Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales
2 participants
Page 27 sur 27
Page 27 sur 27 • 1 ... 15 ... 25, 26, 27
Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales
CHAPITRE XV
Du plus excellent exercice que nous puissions faire parmi les peines intérieures et extérieures de cette vie, en suite de l'ndifférence et trépas de la volonté.
J'aurais tort de vouloir quelque chose, car il voudra assez tout ce qui me sera profitable. Seulement donc j'attendrai qu'il veuille ce qu'il jugera expédient, et ne m'amuserai quà le regarder quand il sera près de moi, à lui témoigner mon amour filial, et lui faire connaître ma confiance parfaite.
Et sur ces paroles, elle s'endormit, tandis que son père, jugeant à propos de la saigner, disposa ce qui était requis, et venant à elle, ainsi qu'elle se réveilla, après l'avoir interrogée comme elle se trouvait de son sommeil, il lui demanda si elle ne voulait pas bien être saignée pour guérir.
Mon père, répondit-elle, je suis vôtre : je ne sais ce que je dois vouloir pour guérir, c'est à vous de vouloir et faire pour moi tout ce qui vous semblera bon; car, quant à moi, il me suffit de vous aimer et honorer de tout mon coeur, comme je fais.
Voilà donc qu'on lui bande le bras, et que le père même porte la lancette sur la veine mais tandis qu'il donne Je coup et que le sang en sort, jamais cette aimable fille ne regarda son bras piqué, ni son sang sortir de la veine; ains tenant les yeux arrêtés sur le visage de son père, elle ne disait autre chose, sinon parfois tout doucement Mon père m'aime bien, et moi je suis toute sienne; et quand tout fut fait, elle ne le remercia point, mais seulement répéta encore une fois les mêmes paroles de son affection et confiance filiale.
Or, dites-moi. maintenant, mon ami Théotime, cette fille ne témoigna-t-elle pas un amour plus attentif et plus solide envers son père, que si elle eût eu beaucoup de soin de lui demander des remèdes à son mal, de regarder comme on lui ouvrait la veine, ou comme le sang coulait, de lui dire beaucoup de paroles de remerciement ?
Il n'y a certes doute quelconque en cela car si elle eût pensé à soi, qu'eût-elle gagné, sinon d'avoir souci inutile, puisque son père en avait assez pour elle ?
Regardant son bras, qu'eût-elle fait, sinon recevoir de la frayeur ? Et remerciant son père, qu'elle vertu eût-elle pratiquée, sinon celle de la gratitude?
N'a-t-elle pas donc mieux fait de s'occuper toute ès démonstrations de son amour filial, infiniment plus agréable au père que toute autre vertu?
Mes yeux sont toujours au Seigneur, car il désengagera mes pieds des filets et des pièges. Es-tu tombé dans les filets des adversités; eh ! ne regarde pas ton aventure, ni les pièges esquels tu es pris regarde Dieu, et le laisse faire, il aura soin de toi.
Jette ta pensée sur lui, et il te nourrira. Pourquoi te mêles-tu de vouloir ou ne vouloir pas les événements et accidents du monde, puisque tu ne sais pas ce que tu dois vouloir, et que Dieu voudra toujours assez pour toi tout ce que tu pourras vouloir sans que tu ten mettes en peine ?
Attends donc en repos desprit les effets du bon plaisir divin, et que son vouloir te suffise, puisquil est
toujours très bon; car ainsi ordonna-t-il à sa bien-aimée sainte Catherine de Sienne : Pense en moi, lui dit-il, et je penserai pour toi.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Admin aime ce message
Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales
@ Ami de la Miséricorde :
Vous êtes une Vraie, vous !
L'Administrateur
Vous êtes une Vraie, vous !
L'Administrateur
_________________
"Le garant de ces révélations l'affirme :
"Oui, mon retour est proche!
Amen, viens, Seigneur Jésus!"
Apocalypse, 22, 20
*Venez prier et adorer en direct sur le Forum VSJ via le Web* :
http://viens-seigneur-jesus.forumactif.com/
Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales
CHAPITRE XV
Du plus excellent exercice que nous puissions faire parmi les peines intérieures et extérieures de cette vie, en suite de l'ndifférence et trépas de la volonté
Il est fort malaisé de bien exprimer cette extrême indifférence de la volonté humaine, qui est ainsi réduite et trépassée eu la volonté de Dieu; car il ne faut pas dire, ce me semble, qu'elle acquiesce à celle de Dieu, puisque l'acquiescement est un acte de l'âme qui déclare son consentement.
Il ne faut pas dire non plus qu'elle accepte ni qu'elle reçoit, d'autant qu'accepter et recevoir sont certaines actions qu'on peut, en certaine façon, appeler actions passives, par lesquelles nous embrassons et prenons ce qui nous arrive.
Il ne faut pas dire aussi qu'elle permet, d'autant que la permission est une action de la volonté, et par conséquent un certain vouloir oisif qui ne veut voirement rien faire, mais veut pourtant laisser faire.
Il me semble donc plutôt que l'âme qui est en cette indifférence, et qui ne vent rien, aine laisse vouloir à Dieu ce qui lui plaira, doit être dite avoir sa volonté en une simple et générale attente, d'autant qu'attendre ce n'est pas faire ou agir, ains demeurer exposé à quelque événement.
Et si vous y prenez garde, l'attente de l'âme est vraiment volontaire : et toutefois ce n'est pas une action, mais une simple disposition à recevoir ce qui arrivera et lorsque les événements sont arrivés et reçus, l'attente se convertit en consentement ou acquiescement; mais avant la venue d'iceux, en vérité l'âme est en une simple attente, indifférente à tout ce qu'il plaira à la volonté divine d'ordonner.
Notre Sauveur exprime ainsi l'extrême soumission de la volonté humaine à celle de son Père éternel : Le Seigneur Dieu, dit-il, a ouvert mon oreille, c'est-à-dire m'a annoncé son bon plaisir touchant la multitude des travaux que je dois souffrir;
et moi, dit-il par après, je ne contredis point, je ne me retire point en arrière. Qu'est-ce à dire je ne contredis point, je ne me retire point en arrière? sinon: Ma volonté est une simple attente, et demeure disposée à tout ce que celle de Dieu ordonnera;
ensuite de quoi je baille et abandonne mon corps à la merci de ceux qui le battront, et mes joues à ceux qui les pelleront (Le texte latin dit: vellentibus, ceux qui enlèvent le poil.), préparé à tout ce qu'ils voudront faire de moi.
Mais voyez, je vous prie, Théotime, que tout ainsi que notre Sauveur, après l'oraison de résignation qu'il fit au jardin des Olives, et sa prise, se laissa manier et mener au gré de cieux qui le crucifièrent, avec un abandonnement admirable de son corps et de sa vie entre leurs mains, aussi mit-il son âme et sa volonté, par une indifférence très parfaite, ès mains de son Père éternel.
Car bien qu'il dit : Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m'as-tu abandonné ? ce fut pour nous faire savoir les véritables amertumes et peines de son âme, et non pour contrevenir à la très sainte indifférence en laquelle il était, ainsi qu'il montra bientôt après, concluant toute sa vie et sa passion par ces incomparables paroles : Mon Père, je remets mon esprit entre vos mains.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales
CHAPITRE XVI
Du dépouillement parfait de l'âme unie à la volonté de Dieu.
Représentons-nous le doux Jésus, Théotime, chez Pilate, où, pour l'amour de nous, les gens d'armes, ministres de la mort, le dévêtirent de ses habits l'un après l'autre; et non contents de cela, lui ôtèrent encore sa peau, la déchirant à coups de verges et de fouets: comme par après son âme fut dépouillée de son corps, et le corps de sa vie, par la mort qu'il souffrit en la croix; mais trois jours passés, par sa très sainte résurrection, l'âme se revêtit de son corps glorieux, et le corps de sa peau immortelle, et s'habilla de vêtements différents, ou en pèlerin, ou en jardinier, ou d'autre sorte, selon que le salut des hommes et la gloire de son Père le requéraient..
L'amour fit tout cela, Théotime; et c'est l'amour aussi qui entrant en une âme afin de la faire heureusement mourir à soi et revivre à Dieu, la fait dépouiller de tous les désirs humains et de l'estime de soi-même, qui n'est pas moins attachée à l'esprit que la peau à la chair, et la dénue (la dépouille) enfin des affections plus aimables : comme sont celles qu'elle avait aux consolations spirituelles, aux exercices de piété et à la perfection des vertus, qui semblaient être la propre vie de l'âme dévote.
Alors, Théotime, l'âme a raison de s'écrier : J'ai ôté mes habits, comme m'en revêtirai-je? J'ai lavé mes pieds de toute sorte d'affections, comme tes souillerais-je derechef? Nue je suis sortie de la main de Dieu, et nue j'y retournerai.
Le Seigneur m'avait donné beaucoup de désirs, le Seigneur me les a ôtés, que son saint nom soit béni. Oui, Théotime, le même Seigneur qui nous fait désirer les vertus en notre commencement, et qui nous les fait pratiquer eu toutes occurrences, c'est lui-même qui nous ôte l'affection des vertus et de tous les exercices spirituels, afin qu'avec plus de tranquillité, de pureté et de simplicité, nous n'affectionnions rien que le bon plaisir de sa divine majesté.
Car, comme la belle et sage Judith avait voirement dans ses cabinets (certainement dans ces armoires) ses beaux habits de fête, et néanmoins ne les affectionnait point, ni ne s'en para jamais en sa viduité, sinon quand inspirée de Dieu elle alla ruiner Holopherne; ainsi, quoique nous ayons appris la pratique des vertus et les exercices de dévotion, si est-ce que nous ne les devons point affectionner, ni en revêtir notre coeur, sinon à mesure que nous savons que c'est le bon plaisir de Dieu.
Et comme Judith demeura toujours en habits de deuil, sinon en cette occasion en laquelle Dieu voulut qu'elle se mit en pompe, aussi devons-nous paisiblement demeurer revêtus de notre misère et abjection parmi nos imperfections et faiblesses, jusqu'à ce que Dieu nous exalte à la pratique des excellentes actions.On ne peut longuement demeurer en cette privation, dépouillé de toute sorte d'affections.
C'est pourquoi, selon l'avis du saint Apôtre, après que nous avons ôté les vêtements du vieil Adam, il se faut revêtir des habits du nouvel homme, c'est-à-dire, de Jésus-Christ; car ayant tout renoncé (ayant renoncé à tout), voire même les affections des vertus, pour ne vouloir ni de celles-là, ni d'autres quelconques, qu'autant que le bon plaisir divin portera, il nous faut revêtir derechef de plusieurs affections, et peut-être des mêmes que nous avons renoncées et résignées;
mais il s'en faut derechef revêtir, non plus parce qu'elles nous sont agréables, utiles, honorables, et propres à contenter l'amour que nous avons pour nous-mêmes, ains parce qu'elles sont agréables à Dieu, utiles à son honneur, et destinées à sa gloire.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales
CHAPITRE XVI
Du dépouillement parfait de l'âme unie à la volonté de Dieu.
Eliézer portait des pendants doreilles, des bracelets et des vêtements neufs pour la fille que Dieu avait préparée au fils de son maître; et par effet il les donna à la vierge Rebecca, sitôt qu'il connut qu'elle était celle-là.
Il faut des habits neufs à l'épouse du Sauveur. Si pour l'amour de lui elle s'est dépouillée de l'affection ancienne qu'elle avait à ses parents, au pays, à la maison, aux amis, il faut qu'elle en prenne une toute nouvelle, affectionnant tout cela en son rang, non plus selon les considérations humaines, mais parce que l'époux céleste le veut, le commande et l'entend, et qu'il a mis un tel ordre en la charité.
Si on s'est dénué de la vieille affection aux consolations spirituelles, aux exercices de la dévotion, à la pratique des vertus, voire même à notre propre avancement en la perfection, il se faut revêtir d'une autre affection toute nouvelle, aimant toutes ces grâces et faveurs célestes, non plus parce qu'elles perfectionnent et ornent notre esprit, mais parce que le nom de notre Seigneur en est sanctifié, que son royaume en est enrichi, et son bon plaisir glorifié.
Ainsi saint Pierre s'habille dans la prison, non par son élection, mais à mesure que l'ange le lui commande. Il met sa teinture, puis ses sandales, puis ses autres vêtements.
Et le glorieux saint Paul, dépouillé en un moment de toutes affections, Seigneur, dit-il, que voulez-vous que je fasse ?
c'est-à-dire, que vous plait-il que j'affectionne, puisque me jetant à terre vous avez fait mourir ma volonté propre?
Eh! Seigneur, mettez votre bon plaisir en sa place, et m'enseignez de faire votre volonté; car vous êtes mon Dieu.
Théotime, quiconque a tout quitté pour Dieu, ne doit rien reprendre que comme Dieu le veut; il ne nourrit plus son corps, sinon comme Dieu l'ordonne, afin qu'il serve à l'esprit; il n'étudie plus que pour servir le prochain et sa propre âme, selon l'intention divine; il pratique les vertus, non selon qu'elles sont plus à son gré, mais selon que Dieu le désire.
Dieu commanda au prophète Isaïe de se dépouiller, et il le fit; marchant et prêchant en cette sorte, ou trois jours entiers, comme quelques-uns disent, ou trois ans, comme les autres pensent: puis il reprit ses habits quand le terme que Dieu lui avait préfigé (fixé d'avance) fut passé. Ainsi se faut-il dénuer de toutes affections, petites et grandes, et faut souvent examiner notre coeur pour voir s'il est bien prêt à se dévêtir, comme fit Isaïe, de tous ses habits;
puis reprendre aussi, quand il est temps, les affections convenables du service de la charité, afin de mourir en croix nus avec notre divin Sauveur, et ressusciter par après en un nouvel homme avec lui.
L'amour est fort comme la mort, pour nous faire tout quitter : il est magnifique comme la résurrection, pour nous parer de gloire et d'honneur.
FIN DU LIVRE NEUVIÈME
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales
LIVRE DIXIÈME
DU COMMANDEMENT D'AIMER DIEU SUR TOUTES CHOSES.
CHAPITRE PREMIER
De la douleur du commandement que Dieu nous a fait de l'aimer sur toutes choses.
L'homme est la perfection de l'univers, l'esprit est la perfection de l'homme; l'amour, celle de l'esprit; et la charité, celle de l'amour.
C'est pourquoi l'amour de Dieu est la fin, la perfection et l'excellence de l'univers. En cela, Théotime, consiste la grandeur et primauté du commandement de l'amour divin que le Sauveur nomme le premier et le très grand commandement.
Ce commandement est comme un soleil qui donne le lustre et la dignité à toutes les lois sacrées, à toutes les ordonnances divines, et à toutes les saintes Écritures.
Tout est fait pour ce céleste amour, et tout se rapporte à icelui. De l'arbre sacré de ce commandement dépendent tous les conseils, exhortations, inspirations et tes autres commandements, comme ses fleurs; et la vie éternelle, comme son fruit:
et tout ce qui ne tend point à l'amour éternel, tend à la mort éternelle. Grand commandement duquel la parfaite pratique dure en la vie éternelle, ains n'est autre chose que la vie éternelle.
Mais voyez, Théotime, combien cette loi d'amour est aimable. Eh! Seigneur Dieu, ne suffisait-il pas qu'il vous plût de nous permettre ce divin amour, comme Laban permit celui de Rachel à Jacob, sans qu'il vous plût encore de nous y semondre (exciter) par exhortations, de nous y pousser par vos commandements?
Mais non, bonté divine; afin que ni votre grandeur, ni notre bassesse, ni prétexte quelconque ne nous retardât de vous aimer, vous nous le commandez.
Le pauvre Appelles ne se pouvant garder d'aimer, n'osait toutefois aimer la belle Compaspé, parce qu'elle appartenait au grand Alexandre.
Mais quand il eut congé de l'aimer, combien s'en estima-t-il obligé à celui qui le lui permettait! Il ne savait s'il devait plus aimer ou cette belle Compaspé qu'un si grand empereur lui avait quittée, ou ce grand empereur qui lui avait quitté une si belle Compaspé.
O vrai Dieu! si nous le savions entendre, mon cher Théotime, quelle obligation aurions-nous à ce souverain bien, gai non seulement nous permet, mais nous commande de l'aimer !
Hélas, ô Dieu! je ne sais pas si je dois plus aimer votre infinie beauté qu'une si divine bonté m'ordonne d'aimer, ou votre divine bonté qui m'ordonne d'aimer une si très infinie beauté.
O beauté, combien êtes-vous aimable, m'étant octroyée par une si immense bonté! O bonté, que vous êtes aimable de me communiquer une si éminente beauté!
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Re: Méditation avec Le Traité de l'Amour de Dieu de St François de Sales
LIVRE DIXIÈME
DU COMMANDEMENT D'AIMER DIEU SUR TOUTES CHOSES.
CHAPITRE PREMIER
De la douleur du commandement que Dieu nous a fait de l'aimer sur toutes choses.
Dieu, au jour du jugement, imprimera ès esprits des damnés l'appréhension de la perte qu'ils feront, en une façon admirable; car la divine majesté leur fera clairement voir la souveraine beauté de sa face et les trésors de sa bonté;
et, à la vue de cet abîme infini de délices, la volonté, par un effort extrême, se voudra lancer sur icelui, pour s'unir à lui et jouir de son amour; mais ce sera pour néant (pour rien, en vain), d'autant qu'elle sera comme une femme qui, entre les douleurs de l'enfantement, après avoir enduré des violentes tranchées, des convulsions cruelles et des détresses insupportables, meurt enfin sans pouvoir enfanter;
car à mesure que la claire et belle connaissance de la divine beauté aura pénétré les entendements de ces esprits infortunés, la divine justice ôtera tellement la force à la volonté, qu'elle ne pourra nullement aimer cet objet que l'entendement lui proposera et représentera être tant aimable;
et cette vue, qui devrait engendrer un si grand amour en la volonté, en lieu de cela, y fera naître une tristesse infinie, laquelle sera rendue éternelle par la souvenance, qui demeurera à jamais en ces âmes perdues, de la souveraine beauté qu'elles auront vue, souvenance stérile de tout bien, ains fertile de travaux (mais féconde en travaux), de peines, de tourments et de désespoirs immortels;
d'autant qu'en la volonté se trouvera tout en ensemble une impossibilité, ains une effroyable et éternelle aversion et répugnance d'aimer cette tant désirable excellence ; si que les misérables damnés demeureront à jamais en une rage désespérée de savoir une perfection si souverainement aimable, sans en pouvoir jamais avoir ni la jouissance ni l'amour;
parce que, tandis qu'ils l'ont pu aimer, ils ne l'ont pas voulu. Ils brûleront d'une soif d'autant plus violente, que le souvenir de cette source des eaux de la vie éternelle aiguisera leurs ardeurs; ils mourront immortellement, comme des chiens, d'une faim d'autant plus véhémente, que leur mémoire en affinera (aiguisera) l'insatiable cruauté par le souvenir du festin duquel ils auront été privés.
Car alors, frémissant de rage, le pervers tout sec deviendra: mais, quoi que brasse (quelque projet, quelque désir que forme le méchant) en son courage le méchant, tout lui défaudra.
Certes, je ne voudrais pas assurer une cette vue de la beauté de Dieu que les malheureux auront, comme en éloïse (éclair, clarté), et à guise d'un éclair, doive être de même clarté que celle des bienheureux mais elle sera pourtant si claire, qu'ils verrons te Fils de lhomme en sa majesté, ils verront celui qu'ils ont percé, et, par la vue de cette gloire, connaîtront la grandeur de leur perte.
Si Dieu avait défendu à l'homme de l'aimer, que de regrets ès âmes généreuses! Que ne feraient-elles pas pour en obtenir la permission! David entra au hasard d'un combat extrêmement rude pour avoir la fille du roi. Et qu'est-ce que ne fit pas Jacob pour pouvoir épouser Rachel, et le prince Sichem pour avoir Dma en mariage? Les damnés s'estimeraient bienheureux, s'ils pensaient de pouvoir quelquefois aimer Dieu; et les bienheureux s'estimeraient damnés, s'ils croyaient de pouvoir être une fois privés de cet amour sacré.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Page 27 sur 27 • 1 ... 15 ... 25, 26, 27
Sujets similaires
» Méditation avec L'introduction à la vie dévote de St François de Sales
» 31 mai Solennité de la Visitation avec St François de Sales
» Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
» Traité d’oraison et de méditation de St Pierre d'Alcantara
» 24 janvier : Saint François de Sales
» 31 mai Solennité de la Visitation avec St François de Sales
» Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
» Traité d’oraison et de méditation de St Pierre d'Alcantara
» 24 janvier : Saint François de Sales
Page 27 sur 27
Permission de ce forum:
Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum