L'Imitation de la Vierge Marie - partie 1/3 !
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Message  Octo Mar 18 Mai 2010 - 10:38

L'IMITATION DE LA VIERGE MARIE - partie 1/3 !


L'IMITATION

DE LA

VIERGE MARIE

Traduction rythmique

d'après l'original

de

Thomas A Kempis

avec Homélie après chaque chapitre

par

l'abbé d'Albin de Cigala


Ouvrage couronné

par l'Académie Française

Palais de l'Institut,

Paris, le 24 juin I908,

Mon cher Docteur,

J'ai l'agréable mission de vous annoncer que l'Académie Française, dans la réunion de ce jour, a accordé à votre Traduction rythmique de I'IMITATION DE JÉSUS-CHRIST, le Prix Janin, destiné à " la meilleure traduction d'un ouvrage latin ".

Vous avez donné à ce livre ancien et toujours nouveau, une beauté nouvelle, en lui rendant sa forme primitive.

Vous avez travaillé non seulement à la manière d'un Mélode qui dissèque les textes, mais aussi à la façon d'un Médecin qui analyse l'âme pour guérir le corps.

Soyez-en félicité !

G. Cardinal Mathieu, Chancelier de l'Académie Française


PRÉFACE AU LIVRE DE

L'IMITATION DE LA B.VIERGE MARIE

Le Livre de L'IMITATION DE JÉSUS, le plus beau des livres sortis de la main des hommes, devrait avoir pour pendant L'IMITATION DE MARIE. Mais nous ne l'avons pas entièrement fini: nous ne le possédons qu'ébauché, dans les œuvres de Thomas A Kempis.

Le siècle qui vit naître L'IMITATION DE JÉSUS-CHRIST – le XVe – est le siècle qui vit s'achever la plupart des églises gothiques dédiées à la Vierge, en France et dans les Pays-Bas, depuis Notre-Dame de Paris jusqu'à la cathédrale de Cologne.

C'est l'époque la plus florissante du culte de la Vierge, l'âge d'or de la dévotion mariale. Le nom de Marie se trouve toujours à côté de celui de Jésus, comme sur l'étendard de Jeanne-d'Arc, qui est de cette date (1409-1431).

Or, on a fait remarquer, avec peine, que l'auteur de L'IMITATION DE JÉSUS-CHRIST ne parle pas une seule fois de la dévotion à la Vierge Marie, dans ce livre divin qui traite de tous les sujets de la mystique chrétienne.

Était-ce oubli ou négligence ? Ni l'un ni l'autre. Thomas A Kempis (1430-1471), chanoine de Cologne et abbé du Mont-Ste-Agnès, dont l'église est dédiée à la Vierge, a écrit des chapitres entiers sur la dévotion à Marie, dans ses œuvres diverses.

Mais les copistes qui ont transcrit les trois premiers Livres de l'Imitation, achevés par Kempis, ainsi que le quatrième resté incomplet, n'ont pas su disposer en ordre les passages traitant de la dévotion à la Vierge Marie, dans l'immense production de l'auteur.

Ce travail, qui n'est qu'un travail d'analyste, nous l'avons entrepris. Nous avons pu extraire des différents ouvrages de Kempis, des chapitres entiers sur la dévotion à Marie, écrits dans le même langage poétique et rimé que celui de L'IMITATION. Tout semble indiquer qu'ils étaient destinés à former un Cinquième Livre du Traité de la vie intérieure, après celui de l'Eucharistie. On y trouve la même doctrine de théologie élevée et la même grâce de poésie communicative en ses formes scandées.

Cet argument, à lui seul, prouverait que l'IMITATION est de Thomas A Kempis et non point de Gerson. Seul, Kempis, écrit en versets rythmiques et mesurés, à la façon des auteurs mystiques de cette époque, Gerson composé que des ouvrages de grammaire, en phrases de syntaxe.

Kempis écrit en vers: Gerson décalque en prose, L'IMITATION DE JÉSUS-CHRIST est un poème sur le modèle des Psaumes. Il en est de même de L'IMITATION DE LA VIERGE. Mais ce poème est en chants épars dans un vaste concert. On en perçoit la mélodie, sans en avoir l'harmonie réglée comme dans L'IMITATION DE JESUS-CHRIST.

Nous l'avons disposé selon l'ordre des Mystères de la Vie de Marie: mystères joyeux, mystères douloureux et mystères glorieux.

La lecture en sera ainsi plus facile. C'est ici surtout qu'il est utile de rappeler l'avis de l'auteur: "Il faut lire non seulement avec l'esprit, mais surtout avec le cœur."

Nous avons tenté d'enclore le nôtre au dedans de celui de notre Mère.

Ainsi puissiez-vous faire, vous tous et vous toutes qui lirez !

Dr ABBÉ ALBIN DE CIGALA. De la Faculté de Paris.

Docteur en théologie et en philosophie.

Paris, janvier 1927.



INTRODUCTION HISTORIOUE

ÉDITIONS LATINES DU LIVRE DE L'IMITATION

L'IMITATION DE JÉSUS-CHRIST est un ouvrage mystique qui apparaît pour la première fois au XVe siècle, -- au temps où paraît Jeanne d'Arc.

Il est écrit en latin et ne porte aucun nom d'auteur. En quelques années, on le trouve soudain reproduit en deux cents Manuscrits, épars dans les Monastères d'Allemagne, de France et d'Italie.

Or, si on lit attentivement les Manuscrits de l'Imitation et si on les compare, on voit bientôt qu'ils sont écrits en phrases rythmiques, toujours assonancées, souvent même doublées de la rime. Quand le rythme est détruit dans un texte, il est bien rare qu'un autre Manuscrit ne donne pas la version en mesure: l'erreur provient donc des Copistes.

Nous n'avons pas, en effet, jusqu'ici, le Manuscrit de l'auteur; mais de la collation des textes, il ressort que le texte primitif latin du livre de l'Imitation est en vers rythmiques, irréguliers dans leur forme, mais toujours harmonisés par la concordance et la rime. Nous ne saurions mieux les comparer qu'aux vers des Fables de La Fontaine.

Cette manière d'écrire était d'ailleurs la seule usitée à cette époque, pour les ouvrages sérieux. Nos vers latins classiques avaient disparu de la langue et partout florissait la rime qui devait faire la fortune des vers français.

L'Imitation est ainsi le premier chef-d'œuvre ciselé dans ce langage latin mesuré et sonore, que les femmes elles-mêmes semblent pouvoir comprendre, sans avoir étudié la langue, tant l'harmonie et la douceur bercent l'oreille et charment le cœur.

TRADUCTIONS FRANÇAISES DE L'IMITATION

Mais est-il possible de transporter dans une autre langue, ce charme évocateur d'idées L'IMITATION a été traduite dans tous les idiomes, et toutes les fois elle a perdu quelque chose de sa grâce.

C'est peut-être en français qu'elle fut le plus souvent rendue. La plus ancienne version, parue sous le titre de "L'Internelle consolation", a pu même passer pour l'original, aux yeux de certains critiques superficiels.

L'IMITATION, nous l'avons vu, est écrite tout entière en vers rythmiques, d'après un système d'accents et de parallélisme parfaitement établi.

Nous avons renié de rendre en français ce parallélisme évocateur d'idées. Mais, pour y arriver, les vers étaient trop gonflés et la prose trop rampante; nous avons employé la forme mixte, qui tient à la fois de la prose et du vers, le Rythme. Cette allure cadencée des phrases, martèle les nuances de la pensée en note harmonieuses, et fait ressortir la valeur des sentences.

Nous avons pu ainsi, non seulement traduire tous les mots du livre latin -- ce qui n'avait jamais été fait --mais encore marquer dans cette gradation binaire, la marche scandée du texte primitif, toujours fidèle à la méthode rythmique des proverbes.

Nous avons divisé dans notre édition, chaque chapitre en plusieurs points, selon les idées exprimées dans le texte. C'est la première fois qu'un pareil travail est fait: nous nous sommes aidés, pour les sommaires, des rares indications des Manuscrits et des titres des chapitres.

Chaque point est subdivisé en paragraphes distincts numérotés, d'après le sens même du passage, Sommalius et les premiers éditeurs n'avaient pas toujours observé cette règle et s'étaient contentés de diviser le texte en stances uniformes.

MÉDITATIONS ET HOMÉLIES

Une autre innovation de notre édition, c'est l'Homélie ajoutée à chaque chapitre. Au lieu de donner des pensées détachées comme la plupart des traductions, de Gonelieu, de Lamennais et autres, nous avons résumé dans un commentaire suivi, le sens de chaque point et la valeur de chaque idée: c'est la méthode homilétique si gracieuse en sa forme et si profonde en ses enseignements.

Nous avons cherché à employer le moins de paroles possible, mais en telle sorte, que chaque mot fût évocateur d'une idée spéciale, de façon à pouvoir devenir le sujet d'un nouveau point de méditation.

Après l'Homélie sur l'ensemble du chapitre, nous avons donné une ou deux Méditations sur les points importants notés dans les détails.

Nous avons cherché, dans les Méditations et les Homélies, les sentiments et les pensées psychologiques plutôt que les considérations métaphysiques, moins accessibles à l'âme, et rarement émouvantes pour le cœur.

ÉPILOGUE ET SOUVENIRS

La lecture de ce livre divin deviendra ainsi, nous l'espérons, plus facile et plus profitable. Ce qui arrête souvent un grand nombre de personnes dans cette étude, c'est précisément l'abondance trop grande des matières.

Nous avons seulement fait œuvre d'architecte, en disposant les éléments de l'édification spirituelle: à chacun de construire sa propre sanctification.

Ce travail commencé en des heures de tristesse angoissée: sur un Livre qui nous avait été donné par une main amie, au jour d'une séparation, a été le témoin de bien des larmes et le confident de bien des consolations.

Nous souhaitons que tous ceux qui l'ouvriront, y trouvent aussi un baume à leur douleur.

Quel est le cœur d'adolescent ou de jeune fille, de jeune femme ou d'homme mûr, quel est même le cœur de vieillard qui n'ait ses heures de tristesse ?

A tous, ce livre dira: aimez et espérez

Puisse notre version faire aimer davantage l'IMITATION, en la faisant mieux comprendre ! Nous n'avons pas eu d'autre but en notre vie; et nous voudrions qu'après notre mort, notre voix s'unisse encore à la voix de l'auteur, pour parler à tous, d'espérance et de souvenir.

Nous avons travaillé ici à la manière des Mélodes, qui, ne pouvant écrire des poèmes, se contentaient de reproduire, dans leurs chants, les harmonies qu'ils entendaient.

Comme l'hymnographe byzantin, le pauvre moine Romanus, nous ne demandons à Dieu pour récompense de notre travail, que de pouvoir, un jour, nous présenter à Lui, avec l'humble titre de Mélode de l'Imitation.

Dr abbé Albin de Cigala





DE L'IMITATION

DE LA B. VIERGE MARIE

SOMMAIRE

QUE L'IMITATION DE LA B. V. MARIE

CONSISTE À REPRODUIRE SES VERTUS ET SA VIE

PREMIÈRE PARTIE

Des titres et privilèges de Marie, dans sa vie figurée et dans sa vie sur la terre,

représentée par les mystères joyeux.

Chapitre 1 au chapitre 10.

DEUXIÈME PARTIE

Des vertus et des pratiques de Marie, dans sa vie sur la terre,

représentée par les mystères douloureux.

Chapitre 11 au chapitre 20.

TROISIÈME PARTIE

Des triomphes et des gloires de Marie, dans sa vie céleste,

représentée par les mystères glorieux.

Chapitre 21 au chapitre 30.



IMITATION

DE LA

BIENHEUREUSE VIERGE MARIE

TRAITÉ EXTRAIT

DES OEUVRES DE THOMAS A KEMPIS

PRÉFACE.

Lis, ô mon fils, ou plutôt chante en lisant,

Ces doux versiculets en l'honneur de Marie.

Prends-les comme un viatique pour l'âme:

Prends-les comme on prend un bâton de voyage:

Lis souvent et relis, avec dévotion, en priant.

Que Jésus et Marie soient pour toi dans la vie,

En tout temps, en tout lieu la seule compagnie,

De peur que tu ne t'égares, solitaire, ou dévies,

Dispersant au dehors les parfums du dedans.

Tu trouveras ici, bref discours sur Marie.

Mais discours plein de douceur à méditer,

Et discours plein de force pour te bien protéger.

Médite-le souvent et souvent aussi prie,

En disant de tout cœur: Je vous salue, Marie.

THOMAS A KEMPIS. Soliloques de l'Âme.





PREMIÈRE PARTIE

MYSTÈRES JOYEUX



CHAPITRE I

DE L'IMITATION DE LA VIERGE MARIE

SOMMAIRE – I. Qu'il faut imiter Marie. – II. Quelles sont les vertus à imiter dans Marie. – III. Prière du dévot imitateur de Marie

I

1. Beaucoup de jeunes filles, dit l'auteur de la Sagesse, ont amassé des richesses, mais vous, ô Marie, vous les surpassez de beaucoup toutes en richesse. Enfants, soyez de fidèles imitateurs de Jésus, sur la terre, et des imitateurs parfaits de Marie.

2. Il importe beaucoup, il importe pour votre salut, pour l'honneur de Jésus et la gloire de Marie, que vous soyez toujours dévots en vos oraisons, sobres dans vos paroles, réservés dans vos regards, enfin, scrupuleusement disciplinés dans vos œuvres.

II

3. Voulez-vous donc louer dignement Marie, voulez-vous la louer en toute magnificence ?

Soyez simples, comme les simples enfants de Dieu, sans tromperies, sans envie, sans critique,

sans murmure et sans aucune suspicion. Supportez toutes choses contraires, avec charité,

avec grande patience et grande humilité.

4. Pour Jésus, pour Marie, pour imiter les Saints, veillez ici-bas, veillez et soyez vous-mêmes saints. A qui sait offrir sa vie à la Divine Trinité, tout ce qui est amer, ici-bas, parait doux,

et tout ce qui semble lourd apparaît très léger. Tel est le fruit du souvenir de Marie et de Jésus.

Prière

5. Marie, ô douce Mère de mon Jésus, je vous prie, daignez ouvrir à votre pauvre serviteur

et votre compassion toute maternelle, et votre charité toute remplie de douceur.

Versez en mon cœur, une goutte de votre tendresse, afin que je puisse vous aimer, d'un cœur pur, vous, ô Mère, la plus douce de toutes les mères, afin que je puisse vous imiter et imiter Jésus.

6. Écoutez-moi, ô Mère, écoutez-moi, ô Marie, je vous dis à genoux: Ave Marie.

Le ciel se réjouit et la terre sourit,

quand le cœur dit: Ave Marie.

Satan au loin s'enfuit et tout l'enfer frémit,

quand le cœur dit: Ave Marie.

Le monde paraît petit et la chair a tressailli,

quand le cœur dit: Ave Marie.

La tristesse s'enfuit, l'allégresse sourit,

quand le cœur dit: Ave Marie.

La tiédeur disparaît, et l'amour reparaît,

quand le cœur dit: Are Marne.

La dévotion s'accroît et la componction naît,

quand le cœur dit: Ave Marie.

L'espérance jaillit et la consolation grandit,

quand le cœur dit: Ave Marie.

L'âme entière revit et l'amour s'attendrit,

quand le cœur dit: Ave Marie.

7. Tant et si grande est la douceur de cette oraison, qu'elle ne saurait être traduite en vocalisation.

Aussi, de nouveau, je fléchis les genoux devant vous, ô Marie, ô Vierge, ô Mère remplie de suavité,

et je vous dis et redis avec révérence et dévotion Ave Marie, Ave! Recevez cette pieuse salutation,

et avec elle recevez-moi, ô Mère, dedans votre giron ! (Discours XXV.)

Homélie

Du modèle et de l'imitation

I. -- Imiter c'est reproduire un modèle: mais le modèle peut être plus grand ou plus petit que la reproduction. Ainsi en est-il dans l'imitation de Jésus, de Marie et des Saints. Les modèles ici sont plus grands que nature. Nous pouvons, néanmoins, arriver à leur ressembler en reproduisant leur vie.

II. -- La vie est une complexité de vertus et de défauts, de forces et d'instincts. Nul n'est mauvais par nature, mais selon qu'on s'élève ou qu'on s'abaisse, on devient bon ou mauvais. On peut dire que la voie du milieu n'existe pas -- il faut choisir le vice ou la vertu -- pour pratiquer la vertu il faut un effort: c'est le sens du mot latin: virtus; pour suivre le vice, il suffit de se

laisser aller: c'est le sens du mot latin: vitium.
III. -- L'âme chrétienne, en face du divin modèle qu'est Marie, s'exalte elle-même et s'excite à la pratique des vertus qu'elle admire dans celle qui est à la fois, un modèle sublime et une maîtresse admirable, un exemplaire et une mère.

Méditation

Du travail de la sanctification

C'est une science que de savoir regarder un modèle et c'est un art que de pouvoir le reproduire: cet art et ce travail sont tout le secret de la vie spirituelle.

La considération, c'est la méditation ou la contemplation, l'étude des harmonies divines. Nous vibrons à l'égal des Saints, et pour vibrer il faut souffrir: c'est pourquoi la douleur apprend plus que la jouissance. Celui qui n'a pas souffert, que sait-il ? Un cœur qui aime a déjà été entrouvert par un glaive. Frappe-toi le cœur, c'est là qu'est le génie, disait le poète: c'est là aussi qu'est la sainteté.

PRATIQUE – Porter une médaille de Marie, aussi belle que possible, est un moyen de rappeler sans effort que pour imiter, il faut faire un effort.

PENSÉE – A qui aime Marie, tout paraît doux et tout semble léger: Amara dulcia fiunt, gravia levia veniunt.





CHAPITRE II

DES DEVOIRS ENVERS MARIE

SOMMAIRE -- I. Comment il faut s'unir à Marie par le cœur, par les paroles, par les œuvres. -- II. Fruits de cette union mystique. -- III. Prière pour demander cette union de cœur.

I

1. Choisissez-vous, mon fils, avant toutes choses, Marie pour mère, pour avocate et pour modèle: saluez-la, tous les jours, par la salutation de l'Ange: cette salutation lui agrée entre toutes.

Si parfois le démon vous tente et vous détourne de vos devoirs de dévot serviteur de Marie, ne cessez point, pour cela, de l'invoquer toujours.

Pensez toujours à Marie, redites le nom de Marie, honorez Marie, glorifiez en tout Marie, inclinez-vous devant Marie, remettez-vous à Marie.

2. Demeurez avec Marie, méditez avec Marie, réjouissez-vous avec Marie, pleurez avec Marie, travaillez avec Marie, veillez avec Marie, agissez avec Marie, reposez-vous avec Marie.

Avec Marie, portez Jésus entre vos bras :

habitez Nazareth avec Marie, allez à Jérusalem, allez avec Marie, cherchez pareillement Jésus avec Marie.

Demeurez près de la croix avec Marie, pleurez Jésus, pleurez-le avec Marie, ensevelissez Jésus au tombeau avec Marie, ressuscitez avec Jésus et avec Marie. Montez au ciel avec Jésus et avec Marie, demeurez en la vie et la mort toujours avec Marie.

II

3. Si vous savez bien penser et agir de la sorte, vous avancerez rapidement dans la perfection: Marie vous protégera de sa toute puissance, et Jésus vous exaucera dans sa douce clémence.

C'est bien peu, c'est un rien, que ce que nous faisons, et bien cependant, si nous le faisons avec Marie, nous monterons peu à peu vers Dieu notre père, et nous trouverons près de lui consolation et joie.

4. Heureux celui qui sait garder toujours près de lui Jésus et Marie comme hôtes de sa table, consolateurs de ses peines, secours dans ses dangers, conseils dans ses doutes, protecteurs à sa mort.

Heureux celui qui se considérant en ce monde, comme un voyageur et comme un étranger, garde pour compagnon Jésus et pour hôte Marie.

III

5. O Mère, je viens à vous, rempli d'espérance, je viens vous rappeler la joie exultante, que, vous apporta jadis l'archange Gabriel, quand, fléchissant devant vous ses genoux, il salua votre virginité, en disant avec respect: je vous salue, Marie, le Seigneur est avec vous.

Cette salutation je vous la redis, ô Mère, avec le cœur de tous les fidèles et si je le pouvais, avec la voix, afin qu'ainsi, toutes les créatures chantent avec moi, du plus profond de leur âme et de leur être.

Ave Marie, pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, vous êtes bénie, ô Mère, entre toutes les femmes et Jésus, le fruit de vos entrailles, est béni, sur la terre et au ciel, aujourd'hui et toujours.

(Soliloque de l'âme, ch. XVIII.)



Homélie

Des titres et des fonctions de Marie

I. -- Nos devoirs envers Marie ressortent des titres et des fonctions de Marie elle-même. Ses titres sont les plus beaux et les plus doux: d'abord celui de mère, qu'on prononce avec amour à tout âge; ensuite, celui d'avocate, qu'on invoque avec espoir en toute difficulté; enfin, le titre de modèle, qu'on considère avec admiration et extase.

II. -- Les fonctions sont en rapport avec ses titres: les noms donnés par Dieu sont à la fois une évocation et une création des qualités signifiées par les noms et les titres eux-mêmes. Ainsi Marie, en vertu de ses titres, exerce ses fonctions de mère qui console, soutient et nourrit, d'avocate qui conseille, dirige et défend, enfin, de modèle qui exalte et qui attire.

III. – Dans une prière exultante de joie et pleine d'amour, le fidèle demande à Marie de lui apprendre à prier comme prient les anges. La prière, ici-bas, crie, pleure ou se tait: la prière, au ciel, est une vision, une contemplation et une extase.

Méditation

De la vie surnaturelle

Vivre, c'est monter, c'est s'élever au-dessus de la terre: voyez les fleurs qui vivent et celles qui sont mortes. L'homme aime tant à vivre qu'il veut vivre deux fois: de là l'amour, ce qu'il y a de plus beau sur la terre.

Cette vie terrestre n'est cependant pas toute la vie: il y a la vie de l'âme, sans laquelle l'amour lui-même n'est rien. L'amour qui ne paraît pas immortel ne satisfait pas les cœurs. Cette vie qui ne meurt point c'est la vie surnaturelle, la vie de la grâce.

Marie nous a été donnée pour modèle et pour mère, dans cette vie nouvelle ajoutée à la vie terrestre. Qui n'a pas connu ce désir de monter toujours plus haut, n'a pas a encore vécu. Vivons donc non pour mourir, mais pour arriver à l'immortalité.

PRATIQUE -- L'usage du chapelet, son port seul lui-même, sont des pratiques qui aident l'âme à s'élever vers les pensées du ciel.

PENSÉE -- Vivre avec Marie, c'est vivre dans la sécurité et le bonheur du ciel: Bene et secure ambulat qui

Mariam in corde portat.





CHAPITRE III

DES VERTUS ET DES OFFICES

D'UN BON SERVITEURDE MARIE

SOMMAIRE: -- I. Vertus intérieures du cœur. – II. Vertus extérieures du corps. -- III. Pratiques externes de dévotion. -- IV. Prière pour demander la consolation dans les peines.

I

1. Voulez-vous faire toujours, ce qui plaît à Marie ? Soyez humble, patient, chaste et réservé en tout, plein de mansuétude, homme d'intérieur, rempli de zèle, peu versé au dehors, recueilli. Lisez souvent, souvent écrivez, et plus souvent, priez.

Le service de Marie ne doit vous paraître, ni long, ni pénible, mais au contraire, toujours délectable, toujours plein d'allégresse et toujours empressé. Servir de cœur et d'esprit une telle maîtresse, est toujours œuvre pie et utile au salut.

2. Les plus faibles hommages sont agréés par elle, à l'égal des plus solennels, quand ils sont offerts avec amour, avec spontanéité, avec dévotion. Elle sait que nous ne pouvons donner beaucoup, et elle ne requiert pas de ses fils des choses impossibles.

Souveraine miséricordieuse et reine de mansuétude, elle est mère avant tout, et mère, elle ne sait pas ne pas avoir compassion des petits et des pauvres, elle qui a donné au monde la miséricorde en Jésus.

II

3. Apprenez donc à invoquer Jésus en tout, et vous serez aidé ès périls de l'âme et du corps. Ayez toujours Jésus au cœur, dans l'allégresse, vous ne serez jamais noyé par l'humaine détresse.

Dites souvent l'Ave: vous y trouverez joie et paix: aucune prière n'est plus belle que le Pater; aucune n'est plus suave et plus douce que l'Ave. Priez comme pria l'ange devant Marie;

travaillez comme travaille un serviteur fidèle, et vous aurez au ciel votre couronne et votre page. Celui qui sait nourrir son âme de prière, celui qui sait prier avec les textes sacrés,

ne connaîtra jamais l'aridité dans la dévotion. Attachez ainsi à toujours avoir en honneur

les noms de Jésus et Marie sur les lèvres et dans le cœur.

III

4. Partout où vous irez, partout où vous vous trouverez, implorez toujours Jésus et invoquez Marie.

Ayez comme règle de vie et comme appel de secours, cette pieuse invocation: Dirigez, ô mon Dieu, dirigez toujours ma voie en votre présence. Bien toujours agit et toujours bien se porte, celui qui dans son cœur Jésus et Marie porte. Chantez ces deux noms, chantez-les dans vos cœurs, chantez-les sur vos lèvres, chantez-les sur vos mains, Que vos regards les prient, que vos yeux les implorent, que Vos, bras les serrent, que vos genoux les adorent.

Prière

5. O Marie, ô Mère pleine de miséricorde, recevez près de vous, votre serviteur errant, sans consolations, au milieu de ses tribulations.

Voyez, ô ma Souveraine, voyez mon affliction, et ouvrez-moi votre cœur plein de consolation. Voici que je clame et je prie en détresse, et ne veux ne m'éloigner ni vous abandonner jusques à ce que vous ayez eu pitié de moi.

6. Je sais, ô Mère, votre incomparable suavité, je sais l'élan maternel de votre cœur divin, je sais l'abondance de l'amour qui le remplit, et que je puis avoir en vous toute espérance.

Aussi, je me réfugie près de vous, ô ma Mère,

afin que, dans les joies ainsi que dans les peines je puisse recevoir vos bienveillants secours et entendre vos maternelles consolations.

(Vallée des lys, chap. XIII.)

Homélie

Vertus que doit pratiquer un bon

serviteur de Marie

I. -- Les latins avaient deux mots, pour désigner les bonnes actions à accomplir dans la vie: le mot vertu pour désigner une action faite avec effort et bonne volonté, et le mot office pour caractériser une action accomplie par devoir mais sans attachement du cœur. Ce qui est demandé ici, au bon serviteur de Marie, ce sont des vertus, c'est-à-dire des actes méritoires, des élans du cœur et non pas seulement des offices que peuvent remplir les domestiques eux-mêmes. Ce sont d'abord les vertus. intérieures: l'humilité, la patience, la pureté.

II. -- Ce sont ensuite les vertus extérieures ou vertus de l'action, l'effort dans le travail, l'élévation dans la pensée, l'union dans l'oraison mentale, le zèle dans la prière vocale.

III. -- Ces vertus réunies doivent animer toutes les pratiques de dévotion, si nous voulons que ces pratiques soient des actes spirituels de vertu méritoires et non pas seulement des offices matériels de travail rémunéré. Ainsi agissait Marie: ainsi devons-nous agir nous-mêmes.

IV. -- Le serviteur demande donc à Marie, qui est une mère et un modèle, de !'aider dans ce travail et de le consoler au milieu des difficultés du travail.

Méditation

De la vie active

La vie est comme le feu: elle ne se conserve qu'en se communiquant; les anciens la représentaient par une flamme et c'est bien, en effet, la vérité. Pour vivre il faut agir: la vie active suppose la volonté et l'effort. Marie a connu et pratiqué cette vie, comme l'ont pratiquée tous les Saints.

La vie qui s'écoule toute seule, désenchante et engendre l'ennui: taedium vitae. Malheur à l'âme qui se laisse vivre sans s'élever ! Celui-là aura le plus vécu, qui aura le plus agi, par son cœur, par son âme et par son corps, par l'amour, par la pensée et par les œuvres.

Est-il pour cela plus beau modèle que Marie, au Temple, à Nazareth, au Calvaire, chez saint Jean ? Tel a vécu longtemps, qui a peu vécu, dit un sage. Vivons donc comme Marie et avec Marie.

PRATIQUE. -- Ne point passer un jour sans accomplir un effort, au moins sur une petite chose.

PENSÉE. -- La vie tiède est une vie fade: vivez comme Marie: Aspice Mariam, contemplare et mirare.





CHAPITRE IV

DES GRANDEURS ET DES GLOIRES DE MARIE

SOMMAIRE: – I. Grandeurs et gloires au ciel et sur terre. – II. Conditions à remplir pour mériter ses faveurs -- III. Prière pour demander de ne pas être oublié par elle.

I

1. Quelle est celle qui monte du désert de ce monde toute embaumée des délices du paradis ? Plus grande que le ciel, vous avez, ô Marie, sous vos pieds, le monde, et vous siégez près de Dieu, sur le trône d'honneur que vous donne Jésus.

Votre miséricorde qui surpasse toute miséricorde m'attire cependant vers vous, car vous êtes toujours, le secours et la consolation de ceux qui souffrent.

2. J'ai besoin d'être consolé, ô Mère, et fortifié; j'ai plus encore, besoin de la grâce de votre fils Jésus, car je sens que sans elle je ne puis rien achever.

Vous pouvez, ô ma Mère, si vous le voulez, vous pouvez me relever et m'aider de vos secours puissants, et me réconforter de vos abondantes consolations. Je me sens environné de tentations partout, aussi je cours à vous, car je sens que près de vous je trouve le secours en même temps que la pitié.

II

3. Et si je puis approcher de votre majesté et vous saluer avec révérence et honneur, je sens aussi qu'il me faut approcher avec amour. Il n'est point de louange que je puisse vous offrir,

mais plutôt des supplications que j'aie à vous présenter.

Celui qui veut s'approcher de vous avec irrévérence, sera confondu: je veux donc aller à vous, ô Mère, avec confiance, avec respect, avec humilité, afin de mériter votre clémence et votre secours.

4. Oui, c'est avec respect, avec amour et confiance que je viens, ô Marie, vous offrir à mon tour, la salutation que l'ange vous offrit à genoux.

Je vous l'offre, les bras étendus et les mains levées, je vous l'offre des milliers et des milliers de fois, et je demande à tous de vous l'offrir aussi pour moi, car je sais que je ne puis offrir rien de plus doux.

III

5. O Mère, aimée plus que toutes les mères, ô Marie, si parfois j'ai pu vous oublier, je le regrette et le pleure aujourd'hui.

Mais vous, oh ! ne m'oubliez pas, vous qui seule avez enfanté la miséricorde en enfantant Jésus.

Je vous salue à genoux, je m'incline devant vous, je joins les mains et me prosterne à terre, afin que vous entendiez avec plus d'amour ma prière. Je dis devant vous et je veux redire toujours: je vous salue pleine de grâce, le Seigneur est avec vous; vous êtes bénie entre toutes les femmes, ô Mère, et Jésus, le fruit de vos entrailles est béni !

(Soliloque de l'âme, chap. XXIII.)

Homélie

De l'éminente dignité de la Mère de Dieu

I. -- La dignité d'une personne ou d'un être se mesure à sa fonction. Or il n'est point sur terre, ni même dans le Ciel, de fonction égale à celle de la maternité divine de Marie. Marie est vraiment Théotokos, Mère de Dieu en même temps que Mère du Sauveur, car en Jésus la divinité et l'humanité sont unies substantiellement. Il n'est donc point de dignité supérieure à la dignité de Marie.

II. -- Cette éminente dignité de mère confère à Marie des prérogatives divines en même temps qu'elle lui infuse des tendresses humaines supérieures aux plus ravissantes tendresses des mères de la terre. Même au point de vue physique de la fonction, de la beauté de la femme et de la mère, Marie est au-dessus de toutes celles qui ont brillé dans le monde par leurs charmes et leurs attraits. S. Denys l'aréopagite, athénien affiné et disciple de saint Paul, étant allé à Jérusalem et ayant vu Marie, la trouva si belle qu'il voulut se prosterner devant elle comme devant une déesse -- ainsi devons-nous faire en esprit.

III. -- C'est ce que promet, avec enthousiasme, le disciple dans la prière qu'il adresse à Marie.

Méditation

De l'emploi du temps

Entre le passé qui nous échappe et l'avenir qui ne nous appartient pas, il y a le présent que seul nous tenons: c'est le temps de l'action et du devoir: Le bien employer, c'est embellir sa vie; le gaspiller, c'est mourir avec lui.

La première règle pour bien employer le temps, c'est d'abord, de l'employer et de ne point le perdre. -- C'est ensuite, de l'employer à temps et de ne point agir à tort et à travers. C'est enfin, de l'employer utilement et non point sans but et sans règle: ne rien ajourner, ne rien remettre à plus tard. C'est le secret par excellence de la réussite.

Marie, ici encore, peut nous servir de modèle. Elle fut par excellence, la femme forte et la maîtresse diligente, dont parle l'Écriture: elle réalisa, avec perfection, la devise des nobles romaines: Domi mansit, lanam fecit. Marie, en effet, fut à la fois israélite par la naissance et romaine par l'adoption: elle est le type parfait de la femme, au double sens de : femina et de mulier. Reproduisons ce modèle et ce type.

PRATIQUE. -- Saint François de Sales rachetait par une aumône chaque heure qu'il croyait avoir perdue ou mal employée: imitons-le.

PENSÉE. -- La pensée de Marie est une consolation et une protection: Solamen et dictamen





CHAPITRE V.

DE NOS DEVOIRS ENVERS MARIE

SOMMAIRE: -- I. Devoirs concernant la pensée. -- II. Devoirs intéressant l'action. -- III. Prière pour demander la confiance.

I

1. Il vous faut, ô mon fils, encore bien apprendre à vous élever vers Dieu, à l'exemple de Marie.

Il vous faut, vous appuyer sur leur aide puissante et non point seulement vous fier à vos forces, de peur d'être entraîné en bas par vos passions.

Tous les jours, vous devez, par des pensées nouvelles, vous élever et tendre vos désirs vers le ciel, vers le ciel où vous voyez Marie votre reine, auprès du Roi Jésus et de la cour des anges.

2. Hélas ! cependant souvent encore notre infirmité nous fera descendre dans cette vallée de larmes !

C'est alors surtout qu'il nous faudra faire des efforts et élever la voix, en des appels fréquents, vers Marie qui est la mère de miséricorde, afin qu'elle dise à son Fils miséricordieux, combien notre âme manque du vin de la ferveur, combien elle a besoin du parfum de la piété,

pour pouvoir le louer comme il convient à Dieu. Car lui seul, en effet, s'empresse à secourir

ceux qui pour lui plaire ont méprisé le monde, et ceux qui sont, pour lui, méprisés dans le monde, à cause de son nom et de son saint Évangile.

II

3. Il importe souvent, en effet, de connaître un refuge où pouvoir s'abriter contre les ouragans, en face des tempêtes de la tribulation.

Or, il n'est nulle part, de lieu plus assuré, ni de port plus tranquille que le sein de Marie.

De même qu'il n'est pas de courrier plus rapide, pour nous soustraire aux coups de l'ennemi, qu'une prière ardente, montant de la plaine vers le fort tout armé de la Vierge Marie. Ce fort est celui-même où Jésus est entré, pour y revêtir un corps, pareil à une armure, afin de chasser loin le prince des ténèbres.

4. Entrez donc" vous aussi, dedans la forteresse, afin d'être à l'abri de ceux qui vous assaillent.

Restez sous le manteau de la Vierge Marie; vous serez protégé par les bras d'une mère. Oui, la prière de Marie met en fuite la tourbe acharnée des ennemis méchants: son aide nous arrache aux périls imminents.

Près d'elle, le pauvre trouve une demeure, le malade, un remède, l'âme triste, un repos. Près d'elle, celui qui chancelle trouve l'appui, et celui qui est abandonné, le secours.

5. Oui, c'est un bien, un très grand bien pour vous si vous vous savez montrer digne à ce point, en même temps que rempli d'attentions, pour plaire en toute chose à la Vierge Marie.

Vous méritez ainsi, ses grâces ici-bas, et sa gloire là-haut, en compagnie des saints.

Attachez-vous à elle et ne la quittez point, jusqu'à ce qu'elle vous ait accordé sa bénédiction, pour vous conduire au ciel.

6. O Marie, ô maîtresse remplie de clémence, au nom de l'amour pur et de l'attachement, que je repose à vos pieds, donnez, je vous prie, à mon cœur, un élan nouveau de confiance !

La crainte me poursuit et le doute me ronge: le désespoir m'assaille au fort des tentations: une chose seule peut encore me consoler: c'est que j'ai demandé à être entendu de vous, et que je me confie, ô mère, à votre cœur.

(Enchiridion monastique, IV.)

Homélie

I. – Devoir : le devoir est un âpre mot quand il désigne l'obligation qui lie tout homme à sa charge -- il devient un mot plein de douceur, quand il s'applique aux attentions volontaires que le cœur suggère pour un être aimé. Nos devoirs envers Marie doivent être ainsi. Ces devoirs si doux sont ceux d'un fils envers sa mère, d'un ami pour son amie. La pensée du ciel est une force, comme la pensée de l'amour est un entraînement. Élever ses pensées c'est s'élever tout entier: Altius cogita !

II. -- Il en est de la vie de l'âme, comme de la vie courante; bien penser est le commencement de bien faire. Avoir de grandes pensées, c'est préparer de grandes actions, L'exemple de Marie, ici, est plus qu'une démonstration -- c'est une attraction et un secours. Marie, dit l'Évangile, conservait toutes ces grandes pensées dans son cœur. Comme le dit Pascal, en effet, les grandes pensées viennent du cœur -- ce sont celles qui créent l'action. On a trop souvent reproché à la mystique de n'être qu'un rêve -- la mystique de l'Imitation est une action, car elle est la perfection.

III. --Cette action est ardue et souvent décourageante; aussi, l'âme demande à Marie la confiance, pour pouvoir atteindre le but de la vie spirituelle, qui est le ciel.

Méditation

Sur les beautés de Marie

Le rêve de toute âme serait de voir Marie dans sa splendeur céleste. Dante fit ce rêve et chercha à le traduire dans son Paradis. Il nous représente Marie sous la figure d'une auréole d'or immaculée et il ne la nomme que par des noms de fleurs "rose épanouie", "lis plein de blancheur", "tige parfumée", "arbre odorant", "lyre qui chante", "saphir qui brille", "flamme qui monte", "arche qui s'élève". Il ne la voit qu'au milieu des fleurs, entourée d'étoiles, couronnée de splendeurs. Elle résume pour lui, tout ce qui charme ici-bas, dans la figure d'une jeune fille, d'une vierge -- la grâce qui s'étend en reflets, la beauté qui rayonne en éclats, l'amour qui jaillit en élans.

Devant cet éblouissement, le poète ferme les paupières et se met à genoux, en étendant les bras. Ainsi, semble-t-il, devons-nous faire, pour contempler les beautés de Marie.

"Regarde, lui dit alors S. Bernard, la figure de celle qui ressemble le plus à Jésus: elle seule, par son éclat, pourra te dispenser de voir le Christ." Marie est belle, en effet, comme sont belles toutes les âmes, par le reflet du Christ en nous.

PRATIQUE -- Imiter les Saints qui portaient les devises et les insignes de Marie, comme le scapulaire et le chapelet.

PENSÉE. -- Le souvenir de Marie est secours et une élévation. Adjuvat et sublevat.





CHAPITRE VI

DE LA PUISSANCE ET DES POUVOIRS DE MARIE

SOMMAIRE: -- I. Intervention de Marie pour nous. -- II. Nos obligations envers elle. -- III. Prière pour lui demander la lumière et la protection.

I

I. Marie est, à l'égard de ses pieux serviteurs, fidèle en ses promesses et généreuse dans ses dons. Elle jouit de la vénération des anges, et cependant elle agrée les offrandes des hommes. Elle s'attendrit aux larmes des malheureux, compatit aux douleurs de ceux qui souffrent, vient en aide aux combats de ceux qui sont tentés et s'incline toujours vers tous ceux qui la prient.

Tous ceux qui vont avec confiance et dévotion se réfugier auprès d'elle et invoquent son nom, trouvent en elle l'abondance et la consolation.

Reine, elle commande aux anges dans le ciel, et peut les envoyer au secours des malheureux.

2. De même, elle a l'empire partout sur les démons et peut les empêcher de nuire à ses serviteurs,

Oui, les démons redoutent la reine du ciel, et son nom seul suffit pour les mettre en déroute.

Ils tremblent au nom terrible et saint de Marie, devant ce nom qui fait la joie des chrétiens, et n'osent plus, désormais, se montrer devant nous, ni tenter de nouveau leurs assauts captieux.

Dès qu'ils entendent ce nom saint retentir, comme devant un éclat de la foudre du ciel,

ils tremblent, se prosternent et s'enfuient.

Et plus souvent ce nom est par nous prononcé plus il est invoqué avec dévotion et piété plus vite aussi les démons s'écartent loin de nous.

II

3. C'est donc pour nous un devoir sacré entre tous, que d'aimer en tout temps, le saint nom de Marie.

Il doit être, pour tous les fidèles, un culte pour les religieux, une méditation, pour les gens du monde, une dévotion" pour les pécheurs, une vénération, pour ceux qui souffrent, une consolation, dans tous les dangers enfin, une protection.

Marie est, en effet, toute proche de Dieu: toute chère à son Fils bien-aimé Jésus: toute puissante dans son intercession en faveur des infortunés fils d'Adam, à la fin d'obtenir et pardon et secours.

Dans toutes les circonstances de la vie, elle peut intervenir près de son fils pour obtenir miséricorde aux coupables.

Elle est, elle aussi, comme Jésus lui-même, toujours écoutée, pour l'honneur qui lui est dû.

4. Ainsi donc, que tout pieux chrétien s'empresse de se réfugier en hâte auprès de Marie, s'il veut échapper aux naufrages du monde et parvenir au port de l'éternel salut.

Nous pouvons attendre, en effet, beaucoup d'elle, car, bien que placée au-dessus de nous tous, elle aime à s'incliner vers le moindre de nous, heureuse de se dire avocate des malheureux, et plus heureuse encore, mère des orphelins.

5. O Marie, douce mère, mère aimée, entre toutes, vous êtes l'étoile à l'horizon des mers, l'étoile qui sourit aux nautoniers perdus, l'étoile qui conduit au havre de la paix.

Qu'elle monte vers vous, qu'elle monte, ô Marie, ma naïve prière ! Et qu'il s'élève aussi

l'élan de mon désir, vers vous, ô ma reine adorée. Défendez ma cause au tribunal de votre fils,

car nul, devant lui, ne se trouve innocent.

(Sermons aux Novices, XXIII.)

Homélie

De la protection de Marie

La puissance et le pouvoir ne sont intéressants dans les mains d'un protecteur que s'il les exerce en faveur des protégés.

I. -- L'intervention de Marie pour nous, pauvres pécheurs, est nécessaire dans tous les états de la vie.

Mais surtout au moment des tentations -- alors surtout sa protection nous est utile. -- Les tentations ne nous viennent pas seulement du dehors; elles naissent en nous-mêmes .plus encore qu'autour de nous.

II. -- Quelles sont-elles ? Chacun les sait et les connaît. Allons donc à Marie au moment de ces luttes intimes, pour lui demander un secours et pour y recevoir une consolation -- Solamen et dictamen.

III. -- Le fidèle demande ici à la Mère, la lumière pour connaître Sa voie et l'aide pour pouvoir bien la suivre. Allons à Marie, comme à une mère et comme à une reine.

Méditation

Du rôle de la Mère en Marie

Ce qui fait la grandeur et le charme de la maternité dans la femme, c'est la douleur et la tendresse: la douleur qui déchire le cœur, comme elle déchire son corps, pour donner la vie: la tendresse qui enchaîne l'enfant à la mère et la mère à l'enfant, de façon à ne former qu'un être, comme ils ne forment qu'une seule chair.

Tous ces caractères se retrouvent physiquement dans la maternité humaine de Marie, dans ses relations avec Jésus, et mystiquement, dans la maternité spirituelle de Marie vis-à-vis des chrétiens et plus spécialement des religieuses et des religieux.
Le poème de l'amour maternel, que chaque mère vit, souvent sans le savoir, se trouve dans Marie, avec plus de grandeur et plus d'éclat. Il faut savoir le comprendre et le méditer pour mieux le sentir et le traduire dans la vie: c'est le but de la méditation.

PRATIQUE. -- Offrir chaque jour à Marie, un sacrifice, si petit qu'il soit.

PENSÉE – La mère est, dans la vie, la nacelle et l'étoile: Stella et nacella.





CHAPITRE VII

DES GRANDEURS ET DES PRIVILÈGES DE MARIE

SOMMAIRE -- I. Grâces éminentes dont Dieu l'a revêtue. -- II. Privilèges uniques dont il l'a comblée. -- III. Prière pour lui demander sa grâce et sa médiation.

I

I. Pour arriver à connaître, du moins en partie, la grandeur et la dignité de la Vierge Marie, voyez, en abrégé, les grâces éminentes, dont Dieu l'a revêtue, en l'exaltant éminemment au-dessus des anges et des saints dans le ciel, au-dessus de tous les hommes sur la terre.

Elle est la Vierge sainte, elle est la mère aimée, dont il est dit, dans l'Église, par tout l'univers, "vous êtes élevée, sainte Mère de Dieu, plus haut que les anges, sur le trône des cieux".

Repassez avec soin, et les faits et les gestes des antiques patriarches: c'est de leur tronc qu'est née Marie, vierge et mère à la fois, telle une rose sans épine, au milieu des buissons.

2. De même que jadis fut figuré le Christ, dans sa naissance, dans sa mort et dans sa vie, par les patriarches, les prophètes et les rois, par les juges, les prêtres et les lévites, par des docteurs, enfin et par les scribes, en paroles, en symboles et en signes:

De même aussi, par une ordination divine fut annoncée pareillement, la Vierge Marie, par les vierges célèbres des temps passés, par les mères illustres, les veuves exemplaires, et par toutes les femmes vivant en sainteté.

3. Au témoignage des Saintes Écritures, Marie fut de tout temps, et demeure toujours, la vierge la plus sainte entre toutes les vierges, la femme la plus belle entre toutes les femmes, la mère la plus suave entre toutes les mères, la fille la plus pure entre toutes les filles, la maîtresse la plus douce entre toutes les maîtresses, la reine la plus illustre entre toutes les reines.
Dans elle se retrouvent en même temps. pour y vivre et briller d'un éclat sans pareil,
toute beauté virginale et tout charme moral, toute pensée divine et tout amour du cœur,
toute œuvre de vertu, tout bien de sainteté.

4. Marie n'eut jamais, avant elle, semblable, elle n'a point, aujourd'hui, sa pareille, elle n'aura plus, désormais, son égale.

De même que jadis, parmi les temples saint, celui de Salomon fut le mieux décoré, le plus riche, le plus célèbre, l'unique; ainsi, le temple symbolique de Marie surpasse en excellence les temples des saints et mérite, à lui seul plus d'amour et de gloire.

Prière

5. O Marie, étoile qui brille dans le ciel, vierge, Reine des cieux, souveraine du monde, nulle femme ne peut vous être comparée, quelles que soient les vertus dont le ciel l'ait ornée,

car vous êtes l'unique au milieu des élus.

Dieu le Père vous vit, dès avant tous les siècles, et vous créa sur terre, en les temps révolus, pour faire de vous, la mère de son Fils.

6. O miracle ineffable, ô joie inespérée !

Ce Fils du Dieu vivant, pour sauver l'univers, devient votre fils même et vous êtes sa mère.

Vous devenez ainsi, notre médiatrice, et la médiatrice de l'univers entier. O Marie, la plus belle de toutes les femmes, que l'univers entier vous glorifie donc, vous honore, vous chante et vous aime.

Que toute créature redise vos louanges, au ciel et sur terre, maintenant et toujours

(Sermons aux Novices, XXV.)

Homélie

De l'éminente dignité de la Mère de Dieu

I. -- Dans le langage évocateur de la poésie, quand nous avons comparé Dieu au soleil, nous assimilons Marie à la lune, comme à l'astre qui vient tout de suite après le plus grand.
Ainsi en est-il dans la réalité: Marie est, après Dieu, la plus belle et la plus grande merveille de l'univers.
La dignité et la grandeur d'un être humain viennent de ses fonctions.

Quelle grandeur plus sublime, quelle dignité plus éclatante que celles de "Mère de Dieu" ? Les Grecs avaient créé exprès, pour la désigner; un mot, qui ne s'applique qu'à Marie seule: Théotokos "celle qui crée un Dieu".

Tandis que les. autres créatures, sont créées par Dieu.

II. – Dans l'énumération des privilèges de Marie, la beauté, la douceur, la tendresse, la puissance, la force et la majesté, rien de pareil ne se trouve ici-bas. De même que le Temple de Salomon était seul dans le monde, ainsi Marie est unique dans l'ordre de la création. Mais si la grandeur effraye d'ordinaire, ici elle attire, car à la grandeur s'attache la tendresse, et la tendresse d'une mère.

III. – Aussi l'auteur demande à Marie, dans la prière finale, le secours de sa puissance et la protection de son amour: Tutamen et solamen.



Méditation

Des grandeurs et des tendresses de Marie

L'énumération des privilèges de, Marie est son plus bel éloge, dit S. Germain. Vous êtes ô ma mère, le panégyrique de tous les siècles et de toutes les sphères. Vous êtes grande et vous êtes puissante, vous êtes souveraine et vous êtes maîtresse, vous êtes reine et vous êtes femme, vous êtes celle qu'on nomme toujours et vous êtes celle qu'on ne peut nommer à sa valeur; vous êtes la mère et vous êtes l'ineffable.

Vos tendresses sont celles d'un cœur virginal, insérées dans une chair de mère. De même que la mère nous donne de son âme et de son corps, à la fois, en nous formant dans son sein, ainsi vous nous donnez de votre cœur et de votre substance, quand nous recevons Jésus, votre dans l'Eucharistie.

O grandeur inaccessible l O tendresse ineffable l

PRATIQUE – Réciter souvent les Litanies de la Sainte Vierge, qui sont le résumé de ses grandeurs.

PENSÉE. – O Marie, vous surpassez en grandeur et en suavité, toutes les créatures: Tu supergressa es universas, ô Maria !





CHAPITRE VIII

DES BEAUTÉS ET DES ILLUSTRATIONS DE MARIE

SOMMAIRE: – 1. Dans sa nation et dans sa race. – II. Chez tous les peuples et en tous lieux. – III. Prière pour demander l'espérance et la consolation.

I

1. 0 Marie, vierge illustre, vierge sans tache, engendrée de la race féconde des patriarches, nourrie dans la descendance sainte des prêtres,

ô Marie, honorée de la dignité des pontifes, annoncée par le chœur des prophètes, héritière de la grandeur des rois, fille illustre de la maison de David, gloire suprême de la tribu de Juda,

Héroïne sacrée du peuple vaillant d'Israël, symbole vivat de la nation sainte, enfant miraculeuse de parents bénits, vous méritez la gloire et la louange, vous méritez la tendresse et l'amour.

2. Vous êtes un trésor parmi toutes les femmes, vous qui, dès avant. que commencent les siècles, avez été choisie pour la mère de Dieu.

Les patriarches vous ont désirée, ô Marie, les prophètes voyants vous ont annoncée, les justes et les rois vous ont interpellée, le peuple d'Israël a soupiré pour vous, jusqu'au jour où vous êtes enfin apparue, ô Marie, pour le salut de ce monde en déclin.

II

3. Votre nom est proclamé dans tout l'univers, ô Marie ! Du lever au coucher du soleil, chez toutes les nations, les Juifs et les Gentils, les Grecs et les Latins, les Romains et les Scythes,

partout il est annoncé avec l'Évangile.

Partout aussi, et à tous les jours, votre nom est prêché dans les églises et les chapelles,

dans les cloîtres et les champs, dans les déserts. Il est redit par les petits et par les grands,

par les prêtres et les docteurs, par les prédicateurs, qui tous, également, cherchent à vous louer.

4. Oui, ô Marie, ensemble le chœur des justes unit ses accords et ses voix pour chanter vos attraits, votre grâce et votre sainteté.

Leur amour est si grand, leur prière si douce, qu'ils peuvent sans se lasser jamais, chanter, contempler, méditer et fêter vos mystères, au souvenir des paroles de la Sagesse: Ceux qui me mangent ont encore faim de ce pain: ceux qui me boivent ont soif encore de ce vin.

Prière

5. Venez donc, ô Marie, douce vierge que j'aime ! Venez, mon espérance et ma consolation !

Venez, car près de vous, quand j'entends votre voix, il me semble déjà posséder tous les biens,

il me semble être aussi à l'abri de tout mal.

Au souvenir de votre douce clémence, je viens me réfugier sous votre égide, ô Marie, vous qui savez toujours donner aux infirmes, la force, aux captifs, la liberté, soyez. pour moi toute miséricordieuse, soyez par votre amour, une mère pour moi ! Ainsi je sentirai, pour l'avoir éprouvé, combien vous savez consoler avec charme

Et combien vous pouvez défendre avec succès, tous ceux qui sont fidèles à vous servir.

(Soliloque de l'âme, ch. V.)

Homélie

De la splendeur de la race en Marie

I. -- La beauté parfaite porte un nom nouveau, c'est la splendeur: la splendeur est elle-même une vertu. Toute vertu a, en effet, un côté actif et un côté passif: elle produit des œuvres que nous voyons et elle est produite par des causes que nous ne voyons pas. En Marie, la splendeur et l'illustration opèrent ces merveilles qui font naître l'amour et l'admiration, qui entraînent les cœurs et élèvent les âmes. Laissons-nous entraîner vers Marie: Trahimur ad te, chante la Liturgie.

II. -- Cette splendeur provient, en Marie, de sa race et de sa descendance. Elle est l'héritière d'une lignée royale qui remonte de Joachim, à Salomon, à David, à Jessé, à Abraham, à Adam. Tige fleurie, rameau bénit qui portera le fruit divin de l'Eucharistie: Caro Christi, caro Mariae, dit S. Augustin.

III. -- Aussi, demandons-nous à Marie, avec le pieux auteur de l'Imitation, l'espérance qui est un bercement de consolation, attendant la réalisation de l'amour au ciel où nous verrons notre mère et notre reine dans toute sa splendeur.

Méditation

De la beauté féminine

La beauté n'est pas seulement un éclat, elle est aussi une harmonie: c'est cette harmonie des proportions qui constitue la perfection. L'homme qui posséderait cette harmonie serait l'homme parfait. Mais il y a dans la beauté de la femme un épanouissement plus lumineux et une grâce plus délicate, qui constituent le charme. Qu'elle soit reine on bergère, grande dame ou simple ouvrière, une femme peut s'affiner toujours plus qu'un homme et arriver à cette beauté harmonieuse des gestes sinon des formes, qui fera son charme particulier.

Ne doutez pas que ce soit là une vertu, au lieu d'une coquetterie, si elle est employée au service du bien et au perfectionnement de l'âme. Tout cela demande un effort, et un effort est toujours un acte de vertu. Cultivez donc, comme dit S. François de Sales, et votre visage et votre cœur, afin que le feu qui jaillit en ce cœur, illumine votre visage de l'éclat céleste, pareil à celui de notre divine mère Marie, la plus belle de toutes les femmes.

PRATIQUE -- Faire tous les jours un effort, pour être gracieux envers tous.

PENSÉE. -- Vous êtes toute belle, ô Marie: Tota pulchra es, Maria !





CHAPITRE IX

DES FIGURES ET DES SYMBOLES DE MARIE

SOMMAIRE -- I. Excellence et. perfection de Marie. -- II. Images et figures. -- III. Symboles et ressemblances. -- IV. Prière pour demander sa miséricorde et sa compassion.

I

I. Honneur, louange et gloire au Dieu, Très-Haut, qui vous donne, ô Marie, une grâce plus grande que celle de toutes les femmes dans ce monde, et qui vous donne, dans l'autre, une place de gloire, auprès de son trône, au ciel le plus élevé,

Au-dessus de tous les chœurs des anges et des saints.

2. O glorieuse et admirable Vierge Marie, mère, tout à la fois, et fille de votre Dieu, vous méritez tout honneur et toute gloire.

Vous êtes la plus grande, dans votre humilité, la plus belle dans votre virginité, la plus ardente dans votre charité, la plus résignée dans votre patience. .

Vous êtes ta plus douce dans votre miséricorde, la plus enflammée dans votre prière, la plus profonde dans votre méditation, la plus haute dans votre contemplation, la plus sensible dans votre compassion, la plus éclairée dans votre conseil, la plus puissante dans votre secours.

II

3. Vous êtes, ô Marie, la demeure de Dieu,

Et vous êtes encore, ô Marie, la porte du ciel, le jardin des délices, la source des grâces, la gloire des anges, le salut des hommes.

Vous êtes l'art de la vie, l'éclat des vertus, la lumière du jour, l'espoir des malheureux, la santé des malades, la mère des orphelins.

4. O vierge des vierges, toute belle et suave, vous avez encore dans vous, ô Marie, l'éclat de l'étoile, le charme de la rose, la beauté de l'aurore, la douceur de la lune, la profondeur de la perle, l'éclat du soleil.

III

5. Et vous êtes aussi, ô Vierge toute douce, pure dans votre vie, pareille à la brebis, simple dans votre cœur, semblable à la colombe, prudente à la façon d'une noble maîtresse, soumise à l'égal d'une humble servante.

O Marie, arbre saint, cèdre altier et sublime, vigne chargée de grappes, figuier couvert de fruits, cyprès haut et fort, palmier plein de gloire, en vous se trouvent réunis tous les biens, par vous nous sont promis tous les bonheurs.

6. Nous accourons donc tous près de vous, ô Marie, comme des fils auprès d'une mère adorée, comme des orphelins près d'une mère qu'on aime.

Par vos mérites, protégez-nous contre tout mal, par vos prières, délivrez-nous de tout péril !

Prière

7. O Marie, rose d'or, suave et belle à la fois, qu'elles montent jusqu'à vous, mes instantes prières

Voici que je frappe à la porte de votre demeure, assuré d'obtenir votre miséricorde

au milieu de mes peines et mes tribulations. Oui, vous êtes la mère des miséricordes, et vous donnez au pécheur l'espoir du pardon.

Votre tendresse, ô Marie, et votre bonté dépassent tout ce qu'on peut dire ici-bas. Vous êtes élevée au-dessus de la gloire, au-dessus des honneurs que possèdent les saints, plus haut que les vertus, la bénignité, la douceur et le charme des esprits bienheureux.

8. Et, s'il n'en était pas ainsi, ô Marie, comment pourriez-vous verser aux malheureux, tant de douceurs et tant de consolations, tant d'espérance et tant de contrition ?

Non, vous ne pourrez être épuisée jamais, car en vous naît la source de toute bonté. Vous êtes l'ornement des cieux, la joie des saints, et vous êtes le tabernacle du Saint des saints.

Nos ancêtres, vers vous ont longtemps soupiré, vous, la mère choisie et la vierge élue, pour accorder à tous le pardon sur la terre, et pour donner à tous le bonheur dans le ciel.

(Les Trois Tabernacles, chap. III.)

Homélie

Des images et des ressemblances

entre la Mère et les enfants



I. -- Les images et les figures de Marie, dans l'Histoire et dans la vie, sont données pour nous faire aimer et admirer notre mère, mais aussi pour nous rappeler que nous devons lui ressembler. -- Là ressemblance, même physique, entre la mère et les enfants, est un fait d'adaptation autant que de race. -- Nous pouvons par la contemplation, arriver à cette ressemblance avec Marie, qui appartient aux enfants d'une même mère.

II. -- Si on n'arrive pas à la ressemblance parfaite, on peut du moins, parvenir à une reproduction générale du modèle, qui en fait une image -- L'Écriture donne, de Marie; les images les plus douces et les plus grandioses. Elle est la demeure de Dieu, le jardin des délices, la porte du ciel, l'étoile du matin, le salut des infimes, la mère des pécheurs. Elle est la grâce et la suavité: elle est le rêve et la réalité de toute tendresse.

III. -- C'est le cantique du cœur, c'est la cantilène de la poésie que nous lui redisons avec l'auteur de l'Écriture, en la saluant comme une mère admirable.

Méditation

Du modèle et de l'imitation

Le modèle dans la peinture, est un sujet contemplé et aimé, que l'artiste cherche à reproduire le plus exactement qu'il peut, ou du moins, à imiter dans les plus grandes lignes.

Ainsi devons-nous faire en contemplant Marie.-- Pour nous former à son image, il faut nous transformer, car elle est la beauté et nous sommes la laideur: elle est formée d'une parcelle de la divinité et nous sommes façonnés d'une motte d'argile.

Mais l'argile est modelable et l'empreinte divine y met un rayon de lumière et de feu, quand elle se laisse pénétrer -- Ouvrons donc nos cœurs, ouvrons nos âmes à l'influence de la grâce. -- Il est d'autant plus aisé de le faire, que nous sommes entre les bras d'une mère.

PRATIQUE. -- Méditer, chaque jour, un mystère de la vie de Marie: Contemplare et mirare.

PENSÉE. -- Plus nous ressemblons à Marie, plus nous nous élèverons vers Dieu.





CHAPITRE X

DE LA DIVINE MATERNITÉ DE MARIE

SOMMAIRE:-- I. Merveille de grandeur pour Marie. -- II. Merveille de tendresse pour le monde. -- III. Prière pour demander la protection de Marie.

I

l. Voici qu'une merveille nouvelle apparaît dans la création, de par Dieu sur la terre: une femme enveloppe un homme dans sa chair.

Quelle est cette merveille, ô Seigneur Jésus, sinon votre conception par l'Esprit-Saint

et votre nativité de la Vierge Marie ?

C'est la nativité non encore entendue ici-bas: elle n'a pas encore eu de semblable sur terre, elle n'aura point jamais de pareille.

0 sainte et vraiment bienheureuse nativité qui met en fuite l'ancienne iniquité, et qui porte au monde une nouvelle sainteté.

2. Levez-vous, mère nouvelle, chantez, ô Marie, vous êtes la femme dont parle le prophète, vous êtes celle qui par votre enfantement méritez cette gloire ineffable, cette gloire indicible, car vous avez porté dedans vos entrailles, ô Immaculée, enfermé dans le sein virginal, celui que l'univers entier ne saurait contenir: vous êtes devenue ainsi, plus que tout l'univers.

Car cet enfant divin qui se fait votre fils, dès votre sein déjà nous apparaît un homme, sinon par la grandeur de son corps façonné, du moins par la vertu de sa divinité cachée.

Oui, votre fils, Jésus, ô bienheureuse mère, du jour de sa conception première, fut rempli déjà de grâce et de vérité.

II

3. Parlez donc, parlez au cœur de votre serviteur, ô maîtresse, car votre serviteur écoute !

Vous êtes ma souveraine, ô Marie, et bien plus, je le dis avec confiance, vous êtes ma mère, et Jésus, votre fils, est devenu mon frère. Oui, vous l'avez enfanté, non point pour le garder à vous seule, mais bien pour le donner au monde.

Aussi je ne veux plus donner le nom de mère à une autre que vous, ô Marie, sur la terre, car vous êtes la mère de Dieu et ma mère. Il n'est point ici-bas de femme égale à vous

par la puissance et la beauté, par la grandeur, pas la mansuétude, par la charité, par la douceur, par la compassion, par la fidélité, enfin, et par l'amour.

III

4. Je veux aujourd'hui, vous choisir pour ma mère, et je veux, ô Marie, me confier entièrement à vous.

Je voudrais que ce choix fût confirmé par vous a jamais; car il suffit pour moi, ô Marie,

de pouvoir être uni avec vous pour toujours. Je me réjouirai grandement dans votre nom, alors seulement et je dirai en les magnifiant, vos louanges pendant l'éternité, ô Marie !

(La vallée des lys, chap. VII)

Homélie

Des fonctions de la mère

I. -- Le rôle de la mère est non seulement de donner la vie mais de l'embellir. Une parcelle de son être est transmise par la mère à l'enfant. C'est la merveille de la création qui se renouvelle.

La filiation spirituelle a quelque chose aussi de cette création. C'est pourquoi, les enfants de Marie portent en eux, un rayon du ciel. Comme Jésus, qui était fait de la chair de Marie, nous pouvons être faits de son cœur. Marie est vraiment la Mère de Dieu: Théotokos, celle qui a enfanté un Dieu, comme dit l'Église grecque. Mais elle est aussi la Mère des hommes, Mater viventium, comme le chante l'Église latine.

II. – Après nous avoir fait naître à la vie de la grâce Marie nous aide à perfectionner en nous cette vie surnaturelle. La perfection se compose d'un tout harmonieux: le plus petit défaut dépare le modèle. Il faut donc s'attacher à faire disparaître toute imperfection. Y pensons-nous toujours ?

III. -- L'auteur demande à Marie, de l'aider à atteindre ce but et à réaliser ce vœu: ressembler à sa mère.

Méditation

De la tendresse maternelle

et de la tendresse filiale

L'amour du père est un acte de force, remuant et actif: L'amour de la mère est un élan de compassion, vibrant et passif: il porte un nom spécial, qui s'appelle la tendresse.

La tendresse est un amour fait d'inclination et de prévenances. Elle est toute douceur et toute grâce: elle est quelque chose de féminin.

S'il en est ainsi dans le cœur de la mère, il en est de même dans le cœur de l'enfant. Nous aimons d'un amour différent le père et la mère. L'amour du père est, le plus souvent, un acte de réflexion; l'amour de la mère est toujours un élan du cœur.

Ainsi en est-il dans la vie spirituelle. C'est ce qui fait que la dévotion à Marie est quelque chose de toujours doux et suave, quelque chose qui vient du cœur. Or, nous vivons plus par le cœur que par l'esprit.

PRATIQUE. -- Garder et regarder avec foi, les images et les médailles.

PENSÉE. -- Il faut penser à la mère, pour s'élever au-dessus des tentations.

SOURCE : http://maranatha.mmic.net/Imitation.htm


Dernière édition par Octo le Mar 18 Mai 2010 - 11:01, édité 2 fois

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Message  Octo Mar 18 Mai 2010 - 10:52

L'IMITATION DE LA VIERGE MARIE - partie 2/3 !

DEUXIÈME PARTIE

MYSTÈRES DOULOUREUX

CHAPITRE XI

DU PIEUX PATRONAGE DE MARIE

SOMMAIRE: -- I. Grandeur et beauté de l'aide de Marie. -- II. Puissance et fécondité de sa protection. – III. Prière pour lui demander son secours.

I

I. Heureux celui qui sait prendre, dès cette vie, et Jésus et Marie, et les anges et les saints, pour guides au chemin et conseils dans le doute, pour maîtres au travail, et lecteurs au repos, pour compagnons chez lui et amis au dehors, pour aides aux combats et secours aux périls, pour patrons à la mort et juges au jugement, pour avocats près de Dieu et héritiers an ciel.

2. Vous, qui voulez quitter le monde et ses attraits, que Jésus et Marie soient vos seules amours: que Dieu soit votre père et Jésus votre frère: que Marie, désormais, soit votre unique mère.

Prenez pour anis, les anges, pour frères, les malheureux pour compagnons, les humbles et les pauvres.

3. Voilà la famille sainte et la race féconde, que Dieu fonde pour vous et qu'il aime.

Elle a pour base, la foi; pour force, l'espérance; pour ornements, la patience et la charité. Tressaillez donc et chantez, âme fidèle, comme chanta jadis, Marie devant Dieu, en tressaillant au jour de sa grande allégresse quand descendit en elle Jésus, son Sauveur.

Louez le Seigneur, louez-le grandement et dites à Marie: Je me réfugie aujourd'hui près de vous, ô ma mère, et requiers humblement votre appui. Vous pouvez, ô Marie, obtenir de Jésus, tout ce que vous voudrez lui demander pour nous.

III

4. Si vous êtes avec nous pour lutter, ô Marie, qui donc oserait se lever contre nous ?

Et si vous nous donnez votre protection, qui donc, jamais pourra nous repousser ? Étendez, sur moi, étendez vos bras, ô Marie, car je veux établir mon refuge à leur ombre. Dites à mon âme: je suis ton avocate, ne crains rien. Comme une mère console ses fils, ainsi je vous consolerai vous, ô mon enfant,

Combien vos paroles sont douces, ô Marie, et combien votre voix me console, ô ma mère ! Donnez à mon cœur, de l'entendre toujours.

(Les Dévotes Oraisons, Or. III.)

Homélie

De l'influence de la femme et

de la mère dans le monde

I. -- Le souvenir, comme la vue, de la mère, est le plus puissant excitateur de la bonté dans le monde. La vie des peuples civilisés est tout entière organisée pour plaire à la femme: la poésie, l'art, la mode, tout est fait pour elle. On peut dire aussi que c'est elle qui fait naître la poésie et l'art, quand elle sait l'inspirer.

A ce point de vue, l'influence de Marie se trouve marquée dans les plus beaux chefs-d'œuvre de l'architecture et de la peinture dans le monde. Rien n'est beau sans la mère dans la vie.

II. -- La femme possède un charme de plus quand elle est mère. L'histoire des peuples est faite des récits héroïques et des belles actions accomplies par l'amour maternel. Ni les Grecs, ni les Romains ne seraient arrivés au degré de civilisation et de beauté que nous admirons, sans le culte de la maternité.

La Religion chrétienne est, elle aussi, plus grande, plus belle et plus attrayante, à mesure que le culte de Marie, la mère et la femme idéale, se développe et s'inscrit dans la pratique et .dans l'art.

Méditation

De la puissance de la femme

Volontiers, de par sa nature même, la femme aime à protéger et à embrasser, comme pour défendre et attirer à elle. C'est que la puissance de la femme est dans son attrait et dans sa fonction: tandis que le pouvoir de l'homme n'est que dans sa force. Les anciens avaient symbolisé ces fonctions en donnant aux rois un sceptre de fer et aux reines un sceptre de fleurs. L'un domine par sa force, l'autre par sa grâce.

La grâce est une puissance à laquelle rien ne résiste: un sourire peut briser ou transformer une vie. Que la femme chrétienne se serve de cette puissance pour le bien. La piété, dit S. François de Sales, doit rendre la femme plus gracieuse encore, car elle doit avoir et la grâce divine et la gracieuseté humaine.

PRATIQUE. -- Chercher à reproduire, même dans la forme extérieure, la grâce royale de Marie.

PENSÉE. – Marie est la beauté et la grâce: Speciosa et formosa.





CHAPITRE XI

DES JOIES ET DES ALLÉGRESSES DE MARIE

SOMMAIRE: -- I. Excellence et grandeur de ses allégresses. -- II. Comment nous pouvons y participer. ~ III. Prière pour demander la joie du cœur et la sérénité de l'âme.

I

1. Aucune langue, ici-bas, ne pourra dire les allégresses et les joies de la Vierge Marie:

Aucune raison, jamais, ne pourra comprendre l'abondance de ses jouissances de vierge, la grandeur de ses consolations de mère: Car, plus l'infusion de la grâce est abondante, plus aussi le don de l'allégresse est nombreux: de même, plus les visites de Dieu sont fréquentes, et plus aussi le désir et l'amour sont ardents.

2. Imitez donc, vous aussi, la mère du Sauveur, afin d'être comptés au nombre de ses enfants.

Cherchez, de même, avec attention, à marcher sur les pas de Marie au chemin des vertus, afin de parvenir à la gloire avec elle.

II

3. Ayez grande douleur pour vos tiédeurs passées, pour vos défauts, hélas ! non encore domptés.

Priez ensuite, afin que toutes les créatures glorifient le Seigneur et observent ses lois. Enfin, remerciez pour les divins bienfaits accordés par la voie de la Mère de Dieu.

4. Rendez-lui tout honneur et toute révérence, car, si la loi naturelle oblige les enfants à aimer notre mère selon la chair, combien plus devons-nous témoigner d'affection et montrer de tendresse à la Mère de grâce ? C'est un devoir d'aimer entre toutes les mères, celle qui est, à la fois, la Mère de Dieu, la Mère de l'Église et notre propre Mère.

Prière

5. Comment pourrai-je être triste en mon cœur quand vous lui dites vos consolations, ô Marie

Comment pourrait-il craindre l'ennemi, celui qui peut, à tout instant, recourir à vous Inclinez donc, ô Mère remplie de tendresse, inclinez vos oreilles à mes humbles prières!

Inclinez-vous, ô Mère, remplie de tendresse, comme Rebecca, vers votre serviteur, et donnez-lui quelques gouttes à boire.

Versez en moi une part, si petite soit-elle, de cette grâce et de cette douce consolation

qui est en vous mystérieusement cachée.

Elle est, en tous les temps, désirable pour tous, elle est toujours, de même, agréable à recevoir; elle m'est indispensable en ce moment.

La goutte la plus légère instillée sur mes lèvres, par vous, ô Marie, m'apparaît si puissante à la fois, et si grande en son excellence, que tous les plaisirs en dehors d'elle ici-bas, semblent vils, sans valeur et pareils au néant.

(Les Dévotes Oraisons, Or. III.)

Homélies

Des joies et des réjouissances chrétiennes

La joie est un sentiment qui agrandit le cœur et le fait battre avec plus de force. La joie dilate, exalte et magnifie. La tristesse, au contraire, resserre et diminue la vie

I. -- Marie, qui eut dans sa vie, tant de causes de tristesses et tant de sujets de douleurs, est appelée cependant par l'Écriture : la mère de la sainte allégresse: Mater pulchrae laetitia. L'allégresse est la vertu qui fait éclater au dehors, la joie, pour réjouir les autres. C'est donc un acte de vertu qui suppose un effort et un don de soi-même.

II. -- Marie, plus qu'aucune créature, eut ce don et pratiqua cette vertu. L'art chrétien, comme l'histoire religieuse, nous montre toujours la Vierge au milieu des fleurs, rayonnante de la lumière. C'est une image, mais c'est l'image d'une réalité sereine.

III. -- Nous sommes attirés par cette sérénité et le cœur est pris dans la contemplation divine. Aussi demandons-nous, comme une grâce, la joie et l'allégresse du cœur, pour les traduire au dehors par les réjouissances chrétiennes, qui dilatent les âmes.

Méditation

Du bon caractère

Le caractère se forme, comme se forme toute habitude de vertu. Avoir un bon caractère c'est être sur le chemin de la perfection.

Le bon caractère est tout d'abord, caractère, c'est-à-dire ferme et stable et non point changeant et variable, Il est, en second lieu, bon, ce qui veut dire, délectable aux autres.

Seuls les gens qui respirent la joie, ont un bon caractère. Les gens qui rechignent en tout, comme dit le langage courant, ne sont jamais d'un caractère agréable. Ils sont à charge aux autres et à eux-mêmes.

Formez votre caractère, pour qu'il soit stable, policez-le, pour qu'il soit doux: matez-le, pour qu'il soit serviable. Vous serez alors, à l'image de Marie, exultante de joie et magnifiant Dieu, dans votre vie de tous les jours.

PRATIQUE. -- Pour former le caractère, il faut souvent savoir le briser, en faisant ce qui plaît le moins.

PENSÉE. -- Gaude et laetare, virgo Maria. Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse, ô Marie !





CHAPITRE XIII

DES EXULTATIONS ET DES TRESSAILLEMENTS

DE MARIE.

SOMMAIRE: -- I. Comment Jésus est la source de ses exultations. -- II. Comment nous pouvons avoir part à ses tressaillements. -- III. Prière pour demander la grâce de la contemplation.

I. Mon âme a tressailli devant Dieu, mon Sauveur.
Tressaillez encore, tressaillez, ô Marie, car vous donnez au monde les joies de son salut.

Réjouissez-vous, ô Mère Immaculée, car vous gardez l'honneur de la virginité.

Exultez d'allégresse, vierge devenue mère, car, seule, vous avez été préservée des malédictions qui pèsent sur les femmes.

2. Vous pouvez vraiment tressaillir devant Dieu.

Car celui que la terre et le ciel réunis, ô Marie, ne peuvent contenir, vous l'avez dedans vous.

Vous le réchauffez, vous-même, dans vos bras.

Vous le placez, vous seule, avec joie dans sa crèche, vous seule encore, ô Mère, pouvez adorer Jésus, votre fils, né de vous, dans le temps.

Celui qui, au-dessus de vous, avant le temps, possède Dieu pour père dans l'éternité.

Vous seule aussi rendez les devoirs de mère au Dieu qui vous confère la maternité. Vous seule, enfin, pouvez exulter vraiment en celui qui vous rend et sublime et céleste.

II

3. Que le ciel et la terre vous louent donc, ô Marie, que toutes les créatures redisent vos louanges!

Que tout mon être tressaille en votre présence, que mon âme vous exalte, ô Mère aimée !

La langue est impuissante à dire vos grandeurs et l'esprit à concevoir vos émerveillements.

Aussi je ne puis que m'incliner humblement devant vous, ô Marie, et vous dire en priant: recevez-moi dans vos bras, ô ma Mère, écoutez avec amour les soupirs de mon cœur. Et recevez avec moi, tout ce qui m'appartient.

Mon âme est haletante à la vue de Jésus, car elle sait qu'en lui seul se trouve son bonheur.

Montrez-moi donc ce trésor de mystère que vous gardez caché dedans vous, ô Marie

4- Oui, je crois qu'il est le fils unique du Père, et je crois aussi, qu'il est votre fils premier-né, mystérieusement né de votre virginité.

Je sais qu'il est mon Dieu, mon sauveur et mon père et je sais qu'il a voulu vous prendre pour sa mère.

Oh ! je veux le voir par vous, votre fils, ô Marie, et je le veux, ensuite, adorer dans vos bras.

Ô Mère, vous l'avez enveloppé de langes, aussi, ne peut-il pas être vu sans votre aide.

Et si vous ne daignez nous le montrer vous-même, qui méritera de le regarder jamais ? Par vous seule nous avons accès près du Fils, et par le Fils nous arrivons auprès du Père.

5. Montrez-moi donc Jésus: il suffit à mon âme.

Je ne cherche et ne veux avoir d'autre père que Jésus, votre fils, mon Sauveur et mon Dieu.

Ô Mère, j'ai désiré d'un grand désir voir ce .Jésus, que vous, vous aimez plus que tous!

Mon âme soupire et veut le contempler, mon cœur tressaille et veut le posséder..

6. Si vous voulez, avec Marie, voir Jésus, il vous faut tout d'abord posséder des yeux purs.

Si vous voulez, avec Marie, voir Jésus, il vous convient après, d'être saint et pieux.

Si vous voulez, avec Marie, voir Jésus, il vous importe enfin, d'abandonner la terre et de vous élever, peu à peu, vers le ciel.

Prière

7. Ô Marie, je sais mes péchés et mes fautes.

Je sais que je suis indigne de voir Jésus, cependant, je ne puis avoir de repos jusques à ce que j'aie pu le contempler.

Et je ne puis, non plus, me taire de parler, car je sais que lui-même veut être prié. Mon cœur, également, me pousse à insister, car je sais, vous aussi, vous aimez qu'on vous prie.

Ainsi donc, ô ma Mère, je Veux persévérer dans la prière et dans la contemplation.

(Sermons sur la Nativité, IIe Serm.)

Homélie

Des grandes manifestations

La vertu chrétienne, non seulement n'exclut pas les joies, mais réclame les grandes manifestations familiales et sociales, qui constituent le charme de la vie.

I. -- Ce n'est pas sans effort qu'on arrive à accomplir ces actes. Un saint triste est un triste saint, dit S. François de Sales. La source de la joie, comme la cause de l'allégresse est dans l'imitation de la vie à l'action. Ne rien faire, c'est être triste. Plus on agit et plus le cœur se dilate. Il s'élève, il s'enflamme, il s'exalte.

II. -- La vraie cause des manifestations sincères de joie, qui embaument la vie des familles et des sociétés, c'est Jésus lui-même. Hors lui, point de joie vraie: en dehors de lui, nulle sérénité. Voyez les peuples sans religion et les personnes sans croyance. Tout est sombre autour d'elles et tout respire l'ennui.

III. -- Ne soyons point ainsi. Approchons-nous de Marie et regardons Jésus. Cette contemplation sera elle-même une leçon et un attrait.

Méditation

De la sérénité et du sourire

Femme sereine, femme reine, dit un vieux proverbe. -- La douceur et la sérénité, le sourire et la grâce sont, en effet, la force et la puissance de la femme. -- On les représente trop souvent comme des défauts et des attraits pervers. C'est une erreur et une fausseté.

Savoir se servir de ces attraits et de ces grâces peut être aussi et doit être, pour la femme, une vertu et une pratique de vie chrétienne.

L'homme qui a rencontré une fois pareils attraits, est captivé pour toujours. La prière que l'Église récite aux messes de mariage, demande pour la femme ces vertus de grâce et de beauté.

PRATIQUE -- Avoir le sourire et la grâce, dans toutes les circonstances de la vie.

PENSÉE -- Vous êtes, ô Marie, la plus belle des femmes: Speciosa et decora interfilias Jerusalem.





CHAPITRE XIV

DE L'AMOUR ET DE LA DOULEUR DE MARIE

SOMMAIRE -- I. Marie, notre modèle dans l'amour. -- II. Marie, notre exemplaire dans la douleur. -- III. Prière pour demander le calme dans les épreuves.

I

1. L'enfant Jésus resta à Jérusalem après la fête de la Pâque et se perdit: et ses parents ne s'en aperçurent pas tout d'abord, au retour, nous dit l'évangéliste.

0 changement inattendu ~ 0 mystère !

N'eût-il pas mieux valu rester à Nazareth et ne point perdre Jésus en voyageant ?

Oh ! oui, car perdre Jésus, c'est avoir perdu plus que tout l'univers et tout ce qu'il contient.

2. Hélas ! quelle put être pour les parents, la fête au milieu d'une épreuve aussi angoissante ?

Car il n'est point, pour les tristes et les affligés, de malheur plus à redouter que de perdre ce qui peut seul leur être une consolation.

Ceux-là seuls, qui savent ce que c'est que d'aimer, peuvent comprendre, combien, dans cette épreuve, la Vierge Marie dut ressentir de douleur.

Ah ! bien plus volontiers, elle fût demeurée dans la solitude, cachée, à Nazareth, plutôt que de se rendre à Jérusalem afin de se montrer dans le Temple, à la solennité.

3. Mais elle voulait, elle, la mère de la loi, observer pleinement les usages et la loi, afin de nous donner l'exemple d'obéir.

Aussi, elle quitta sa maison et sa ville pour se rendre, selon les usages prescrits, à Jérusalem avec Jésus et Joseph.

II

4. Ce fut également pour nous montrer à tous un modèle de patience dans la douleur,

que Dieu permit que Marie perdit son fils: qu'après l'avoir perdu, elle le cherchât, pleurant: qu'elle le trouvât après trois jours seulement: et qu'après l'avoir retrouvé, plus joyeuse, elle ramenât son trésor avec elle.

5. Aussi, que nul n'ose présumer de lui-même comme s'il possédait seul Jésus pour lui Seul.

Que nul, pareillement, ne méprise les autres, car il ignore s'il plaît lui-même à Dieu. Ainsi, Jésus demeurait caché pour beaucoup, et ne se manifestait qu'au petit nombre.

Il se montrait, divinement, quand il voulait, et quand il voulait, pareillement, il se cachait, agissant toujours dans un but et pour un bien.

6. Perdre Jésus n'est donc pas toujours étonnant: mais je sens que cela est un malheur pour moi, un malheur, hélas ! bien sensible à mon cœur.

Je reconnais, cependant, que c'est par ma faute et que je méritais, souvent, plus mal encore, car je n'ai pas su toujours garder mon cœur.

J'ai été plein de négligence et de tiédeur.

Aussi ai-je perdu la grâce de mon Dieu, et je ne sais qui pourra, jamais, me la rendre.

Prière

7. Venez donc à mon aide dans ce grand malheur, ô vous, Mère de Dieu et mère de miséricorde !

Secourez-moi, divine maîtresse! ô Marie, vous qui donnez accès, dans le ciel, à la vie,

je cherche en vous la paix et en vous le bonheur.

Vous savez combien il est dur de perdre Jésus, et combien aussi il est doux de le retrouver.

Si cette épreuve vous fut envoyée à vous, ô Marie, à vous qui étiez sans péché, quoi d'étonnant si elle m'est imposée à moi qui si souvent ai offensé mon Dieu ?

Que dois-je faire donc pour retrouver Jésus ?

Ah ! s'il est pour moi quelque espoir de le retrouver, c'est dans votre secours que je le mets, ô Marie !

C'est dans votre aide et vos mérites, ô vous qui lui êtes et plus chère et plus proche que tout !

Apprenez-moi donc à chercher le bien-aimé jusqu'à ce que je l'aie trouvé, moi aussi, ô Marie, et accompagnez-moi vous-même.

Je chanterai alors, avec vous, dans la joie: "Félicitez-moi, car j'ai trouvé le bien-aimé,

le bien-aimé du cœur, que mon âme désire." Ce bien-aimé, ô Marie, c'est Jésus, votre fils !

(De l'Invention de Jésus au Temple, IIe Serm.)

Homélie

De la souffrance et de l'amour

Aimer c'est souffrir, dit l'Ecclésiaste. Et cependant la seule chose qu'on cherche dans l'amour, c'est de ne point souffrir, ou plutôt, dans l'amour vrai, c'est de ne point faire souffrir.

I. -- Mais pour aimer vraiment il faut savoir souffrir royalement. Marie peut être notre modèle dans cet art délicat, qui sculpte l'âme pour ainsi dire, comme les coups de marteau façonnent l'œuvre d'art dans le marbre à polir. Qui plus qu'elle a aimé ? Et qui a plus souffert ?

II. -- Comment a-t-elle souffert ? En reine, en mère et en femme -- avec dignité, avec patience, avec aménité. Savoir comprendre ainsi les douleurs de Marie est presque savoir les imiter. Un mot traduit bien cet état, c'est le mot: Compassion. Si Jésus a souffert et subi sa Passion, Marie a connu, près de lui, l'union dans ses souffrances et sa Passion, c'est la Compassion.

III. -- Gardons ce mot dans notre vie. Gardons cet exemple devant nos yeux. Sachons souffrir et aimer, comme Marie et avec Marie.

Méditation

De l'amour maternel

Il n'est pas d'amour plus doux: il n'en est pas de plus fort. Mais est-ce bien l'amour ?

C'est plus que de l'amour, au sens commun de ce mot, mais c'est aussi moins que lui.

L'amour maternel naît de l'amour lui-même: il en est comme la fleur et le fruit. Mais l'amour lui-même est la racine et le tronc de ce bel arbre qui embellit le paradis terrestre.

L'amour n'est d'ailleurs si beau et si attrayant lui-même, que par les fruits qu'il fait naître et les fleurs qu'il fait éclore dans l'âme du père et de la mère.

La paternité et la maternité sont en germe dans tout amour qui naît au cœur de l'homme et de la femme. C'est ce qui grandit et élève ce sentiment si beau et cet élan si puissant, que rien ne lui résiste sur la terre.

Marie a connu plus qu'aucune mère, la force et la tendresse de cet amour. Joseph en a connu toutes les délicatesses et ressenti tous les charmes.

PRATIQUE -- Aimer Marie comme on aime sa mère.

PENSÉE -- Cœur immaculé de Marie, je vous aime !





CHAPITRE XV

DES EXEMPIAES ET DES CONSEILS DE MARIE

POUR CHERCHER ET TROUVER JÉSUS

COMMENT IL FAUT CHERCHER JÉSUS A L'EXEMPLE DE MARIE

SOMMAIRE: -- I. Il faut chercher avec persévérance et dévotion. -- II. Avec insistance et componction. -- III. Prière pour demander la paix dans les afflictions.

I

I. Écoutez mes avis, imitez mes exemples, ô mon fils, et vous serez alors consolé.

S'il vous arrive parfois de perdre aussi Jésus, ne désespérez pas, ne vous relâchez pas, ne laissez pas de vous livrer à la prière, n'allez pas aux consolations de la terre,

Mais restez en la retraite et pleurez sur vous-même: vous retrouverez, alors seulement, Jésus, et vous le trouverez dans le temple du cœur.

2. Non, ce n'est pas aux carrefours de la cité, ni dans les assemblées de ceux qui s'amusent, ni parmi les réunions de la terre, que Jésus se retrouve, mais bien seulement au milieu des justes, en compagnie des saints.

II

3. C'est dans les larmes qu'il faut chercher, ô mon fils, celui que vous avez perdu dans les plaisirs. C'est par les attentions qu'il vous faut retenir celui que vous avez laissé par la négligence.

C'est par l'humilité qu'il vous faut rappeler celui que vous avez éloigné par l'orgueil. C'est par la prière qu'il faut attirer celui qui n'entend point les cœurs évaporés.

4. C'est avec crainte et tremblement qu'il faut prier celui qui n'aime point l'orgueil et la paresse. C'est avec reconnaissance qu'il faut louer celui qui est toujours prêt à donner sa grâce. C'est avec un amour ardent qu'il faut aimer celui qui aime tous et qui pardonne à tous: celui qui donne à tous ses grâces sans regret, celui qui n'a jamais abandonné personne.

Prière

O Marie, ô mère, quand les portes du ciel, à cause de mes iniquités sont fermées: quand de partout l'accès m'en est interdit: quand toute force et tout conseil m'abandonne, et que je ne puis m'aider moi-même en rien: quand l'ennui de la vie et la douleur du cœur

m'étreignent à ce point de ne plus rien aimer:

Quand le soleil de joie se change en nuit de deuil: quand les consolations d'en haut s'évanouissent, et que le désespoir vous envahit de toute part: quand les vents des tentations se soulèvent, et que les flots des passions se raidissent: quand la maladie elle-même survient, et que toutes les adversités se rassemblent pour former un orage et s'abattre sur moi, où pourrais-je fuir et vers qui me tourner, si ce n'est vers vous, ô Marie, qui seule, savez consoler le pauvre et aider le malheureux.

Vers qui pourrai-je alors tourner mes regards, afin d'atteindre sans encombre le port du salut, vers qui, si ce n'est vers vous, étoile de la mer, ô Marie, vous qui brillez toujours au firmament et qui toujours montrez le flambeau de la grâce.

(Soliloque de l'âme, chap. VI.)

Homélie

Des ennuis et des peines dans la vie chrétienne

I. -- La vie est un étrange assemblage de joies et de tristesses. A qui sait tout bien considérer, il apparaît que les joies sont encore supérieures aux tristesses. Mais les ennuis et les peines marquent dans le cœur humain une empreinte plus rude que celle des joies: aussi les ressentons-nous avec plus d'angoisse. Plus le cœur est tendre et délicat, plus aussi les souffrances sont vives. Marie, qui avait une nature plus affinée que toutes celles des autres créatures, dut ressentir aussi avec plus d'acuité les douleurs physiques et les souffrances morales.

II. -- L'angoisse, la terreur, la crainte, la peur, l'inquiétude, l'ennui, toutes les peines du cœur fondirent sur elle, depuis la Crèche jusqu'au Calvaire. Toutes les souffrances, la pauvreté, les soucis, l'abandon, les longues attentes, les veillées inquiètes, toutes les peines d'un cœur de mère vinrent l'assaillir. Elle les supporta toutes avec fermeté, avec calme, avec sérénité.

III. -- Il n'est pas de leçon plus engageante pour nous, il n'est pas de modèle plus consolant. Regardons Marie. Écoutons Marie, notre mère et notre exemplaire.

Méditation

De l'inquiétude et des soucis

Parmi les douleurs du cœur l'inquiétude et les soucis sont les deux plus fréquents et les deux plus pénibles, pour nous et aussi pour ceux qui nous entourent.

L'inquiet n'est capable de rien: irrequietus, disaient les Latins, c'est-à-dire, sans base et sans appui. Le soucieux est absorbé par son souci et ne voit rien au delà.

Pour se guérir de cette maladie, il faut savoir premièrement, réfléchir et penser et secondement, vouloir et agir.

Le travail, mieux que le reste, enlève les soucis: il procure d'ailleurs la guérison par le résultat obtenu dans l'effort.

L'effort: tout est là, dans la vie de l'âme, comme dans la vie du corps, age quod agis: fais bien ce que tu fais, dit le Proverbe de l'expérience, et tu réussiras.

Qui mieux que Marie pouvait nous donner un modèle et une leçon ? Regardons-la; imitons-la.

PRATIQUE. -- Ne jamais laisser paraître nos soucis et se montrer toujours sereins devant le monde.

PENSÉE. -- Montrons-nous aux autres, comme nous voudrions les voir, eux-mêmes, vis à vis de nous.





CHAPITRE XVI

DES DOULEURS ET DES SOUFFRANCES DE MARIE

SOMMAIRE: -- 1. Douleurs du cœur. ~ II. Souffrances de l'âme. -- III. Prière pour demander l'apaisement du cœur.

1. Marie ne vécut pas un seul jour sans souffrir et cependant au milieu des plus grandes souffrances elle ne fut jamais sans consolations.

C'est que toute douleur supportée pour Jésus apporte à l'âme une douceur et une joie. Plus nous souffrons, accablés sous les coups, et plus nous méritons les faveurs de la grâce.

2. Oui, Marie souffrit, et souffrit avec douleur, à cause des péchés du grand nombre des hommes. Elle souffrit, pareillement avec les justes, avec les éprouvés par les tentations et les peines.

Elle souffrit encore, et pour l'ingratitude des hommes, auxquels Dieu envoya son Fils, afin de leur rouvrir le paradis perdu; et pour la perte obstinée des méchants qui refusent d'entendre le Verbe de Dieu et préfèrent, au ciel, les choses d"ici-bas.

Elle souffrit de voir les justes opprimés et les impies, sans Dieu, partout victorieux, les pauvres méprisés et les riches exaltés.

3. Elle souffrit encore, de voir, en tous lieux la tiédeur apportée au service de Dieu,

et l'empressement dépensé pour l'offenser.

Elle souffrit, de voir le monde livré au mal, refusant de tourner les yeux vers la lumière

que Dieu lui-même venait apporter au monde.

Ce furent, pour cette mère au cœur compatissant comme un faisceau de glaives transverbérants; et cependant elle parut patiente -- toujours, souffrant, en silence une vie de martyre, en versant des larmes pour le salut des hommes.

II

4. Que, si vous voulez pénétrer plus avant, et voir ce qu'elle souffrit à la Passion, vous trouverez, alors, en méditant sa vie, qu'elle goûta autant de coupes d'amertume, que Jésus. vécut d'instants sur cette terre et qu'il eut de membres transpercés sur la croix.

Et quand donc Jésus souffrit-il une injure sans que Marie en ait ressenti une atteinte ?

Si elle souffrit durement, quand elle le perdit, pour quelques jours seulement, dans le Temple combien plus vivement dut-elle être angoissée, quand elle le vit mourant attaché à la croix ?



5. C'est un fait connu par tous les cœurs qui aiment, que l'amour maternel surpasse en compassion, tous les amours connus et toutes les tendresses:

Si donc vous voulez connaître à fond la douleur de la mère, en Marie, songez à l'excellence et à la profondeur de son amour de vierge.

Prière

6. Venez, ô Marie, mère tendre et suave, rendre visite à mon âme en sa tribulation.

Vous seule pouvez donner la paix, car seule vous savez adoucir les souffrances du cœur. Venez tendre la main au serviteur tombé, venez le relever par la grâce, à nouveau 1

Hâtez-vous, ô Marie, mère choisie de Dieu, de nous montrer à tous, une fois encore,

l'abondance de votre commisération.

Vous le voyez, j'en suis réduit au extrémités, mais je ne vous ai point oubliée cependant et je ne vous oublierai jamais, ô ma mère !

(Sermons aux Novices" Serra. XXV.)

Homélie

De la maladie et de la souffrance



I. -- Parmi les douleurs humaines, la maladie a des souffrances et des tristesses à nulles autres pareilles. Elle déchire le corps, en même temps qu'elle ronge l'âme. Marie a connu, au pied de la croix, la souffrance la plus angoissante et le déchirement le plus violent. Nous ne lisons pas qu'elle ait souffert de la maladie proprement dite. Son corps immaculé ne devait point connaître nos infirmités. La mort, elle-même fut pour Marie une dormition, plutôt qu'une consomption.

II. -- Mais si Marie ne souffrit point de la maladie, elle eut à supporter tontes les autres souffrances: les déchirements du cœur, les amertumes de la séparation, les angoisses de l'incertitude. Apprenons d'elle à les supporter avec force, sinon avec amour. Il faut avoir l'âme de Marie et le cœur de sainte Thérèse pour dire avec foi: ou souffrir ou mourir. Nous disons plus volontiers: vivre et jouir.

III. --Demandons à Marie, reine, vierge et martyre, comme l'appelle l'Église, de nous apprendre à supporter les douleurs et la maladie, avec le calme d'une reine, avec la douceur d'une vierge, avec la force d'une martyre.

Méditation

Des peines de cœur

Les peines du cœur sont quelquefois les peines qu'on se crée: elles sont, d'autres fois, les peines qu'on nous crée. Elles déchirent toujours et meurtrissent à la fois l'âme et le corps.

C'est dans ces circonstances qu'il faut savoir regarder plus haut: regarder vers la croix et regarder vers Marie, debout au pied de la croix.

Stabat: Marie se tenait debout et non pas abattue, nous dit S. Jean. C'est un modèle et c'est un soutien. Marie est une mère qui donne et l'exemple et la force, à qui sait la contempler.

PRATIQUE. -- Offrir à Marie les souffrances de la maladie et les angoisses du cœur.

PENSÉE. -- Cœur immaculé de Marie, rendez mon cœur semblable au vôtre.





CHAPITRE XVII

DES AMERTUMES ET DES ANGOISSES DE MARIE

SOMMAIRE. -- l. Amertumes de la Séparation. -- II. Angoisses de la Compassion. -- III. Martyre de la Transfixion. -- IV. Prière pour demander la contrition du cœur.

I

1. Elle demeure seule au pied de la croix, seule et debout, la mère de Jésus, Marie, nous dit l'Évangéliste en son récit divin.

Après le souvenir de la croix de Jésus, le plus beau souvenir est celui de Marie, sa mère, qui seule, eut le courage de rester debout près de son fils mourant sur cette croix, et mourant pour sauver l'univers, de la mort.

2. O spectacle émouvant de la mère et du fils ! de la mère qui souffre et du fils qui console; de la mère qui pleure et du fils qui sourit; de la mère restant debout près de la croix, et du fils attaché à cette même croix; de la mère qui soupire et du fils qui expire ! O immensité de douleur digne à jamais de rester imprimée dans le cœur des chrétiens !

II

3. Pilate, sur le bois, écrivit, pour la croix, ce titre: Jésus de Nazareth, roi des Juifs.

Vous aussi écrivez, mais écrivez au cœur, ce titre contre les irrisions des hommes et contre les assauts ténébreux des démons.

Vous serez, par la seule force de ce nom, délivré de toutes les attaques des méchants.

4. Agissez donc ainsi et gravez dans le cœur ces titres de Jésus, appendus à la croix: vous trouverez alors, auprès de vous, Marie debout comme à la croix, intercédant pour vous, à l'heure des tentations et de la mort.

III

5. Aucune mère jamais n'a ressenti en ce monde, en donnant naissance à un enfant aimé, allégresse pareille à celle de Marie, qui seule a eu pour fils, le fils même de Dieu.

Nulle mère aussi n'éprouva douleur égale à celle de Marie, à la mort de son fils.

Marie eut à souffrir, dans sa compassion, toutes les douleurs de son fils à la Passion.

6. Elle se tenait, en effet, près de la croix, dans les larmes, debout, et son cœur ressentait, à chaque douleur, comme la douleur d'un glaive qui le transverbérait avec amertume.

Ce fut merveille même, qu'elle put survivre dans son corps virginal, à souffrance pareille; car son âme éprouvait, à chaque torture, une torture égale à celle de son fils.

7. O Martyre ineffable ! ineffable douleur d'une mère, plus cruellement angoissée dans son cœur, à la vue de son fils expirant, qu'un martyr en son corps accablé de tourments !

Prière

O Mère, je sais que je ne suis point digne de lever les yeux vers votre face admirable, vers ce visage saint, auréolé de gloire, que les anges du ciel admirent à genoux l

Vous m'apparaissez, ô mère, comme adornée de roses de pourpre et de feuillage d'or, et je reste effrayé de mon impureté !

Cependant, ô Marie, à cause de vos boutés, je garde, malgré tout, l'espérance assurée d'obtenir à nouveau la grâce du pardon, si vous daignez encore intercéder pour moi.

Et que puis-je vouloir, attendre ou désirer obtenir de la plus indulgente des mères, comme de la plus compatissante des vierges, si ce n'est le pardon et la consolation, dans le calme et la joie d'un repentir sincère ?

(Enchiridion monastique, chap. V.)

Homélie

Des souffrances et des larmes

I. L'Évangile qui nous parle souvent des souffrances de Marie, ne dit jamais qu'elle pleure: elle le dit cependant de Jésus: lacrymatus est. Marie, elle aussi, dut pleurer: les pleurs sont une transvasion du cœur. Mais les larmes ne doivent point abattre.

II. -- Souffrir est une science. Il faut avoir un cœur qui ressente très fort la douleur, qui saigne et qui s'exalte, mais qui sache se vaincre et se soumettre à la raison et à la foi.

III. -- 0 Marie, soyez notre modèle, dans les souffrances et dans les lames ! Soyez aussi notre soutien et notre consolation !

Méditation

De l'ennui et de la lassitude

Rien n'est plus triste, dans la vie spirituelle, comme dans la vie naturelle, que l'ennui. Rien n'est plus affaiblissant et rien n'est plus décourageant que le sentiment de l'ennui. Il faut, à tout prix, lutter contre cet envahissement, qui détruit peu à peu la vie elle-même et qui la rend pénible à soi-même et aux autres. L'ennui engendre la lassitude et la lassitude produit l'inertie et la mort.

Une âme qui s'ennuie est une âme qui n'agit point. Pour guérir l'ennui, il faut d'abord travailler. Les Latins appelaient l'ennui, d'un nom qui rappelle la mort: Taedium.

Fuyons l'ennui, comme on fuit un fléau qui menace de se communiquer. Aussi Marie, est-elle appelée dans l'Écriture: la mère de la douce joie: Mater sanctae laetitiae.

PRATIQUE. – Ne jamais faire sentir aux autres les ennuis qu'on peut avoir.

PENSÉE -- 0 Marie, soyez notre allégresse et notre joie: Causa nostrae laetitiae.





CHAPITRE XVIII

COMMENT IL FAUT SOUFFRIR A L'EXEMPLE DE MARIE

SOMMAIRE. -- I. Avec force et magnanimité. --II. Avec courage et longanimité. -- III. Prière pour demander l'indulgence et le pardon.

I

1. Si vous aimez vraiment votre mère Marie, et si vraiment vous désirez son patronage, au milieu de vos propres tribulations, demeurez avec elle debout près de la croix.

Prenez part, de tout cœur, à ses douleurs de mère et aux douleurs de Jésus, son fils bien-aimé:

elle sera alors, près de vous, à la mort.

Celui qui médite souvent et avec amour, sur les douleurs supportées par Jésus et sur les larmes répandues par sa mère, celui-là peut avoir une entière confiance dans la miséricorde et la pitié de Dieu, tout à la fois, encore, dans son affection et dans l'affection de sa divine Mère.

2. Oh ! combien heureuse, à l'heure de la mort, sera l'âme, qui, tous les jours de sa vie, aima vraiment d'amour et Jésus et Marie, et tous les jours, fit sa station près de la croix, en union avec Jésus et avec Marie !

II

3. Heureux celui, qui méprisant ici-bas, toute consolation, se choisit dans la vie, pour consolation et pour mère, Marie !

Nul doute qu'à l'heure de la mort, cette mère ne dise à son fils la sainte et douce parole qui console le pauvre et aide l'orphelin.

4. Si vous aimez Jésus venez prendre sa croix; marchez avec la croix, restez près de la croix: embrassez cette croix et ne la laissez point, jusqu'à ce que vous soyez arrivé vous-même près de celui qui fait la gloire de la croix.

5. Si vous voulez, aussi, dans vos tribulations, malgré la douleur, trouver quelque consolation, allez à Marie, vierge et mère à la fois, à la mère qui veille auprès de la croix: à la vierge qui pleure au pied de cette croix. Toute souffrance, alors, disparaîtra pour vous, ou, du moins, paraîtra plus légère et plus douce, comparée aux douleurs de la Vierge Marie.

Prière

5. Je viens, de nouveau, vous demander, ô Marie, Mère de Dieu et ma mère, de vouloir bien me regarder encore d'un œil favorable, et me considérer d'un cœur compatissant, aujourd'hui, demain et à l'heure de la mort.

Recevez-moi comme fils sous votre égide: étendez sur moi, maternellement, vos bras, en tous temps mais surtout à mon heure dernière.

7. Souvenez-vous de moi, et venez m'assister, vous qui êtes ma souveraine et ma mère.

Consolez mon âme effrayée d'elle-même, ô vous, mon seul espoir dans mes tribulations. Défendez-la contre les assauts du démon, afin qu'il n'ose point s'approcher jamais d'elle, en présence de vous qui la daignez visiter.

Obtenez-moi encore, je vous en conjure, par votre pieuse intercession, ô Marie, le pardon, l'indulgence auprès de votre fils, que j'ai si souvent et si grandement, hélas ! offensé par mes fautes et mes iniquités.

(Le Jardin des roses, chap. IV.)

Homélie

De l'endurance et de la résignation

I. -- Il est dans l'homme deux forces, une positive qui est l'action et une négative, qui est la résignation. Pour endurer sans faiblir, il faut se résigner. Mais la résignation ne doit pas être de l'accablement: la résignation est une vertu, et l'affalement est un défaut.

II. -- Il faut savoir souffrir et se résigner, mais à l'exemple de Marie, avec force et avec magnanimité, c'est-à-dire, avec une âme grande et un grand vouloir. La souffrance ainsi supportée, purifie et n'abat point. Savons-nous souffrir ainsi ?


III. -- Demandons à Marie de nous l'apprendre, et de nous soutenir dans cet apprentissage de la vie.

La patience, au sens originel du mot, veut dire la science de la souffrance.

Demandons cette science par l'intercession de notre mère.

Méditation

De la force de caractère

I. -- Un mauvais caractère est une maladie: l'esprit qui est sujet à la mauvaise humeur est malade et communique au corps sa maladie.

Le mauvais caractère est variable: il est acariâtre, changeant, capricieux, brutal. Il manque de pondération et de mesure.

Le caractère, au contraire, devient bon, quand il est fort, mesuré, constant, invariable. Ne pas changer à tous les vents, c'est avoir de la force de caractère, c'est s'approcher de Dieu, qui est immuable dans le bien.

Pour affirmer son caractère, il faut affiner son esprit et endurcir son corps à la souffrance. Fortiter agi et pari, disaient les stoïciens: le chrétien, marqué de la croix, doit savoir le dire mieux encore et mieux encore le pratiquer.

PRATIQUE -- Assouplir son caractère en s'habituant à obéir avec empressement.

PENSÉE. -- Agir toujours avec force et énergie: Fortiter age.





CHAPITRE XIX

COMMENT IL FAUT SERVIR JÉSUS A L'EXEMPLE DE MARIE

SOMMAIRE. – Avec joie et empressement. -- II. Avec sincérité et contentement. ~ III. Prière pour demander assistance et persévérance.

I

1. Quelles sont les plus élevées dans le ciel, et quelles furent les plus humbles sur la terre, parmi les créatures douées de la vie ?

N'est-ce point Jésus ? et n'est-ce point Marie ? Jésus se fait, pour nous, le serviteur de tous

et Marie s'appelle elle-même, une servante.

La terre, cependant, proclame la grandeur, et le ciel réuni chante la dignité sublime de Jésus et de Marie, ici-bas et là-haut.

2. Oh ! puissiez-vous unir votre voix à ces voix, pour chanter les doux noms de Jésus et Marie !

Qu'il est bon aussi, de se mettre au service de ceux qui se sont faits, d'abord, nos serviteurs.

Oui, servez le Seigneur, fils des hommes, servez celui qui le premier a daigné vous seoir.

Servez aussi Marie: elle vous a donné, elle aussi, l'exemple d'être humble et de servir.

C'est un devoir pour vous, et c'est votre intérêt, d'honorer avant tout, ces deux puissants modèles.

Il faut encore les prier, tous les jours, à toute heure, car ils ont le pouvoir de vaincre l'ennemi et de vous procurer les joies de la victoire.

II

3. Ainsi, dans tout état, recourez à Jésus, en même temps aussi, recourez à Marie.

Exposez-leur toujours vos besoins et vos peines.

Confessez vos péchés et pleurez vos oublis: reprenez espérance et attendez la grâce.

4. Si vous tombez, hélas ! avec facilité, hâtez-vous de vous relever plus vite encore.

Les prières sincères sont toujours écoutées et les gémissements vrais, toujours entendus.

Les anges, à leur tour, se réjouiront sur vous, en vous voyant lavé des laideurs du péché.

Pour vous, évitez désormais le péché: Marie vous obtiendra le pardon de Jésus,

Rendez, ensuite, à Jésus et à Marie, l'honneur qui leur est dû: Jésus et Marie vous donneront alors, l'assistance et la force.

5. C'est à vous, ô Jésus, mon Seigneur et mon Dieu, à vous, ô Marie, mère de Dieu et ma mère, que je veux confier mon corps et mon âme.

Vous êtes seuls mon espérance et mon secours, dans mes peines et mes tribulations.

Que votre tendresse et votre affection me soutiennent partout ! -- C'est ma seule prière.

(Enchiridion Monastique, chap. IV.)

Homélie

Des forces latentes dans la vie

1.--I1 y a dans chacun de nous, un pouvoir caché, une force latente qui sont personnels, que nul autre ne possède. Il n'existe pas, en effet, deux âmes exactement semblables. Ce sont ces forces cachées qu'il faut cultiver et exercer, pour arriver à la perfection.

II. -- Cela est vrai dans le domaine spirituel comme dans le monde de la matière. Les êtres de génie, les saints ne sont arrivés à cet état supérieur, qui constitue l'héroïsme, qu'en mettant en œuvre les forces spéciales de leur âme, en même temps que les dispositions matérielles de leur corps.

III. -- Nosce teipsum. Il faut se connaître soi-même pour se perfectionner soi-même, tous les jours. La perfection n'est pas l'œuvre d'un jour, mais le couronnement d'une vie. Aussi, faut-il demander, avant tout, la persévérance.

Méditation

Du contentement de soi-même

Il est des gens qui sont toujours mécontents de tout et mécontents d'eux-mêmes. Mécontents du bonheur d'autrui, mécontents de leur vie et de leur sort. C'est un travers et c'est un défaut.

Qui voudrait, comme le philosophe chrétien, bien regarder autour de lui, non seulement au-dessus mais au-dessous, verrait facilement qu'il n'est pas juste de penser ainsi.

Sans arriver au pessimisme qui dit qu'il faut se contenter de peu, il importe de réagir sur soi et de mieux se juger soi-même. Se mésestimer n'est pas une vertu: l'humilité ainsi entendue serait un défaut.

Ayons une grande confiance en nous-mêmes ! Élargissons notre pensée et notre affection ! Qui bien se connaît, bien s'aime: et qui s'aime s'entraîne. Ayons confiance en nous !

PRATIQUE – Ne jamais se laisser abattre par un échec ou par une épreuve.

PENSÉE -- Si je me compare, je me trouve heureux. Contentus sua sorte, disait Socrate.





CHAPITRE XX

COMMENT IL FAUT AGIR A L'EXEMPLE DE MARIE

SOMMAIRE. -- l. Dans les souffrances et les épreuves. -- II. Dans les travaux et les dangers. --III. Prière pour demander la confiance et l'abandon en Dieu.

I

1. Mon souvenir vivra dans la suite des siècles, nous dit l'Ecclésiaste en pensant à Marie.

Marie humble dans tout et pauvre en toutes choses, modèle de patience et de perfection, du jour de sa naissance à l'heure de sa mort, vécut, pauvre et cachée, une vie de souffrance.

Vous qui souffrez, venez à elle, tous les jours,. et tous les jours, cherchez ce que vous pourrez déposer à ses pieds, comme aux pieds d'une mère, en hommage empressé de respect et d'amour.

2. Si vous voulez jouir, au ciel, avec Marie, souffrez la pauvreté, sur terre, avec Marie.

Prenez modèle, ensuite, et sur sa pauvreté et sur les exemples de son humilité.

Fuyez d'abord les vains amusements des hommes: veillez ensuite à ne jamais offenser, en paroles vaines ou en actes indignes, ni Jésus, votre Dieu, ni Marie, votre mère.

II

3. Ce n'est pas, en effet, faute simple et légère que d'offenser des protecteurs si bienveillants.

Ils voient en tous temps, comment vous travaillez et comment vous cherchez à vous corriger, et, selon vos efforts, ils règlent leur secours.

Cependant, leur amour surpasse vos malices, et leur bonté, toujours, incite au repentir.

4. Si vous reconnaissez que vous avez erré jusqu'ici, changez votre résolution en mieux.

Persévérez dans le bien et sachez rendre grâce pour tous les biens reçus. C'est ainsi que Marie

sut agir, en sa vie d'union à Jésus sur la terre.

Apprenez, à l'exemple de cette douceur, à supporter ainsi les ennuis de la vie, pour vous soumettre en tout aux desseins inconnus formés par Dieu sur vous, de toute éternité. Jésus alors sera pour vous un protecteur et Marie, une mère amoureuse et fidèle.

Soyez, à votre tour, un enfant dévoué, un serviteur fidèle, toujours prêt pour le bien.

Prière

5. Je vous salue, Marie, vierge pleine de grâce, le Seigneur est avec vous, dans la sérénité. Je vous salue, seule espérance des pauvres !

Je vous salue, douce mère des orphelins ! Je vous ai révélé, jusqu'ici, à vous seule, mes maux, et je les révélerai, désormais, avec plus d'assurance encore, car je sens qu'une grande vertu se dégage de vous, et que de votre nom exhale un parfum qui embaume le cœur et réconforte l'âme.

6. O doux nom de Marie, nom de grâce et de charme, nom toujours doux à dire et suave à penser, nom formé dans les cieux, nom porté par les anges, nom recommandé par l'Évangile aux hommes, quand il dit, comme pour en faire un éloge: le nom de la vierge choisie était: Marie.

(Oraisons mystiques, chap. VI.)

Homélie

De l'action et de l'effort

I. -- L'action est le signe de la vie: vivre c'est agir, dans le domaine de la vie spirituelle, comme dans les régions de la vie corporelle. Mais l'action ne va pas sans effort et l'effort suppose un travail. Y a-t-il plus bel exemple de travail que celui de Marie ? Voyez-la au Temple, à Nazareth, à Jérusalem. Voyez-la tissant la robe sans couture de l'Enfant Jésus, dans le splendide tableau de Mater admirabilis.

II. -- Marie travaille dans la prière et dans le recueillement. Bien plus, son travail est une prière. Prier, en effet, c'est élever notre âme vers Dieu. Or, le travail ne doit point nous attacher à la terre, mais nous aider à monter vers le ciel, par l'effort et par l'élan du cœur.

III. -- Mais le travail est dur: le labeur est rude. Aussi faut-il joindre au travail, la prière, qui, elle-même, nous emporte sur les ailes de l'amour, vers le ciel, avec Marie.

Méditation

Du caractère



Le caractère est ce qui marque d'une empreinte indélébile chaque âme et chaque individu. Au sens originel du mot, le caractère était une impression, au fer rouge, sur un stipe de bois. L'empreinte ainsi marquée croit avec l'arbre et demeure visible.

Ainsi doit-il en être pour l'âme. Avoir du caractère, est un éloge pour tout homme: avoir un bon caractère est une magnificence pour la femme. La vertu n'est pas autre chose, car la vertu, elle aussi, est une empreinte durable.

Pour avoir du caractère, il faut savoir souffrir. Voyons en Marie notre modèle et notre exemplaire. Quel beau type et quel beau caractère, fait de force et de suavité ! De la Crèche au Calvaire, elle apparaît toujours belle, toujours bonne et toujours forte. Pouvons-nous imaginer plus séduisant modèle ? Imitons-le toujours.

PRATIQUE -- S'habituer à garder l'égalité d'humeur, en toute circonstance.

PENSÉE -- Dire souvent avec Marie: Seigneur, qu'il me soit fait selon votre volonté: Fiat mihi secundum verbum tuum.

SOURCE : http://maranatha.mmic.net/Imitation.htm


Dernière édition par Octo le Mar 18 Mai 2010 - 11:01, édité 1 fois

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L'Imitation de la Vierge Marie - partie 1/3 ! Empty L'Imitation de la Vierge Marie - partie 3/3 !

Message  Octo Mar 18 Mai 2010 - 10:58

L'IMITATION DE LA VIERGE MARIE - partie 3/3 !

TROISIÈME PARTIE

MYSTÈRES GLORIEUX



CHAPITRE XXI

DE LA VIE INTÉRIEURE DE MARIE



SOMMAIRE. ~ I. Solitude et silence. -- II. Travail et méditation. -- III. Prière pour glorifier Marie dans ses dons.

I

1. Demeurez volontiers dans la solitude et le silence afin de pouvoir mieux prier:

C'est ainsi que Marie demeurait avec l'ange, seule en sa retraite et parlant avec lui seul. Un ange, alors, viendra pareillement vers vous et vous annoncera les merveilles du ciel. Il sera pour vous un aide et un gardien, et devant lui, l'esprit du mal fuira au loin.

2. Se cacher et se taire, à l'exemple de Marie, est l'unique moyen d'avoir la paix du cœur et d'obtenir de Dieu, le don de l'oraison.

Voyez l'abeille avide de cueillir son miel: elle parcourt les fleurs, mais sans s'y attacher; à peine chargée de leur suc, elle s'enfuit en hâte, vers la ruche et va cacher le miel, afin de le pouvoir goûter pendant l'hiver, dans la solitude et le calme de la paix.

Elle enferme ainsi la fragrance des parfums, de peur qu'en sortant pour voler çà et là, elle ne perde encore le fruit de son travail.

II

3. D'ailleurs, les parfums bien enclos en leur vase, embaument davantage et se conservent mieux:

Ceux qui sont, au contraire, laissés à découvert, ne tardent pas à perdre leur goût et leur senteur.

De même, les fleurs trop souvent prises en main se ternissent d'éclat et perdent leur fraîcheur.

La fleur ne peut fleurir qu'aux terres des jardins: elle n'est à l'abri que derrière les murs. Ainsi les roses nées à l'ombre des enclos, s'épanouissent vite et embaument longtemps, tandis que celles qu'on sème sur les routes perdent leur parfum, se dessèchent et meurent.

4. De même, le flambeau allumé en plein vent, est sujet à s'éteindre: tandis que celui qui se cache au lampadaire est toujours lumineux.

C'est ainsi qu'il en est de notre dévotion: elle se conserve et s'accroît dans la retraite, tandis qu'elle s'évapore et se perd dans le bruit.

5. Trois choses sont partout nécessaires à l'homme, trois choses plaisant à Dieu, à Marie et aux anges: le travail des mains, contre le poids du corps, l'amour de l'étude, contre l'ennui du cœur, le soin de l'oraison, contre l'art du démon.

Aimez donc la retraite et travaillez souvent si vous voulez avoir en vous la paix du cœur.

Prière

6. Vous êtes douce et belle, ô Marie, ma mère, sainte mère de Dieu, toute pleine de grâce. Celui-là seul pourrait dénombrer vos vertus qui pourrait dénombrer les étoiles du ciel.

Autant le ciel visible parait élevé et sublime, au-dessus de la terre, autant votre vie

apparaît exaltée au-dessus de nos vies:

Vous seule méritez d'avoir été choisie, de toute éternité pour la mère de Dieu,

Et d'être, dans le temps, consacrée par l'Esprit, saluée par les anges, instruite par l'archange, et recouverte de l'ombre du Seigneur.

(La vallée des lys, chap. IV.)

Homélie

La vie de la conscience

I. -- C'est aux solitudes de la conscience que se passent les plus beaux mystères de la vie, dit Lacordaire. Oui pourrait pénétrer dans l'intérieur de Marie, y contemplerait avec ravissement des splendeurs dignes du ciel. C'est dans la solitude et le silence que s'élabore cette vie intime, que la mystique appelle: la vie intérieure. Marie l'a vécue en compagnie des anges, dans l'intimité de Jésus. Quels modèles pour nous ! Mais aussi quels efforts !

II. -- C'est par le travail et la concentration que se forme la sève de la vie corporelle; c'est par le travail et la méditation que s'élabore la nourriture de la vie spirituelle. Marie nous en est un exemple sublime, un modèle éminent que nous devons chercher à reproduire.

III. -- C'est la grâce que nous demandons dans la prière exultante qui rappelle les dons et les privilèges intérieurs de la Mère de Dieu, qui est aussi notre mère et notre modèle.

Méditation

De la vie du cœur

Vivre par le cœur, c'est vivre doublement. Sans doute, toute vie part du cœur, mais de même que le cœur bat plus vite et plus fort dans les heures d'angoisse et d'amour, ainsi en est-il dans la vie de l'âme.

Ce que nous appelons la vie du cœur est la vie affective, la montée du calvaire, la recherche de la perfection. Aime et fais ce que tu veux, dit S. Augustin. C'est la philosophie de l'amour et de la vie intérieure.

Le cœur de Marie, plus qu'aucun cœur humain, connut les tendresses de l'amour et les angoisses de la douleur. Cœur de mère et de femme, cœur de vierge et de martyre, façonné dans une chair immaculée et transformé par le contact du cœur même d'un Dieu, alors que le cœur de Jésus et le cœur de Marie échangeaient le même sang et vivaient de la même vie. Plaçons le nôtre auprès du sien.

PRATIQUE -- Chercher toujours à faire quelque chose" par amour du prochain.

PENSÉE -- Cœur de Marie, sanctuaire de la douleur et de l'amour: Amori et dolori sacrum.





CHAPITRE XXII

DES OEUVRES ET DES EXEMPLES DE MARIE

SOMMAIRE. – l. Contempler les vertus et les œuvres. -- II. Les reproduire dans la vie et l'action. -- III. Prière pour exalter les grandeurs de Marie.

l. Mon cœur est plus doux que la ruche de miel et mon héritage plus doux que son rayon.

C'est en toute vérité, que ces belles paroles, paroles de la Sagesse éternelle, sont dites

de Marie, la mère de Jésus, notre Sauveur.

Jésus est doux pour nous: Marie, toute douceur: il n'est en eux ni amertume ni tristesse, mais bien compassion, douceur et charité, enfin, miséricorde inlassable à jamais.

Heureux qui s'attache aux exemples de Jésus !

Heureux qui se confie à l'amour de Marie ! Il trouvera toujours aide et soutien près d'eux.

2. Recueillez donc en un faisceau de souvenirs les actions et les paroles de Jésus sur la terre.

Ce qu'il a fait, ce qu'il a dit: vous trouverez en elles, plus que tous les trésors du monde. Méditez, pareillement avec attention, méditez et les paroles et les actes de Marie:

Elles seront pour vous, une aide et un soutien, plus doux au cœur que baumes et parfums.

II

3. De même que le corps a besoin, pour vivre, de nourriture, et pour embaumer, de senteurs, il faut à l'âme aussi, pour demeurer vivante, des vertus, et pour rester forte, des méditations.

Plus l'âme s'adonne aux choses élevées, plus elle se confie à des maîtres excellents, Mieux elle acquiert la science éclatante des saints, et plus vite elle arrive aux joies des bienheureux.

4. Maîtres sublimes et modèles de sainteté, sont pour nous en tous lieux Jésus et Marie; ayez-les donc toujours, selon votre pouvoir, devant les yeux, et puis, toujours les regardez.

Unissez-vous à eux; entrez dans leur intime.

Partout où l'on vous parlera des mystères de Jésus, notre Sauveur, et de Marie, sa mère, allez écouter avec soin et pensez souvent à ce que les noms de Jésus et de Marie renferment pour vous de force et de douceur.

Prière

Sainte Marie, mère de Dieu, toujours vierge, mère enrichie, ici-bas, de tant de faveurs, que l'esprit de l'homme, en leur immensité, ne peut, ni les comprendre ni les raconter, me voici devant vous, moi votre serviteur humblement incliné au pied de votre trône, avec toute l'ardeur d'un cœur qui sait aimer.

Vous êtes élevée au-dessus des archanges, sainte mère de Dieu, et vous le méritez,

car vous avez été la plus humble des femmes. Vous avez trouvé grâce aux yeux mêmes de Dieu, ô vierge toute belle et mère incomparable. Il n'est point ici-bas, ni là-haut dans le ciel,

de créature digne de vous être comparée.

Aussi, de nouveau, je fléchis le genou humblement, devant l'escabeau de vos pieds, ô Marie, afin de mieux pouvoir redire vos louanges avec des lèvres saintes et un cœur sans péché.

(La Vallée des lys, chap. X.)

Homélie

De l'action et de la dévotion

I. -- Agir, en latin, est le contraire de pâtir. L'action suppose l'exercice de la volonté: l'inaction, au contraire, est toujours une passion ou un effacement. Autant l'action suppose l'énergie, autant l'inaction rappelle la déchéance. Les belles actions font les belles vies. Ainsi, Marie s'élève au-dessus des autres femmes par l'élan de ses œuvres et la force de son action. C'est un modèle à reproduire.

II. -- L'effort tenté pour imiter, même de loin, ce modèle, est déjà un acte méritoire. L'effort suivi constitue une vertu et la vertu élève, embellit et transforme. Le fruit de cette pratique s'appelle la dévotion: la vraie dévotion est, en effet, active et non passive. Se dévouer veut dire se donner.

III. -- Dans une prière enflammée de lyrisme, l'auteur demande à Marie, de lui apprendre à agir et à se dévouer, comme elle agit et comme elle se dévoua elle-même.

Méditation

De l'effort personnel

L'effort est un acte qui coûte et qui suppose du courage et de l'énergie, courage moral, courage civil, courage militaire, tout se tient. L'effort exige la maîtrise de soi, le caractère assuré et la volonté ferme. Le découragement est l'opposé de l'effort personnel. A l'exemple de Marie, il faut savoir se dresser contre les difficultés et rester debout malgré les épreuves. Stabat: La Vierge Marie se tenait debout au pied de la croix, dit l'Évangéliste, S. Jean, qui l'y accompagnait.

C'est l'attitude qui convient à l'imitateur de Marie, qui veut suivre Jésus, jusque sur le Calvaire et non pas seulement jusqu'à la fraction du pain.

PRATIQUE. -- Ne jamais changer de résolution, quand une fois on a décidé une action.

PENSÉE. -- A vous, ô Mère, nous offrons et nos forces et nos faiblesses.





CHAPITRE XXIII

COMMENT IL FAUT PRIER ET MÉDITER A L'EXEMPLE

DE MARIE

SOMMAIRE -- I. Prier avec intention droite. --II. Méditer avec élan d'amour. -- III. Prière pour demander garde et protection à Marie.

I

1. Avant que d'entreprendre une œuvre de avant de commencer un travail ordinaire, levez toujours les yeux au ciel, en premier lieu, puis invoquez ensuite et Jésus et Marie, enfin, vous confiez à leur protection divine.

Offrez à Dieu, d'abord, et vous et vos actions: vos œuvres deviendront, alors, méritoires; elles seront, à la fois, agréables à Dieu, utiles au prochain et profitables à vous-même.

2. Que votre intention soit toujours droite, et votre volonté dirigée vers le bien.

Travaillez en silence et parlez rarement, mais que votre prière aille à Dieu, sans cesser,

tous les jours, par le nom trois fois saint de Jésus

Commencez, ici-bas, à chanter, à aimer, à louer et par l'intercession de sa mère Marie. et Jésus et Marie, afin de mériter, là-haut, de régner avec eux dans le ciel, en redisant sans cesse et leur gloire et leur nom.

II

3. Louer Jésus, c'est avoir la douceur et le charme dans l'âme: louer Marie, c'est avoir la beauté.

Quand votre âme sera dans la joie, chantez: quand. elle sera dans la tristesse, priez.

Plus vous vous exercerez à la louange, plus vous sentirez grandir en vous l'amour, et plus vous verrez s'accroître la dévotion.

4. N'oubliez pas: vous ne serez pas oublié: soyez attentionné, vigilant sur vous-même, vous trouverez, aussi, le zèle et l'attention.

Il faut avoir saigné sous les coups de l'épreuve, il faut avoir senti peser l'adversité, pour bien goûter la joie de l'union à Dieu et mieux apprécier encore sa grâce.

5. Heureux celui qui sait écouter les avis de Jésus et de Marie, pour son amendement.

Il trouvera la joie s'il a connu les larmes, car la pitié, dans le cœur divin de Jésus, surpasse en excès, l'horreur de nos péchés, et le cœur de Marie est un trésor sans fin de miséricorde et de compassion pour nous.

Prière

6. O Marie, recevez, au retour de son exil, ma pauvre âme égarée ès périls de ce monde, et guidez-la vous-même à la porte du ciel, afin de l'introduire aux joies du paradis.

Placez-moi près de vous et dites à Jésus la parole douce et suave, la parole du pardon.

Vous qui avez reçu de la bouche de l'ange le consolant ave de la salutation, accordez-moi de le pouvoir souvent redire en l'honneur de votre nom plein de douceur.

Recevez, ô Marie, ma reine et ma mère, la prière enflammée, de votre serviteur et jetez sur lui, du haut de votre trône, des regards de tendresse et de miséricorde.

(Le Jardin des roses, chap. VII.)

Homélie

De la prière du cœur

I. -- La prière est une science, mais aussi une vertu. L'esprit agit dans la prière, comme le cœur vibre. Sans ces deux éléments la prière est une formule vaine, tandis qu'elle doit constituer un acte humain. Rien n'est plus beau que l'attitude de l'homme qui prie: rien n'est plus touchant que la vue d'une femme en prière. Voyez les Orantes des Catacombes.

II. -- Le modèle, ici encore, dans la prière, comme l'exemplaire de toute vie chrétienne, pour nous, c'est Marie. L'Orante est d'ailleurs l'image même, parfois le portrait de la Mère de Dieu. Elle prie, les bras étendus, comme pour s'élever sur des ailes déployées.

III. -- Notre prière est-elle ainsi ? N'est-ce pas, trop souvent, le corps seul qui prie chez nous ? Demandons à Marie la science de l'oraison et la grâce de sa protection.

Méditation

De la méditation

Méditer est un mot mystérieux qui, dans la langue de l'Église, veut dire, réfléchir et examiner avec une aspiration d'amour. Méditer n'est pas seulement penser, mais s'élever vers Dieu.

Marie, nous dit l'Évangile, conservait les paroles de l'Écriture dans son cœur. Voilà le vrai modèle de la méditation: c'est par le cœur autant que par l'intelligence qu'on médite, dans la vie mystique.

La méditation peut être brève, pourvu qu'elle soit effective: elle doit être effective, dans les résolutions qu'elle inspire. C'est dire qu'elle est destinée à préparer l'action et l'effort.

PRATIUE. -- Ne pas passer une seule journée sans faire une brève méditation.

PENSÉE. -- O Marie, apprenez-moi à méditer, à votre exemple !





CHAPITRE XXIV

COMMENT IL FAUT HONORER ET GLORIFIER MARIE

SOMMAIRE: -- I. Par la pensée qui élève l'âme – II. Par l'action qui agrandit le cœur -- III. Prière pour demander la force et le courage.

I

1. Oh! si vous pouviez avancer en progrès dans la louange et dans l'amour de Jésus !

Si vous pouviez, de jour en jour, mieux servir sa divine mère et la mieux honorer ! Mais vous êtes, hélas, faible, tiède et négligent, souvent coupable et chargé de nombreux péchés, indigne même de nommer Jésus et Marie; comment dès lors, pouvoir les louer dignement ?

La louange est mal vue aux lèvres du pécheur. La sainteté ne peut être louée dignement, que par les saints eux-mêmes et non par les pécheurs.

Que faire alors ? Vous taire, ou bien parler ? Malheur à vous, si vous gardez le silence: malheur encore si vous parlez indignement.

2. Comment donc agir pour trouver miséricorde près de Dieu, et ne pas mériter de reproche ?

Rien de mieux pour s'attirer l'amour de Jésus et la compassion de sa divine mère, que de s'humilier soi-même en tout, et toujours, et se mettre partout au dernier rang.

3. Ayez de vous-même une humble opinion et vous considérez comme un rien pour le bien: Dieu vous sera propice et vous pardonnera: Marie priera pour vous et vous consolera.

Bien loin d'être confondu en leur présence, vous recevrez, au contraire, pour vos louanges, une récompense abondante et sans fin.

II

4. Que si vous ne pouvez mieux faire en votre vie, faites du moins, en tout, ce qui dépend de vous: votre intention vous tiendra lieu de pratique, jusqu'à ce que vous puissiez mieux réussir.

Que ceux qui sont fervents et pleins de dévotion, prient avec ferveur et avec dévotion;

Et que ceux qui n'ont que peu de flammes et d'ardeur, offrent du moins, le peu qu'ils ont, à Jésus, par les mains de Marie, la mère de la flamme.

5. Hélas ! nous serions indignes par nous-mêmes, de paraître en présence de la mère de Dieu, et de parler pour prier, dignement, devant elle, si Marie n'appelait, elle-même, les pécheurs, en l'assemblée consolante des saints, selon la parole aimée du prophète royal: "L'humble et pauvre viendront louer votre nom."

Prière

Réconfortez, ô Marie, par vos saintes paroles, mon âme endolorie et mon cœur abattu !

Dites seulement une parole, et de nouveau, je reprendrai courage en vos consolations. Je ne demande point un secours difficile, ou une œuvre impossible,. mais seulement que vous disiez au cœur et à l'âme, cette parole intime d'encouragement, qui seule me peut rendre la joie et l'allégresse.

Je viens à vous comme un fils dans l'abandon: recevez-moi avec un sourire de mère,

ô Marie, afin que votre serviteur repentant connaisse qu'il a trouvé la grâce et le pardon.

Donnez-moi le secours que mon cœur sollicite, et la consolation que mon âme désire: donnez-les-moi sans tarder, ô ma mère!

(Sermons aux Novices, Serm. XXV.)

Homélie

L'honneur et les honneurs

I. -- L'honneur est le sentiment de sa propre grandeur et la haute considération de sa dignité. Les honneurs ne sont que les signes extérieurs de la valeur intérieure.

Après Jésus, nul n'est plus grand que Marie. A elle seule nous offrons un culte d'hyperdulie, au-dessus du culte rendu aux saints.

II. -- Comment pouvons-nous lui témoigner ce culte et cette dévotion ?

L'auteur nous le dit: en agrandissant notre cœur.

Qu'est-ce que agrandir notre cœur ? C'est le remplir de sentiments sublimes et de résolutions héroïques.

III. -- La sainteté n'est qu'un héroïsme soutenu. Par notre propre effort nous ne pouvons arriver à cet état sublime. Aussi demandons-nous à Marie de nous y aider par sa protection.

Méditation

L'humilité et l'humiliation

L'humilité est parfois prise comme un abaissement de soi-même par soi-même. Ce n'est point ainsi qu'il la faut considérer dans la vie spirituelle. L'humilité alors serait une humiliation: ce qui n'est pas une vertu.

On peut être humilié par quelqu'un: on ne saurait pratiquer l'humilité que par soi-même. L'humilité n'est donc que le sentiment de sa propre infériorité, vis-à-vis de Dieu. Marie se proclame une humble servante du Seigneur, tout en étant la mère du Sauveur, la reine du ciel et de la terre.

Soyons humbles comme elle, tout en reconnaissant noire dignité de chrétiens.

PRATIQUE -- S'habituer à ne jamais se froisser du manque d'égards vis-à-vis de nous-mêmes.

PENSÉE -- Le Seigneur exalte les humbles, dit Marie, dans le cantique du Magnificat.





CHAPITRE XXV

COMMENT IL FAUT ALLER A JÉSUS PAR MARIE

SOMMAIRE: -- I. Par la communion spirituelle. --II. Par la communion sacramentelle. -- III. Prière pour demander la dévotion et le recueillement.

I

1. Heureux celui qui, chaque jour, vient, avec soin, offrir à Jésus et à Marie ses hommages, ses chants et ses louanges, son cœur et son amour:

Heureux celui qui les invoque et les prie.

Oh ! quelle douceur dans le nom de Jésus, quelle douceur aussi dans le nom de Marie Heureux le pèlerin qui, au temps de l'exil, se souvient constamment de la patrie d'en haut, où Jésus et Marie, entourés de chœurs d'anges, l'attendent pour jouir, pendant l'éternité !

2. Heureux le voyageur qui ne recherche point une demeure ici, mais qui toujours aspire à régner et à vivre avec le Christ au ciel !

Heureux le pauvre et l'indigent, qui, chaque jour, vient demander son pain à la table du Maître, et qui ne cesse point d'insister, en priant, jusqu'à ce qu'il en ait reçu quelques miettes !

Heureux, qui appelé au festin de l'agneau, s'approche tous les jours du banquet de l'autel, en attendant la cène éternelle du ciel !

II

3. Toutes les fois que le fidèle communie, ou que le prêtre offre le saint sacrifice, toutes les fois ils reçoivent, en union avec Jésus et avec Marie, le pain de l'âme.

Celui qui communie devient par là même, l'apôtre de Jésus, le page de Marie, le compagnon des saints, le frère des apôtres, le familier de Dieu et le parent des saints, enfin, l'héritier même du bonheur du ciel.

4. Fuyez le tumulte, évitez l'évagation de l'âme, gardez avec soin, et votre cœur et vos sens, si vous voulez plaire à Jésus et à Marie:

Vous recevrez alors tous les secours d'en haut, et toutes fois que vous appellerez à l'aide, au milieu des périls, au plus fort des dangers, vous serez entendu par le Maître lui-même.

5. C'est ainsi, qu'autrefois, au soir d'une tempête, les apôtres, effrayés, appelèrent Jésus et qu'aussitôt, Jésus arrivant auprès d'eux, leur dit: Pourquoi tremblez-vous ? ayez la foi: c'est moi-même qui suis là: ne craignez point.

6. La voix de Jésus a la douceur qui console, la force qui soutient, la joie qui rassérène, la grâce qui absout, la bonté qui pardonne.

La voix de Marie, elle aussi, réunit et ajoute à la douceur du miel la force du rayon.

Prière

Oh ! qu'il me serait doux, agréable et suave d'entendre votre voix, ô Marie, ma mère

Et quelle voix ? La voix caressante et divine entendue par Jean, le disciple bien-aimé,

cette voix qui disait: mon fils, voici ta mère. L'apôtre l'entendit des lèvres de Jésus:

moi, je la veux ouïr de votre bouche elle-même. O Marie! Dites donc à votre serviteur:

"Mon fils, voici la mère: la voici près de toi."

A cette voix, mon âme avivée d'allégresse, retrouvera la force et la consolation,

comme les trouve un fils en retrouvant sa mère.

Oui, qu'elle vienne à mes oreilles, qu'elle vienne à mon cœur, votre voix entre toutes suave, ô Marie ! Vos paroles fécondes de mère feront descendre en moi les dons de l'Esprit-Saint.

(Enchiridion monastique, chap. V.)

Homélie

De la communion spirituelle

I. -- La communion spirituelle consiste dans le désir ardent de recevoir la communion sacramentelle. Marie, ici plus que tous les autres saints, peut nous servir de

modèle et d'exemplaire.

Avant même qu'elle reçut dans son sein l'Enfant Divin, Marie aspirait à communier en pensée, avec Dieu. Par son amour, elle attira Dieu en elle, dit S. Bernard.

II. Ainsi doit être, pour tout chrétien, la communion spirituelle. Dans la communion, c'est le communiant qui est transformé en ce qu'il reçoit, et non point le contraire, comme dans la manducation matérielle. Quand je communie, disait Rodin, j'absorbe une force qui me transforme.

III. -- Pour arriver à cette transformation, il faut à l'âme le recueillement et la dévotion, c'est-à-dire: l'oblation entière de tout l'être à Dieu.

C'est par Marie que cette offrande est le plus agréable à Dieu. Allons donc à Jésus par Marie.

Méditation

De la dévotion

La dévotion, c'est l'offrande faite à Dieu, de ce qu'il y a de meilleur dans la créature. Aussi la dévotion ne peut-elle exister sans l'oblation totale du cœur et de la volonté.

La dévotion est un acte mystérieux et sublime. C'est un don et une offrande: aussi est-il l'apanage de la femme et de la vierge, plus encore que de l'homme d'action. C'est quelque chose de doux et d'extatique.

Mais c'est une extase à laquelle toute âme peut atteindre, par l'effort sur soi-même. Il faut donner et se donner pour bien se dévouer: et se dévouer c'est vraiment avoir la dévotion.

Imitons Marie, ici encore et souvenons-nous que Marie agit par les vertus et non par les paroles dans sa vie.

PRATIQUE -- Se recueillir un moment tous les soirs, avant de s'endormir.

PENSÉE -- O Marie, offrez-nous à Jésus, sur vos bras, comme une mère vous offre son enfant.



CHAPITRE XXVI

DE L'INTERCESSION MATERNELLE DE MARIE

SOMMAIRE: -- I. Raisons de la demander. -- II. Conditions Pour la mériter. -- III. Prière pour glorifier Marie.

I

l. C'est une pratique salutaire entre toutes, que l'habitude d'évoquer la mémoire de la sainte et glorieuse Vierge Marie, et de se confier à elle dans les dangers, comme un enfant malheureux se confie à sa mère,

Le nom de Marie invoqué fréquemment apporte à l'âme assurance et confort; et Marie, à son tour, est toujours prête à dire à son Fils, la parole de grâce, en faveur de qui souffre et qui porte le poids des douleurs.

2. Si Marie, en effet, n'intercédait au ciel, pour le monde, comment le monde lui-même pourrait-il subsister au milieu des péchés, dans la fange des vices où il veut demeurer ?

3. Si c'est, pour tous les fidèles, un devoir que d'invoquer Marie, c'est une obligation pour les religieux et les âmes pieuses; elles font, en effet, profession de vertu et aspirent à la perfection du ciel, en s'éloignant du monde et des choses du monde.

4- Mais d'abord, que faut-il demander à Marie ?

En premier lieu, le pardon des péchés commis; ensuite, le don de la vertu de continence; enfin, la grâce de pratiquer l'humilité, car c'est l'humilité qui seule plaît à Dieu.

Il vous faut encore rechercher la pauvreté et ne vous point glorifier des dons reçus, si vous ne voulez pas perdre votre avoir même.

II

5. Gémissez d'être encore loin de ces qualités qui seules peuvent mériter le nom de vertus, l'humilité sincère, la pauvreté complète, l'obéissance entière, la charité parfaite. Toutes ces qualités, dans leur perfection, se trouvent à la fois réunies en Marie.

Prosternez-vous donc à ses pieds comme un pauvre et comme un mendiant et venez demander une parcelle au moins, de ces belles vertus, qui seules peuvent mener à la perfection à laquelle on ne peut atteindre sans elles.

6. Tout ce que vous désirez obtenir de Dieu, demandez-le par Marie, car son pouvoir s'étend et sur la terre et sur le purgatoire.

Sa gloire est élevée et sa grâce est puissante, au-dessus des archanges, des anges et des saints, auprès du Dieu qui fait sa grandeur et sa gloire.

Mais ce pouvoir, ces gloires et ces faveurs, elle les a pour nous les distribuer, à nous qui vivons ici-bas et qui venons les demander.

7. Confiez-vous donc comme un fils, avec amour, à la tendresse et à l'affection de cette mère dont les prières sont reçues auprès de Dieu.

Mais ne demandez que ce qui peut agréer à Son Fils et être utile à votre salut: elle connaît mieux que vous-même vos besoins.

8. Demander pardon de ses péchés, rester humble, est ce qui plaît le plus à Dieu et à Marie: c'est, en effet, de sa seule humilité que Marie s'est glorifiée devant Dieu, tandis qu'elle a toujours gardé le silence sur les autres vertus et sur les autres grâces:

L'humilité partout, l'humilité en tout.

Prière

Venez donc, ô mon âme, venez embrasser celle que vous aimez ! Couvrez de vos baisers Marie: votre mère et la mère de Dieu.

Baisez aussi son fils Jésus, le plus beau des enfants parmi tous les enfants des hommes.

Vous êtes, ô Marie, accoutumée d'entendre la prière des pauvres et des orphelins, et vous ne renvoyez jamais inconsolés ceux qui persévèrent à venir vous prier.

Vous êtes, ô Marie, vierge mère d'un Dieu, vous êtes l'arbre mystérieux et vivant, engendré par la souche éternelle des rois, l'arbre qui a produit la fleur mystérieuse annoncée pour le salut du monde entier, Jésus, notre Sauveur et le sauveur de tous, à qui soit honneur et gloire en l'éternité.


(De la discipline claustrale, chap. XIV.)


Homélie

De la protection de Marie et des objets de piété

I. – L'intercession maternelle de Marie porte un nom plus familier au cœur, c'est celui de protection. Protéger, c'est intercéder et aussi, intervenir et diriger. C'est bien là le rôle de Marie vis-à-vis des fidèles.

Mais encore faut-il demander cette protection. Or, souvent, nous avons des velléités plutôt que des vouloirs énergiques, dans la vie spirituelle. Vouloir suppose un effort et l'effort n'appartient qu'au courage.

II. -- Pour recevoir cette protection de Marie, il faut aussi la mériter: la demande et l'effort sont déjà un motif à l'obtenir, vouloir avoir confiance, agir, renouveler ses résolutions, multiplier ses actes de volonté, voilà les moyens d'obtenir cette protection.

III. -- Il y a loin de là à la confiance aveugle et légèrement superstitieuse, qu'on attache parfois aux objets de piété eux-mêmes. Ceux-ci ne sont que des signes et non des générateurs de piété. La dévotion doit être éclairée, active et s'élevant au-dessus des visées de la terre.

Méditation

De la confiance et de la superstition

La confiance est une vertu qui suppose la foi et la raison: le mot l'indique d'ailleurs lui-même. On se fie ou on se confie à quelqu'un qu'on croit être supérieur à soi-même et c'est la raison qui guide.

La raison est d'ailleurs attirée par la grâce dans la confiance chrétienne. Dans la superstition, au contraire, on se confie à des forces aveugles, imaginaires et inexistantes. La raison s'égare et l'âme s'aveugle. La volonté devient inactive et le caractère ou l'énergie s'effritent peu à peu.

La superstition a des degrés. Il faut éviter même les apparences qui se présentent souvent sous l'aspect de vaines observances. La dévotion envers Marie est parfois mal comprise en ce sens. Ce n'est plus de la dévotion, c'est de la fadaison.

Se confier, se dévouer, s'élever, se perfectionner, voilà la dévotion qui plaît à notre mère.

PRATIQUE. -- S'examiner, tous les soirs, pour savoir quel effort personnel on a fait dans |a journée.

PENSÉE -- Qui se confie à Marie sera sauvé, dit S. Ephrem.





CHAPITRE XXVII

DE LA FRÉQUENTE INVOCATION DE MARIE

SOMMAIRE. -- I. Avantages de cette prière. -- II. Fruits de cette pratique. -- II. Prière pour magnifier Marie.

I

1. Pareille à la myrrhe odorante, je donne et j'ai donné la suavité des parfums. Recueillez, ô mon fils, recueillez avec soin les exemples et les actions de Marie: Elle est cette myrrhe odorante et choisie qui produit un parfum et un fruit, Jésus.

Elle est celle qui porte à la terre et aux hommes l'abondance des douces consolations.

2. Gardez au fond du cœur le nom de Marie, et vous serez, pareillement, consolé.

Être aimé de Marie, c'est avoir un trésor: L'amour de Marie éteint le feu des passions

et porte à l'âme la fraîcheur des vertus.

L'amour de Marie apprend à mépriser le monde et à servir Dieu dans l'humilité. L'amour de Marie éloigne toujours du mal et toujours ramène à pratiquer le bien.

II

3. Aimez donc d'un spécial amour, Marie, et vous recevrez d'elle, des grâces spéciales. Invoquez Marie, vous aurez la victoire:

Honorez Marie, vous aurez le bonheur.

Deux grâces particulières sont le fruit de la dévotion à la Vierge Marie:

La première, c'est de savoir louer Dieu dans la prospérité; la deuxième, de pouvoir garder la patience dans l'adversité.

4. C'est ainsi que Marie glorifia toujours le Seigneur, pour les bienfaits reçus de sa main, avec abondance ici-bas.

C'est ainsi qu'elle se montra, dans les épreuves, toujours douce et toujours prête à choisir l'abaissement, plutôt que l'exaltation.

Prière

5. O vierge très sainte, ô glorieuse Marie, ô mère, vous êtes la porte du paradis, la source de la vie, le temple du Seigneur, le sanctuaire aimé de l'Esprit-Saint.

Tout ce que je puis voir de grâce et de beauté dans les créatures humaines d'ici-bas: tout ce que je trouve de sublime et de grand dans les saints unis à Dieu dans le ciel, tout cela je le peux appliquer sans erreur, à votre excellence et à votre dignité. Il est bien juste et convenable, en effet, que je m'applique et moi-même, et avec moi toutes les créatures, à louer sans cesser celle que j'ai choisie pour avocate et pour mère, non seulement ici-bas, mais là-haut dans le ciel au-delà de la vie, afin de mériter par elle la gloire éternelle. La gloire de Jésus, son fils trois fois saint.

(Sermons aux Novices, Serm. XXV.)

Homélie

De la prière vocale et des invocations

I. -- Chaque pensée est une chose réelle, une force. Cette force agit sur le corps lui-même. Soyez, par la pensée, fort et agile: votre corps ne sera jamais faible.

Ce pouvoir latent qui est en nous, s'avive par la prière et s'exalte en sa puissance. quand cette prière intérieure est traduite par la parole, elle acquiert une double puissance. Voilà la vertu de l'oraison vocale.

II. -- Mais ce doit être une oraison et non pas une récitation. La vraie prière vocale est celle qui est dictée par le cœur et par l'inspiration. Cependant, comme chacun n'est pas un poète ni un orateur, nous avons recours aux prières de la Liturgie et de l'Église, inspirées par les Saints.

III. -- Voilà les vraies prières et les véritables invocations, agréables à Dieu.

L'Office de la Vierge est, avec le Rosaire la grande prière vocale et la grande invocation que toute âme dévote devrait répéter souvent. Aimons les prières liturgiques.

Méditation

Des oraisons jaculatoires

Les oraisons jaculatoires sont des aspirations brèves, qu'on lance comme des flèches vers le ciel, dit S. François de Sales. Ce sont des élans et ce sont des éclairs. Elles emportent l'âme en haut, et elles entraînent les autres.

Or, apporter aux autres un espoir, un réconfort, constitue un acte de vertu héroïque, une œuvre de miséricorde qui nous rapproche de Dieu. Décourager au contraire ou récriminer, c'est travailler contre soi-même et se percer soi-même des flèches destinées à être lancées vers le ciel.

Les invocations à Marie, les Litanies de la Vierge sont les vraies oraisons jaculatoires que nous devrions avoir constamment sur les lèvres.


Souvenons-nous-en quand nous nous sentons déprimés ou seulement tentés.

PRATIQUE. -- S'habituer à dire, avec cœur, plusieurs fois par jour : Ave Maria !

PENSÉE. -- Nous crions vers vous, ô Marie ! Ad te clamamus, o Maria.





CHAPITRE XXVIII

DE LA MÉDIATION DE MARIE AUPRÈS DE DIEU

SOMMAIRE: -- I. Appel de Marie s'offrant en médiatrice. -- II. Réponse du fidèle se trouvant indigne. -- III. Confirmation de l'avocate et de la mère.

I

LE DISCIPLE

1. La grâce est répandue sur vos lèvres, ô Marie oh ! oui, ma souveraine et ma mère, parlez, parlez à mon âme, vous qui êtes si douce et si compatissante aux pauvres pécheurs.

MARIE

2. Oui, mon fils, je suis la mère de miséricorde au cœur toujours rempli de compassion: je suis l'échelle mystérieuse des pécheurs, je suis l'espérance et le pardon des coupables, je suis la consolation des âmes affligées, je suis la joie et la fruition des bienheureux. Venez à moi, vous tous qui m'aimez, venez et vous serez remplis de mes consolations.

Venez, car j'ai pitié de tous ceux qui me prient: venez à moi ! venez tous, justes et pécheurs, venez, je prierai pour vous, Dieu le Père, je prierai aussi le Fils éternel, mon fils, afin qu'il vous pardonne à tous par l'Esprit Saint.

3. Je vous appelle tous et je vous attends tous: je désire vous voir tous, tous venir à moi; je ne méprise aucun pécheur: bien loin de là, je me réjouis avec les anges dans le ciel, sur celui qui se convertit et qui revient.

Ainsi porte des fruits, le sang de mon doux fils, offert à Dieu pour le salut du monde entier.

4. Venez donc à moi, venez, enfants des hommes, mon cœur de mère vous défend auprès de Dieu. Je porterai sur moi sa colère irritée, s'il le faut, et je l'apaiserai jusqu'à vous pardonner. Changez de voie et convertissez-vous à Dieu !

Vous avez offensé son amour et sa grâce, mais demandez pardon et je vous obtiendrai l'indulgence et la paix.

Voici que j'ai été, par Dieu même établie médiatrice pour vous, entre le riel et vous, entre le monde et Dieu.

II

LE DISCIPLE

5. O parole remplie de grâce et de douceur ! ô parole suave entendue du ciel même, parole qui conforte, parole qui console, verbe qui réjouit le pécheur et le juste, voix d'une mère, voix qui résonne au cœur comme une douce harmonie dans le ciel !

6. Et d'où me vient à moi aujourd'hui cet honneur, que la mère de mon Sauveur daigne, elle-même descendre me parler ? Oui, vous êtes bénie, ô ma mère, et votre voix est bénédiction.

Vous avez dans la voix, et le lait et le miel; le parfum de vos paroles surpasse lui-même

en suavité, tous les parfums de l'univers.

Mon âme se pâme au son de votre voix, ô Marie, et dès que vibre à mon oreille votre parler suave, mon cœur tressaille et mon être, tout entier, exulte dans la joie,

Car vous m'apportez, ô mère, l'allégresse.

7. J'étais triste, et votre voix me rassérène, voix si douce qu'elle semble venir du ciel.

J'étais triste, accablé, dans la désolation, et vous me relevez et vous me confortez. Vous tendez vers moi vos mains, vous me touchez, et je me sens guéri de mon infirmité. Je pouvais à peine parler, et maintenant je me sens porté dans la magnificence, à redire et à proclamer vos louanges.

La vie m'était à charge, et la mort elle-même ne me fait plus peur aujourd'hui, car je sais que vous êtes mon avocate auprès de Dieu.

8. Oui, je confie et moi-même et ma cause à votre tendresse, ô mère, maintenant, à l'avenir, demain, et à tous les instants.

Du jour où vous avez parlé à l'orphelin, j'ai été transformé en un homme nouveau,

et j'ai senti dans mon âme une force nouvelle.

J'étais comme affaissé, sans espoir et sans vie: à votre appel, ô ma mère, j'ai senti en moi, qu'une force nouvelle, une nouvelle joie venaient me relever et me mettre debout.

III

MARIE

9. Qu'y a-t-il, mon enfant ? où sont vos ennemis ?

Allez, ne craignez rien: je veillerai sur vous: je vous en donne l'assurance par mon fils, Jésus, votre frère, qui se fait lui-même votre pontife, votre victime et votre intercesseur.

Confiez-vous à lui et soyez sans frayeur, car, s'il est assis à la droite du Père, comme juge, il est en même temps, au ciel, le maître de la mort et l'auteur de la vie.

10. De toute éternité engendré par le Père, il s'est incarné, dans le temps, en mon sein,

pour venir apporter la Rédemption au monde.

Il est donc seul la source de toute espérance, la cause de toute douce consolation,

le fondement de toute grande victoire.

Que Jésus et Marie soient donc toujours, ô mon fils, vivants dans notre souvenir et vous ne craindrez point les traits de l'ennemi.

(Soliloque de l'âme, chap. XXIV.)

Homélie

Du rôle de Marie dans l'Église

I. -- On répète souvent que Marie est la médiatrice entre Dieu et les hommes, sans bien se rendre compte de ce rôle de médiation. La médiation de Marie n'est qu'une intervention, tandis que celle de Jésus est une immolation. Marie est une avocate qui intercède: Jésus est un médiateur qui paye.

II. -- Mais l'intervention de Marie, même comme avocate, est une force: force pour nous, parce qu'elle excelle à nous élever. Notre âme, ainsi confiante, agit sur notre propre corps et l'exalte. L'habitude de l'effort maintient la vigueur de la foi et la force de l'amour.

III. -- Le rôle de Marie dans l'Église est encore un rôle d'inspiratrice de beauté, de génératrice de charme et de créatrice de poésie. Ces mots disent plus dans la vie spirituelle qu'ils ne signifient dans la vie réelle. Les religions dans lesquelles le culte de la Vierge ne fleurit point, sont des religions froides et dépourvues de grâce. Aussi Marie est-elle appelée par l'Église: Causa nostrce laetitiae: la cause de notre joie.

Méditation

La miséricorde de Marie

I. -- Misericordiarum Mater: la mère des miséricordes, tel est le titre que donne à Marie la Liturgie. On entend ici, par miséricorde, la compassion maternelle ou la maternelle intervention de Marie, en faveur des hommes.

La miséricorde vraie n'appartient qu'à Dieu seul. Seul il a le droit de grâce et de pardon: mais il aime à l'exercer par sa mère. Le don revêt ainsi plus de douceur et de charme.

Marie a reçu, elle-même, de Dieu toutes les miséricordes, c'est-à-dire toutes les grâces qu'une créature peut recevoir: grâces du corps, grâces du cœur, grâces de l'esprit.

O Marie, soyez pour nous la mère tendre, la mère douce, la mère toute miséricordieuse!

PRATIQUE. -- Avoir compassion de tous les malheureux et leur faire souvent l'aumône.

PENSÉE. -- Mère de miséricorde, priez pour nous ! Mater misericordiae, ora pro nobis.





CHAPITRE XXIX

DE LA DIVINE INTERVENTION DE MARIE

SOMMAIRE: -- I. Appel du fidèle à Marie pour lui demander son aide. -- II. Réponse de Marie offrant son secours par Jésus. – III. Remerciements et louanges du fidèle.

I - LE DISCIPLE

1. Heureux moment quand vous daignez, ô Marie, visiter ma pauvre âme attristée !

Ne me la faites pas attendre trop longtemps cette visite, ô mère, afin que je puisse

entendre vos paroles de consolation.

Vos paroles m'élèvent et m'enflamment: elles réchauffent le cœur et éclairent l'esprit. Heureuse mère, ô Marie, qui pouvez seule, en tout temps, nous donner à tous vos enfants, le lait de la consolation, comme vous donniez jadis le lait de votre cœur à Jésus, votre fils.

Vous ne refusez point l'aide compatissante à celui qui vous prie: bien plus vous accordez votre secours à ceux qui vous offensent.

2. 0 mère de tendresse et mère de suavité, mère de miséricorde et mère de charité ! vierge incomparable et digne d'être aimée, mère qui seule avez mérité d'avoir ici-bas, pour fils, le Fils même de Dieu né de vous !

Vous êtes à la fois une mère pour tous et une mère pour chacun de nous, et vous donnez, à tous et à chacun, sa part de votre cœur et sa portion de votre amour.

3. 0 vierge bénie entre toutes les vierges, mère des hommes et souveraine des anges, venez, arrachez-moi au poids de mes péchés, et m'entraînez loin de la terre, auprès de vous

Répandez dans mon âme attendrie, votre grâce, pareille à la rosée du ciel qui vivifie,

afin que, dès ici-bas, je puisse ressentir que vous êtes la mère de la miséricorde.

II. MARIE

4. Je suis, ô mon fils, la mère du bel amour, des douces craintes et des tendres paroles, je suis la mère des vraies consolations.

Exulte dans ton cœur, en entendant mon nom, incline-moi la tête et m'envoie un salut:

tu honores le fils en honorant la mère. Je suis, ô mon enfant, la mère de Jésus, et ce titre est ma gloire pour l'éternité.

5. Songe à ce qu'est Jésus -- Il est le fils de Dieu, le sauveur de tous, le roi du ciel et de la terre,

Il est l'espérance des justes et la paix des doux: il est la force des faibles et la voie des errants:

Il est le soutien de ceux que le malheur opprime: il est le secours de ceux qui souffrent tribulation: il est le refuge de tous ceux qui ont le cœur bon.

6. Bénis donc, mon enfant, et le Fils et la mère, bénis, et tu seras en retour béni par le Père.

Rends honneur et rends gloire à Jésus toujours, toutes les fois que tu m'honoreras moi-même.

Sa gloire est ma joie et son honneur ma louange. Place-moi comme un sceau sur ton cœur comme un sceau pareillement sur ton bras.

Dans tous tes travaux et dans tous tes loisirs, au milieu de tes joies et au fort des tristesses que le nom de Jésus et le nom de Marie soient souvent sur tes lèvres et toujours dans ton cœur.

III. LE DISCIPLE

7. Que tous les peuples et toutes les langues, que toutes les tribus vous servent, ô Marie ! que toutes les créatures s'inclinent devant vous ! que le ciel vous dise: réjouissez, ô Marie, pendant l'éternité: et que la terre réponde: réjouissez-vous pendant l'éternité et au delà.

Que tous les saints proclament votre nom, ô mère, votre sublime nom et que tous les bienheureux exultent devant vous et devant votre fils, notre Seigneur et notre maître éternel.

(Soliloque de l'âme, chap. XXV.)

Homélie

De la puissance et des pouvoirs de Marie

I. -- La puissance et le pouvoir sont des prérogatives de la souveraineté. Mais ces prérogatives peuvent n'être jamais exercées. Il est des souverains au cœur dur et à l'âme distraite.

Marie est une souveraine, mais aussi une mère. S'il est si doux et si beau de voir dans l'Histoire, des reines unissant au prestige de la royauté le privilège de la beauté et le charme de la tendresse, que pouvons-nous imaginer de Marie ?

II. -- La puissance lui appartient, comme Corédemptrice du genre humain, ainsi que le proclame la Liturgie: exaudietur pro sua reverentia. L'exercice de cette puissance lui est facilité par sa tendresse à l'égard de ceux qui sont ses enfants, adoptés en la personne de S. Jean au Calvaire.

III. -- Les Pouvoirs de Marie s'étendent aux faveurs spirituelles, mais rejaillissent parfois jusqu'aux grâces corporelles. Les unes et les autres ne sont accordées qu'aux cœurs purs et aux âmes disposées aux ascensions actives vers le ciel. L'Assomption de Marie doit être le modèle de notre ascension vers Dieu.

Méditation

De l'intercession de Marie

Intercéder, c'est intervenir avec supplication en faveur de quelqu'un, mais aussi avec l'espérance d'un droit. Marie, à titre de reine du ciel et de mère des hommes, intervient en notre faveur, quand nous lui demandons son intercession.

Dans le bel Office Liturgique de la Vierge, inspiré de l'Écriture, nous disons à chaque Psaume: O Maria, intercede pro nobis, ad Dominum Deum nostrum. O Marie, intercédez pour nous, auprès de celui qui est votre Seigneur et votre Fils, mais qui est notre Dieu.

Nous parlons à Dieu comme à un Souverain et à un Juge; mais vous, vous lui parlez comme à un Fils et à un Protecteur. Aussi avons-nous recours à votre intercession, ô Marie, ô notre mère !

PRATIQUE, -- Une sainte et salutaire coutume consiste à porter le chapelet ou une médaille de Marie.

PENSÉE -- Allons à Jésus par Marie ! Ad Jesum per Maiam.





CHAPITRE XXX

DE L'ÉTERNELLE ROYAUTÉ DE MARIE

SOMMAIRE: – I. Gloires de Marie au ciel. -- II. Privilèges de Marie sur la terre. -- III. Exhortation à l'amour de Marie. -- IV. Prière pour demander à Marie d'être placé près d'elle dans le ciel.

I

1. Sur sa tête, pareille à celle d'une reine, est posée une couronne de douze étoiles.

Ces douze étoiles, au front de Marie, sont les douze prérogatives de la reine et de la mère, auprès de Dieu dans le ciel.

Elle possède, en effet, dans l'Église triomphante, au-dessus de tous les esprits bienheureux, quatre prérogatives particulières, qui sont:

de pouvoir exaucer avec plus de bonté,

condescendre avec plus de miséricorde,

intervenir pour nous avec plus de puissance

et secourir sur terre avec plus de facilité.

2. Elle a, de même, dans l'Église triomphante, quatre privilèges éminents entre tous:

elle est resplendissante en éclat, plus que tout;

elle est placée dans la gloire plus haut que tout;

elle est aimée avec tendresse plus que tout;

elle est honorée avec ferveur plus que tout.

3. Marie possède encore, près de la Trinité, quatre faveurs particulières, qui sont pour elle, comme des étoiles supérieures aux autres étoiles. Mieux, en effet, que tous ceux qui peuvent contempler la gloire de la divine Trinité,

elle contemple à découvert la Trinité même:

Elle en connaît avec plus de joie les douceurs;

elle en scrute avec plus de profondeur les mystères,

elle en goûte avec plus de charme les délices.

II

4. Écoutez encore, écoutez avec dévotion ce que le plus grand des serviteurs de Marie, le docteur au suave parler, saint Bernard, dit à ses religieux, au sujet des étoiles qui font une couronne au front de la Vierge:

Nul ne peut estimer l'importance des gemmes, et nul ne peut compter le nombre des pierreries qui ornent le diadème de Marie, au ciel.

C'est une entreprise au-dessus de nos forces que d'examiner la valeur, ou de scruter la composition de sa brillante auréole; nous l'entreprendrons toutefois avec modestie.

5. Sans vouloir pénétrer les secrets du Seigneur, il semble qu'on peut voir dans les douze étoiles les douze prérogatives de notre mère. Nous trouvons, en effet, dans la Vierge Marie, des privilèges accordés à son âme,

des privilèges infusés dans son cœur,

et des privilèges attachés à son corps.

Et si nous multiplions ce nombre de trois, par le nombre des quatre merveilles connues, nous trouverons le nombre douze des étoiles qui brillent au front de notre reine Marie.

6. Ces merveilles nous les trouvons, à sa naissance, à la salutation qu'elle reçut de l'ange, à l'obumbration qui lui vint de l'Esprit, à la conception enfin de Jésus lui-même.

Et le saint docteur continue à énumérer les circonstances de la vie de notre mère, dans lesquelles la grâce apporta ses faveurs.

III

7. Méditons donc, et souvent, et avec piété sur la vie et sur les actions de Marie, et puis, chantons des hymnes et des cantiques, en son honneur, aux jours de ses solennités.

Venez devant l'autel et devant son image, inclinez votre front, fléchissez les genoux devant elle, comme si vous voyiez alors Marie elle-même présente devant vous.

Levez les yeux et contemplez en vision Marie parlant avec l'ange, ou bien encore,

Marie, tenant sur ses genoux, son fils Jésus.

Dites alors dans un élan d'amour confiant, en contemplant la mère de miséricorde:

Prière

8. O très pieuse vierge Marie, mère de Dieu, ô reine du ciel, maîtresse de la terre,

O vous, la joie des saints et le salut des pécheurs, écoutez les appels de nos cœurs repentants! exaucez les désirs de nos âmes priantes !

Venez au secours des pauvres et des infirmes ! réconfortez le courage des affligés !

protégez vos enfants contre leurs ennemis.

Délivrez-les dans les embûches des démons et menez-les près de vous, à la béatitude, dans le ciel où vous régnez avec votre fils, au milieu des élus, pendant l'éternité !

(De la discipline claustrale, chap. XIV.)

Homélie

De la royauté du cœur

I. -- Tout se vend et tout s'achète sur la terre: la puissance, la faveur, l'or, la conscience elle-même. Seul le cœur ne se vend pas: il se donne ou ne se donne pas, d'ailleurs façonné avec une parcelle du cœur humain de royauté.

Aussi le grand orateur l'a dit: le cœur est le tout de l'homme: le cœur est la raison d'être de la femme. Le cœur de Marie est le plus grand des cœurs, après le Cœur de Jésus. Le Cœur de Jésus, lui-même n'est-il pas d'ailleurs formé avec une parcelle du cœur humain de Marie ?

II. -- Le Cœur de Jésus, par ailleurs, uni à la divinité dans la personne du Christ, a transmis par son contact avec le cœur de sa mère quelque chose de sa grandeur et de sa beauté à celui de Marie. Marie est donc reine par le cœur, comme elle est reine par sa destinée humaine. Son cœur vibre avec plus de force que le cœur d'une créature: il est moins sublime que le cœur de Dieu, mais il est unique entre le ciel et la terre.

III. -- Oh ! comme il est doux de se sentir auprès de ce cœur qui a aimé d'un amour de mère un Enfant-Dieu, et qui aime, d'un même amour maternel, tous les enfants des hommes !

Méditation

De la pérennité de l'amour

L'amour n'est pas un simple sentiment: c'est une force gigantesque. Les femmes détiennent un pouvoir qu'elles ne connaissent pas. Seule Marie a su ce que l'amour d'une mère a de puissance. Savoir aimer, et aimer toujours, c'est la vie ardente, la vie active, la vie tout court. Ne pas aimer, c'est être mort.

L'amour s'adresse à la créature animée qui vibre, et non à la créature inanimée ou inactive. L'amour suppose la beauté, et quelquefois la crée ou l'exalte.

Aimons Marie ! Elle a la beauté, elle a la grâce et elle a le charme. Aucune créature ne l'égale: aucune femme ne la surpasse. Elle vient la seconde après Dieu, comme chante Dante.

Disons-lui donc avec le divin poète: O mère, ô reine, ô Marie, aidez-nous à vous aimer, aidez-nous à vous louer ! Vous êtes la beauté, la bella et nous ne pouvons assez vous admirer. Vous êtes la bonté, la bontà et nous ne pouvons assez vous louanger.

Nous vous disons donc la seule parole digne de vous, la parole venue du ciel, la parole de l'Archange: Ave Maria !

PRATIQUE -- Imiter les premiers chrétiens, et redire souvent l'Office Liturgique de la sainte Vierge.

PENSÉE -- 0 Marie, bénissez-nous, nous et notre famille. Nos cum prole pia, benedicat Virgo Maria !

************

Ici finit le pieux Livre de L'Imitation de la Vierge Marie,

dévotement translaté et transcrit

par Le Mélode Albinus

SOURCE : http://maranatha.mmic.net/Imitation.htm

_________________
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