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Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

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Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales - Page 17 Empty Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales

Message  ami de la Miséricorde Ven 16 Aoû 2024 - 1:52

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CHAPITRE IV
Qu'en ce monde l'amour prend sa naissance, mais non pas son excellence, de la connaissance de Dieu.


A votre avis, Théotime, qui aimerait plus la lumière, ou l'aveugle-né qui saurait tous les discours que les philosophes en font et toutes les louanges qu'ils lui donnent, ou le laboureur qui d'une vue bien claire sent et ressent l'agréable splendeur du beau soleil levant?

Celui-là en a plus de connaissance, et celui-ci plus de jouissance, et cette jouissance produit un amour bien plus vif et animé, que ne fait la simple connaissance du discours: car l'expérience d'un bien nous le rend infiniment plus aimable que toutes les sciences qu'on en pourrait avoir.

Nous commençons d'aimer par la connaissance que la foi nous donne de la bonté de Dieu, laquelle par après nous savourons et goûtons par l'amour; et l'amour aiguise notre goût, et notre goût affine notre amour : si que, comme nous voyons entre les efforts des vents les ondes s'entrepresser et s'élever plus haut comme à l'envi par la rencontre qu'elles font l'une de l'autre ; ainsi le goût du bien en rehausse l'amour, et l'amour en rehausse le goût, selon que la divine sagesse a dit:

Ceux qui me goûtent, auront encore appétit; et ceux qui me boivent, seront encore altérés. Qui aima plus Dieu, je vous prie, ou le théologien Ocham que quelques-uns ont nommé le plus subtil des mortels, ou sainte Catherine de Gennes, femme idiote?

Celui-là le connut mieux par science, celle-ci par expérience, et l'expérience de celle-ci la conduisit bien avant en l'amour séraphique, tandis que celui-là avec sa science demeura bien éloigné de cette si excellente perfection.

Nous aimons extrêmement les sciences avant que nous les sachions, dit saint Thomas, par la seule connaissance confuse et sommaire que nous en avons; et il faut dire de même que la connaissance de la bonté divine applique notre volonté à l'amour; mais depuis que la volonté est en train, son amour va de soi-même croissant par le plaisir qu'il sent de s'unir à ce souverain bien.

Avant que les petits enfants aient tâté le miel et le sucre, on a de la peine à le leur faire recevoir en leurs bouches; mais après qu'ils ont savouré sa douceur, ils l'aiment beaucoup plus qu'on ne voudrait, et pourchassent (désirent) éperdument d'en avoir toujours. Il faut néanmoins avouer que la volonté attirée par la délectation qu'elle sent en son objet, est bien plus fortement portée à s'unir avec lui quand l'entendement de son côté lui en propose excellemment la bonté ; car elle y est alors tirée et poussée tout ensemble:

poussée par la connaissance, tirée par la délectation si que la science nest point de soi-même contraire, ains est fort utile à la dévotion; et si elles sont jointes ensemble, elles s'entraident admirablement, quoiqu'il arrive fort souvent que par notre misère la science empêche la naissance de la dévotion, d'autant que la science enfle et enorgueillit et l'orgueil, qui est contraire à toute vertu, est la ruine totale de la dévotion.

Certes, l'éminente science des Cyprien, Augustin, Hilaire, Chrysostome, Basile, Grégoire, Bonaventure, Thomas, a non seulement beaucoup illustré, mais grandement affiné leur dévotion, comme réciproquement leur dévotion a non seulement rehaussé, mais extrêmement perfectionné leur science.

CHAPITRE V
Seconde différence entre la méditation et la contemplation.


La méditation considère par le menu et comme pièce à pièce les objets qui sont propres à nous émouvoir; mais la contemplation fait une vue toute simple et ramassée sur l'objet qu'elle aime; et la considération ainsi unie fait aussi un mouvement plus vif et fort.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Ven 16 Aoû 2024 - 17:57

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CHAPITRE V

Seconde différence entre la méditation et la contemplation.


On peut regarder la beauté d'une riche couronne en deux sortes, ou bien voyant tous ses fleurons et toutes les pierres précieuses dont elle est composée l'une après l'autre; ou bien, après avoir considéré ainsi toutes les pièces particulières, regardant tout l'émail d'icelle ensemble d'une seule et simple vue.

La première sorte ressemble à la méditation, en laquelle nous considérons, par exemple, les effets de la Miséricorde Divine, pour nous exciter à son amour.

Mais la seconde est semblable à la contemplation, en laquelle nous regardons d'un seul trait arrêté de notre esprit toute la variété des mêmes effets, comme une seule beauté composée de toutes ces pièces qui font un seul brillant de splendeur !

Nous comptons en méditant, ce semble, les perfections divines que nous voyons en un mystère; mais en contemplant nous en faisons une somme totale. Les compagnes de l'épouse sacrée lui avaient demandé quel était son bien-aimé ; et elle leur répond, décrivant admirablement toutes les pièces de sa parfaite beauté :

Son teint est blanc et vermeil, sa tête d'or, et ses cheveux comme un jeton de fleurs de palmes non encore du tout épanouies, ses yeux de colombe, ses joues comme petites tables, planches ou carreaux de jardin, ses lèvres comme lis, parsemées de toutes odeurs, ses mains annelées de jacinthe, ses jambes comme colonnes de marbre.

Ainsi va-t-elle méditant cette souveraine beauté en détail, jusquà ce qu'enfin elle conclut par manière de contemplation, mettant toutes les beautés en une : Son gosier, dit-elle, est très suave, et lui, il est tout désirable: et tel est mon bien-aimé, et il est mon cher ami.

La méditation est semblable à celui qui odore (Flaire, sent l'odeur) loeillet, la rose, le romarin, le thym, le jasmin, la fleur d'orange, l'un après l'autre distinctement; mais la contemplation est pareille à celui qui odore l'eau de senteur composée de toutes ces fleurs.

Car celui-ci en un seul sentiment reçoit toutes les odeurs unies, que l'autre avait senties divisées et séparées: et n"y a point de doute que cette unique odeur qui provient de la confusion de toutes ces senteurs, ne soit elle seule plus suave et précieuse que les senteurs desquelles elle est composée, odorées séparément l"une après l"autre.

C'est pourquoi le divin époux estime tant que sa bien-aimée le regarde d'un seul oeil, et que sa chevelure soit si bien tressée qu'elle ne semble qu'un seul cheveu. Car qu'est-ce regarder l'époux d'un seul oeil, que de le regarder d'une simple vue attentive, sans multiplier les regards? Et qu'est-ce porter ses cheveux ramassés, que de ne point répandre sa pensée en variété de considérations?

O que bienheureux sont ceux qui, après avoir discouru sur la multitude des motifs qu'ils ont d'aimer Dieu, réduisant tous leurs regards en une seule vue et toutes leurs pensées en une seule conclusion, arrêtent leur esprit en l'unité de la contemplation, à l'exemple de saint Augustin ou de saint Bruno; prononçant secrètement en leur âme, par une admiration permanente, ces paroles amoureuses:

O bonté! bonté! ô bonté toujours ancienne et toujours nouvelle! et à l'exemple du grand saint François, qui, planté sur ses genoux en oraison, passa toute la nuit en ces paroles: O Dieu ! vous êtes mon Dieu et mon tout! les inculquant continuellement, au récit du bienheureux frère Bernard de Quinteval, qui l'avait oui de ses oreilles.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Sam 17 Aoû 2024 - 17:15

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CHAPITRE V

Seconde différence entre la méditation et la contemplation.


Voyez saint Bernard, Théotime : il avait médité toute la Passion pièce à pièce, puis de tous les principaux points mis ensemble il en fit un bouquet d'amoureuse douleur; et le mettant sur sa poitrine pour convertir sa méditation en contemplation, il s'écria : Mon bien-aimé est un bouquet de myrrhe pour moi.

Mais voyez encore plus dévotement le Créateur du monde, comme en la création il alla premièrement méditant sur la bonté de ses ouvrages pièce à pièce séparément :

à mesure qu'il les voyait produits, il vit, dit l'Écriture, que la lumière était bonne, que le ciel et la terre étaient une bonne chose; puis les herbes et les plantes, le soleil la lune et les étoiles.

Les animaux, et en somme toutes les créatures, ainsi qu'il les créait l'une après l'autre, jusqu'à ce qu'enfin tout l'univers étant accompli, la divine méditation, par manière de dire, se changea en contemplation: car regardant toute la bonté qui était en son ouvrage d'un seul trait de son oeil, il vit, dit Moïse, tout ce qu'il avait fait, et tout était très bon.

Les pièces différentes, considérées séparément par manière de méditation, étaient bonnes; mais regardées d'une seule vue toutes ensemble par forme de contemplation, elles furent trouvées très bonnes; comme plusieurs ruisseaux qui s'unissant font une rivière qui porte des plus grandes charges que la multitude des mêmes ruisseaux séparés n'eût su faire.

Après que nous avons ému (mise en mouvement, produite) une grande quantité de diverses affections pieuses par la multitude des considérations dont la méditation est composée, nous assemblons enfin la vertu de toutes ces affections, lesquelles de la confusion et mélange de leurs forces font naître une certaine quintessence d'affection, et d'affection plus active et puissante que toutes les affections desquelles elle procède.

D'autant qu'encore qu'elle ne soit qu'une, elle comprend la vertu et propriété de toutes les autres, et se nomme affection contemplative.

Ainsi, dit-on entre les théologiens, que les anges plus élevés en gloire ont une connaissance de Dieu et des créatures beaucoup plus simple que leurs inférieurs, et que les espèces (vues, images) ou idées par lesquelles ils voient, sont plus universelles; en sorte que ce que les anges moins parfaits voient par plusieurs espèces et divers regards, les plus parfaits le voient par moins d'espèces et moins de traits de leur vue.

Et le grand saint Augustin, suivi par saint Thomas, dit qu'au ciel nous n'aurons pas ces grandes vicissitudes, variétés, changements et retours de pensées et cogitations qui vont et reviennent d'objet en objet, et de chose à autre; ainsi qu'avec une seule pensée nous pourrons être attentifs à la diversité de plusieurs choses, et en recevoir la connaissance.

Certes à mesure que leau s'éloigne de son origine, elle se divise et dissipe ses sillons, si avec un grand soin on ne la contient ensemble; et les perfections se séparent et partagent à mesure quelles sont éloignées de Dieu, qui est leur source; mais quand elles s'en approchent, elles s'unissent jusqu'à ce qu'elles soient abîmées en cette souverainement unique perfection, qui est l'unité nécessaire et la meilleure partie que Magdeleine choisit, laquelle ne lui sera point ôtée.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Dim 18 Aoû 2024 - 16:36

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CHAPITRE VI

Que la contemplation se fait sans peine; qui est la troisième différence entre molle et la méditation.


Or, la simple vue de la contemplation se fait en lune de ces trois façons. Quelquefois nous regardons seulement à quelqu'une des perfections de Dieu, comme par exemple à son infinie bonté, sans penser aux autres attributs ou vertus d'icelui, comme un époux arrêtant simplement sa vue sur le beau teint de son épouse qui par ce moyen regarderait voirement tout son visage, d'autant que le teint est répandu sur presque toutes les pièces d'icelui, et toutefois ne serait attentif ni aux traits, ni à la grâce, ni aux autres parties de la beauté; car de même quelquefois l'esprit regardant la bonté souveraine de la Divinité, bien qu'il voie en icelle la justice, la sagesse, la puissance, il n'est néanmoins en attention que pour la bonté à laquelle la simple vue de la contemplation s'adresse.

Quelquefois aussi nous sommes attentifs à regarder en Dieu plusieurs de ses infinies perfections, mais d'une vue simple et sans distinction, comme celui qui d'un trait d'oeil passant sa vue dès la tête jusqu'aux pieds de son épouse richement parée, aurait attentivement tout vu en généra! et rien en particulier, ne sachant bonnement dire ni quel carcan (collet, vêtement, quelquefois collier de pierreries), ni quelle robe elle portait, ni quelle contenance elle tenait, ou quel regard elle faisait, ains seulement que tout y est beau et agréable; car ainsi par la contemplation on tire maintes fois un seul trait de simple considération sur plusieurs grandeurs et perfections divines tout ensemble, et n'en saurait-on toutefois dire chose quelconque en particulier, sinon que tout est parfaitement bon et beau.

Et enfin nous regardons dautres fois, non plusieurs ni une seule des perfections divines, ains seulement quelque action ou quelque oeuvre divine à laquelle nous sommes attentifs, comme par exemple à l'acte de la Miséricorde par lequel Dieu pardonne les péchés, ou à l'acte de la création, ou de la résurrection du Lazare, ou de la conversion de saint Paul; ainsi qu'un époux qui ne regarderait pas les yeux, ains seulement la douceur du regard que son épouse jette sur lui, ne considérerait point sa bouche, mais la suavité des paroles qui en sortent.

Et lors, Théotime, l'âme fait une certaine saillie d'amour, non seulement sur l'action qu'elle considère, mais sur celui duquel elle procède :

Vous êtes bon, Seigneur, et en votre bonté apprenez-moi vos justifications. Votre gosier, c'est-à-dire, la parole qui en provient, est très suave, et vous êtes tout désirable. Hélas ! que vos paroles sont douces à mes entrailles, plus que le miel à ma bouche ! Ou bien avec saint Thomas: Mon Seigneur et mon Dieu ! Et avec sainte Magdeleine : Rabboni, ah ! mon Maître !

Mais en quelle des trois façons que l'on procède, la contemplation a toujours cette excellence, quelle se fait avec plaisir, d'autant qu'elle présuppose que l'on a trouvé Dieu et son saint amour, qu'on en jouit et qu'on s'y délecte en disant :

J'ai trouvé celui que mon âme chérit, je l'ai trouvé, et ne le quitterai point.

En quoi elle diffère d'avec la méditation, qui se fait presque toujours avec peine, travail et discours, notre esprit allant par icelle de considération en considération, cherchant en divers endroits ou le bien-aimé de son amour, ou l'amour de son bien-aimé.

Jacob travaille en méditation pour avoir Rachel; mais il se réjouit avec elle, et oublie tout son trayait en la contemplation. L'époux divin, comme berger qu'il est, prépara un festin somptueux à la façon champêtre pour son épouse sacrée, lequel il décrit, en sorte que mystiquement il représentait tous les mystères de la rédemption humaine: Je suis venu en mon jardin, dit-il, j'ai moissonné ma myrrhe avec tous mes parfums, j'ai mangé mon bornai avec mon miel, j'ai mêlé mon vin avec mon lait; mangez, mes amis, et buvez, et vous enivrez, mes très chers.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Lun 19 Aoû 2024 - 17:55

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CHAPITRE VI
Que la contemplation se fait sans peine; qui est la troisième différence entre molle et la méditation.


Théotime, hé! quand fut-ce, je vous prie, que notre Seigneur vint en son jardin, sinon quand il vint ès très pures, très humbles et très douces entrailles de sa mère, pleine de toutes les plantes fleurissantes des saintes vertus? Et qu'est-ce à notre Seigneur de moissonner sa myrrhe avec ses parfums, sinon assembler souffrances à souffrances jusquà la mort, et la mort de la croix, joignant par icelles mérites à mérites, trésors à trésors, pour enrichir ses enfants spirituels?

Et comme mangea-t-il son bornai avec son miel, sinon quand il vécut dune vie nouvelle, réunissant son âme plus douce que le miel à son corps percé et navré de plus de trous qu'un borna! (Navré de plus de trous quun bornal, percé de plus de blessures qu'une ruche n'a d'alvéoles.)?

Et lorsque montant au ciel il prit possession de toutes les circonstances et dépendances de sa divine gloire, que fit-il autre chose, sinon mêler le vin réjouissant de la gloire essentielle de son âme avec le lait délectable de la félicité parfaite de son corps, en une sorte encore plus excellente qu'il n'avait pas fait jusqu'à lheure.

Or, en tous ces divins mystères qui comprennent tous les autres, il y a de quoi bien manger et bien boire pour tous les chers amis, et de quoi s'enivrer pour les très chers amis. Les uns mangent et boivent, mais ils mangent plus qu'ils ne boivent, et ne s'enivrent pas; les autres mangent et boivent, mais ils boivent beaucoup plus qu'ils ne mangent, et ce sont ceux qui s'enivrent.

Or, manger, c'est méditer; car en méditant on mâche, tournant çà et là la viande spirituelle entre les dents de la considération pour l'émier (émietter), froisser et digérer, ce qui se fait avec quelque peine. Boire, c'est contempler, et cela se fait sans peine ni résistance, avec plaisir et coulamment.

Mais s'enivrer, c'est contempler si souvent et si ardemment qu'on soit tout hors de soi-même pour être tout en Dieu Sainte et sacrée ivresse, qui, au contraire de le corporelle, nous aliène, non du sens spirituel, mais des sens corporels, qui ne nous hébète ni abêtit pas, ains nous angélise (nous fait participer à la nature des anges.), et, par manière de dire, divinise; qui nous met hors de nous, non pour nous ravaler et ranger avec les bêtes, comme fait l'ivresse terrestre, mais pour nous élever au-dessus de nous et nous ranger avec les anges, en sorte que nous vivions plus en Dieu qu'en nous-mêmes, étant attentifs et occupés par amour à voir sa beauté, et nous unir à sa bonté.

Or, d'autant que pour parvenir à la contemplation nous avons pour l'ordinaire besoin d'ouïr la sainte parole, de faire des devis et colloques spirituels avec les autres à la façon des anciens anachorètes, de lire des livres dévots, de prier, méditer, chanter des cantiques, former de bonnes pensées; pour cela, la sainte contemplation étant la fin et le but auquel tous ces exercices tendent, ils se réduisent tous à elle, et ceux qui les pratiquent sont appelés contemplatifs.

Comme aussi cette sorte d'occupation est nommée vie contemplative, à raison de l'action de notre entendement par laquelle nous regardons la vérité de la beauté et bonté divine avec une attention amoureuse, c'est-à-dire, avec un amour qui nous rend attentifs, ou bien avec une attention qui provient de lamour, et augmente l'amour que nous avons envers l'infinie suavité de notre Seigneur.

CHAPITRE VII
Du recueillement amoureux de l'âme la contemplation.


Je ne parle pas ici, Théotime, du recueillement par lequel ceux qui veulent prier se mettent en la présence de Dieu, rentrant en eux-mêmes, et retirant, par manière de dire, leur âme dedans leur coeur pour parler à Dieu; car ce recueillement se fait par le commandement de l'amour, qui, nous provoquant à l'oraison, nous fait prendre ce moyen de la bien faire; de sorte que nous faisons nous-mêmes ce retirement de notre esprit.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Mar 20 Aoû 2024 - 18:02

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CHAPITRE VII
Du recueillement amoureux de l'âme la contemplation.


Mais le recueillement duquel j'entends parler ne se fait pas par le commandement de l'amour, ains par l'amour même, c'est-à-dire, nous ne le faisons pas nous-mêmes par élection, d'autant qu'il n'est pas en notre pouvoir de l'avoir quand nous voulons, et ne dépend pas de notre soin; mais Dieu le fait en nous quand il lui plait par sa très sainte grâce.

Celui, dit la bienheureuse mère Térèse, de Jésus, qui a laissé par écrit que l'oraison de recueillement se fait comme quand un hérisson ou une tortue se retire au dedans de soi, l'entendait bien, hormis que ces bêtes se retirent au dedans d'elles-mêmes quand elles veulent; mais le recueillement ne gît pas en notre volonté, ains il nous advient quand il plaît à Dieu de nous faire cette grâce.

Or, il se fait ainsi. Rien n'est si naturel au bien que d'unir et attirer à soi les choses qui le peuvent sentir, comme font nos âmes, lesquelles tirent toujours et se rendent à leur trésor, c'est-à-dire, à ce qu'elles aiment.

Il arrive donc quelquefois que notre Seigneur répand imperceptiblement au fond du coeur une certaine douce suavité qui témoigne sa présence, et lors les puissances, voire même les sens extérieurs de l'âme, par un certain secret consentement, se retournent du côté de cette intime partie où est le très aimable et très cher époux.

Tout ainsi qu'un nouvel essaim, ou jeton (essaim d'abeilles rejeté hors de la ruche.) de mouches à miel, lorsqu'il veut fuir et changer de pays, est rappelé par le son que l'on fait doucement sur des bassins, ou par l'odeur du vin emmiellé, ou bien encore par la senteur de quelques herbes odorantes, en sorte qu'il s'arrête par l'amorce de ces douceurs et entre dans la ruche qu'on lui a préparée.

De même notre Seigneur prononçant quelque secrète parole de son amour, ou répandant l'odeur du vin de sa dilection plus délicieuse que le miel, ou bien évaporant les parfums de ses vêtements, c'est-à-dire, quelques sentiments de ses consolations célestes en nos coeurs, et par ce moyen leur faisant sentir sa très aimable présence, il retire à soi toutes les facultés de notre âme, lesquelles se ramassent autour de lui et sarrêtent en lui comme en leur objet très désirable.

Et comme qui mettrait un morceau daimant entre plusieurs aiguilles, verrait que soudain toutes les pointes se retourneraient du côté de leur aimant bien-aimé, et se viendraient attacher à lui, ainsi lorsque notre Seigneur fait sentir au milieu de notre âme sa très délicieuse présence, toutes nos facultés retournent leurs pointes de ce côté-là pour se venir joindre à cette incomparable douceur.

O Dieu ! dit l'âme alors, à l'imitation de saint Augustin, où vous allais-je cherchant, beauté très infinie? Je vous cherchais dehors, et vous étiez au milieu de mon coeur. Toutes les affections de Magdeleine, et toutes ses pensées étaient épanchées autour du sépulcre de son Sauveur qu'elle allait qu'êtant çà et là, et bien qu'elle l'eût trouvé et qu'il parlât à elle, elle ne laisse pas de les laisser éparses, parce qu'elle ne s'apercevait pas de sa présence; mais soudain qu'il l'eut appelée par son nom, la voilà qu'elle se ramasse et s'attache toute à ses pieds; une seule parole la met en recueillement.

Imaginez-vous, Théotime, la très sainte Vierge notre Dame, lorsqu'elle eut conçu le Fils de Dieu, son unique amour. L'âme de cette mère bien-aimée se ramasse toute sans doute autour de cet enfant bien-aimé, et parce que ce divin ami était emmi ses entrailles sacrées, toutes les facultés de son âme se retirent en elle-même, comme saintes avettes (abeilles) dedans la ruche en laquelle était leur miel; et à mesure que la divine grandeur s'est, par manière de dire, rétrécie et raccourcie dedans son sein virginal, son âme agrandissait et magnifiait les louanges de cette infinie débonnaireté et son esprit tressaillait de contentement dedans son corps, comme saint Jean dedans celui de sa mère, autour de son Dieu quelle sentait. Elle ne lançait point ses pensées ni ses affections hors d'elle-même, puisque son trésor, ses amours et ses délices étaient au milieu de ses entrailles sacrées.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Mer 21 Aoû 2024 - 17:21

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CHAPITRE VII
Du recueillement amoureux de l'âme la contemplation.


Or, ce même contentement peut être pratiqué par imitation entre ceux qui, ayant communié, sentent par la certitude de la foi ce que, non la chair ni le sang, mais le Père céleste leur a révélé, que leur Sauveur est en corps et en âme présent d'une très réelle présence à leur corps et à leur âme par ce très adorable sacrement; car comme la mère perle, ayant reçu les gouttes de la fraîche rosée du matin, se resserre non seulement pour les conserver pures de tout le mélange qui s'en pourrait faire avec les eaux de la mer, mais aussi pour l'aise qu'elle ressent d'apercevoir l'agréable fraîcheur de ce germe que le ciel lui envoie :

ainsi arrive-t-il à plusieurs saints et dévots fidèles, qu'ayant reçu le divin sacrement qui contient la rosée de toutes bénédictions célestes, leur âme se resserre, et toutes les facultés se recueillent non seulement pour adorer ce roi souverain nouvellement présent d'une présence admirable à leurs entrailles, mais pour l'incroyable consolation et rafraîchissement spirituel qu'ils reçoivent de sentir par la foi ce germe divin de l'immortalité en leur intérieur.

Où vous noterez soigneusement, Théotime, qu'en somme tout ce recueillement se fait par l'amour, qui, sentant la présence du bien-aimé par les attraits qu'il répand au milieu du coeur, ramasse et rapporte toute l'âme vers icelui par une très aimable inclination, par un très doux contournement et par un délicieux repli de toutes les facultés du côté du bien-aimé, qui les attire à soi par la force de sa suavité, avec laquelle il lie et tire les coeurs, comme on tire les corps par les cordes et liens matériels.

Mais ce doux recueillement de notre âme en soi-même ne se fait pas seulement par le sentiment de la présence divine au milieu de notre coeur, ains en quelle manière que ce soit que nous nous mettions en cette sacrée présence il arrive quelquefois que toutes nos puissances intérieures se resserrent et ramassent en elles-mêmes par l'extrême révérence et douce crainte qui nous saisit en considération de la souveraine majesté de celui qui nous est présent et nous regarde, ainsi que, pour distraits que nous soyons, si le pape ou quelque grand prince comparait, nous revenons à nous-mêmes, et retournons nos pensées sur nous pour nous tenir en contenance et respect.

On dit que la vue du soleil fait recueillir les fleurs de la flambe (nom vulgaire de l'iris), autrement appelée glay (pour glaïeul), parce qu'elles se ferment et resserrent en elles-mêmes à la lueur du soleil, en l'absence duquel elles s'épanouissent et se tiennent ouvertes toute la nuit. C'en est de même en cette sorte de recueillement de laquelle nous parlons; car à la seule présence de Dieu, au seul sentiment que nous avons qu'il nous regarde, ou dès le ciel, ou de quelque autre lieu hors de nous, bien que pour lors nous ne pensions pas à l'autre sorte de présence par laquelle il est en nous, nos facultés et puissances se ramassent et assemblent en nous-mêmes pour la révérence de sa divine majesté, que l'amour nous fait craindre d'une crainte d'honneur et de respect.

Certes je connais une âme à laquelle sitôt que lon mentionnait quelque mystère ou sentence qui lui ramentevait (rappelait) un peu plus expressément que lordinaire la présence de Dieu, tant en confession quen particulière conférence, elle rentrait si fort en elle-même, quelle avait peine den sortir pour parler et répondre ; en telle sorte quen son extérieur elle demeurait comme destituée de vie et tous les sens engourdis, jusques à ce que lépoux lui permit de sortir, qui était quelquefois assez tôt, et dautres fois plus tard.

CHAPITRE VIII
Du repos de l'âme recueillie en son bien-aimé.


L'âme étant donc ainsi recueillie dedans elle-même en Dieu ou devant Dieu, se rend parfois si doucement attentive à la bonté de son bien-aimé, qu'il lui semble que son attention ne soit presque pas attention, tant elle est simplement et délicatement exercée comme il arrive en certains fleuves qui coulent si doucement et également, qu'il semble à ceux qui les regardent, ou naviguent sur iceux, de ne voir ni sentir aucun mouvement, parce qu'on ne les voit nullement ondoyer ni flotter.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Ven 23 Aoû 2024 - 3:57

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CHAPITRE VIII
Du repos de l'âme recueillie en son bien-aimé.


Et c'est cet aimable repos. de l'âme que la bienheureuse Vierge Térèse de Jésus appelle oraison de quiétude, non guère différente de ce qu'elle-même nomme sommeil des puissances, si toutefois je l'entends bien.

Certes, les amants humains se contentent parfois d'être auprès ou à la vue de la personne qu'ils aiment, sans parler à elle, et sans discourir à part eux ni d'elle ni de ses perfections; rassasiés, ce semble, et satisfaits de savourer cette bien-aimée présence, non par aucune considération qu'ils fassent sur icelle, mais par un certain accoisement et repos que leur esprit prend en elle.

Mon bien-aimé m'est un bouquet de myrrhe, il demeurera sur mon sein. Mon bien-aimé est à moi, et moi je suis à lui, qui pait entre les lis, tandis que le jour aspire (monte) et que les ombres s'inclinent. Montrez-moi donc, ô l'ami de mon âme, où vous paissez, où vous couchez sur le midi. Voyez-vous, Théotime, comme la sainte Sulamite se contente de savoir, que son bien-aimé soit avec elle, ou en sou parc, ou ailleurs, pourvu quelle sache où il est: aussi est-elle Sulamite toute paisible, toute tranquille et en repos.

Or, ce repos passe quelquefois si avant en sa tranquillité, que toute l'âme et toutes les puissances d'icelle demeurent comme endormies, sans faire aucun mouvement ni action quiconque, sinon la seule volonté; laquelle même ne fait aucune autre chose sinon recevoir l'aise et la satisfaction que la présence du bien-aimé lui donne.

Et- ce qui est encore plus admirable, c'est que la volonté n'aperçoit point cette aise et ce contentement qu'elle reçoit, jouissant insensiblement d'icelui, d'autant quelle ne pense pas à soi, mais à celui la présence duquel (celui dont la présence) lui donne ce plaisir; comme il arrive maintes fois que, surpris d'un léger sommeil, nous entrevoyons seulement ce que nos amis disent autour de nous, ou ressentons les caresses qu'ils nous font, presque imperceptiblement, sans sentir que nous sentons.

Néanmoins l'âme qui eu ce doux repos jouit de ce délicat sentiment de la présence divine, quoiqu'elle ne s'aperçoive pas de cette jouissance, témoigne toutefois clairement combien ce bonheur lui est précieux et aimable, quand on le lui veut ôter, ou que quelque chose l'en détourne :

car alors la pauvre âme fait des plaintes, crie, voire quelquefois pleure comme un petit enfant qu'on a éveillé avant qu'il eût assez dormi, lequel par la douleur qu'il ressent de son réveil, montre bien sa satisfaction qu'il avait en son sommeil. Dont le divin berger adjure les filles de Sion, par les chevreuils et cerfs des campagnes, quelles n'éveillent point sa bien-aimée jusquà ce qu'elle le veuille, cest-à-dire, qu'elle s'éveille d'elle-même. Non, Théotime, l'âme ainsi tranquille en son Dieu, ne quitterait pas ce repos pour tous les plus grands biens du monde.

Telle fut presque la quiétude de la très sainte Magdeleine, quand assise aux pieds de son Maître elle écoutait sa sainte parole. Voyez-la, je vous prie, Théotime : elle est assise en une profonde tranquillité, elle ne dit mot, elle ne pleure point, elle ne sanglote point, elle ne soupire point, elle ne bouge point, elle ne prie point. Marthe, tout empressée, passe et repasse dedans la saIette (petite salle); Marie n'y pense point. Et que fait-elle donc?

Elle ne fait rien, ains écoute. Et qu'est-ce à dire, elle écoute? C'est-à-dire, elle est là comme un vaisseau d'honneur à recevoir goutte à goutte la myrrhe de suavité que les lèvres de son bien-aimé distillaient dans son coeur; et ce divin amant, jaloux de l'amoureux sommeil et repos de cette bien-aimée, tança Marthe qui la voulait éveiller : Marthe, Marthe, tu es bien embesognée, et te troubles après plusieurs choses : une seule chose néanmoins est requise : Marie a choisi la meilleure part, qui ne lui sera point ôtée.

Mais quelle fut la partie ou portion de Marie? De demeurer en paix, en repos, en quiétude auprès de son doux Jésus.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Ven 23 Aoû 2024 - 16:25

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CHAPITRE VIII
Du repos de l'âme recueillie en son bien-aimé.


Les peintres peignent ordinairement le bien-aimé saint Jean en la cène, non seulement reposant, mais dormant sur la poitrine de son Maître, parce qu'il y fut assis à la façon des Levantins, en sorte que sa tête tendait vers le sein de son cher Maître, sur lequel comme il ne dormait pas du sommeil corporel, n'y ayant aucune vraisemblance en cela, aussi ne douté-je point que se trouvant si près de la source des douceurs éternelles, il n'y fit un profond, mystique et doux sommeil, comme un enfant d'amour qui, attaché au sein de sa mère, alaite (puise le lait) en dormant, et dort en alaitant.

O Dieu! quelles délices à ce Benjamin, enfant de la joie du Sauveur, de dormir ainsi entre les bras de son Père; qui, le jour suivant, comme le Sénoni, enfant de douleur, le recommanda aux douces mamelles de sa mère! Rien n'est plus désirable au petit enfant, soit qu'il veille ou qu'il dorme, que la poitrine de son père et le sein de sa mère.

Quand donc vous serez en cette simple et pure confiance filiale auprès de notre Seigneur, demeurez-y, mon cher Théotime, sans vous remuer nullement pour faire des actes sensibles, ni de l'entendement ni de la volonté; car cet amour simple de confiance, et cet endormissement amoureux de votre esprit entre les bras du Sauveur, comprend par excellence tout ce que vous allez cherchant çà et là pour votre goût. Il est mieux de dormir sur cette sacrée poitrine, que de veiller ailleurs où que ce soit.

CHAPITRE IX
Comme ce repos sacré se pratique.


N'avez-vous jamais pris garde, Théotime, à l'ardeur avec laquelle les petits enfants s'attachent quelquefois au soin de leurs mères, quand ils ont faim?

On les voit grommelant, serrer et presser la mamelle, suçant le lait si avidement, que même ils en donnent de la douleur à leurs mères.

Mais après que la fraîcheur du lait a aucunement (en quelque façon) apaisé la chaleur appétissante de leur petite poitrine, et que les agréables vapeurs qu'il envoie à leur cerveau commencent à les endormir, Théotime, vous les verriez fermer tout bellement leurs petits yeux, et céder petit à petit au sommeil, sans quitter néanmoins la mamelle, sur laquelle ils ne font nulle action que celle d'un lent et presque insensible mouvement de lèvres, par lequel ils tirent toujours le lait qu'ils avalent imperceptiblement :

et cela ils le font sans y penser, mais non pas certes sans plaisir; car si on leur ôte la mamelle avant que le profond sommeil les ait accablés, ils séveillent et pleurent amèrement, témoignant, en la douleur qu'ils ont en la privation, qu'ils avaient beaucoup de douceur en la possession.

Or, il en est de même de l'âme qui est en repos et quiétude devant Dieu; car elle suce presque insensiblement la douceur de cette présence, sans discourir, sans opérer et sans faire chose quelconque par aucune de ses facultés, sinon par la seule pointe de la volonté, qu'elle remue doucement et presque Imperceptiblement, comme la bouche par laquelle entre la délectation et l'assouvissement insensible quelle prend à jouir de la présence divine.

Que si on incommode cette pauvre petite pouponne, et qu'on lui veuille ôter la poupette (enfant qui tette, poupette, sein), d'autant qu'elle semble endormie, elle montre bien alors quencore qu'elle dorme pour tout le reste des choses, elle ne dort pas néanmoins pour celle-là; car elle aperçoit le mal de cette séparation, et s'en fâche, montrant par là le plaisir qu'elle prenait, quoique sans y penser, au bien qu'elle possédait. La bienheureuse mère Térèse ayant écrit qu'elle trouvait cette similitude à propos, je l'ai ainsi voulu déclarer.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Sam 24 Aoû 2024 - 16:50

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CHAPITRE IX
Comme ce repos sacré se pratique.


Mais dites-moi; Théotime, lâme recueillie en son Dieu, pourquoi, je vous prie, s'inquiéterait-elle? N'a-t-elle pas sujet de s'accoiser (se calmer) et demeurer en repos ? car que chercherait-elle? Elle a trouvé celui qu'elle cherchait.

Que lui reste-t-il plus, sinon de dire : J'ai trouvé mon cher bien-aimé; je le tiens et ne le quitterai point. Elle n'a plus besoin de s'amuser à discourir par l'entendement; car elle voit d'une si douce vue son époux présent, que les discours lui seraient inutiles et superflus.

Que si même elle ne le voit pas par l'entendement, elle ne s'en soucie point, se contentant de le sentir près d'elle par l'aise et satisfaction que la volonté en reçoit. Hé! la Mère de Dieu, notre dame et maîtresse, étant enceinte, ne voyait pas son divin Enfant:

mais le sentant dedans ses entrailles sacrées, vrai Dieu ! quel contentement en ressentait-elle! Et sainte Elisabeth ne jouit-elle pas admirablement des fruits de la divine présence du Sauveur, sans le voir, au jour de la très sainte Visitation?

L'âme non plus n'a aucun besoin, en ce repos, de la mémoire; car elle a présent son bien-aimé, Elle n'a pas aussi besoin de l'imagination :

car qu'est-il besoin de se représenter en image, soit extérieure, soit intérieure, celui de la présence duquel on jouit? De sorte qu'enfin c'est la seule volonté qui attire doucement, et comme en tétant tendrement le lait de cette douce présence; tout le reste de l'âme demeurant en quiétude avec elle par la suavité du plaisir qu'elle prend.

On ne se sert pas seulement du vin emmiellé pour retirer et rappeler les avettes dans les ruches, mais on s'en sert encore pour les apaiser :

car quand elles font des séditions et mutineries entrelles, s'entretuant et défaisant les unes les autres, leur gouverneur n'a point de meilleur remède que de jeter du vin emmiellé au milieu de ce petit peuple effarouché; d'autant que les particuliers desquels il est composé, sentant cette suave et agréable odeur, s'apaisent, et s'occupant à la jouissance de cette douceur, demeurent accoisés et tranquilles.

O Dieu éternel! quand par votre douce présence vous jetez les odorants parfums dedans nos coeurs, parfums réjouissants plus que le vin délicieux et plus que le miel, alors toutes les puissances de nos âmes entrent en un agréable repos, avec un accoisement si parfait qu'il n'y a plus aucun sentiment que celui de la volonté, laquelle, comme l'odorat spirituel, demeure doucement engagée à sentir, sans s'en apercevoir, le bien incomparable d'avoir son Dieu présent.

CHAPITRE X
Des divers degrés de cette quiétude, et comme il la faut conserver.


Il y a des esprits actifs, fertiles et foisonnants en considération : il y en a qui sont souples, repliants, et qui aiment grandement à sentir ce qu'ils font, qui veulent tout voir et éplucher ce qui se passe en eux, retournant perpétuellement leur vue sur eux-mêmes pour reconnaît leur avancement.

Il y en a encore d'autres qui ne se contentent pas d'être contents, s'ils ne sentent, regardent et savourent leur contentement; et sont semblables à ceux qui étant bien vêtus contre le froid, ne penseraient pas l'être, s'ils ne savaient combien de robes ils portent; ou qui voyant leurs cabinets (armoire, coffre) pleins d'argent, ne penseraient pas être riches, s'ils ne savaient le compte de leurs écus.

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