheminant par des "lectures spirituelles".  Sonné

Faudrait savoir, ici, que le genre de lectures spirituelles car il y a beaucoup de gens qui s'abreuvent de Psychologie-pop et de Spiritualité New Age.

Qu'en est-il de cet homme ?

La question ?

S'il était un Chrétien en cheminement, il me semble qu'il l'aurait dit.

Disons que cette histoire me laisse perplexe et, en même temps, à la lumière des deux textes précédents, nous sommes vraisemblablement TRÈS LOIN de la Vraie Charité chrétienne, ici, qui est D'AIMER DIEU, DÉNONCER L'ERREUR, DÉFENDRE LA VÉRITÉ ET ENSEIGNER DIEU À NOTRE PROCHAIN.

Nous serions donc dans la CARICATURE !

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Message  Admin Jeu 2 Aoû 2018 - 1:13

@ Robert Adelaide-Bis :

Je pourrais rajouter ceci :

Flèche

"35 Car celui qui voudra sauver sa vie la perdra, mais celui qui perdra sa vie à cause de moi et de la bonne nouvelle la sauvera. 36 Et que sert-il à un homme de gagner tout le monde, s'il perd son âme? 37 Que donnerait un homme en échange de son âme?" Matthieu 8 : 35-37

L'essentiel n'est-il pas dans les biens spirituels et non dans les biens matériels, encore moins dans l'argent ?

La question ?

Je reviens avec Mère Teresa. A-t-elle accueillie tous ses pauvres avec des gros dons d'argent ou encore avec des gestes simples comme les laver, les soigner, les nourrir, les habiller et LEUR ENSEIGNER DIEU ?

La question ?

N'est-ce pas CELA la VRAIE CHARITÉ ?

La question ?

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Message  Admin Jeu 2 Aoû 2018 - 1:16

@ Tous :

N'oubliez pas de participer à la question de notre Sondage dans le haut de cette page svp !

D\\'accord !

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Message  ParAmourPourJésus Jeu 2 Aoû 2018 - 3:51

@ Administrateur
@ Vous tous


Sincèrement désolée de vous faire part de mon  avis différent du Vôtre :

Entièrement d'accord avec vous " Administrateur " pour ce développement que vous nous faites sur la charité cependant , concernant le message de Jésus donné à SA messagère LUCIE , nous devons l'approfondir autrement , je m'explique :

Jésus nous fait comprendre dans ce message donné que ce  Monsieur avait d'abord TOUT donné de ses  6 millions.

Et c'est sur ce don total  que le Seigneur parle de la charité.

Oui ! moi je l'entends ainsi !
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