Bienheureux John Henry Newman
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Bienheureux John Henry Newman
Bienheureux John Henry Newman
Prêtre, fondateur de communauté religieuse, théologien
(1801-1890)
Le bienheureux John Henry Newman est avant tout un intellectuel exigeant et très lucide sur l'homme, un homme de raison mais aussi de foi et surtout de prière, avec une grande soif de Dieu par Jésus. Aussi, pour mieux connaître Jésus en son Église, il a été amené à sa conversion. Par souci des sources et pour obéir à sa conscience, il a étudié les Écritures et les Pères de l'Église des premiers temps. Ceci dans l'objectif de réformer l'anglicanisme, et dans le cadre des entretiens d'Oxford. Alors il découvre le lien entre les évangiles et la formation de la doctrine et des dogmes au début de l'Église, d'où sa découverte de l'immense vérité du catholicisme. Il voit qu'entre tous les évangiles et la construction des dogmes, il y a une même source dès le début, que rien n'est créé ou nouveau, la foi des apôtres est la même que celles des papes actuels. C'est ce que nous dit si bien Benoît XVI le jour de sa béatification en Angleterre :
"Dans la personne du bienheureux John Henry, cette tradition d'élégante érudition, de profonde sagesse humaine et d'ardent amour du Seigneur a porté des fruits abondants, signe de la présence pleine d'amour de l'Esprit Saint dans les profondeurs du coeur du peuple de Dieu, faisant mûrir d'abondants dons de sainteté.
La devise du Cardinal Newman, Cor ad cor loquitur, « le coeur parle au coeur », nous donne une indication sur la manière dont il comprenait la vie chrétienne : un appel à la sainteté, expérimenté comme le désir profond du coeur humain d'entrer dans une intime communion avec le Coeur de Dieu. Il nous rappelle que la fidélité à la prière nous transforme progressivement à la ressemblance de Dieu. Comme il l'écrivait dans l'un de ses nombreux et beaux sermons, « pour la pratique qui consiste à se tourner vers Dieu et le monde invisible en toute saison, en tout lieu, en toute situation d'urgence, la prière, donc, a ce qu'on peut appeler un effet naturel, en ce qu'elle élève et spiritualise l'âme. L'homme n'est plus ce qu'il était auparavant : progressivement, il s'est imprégné de tout un nouvel ensemble d'idées, il a assimilé de nouveaux principes » (Sermons paroissiaux, IV, p. 203, Le paradoxe chrétien, Cerf, 1986).
L'Évangile nous enseigne que personne ne peut servir deux maîtres (Lc 16,13), et l'enseignement du bienheureux John Henry sur la prière montre comment le fidèle chrétien est définitivement pris pour le service du seul véritable Maître, le seul qui puisse prétendre recevoir une dévotion sans conditions à son service (cf. Mt 23,10). Newman nous aide à comprendre ce que cela signifie dans notre vie quotidienne : il nous dit que notre divin Maître a donné à chacun de nous une tâche spécifique à accomplir, « un service précis » demandé de manière unique et à chaque personne individuellement : « J'ai une mission», écrivait-il, « je suis un chaînon, un lien entre des personnes. Il ne m'a pas créé pour rien. Je ferai le bien, j'exécuterai la tâche qu'il m'a confiée ; je serai un ange de paix, je prêcherai la vérité à la place où je suis... si j'observe ses commandements et le sers à la place qui est la mienne ». (Méditations sur la doctrine chrétienne, Ad Solem, Genève 2000, pp. 28-29)."
Mais d'une part il n'est pas suivi en son Église, d'autre part sa conscience le pousse à se convertir au catholicisme, et comme il suit sa conscience en tout premier, il se convertit malgré tous les déchirements du rejet de son ancienne Église et de sa famille. Il est fait prêtre et est envoyé pour mettre en place une université catholique et rénover l'enseignement. Car il est lucide et croit que les étudiants doivent avoir toutes connaissances des réalités du monde, des sciences et de la vie, comme le dit si bien Benoit XVI :
"Le service particulier auquel le bienheureux John Henry a été appelé consistait à appliquer son intelligence fine et sa plume féconde sur les nombreuses et urgentes « questions du jour ». Ses intuitions sur le rapport entre foi et raison, sur la place vitale de la religion révélée dans la société civilisée, et sur la nécessité d'une approche de l'éducation qui soit ample en ses fondements et ouverte à de larges perspectives ne furent pas seulement d'une importance capitale pour l'Angleterre de l'époque victorienne, mais elles continuent à inspirer et à éclairer bien des personnes de par le monde.
Je voudrais rendre un hommage particulier à sa conception de l'éducation, qui a eu une grande influence pour former l'éthos, force motrice qui soutient les écoles et les collèges catholiques d'aujourd'hui. Fermement opposé à toute approche réductrice ou utilitaire, il s'est efforcé de mettre en place un environnement éducationnel où l'exercice intellectuel, la discipline morale et l'engagement religieux pourraient progresser ensemble. Le projet de fonder une Université catholique en Irlande lui donna la possibilité de développer ses idées à ce sujet, et l'ensemble des discours qu'il a publiés sur « l'idée d'une Université » met en évidence un idéal dont tous ceux qui sont engagés dans la formation académique peuvent continuer à s'inspirer. En effet, quel meilleur objectif pourraient avoir des professeurs de religion que celui que le bienheureux John Henry a présenté dans son célèbre appel en faveur d'un laïcat intelligent et bien formé : « Je désire un laïcat qui ne soit pas arrogant, ni âpre dans son langage, ni prompt à la dispute, mais des personnes qui connaissent leur religion, qui pénètrent en ses profondeurs, qui savent précisément où ils sont, qui savent ce qu'ils ont et ce qu'ils n'ont pas, qui connaissent si bien leur foi qu'ils peuvent en rendre compte, qui connaissent assez leur histoire pour pouvoir la défendre » (The Present position of Catholics in England, IX, 390). En ce jour où l'auteur de ces lignes est élevé à l'honneur des autels, je prie pour que, par son intercession et son exemple, tous ceux qui sont engagés dans l'enseignement et la catéchèse se sentent poussés par la conception qu'il a si clairement exposée devant nous à entreprendre de nouveaux efforts."
Pour ma part , je conclurai que sa lucidité sur le monde, son oecuménisme et ses dialogues font de lui le prophète des textes de Vatican II et donc son incontournable actualité. Mais je laisse Benoît XVI conclure avec son coeur de prêtre et de grand ami du penseur que fut John Henry Newman :
" S'il est bien compréhensible que l'héritage intellectuel de John Henry Newman ait été l'objet d'une large attention dans la vaste littérature qui illustre sa vie et son oeuvre, je préfère, en ce jour, conclure par une brève réflexion sur sa vie de prêtre, de pasteur des âmes. La chaleur et l'humanité qui marquent son appréciation du ministère pastoral sont magnifiquement mises en évidence dans un autre de ses célèbres sermons : « Si des anges avaient été vos prêtres, mes frères, ils n'auraient pas pu souffrir avec vous, avoir de la sympathie pour vous, éprouver de la compassion pour vous, sentir de la tendresse envers vous et se montrer indulgents avec vous, comme nous ; ils n'auraient pas pu être vos modèles et vos guides, et n'auraient pas pu vous amener à sortir de vous-mêmes pour entrer dans une vie nouvelle, comme le peuvent ceux qui viennent du milieu de vous » (« Hommes, non pas Anges : les prêtres de l'Évangile », Discourses to Mixed Congregations, 3). Il a vécu à fond cette vision profondément humaine du ministère sacerdotal dans l'attention délicate avec laquelle il s'est dévoué au service du peuple de Birmingham au long des années qu'il a passées à l'Oratoire, fondé par lui, visitant les malades et les pauvres, réconfortant les affligés, s'occupant des prisonniers. Il n'est pas étonnant qu'à sa mort, des milliers de personnes s'alignaient dans les rues avoisinantes tandis que son corps était transporté vers sa sépulture à moins d'un kilomètre d'ici. Cent vingt ans plus tard, de grandes foules se sont rassemblées à nouveau pour se réjouir de la reconnaissance solennelle de l'Église pour l'exceptionnelle sainteté de ce père des âmes très aimé. Comment pourrions-nous mieux exprimer la joie de ce moment, sinon en nous tournant vers notre Père des cieux dans une vibrante action de grâce, et en priant avec les paroles mêmes que le bienheureux John Henry a mises sur les lèvres du choeur des anges dans le ciel :
Loué soit le Très Saint dans les hauteurs
Et loué soit-Il dans les profondeurs ;
Très admirable en toutes Ses paroles ;
Infaillible en toutes Ses voies! (Le songe de Gerontius)"
Voilà un nouveau bienheureux dont toute l'oeuvre n'a seulement pas vieilli mais a une actualité qui nous pousse à vous dire : Allez avec zèle lire ou relire son oeuvre, elle vous nourrira et formera votre coeur et votre intelligence et éclairera votre conscience.
PS. Les textes cités de Benoit XVI sont tirés de son homélie pour la béatification du Cardinal John Henry Newman à Birmingham - 19 septembre 2010
et pour historique et livre voir à cette page:
http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Henry_Newman
http://www.ad-solem.com/
Prêtre, fondateur de communauté religieuse, théologien
(1801-1890)
Le bienheureux John Henry Newman est avant tout un intellectuel exigeant et très lucide sur l'homme, un homme de raison mais aussi de foi et surtout de prière, avec une grande soif de Dieu par Jésus. Aussi, pour mieux connaître Jésus en son Église, il a été amené à sa conversion. Par souci des sources et pour obéir à sa conscience, il a étudié les Écritures et les Pères de l'Église des premiers temps. Ceci dans l'objectif de réformer l'anglicanisme, et dans le cadre des entretiens d'Oxford. Alors il découvre le lien entre les évangiles et la formation de la doctrine et des dogmes au début de l'Église, d'où sa découverte de l'immense vérité du catholicisme. Il voit qu'entre tous les évangiles et la construction des dogmes, il y a une même source dès le début, que rien n'est créé ou nouveau, la foi des apôtres est la même que celles des papes actuels. C'est ce que nous dit si bien Benoît XVI le jour de sa béatification en Angleterre :
"Dans la personne du bienheureux John Henry, cette tradition d'élégante érudition, de profonde sagesse humaine et d'ardent amour du Seigneur a porté des fruits abondants, signe de la présence pleine d'amour de l'Esprit Saint dans les profondeurs du coeur du peuple de Dieu, faisant mûrir d'abondants dons de sainteté.
La devise du Cardinal Newman, Cor ad cor loquitur, « le coeur parle au coeur », nous donne une indication sur la manière dont il comprenait la vie chrétienne : un appel à la sainteté, expérimenté comme le désir profond du coeur humain d'entrer dans une intime communion avec le Coeur de Dieu. Il nous rappelle que la fidélité à la prière nous transforme progressivement à la ressemblance de Dieu. Comme il l'écrivait dans l'un de ses nombreux et beaux sermons, « pour la pratique qui consiste à se tourner vers Dieu et le monde invisible en toute saison, en tout lieu, en toute situation d'urgence, la prière, donc, a ce qu'on peut appeler un effet naturel, en ce qu'elle élève et spiritualise l'âme. L'homme n'est plus ce qu'il était auparavant : progressivement, il s'est imprégné de tout un nouvel ensemble d'idées, il a assimilé de nouveaux principes » (Sermons paroissiaux, IV, p. 203, Le paradoxe chrétien, Cerf, 1986).
L'Évangile nous enseigne que personne ne peut servir deux maîtres (Lc 16,13), et l'enseignement du bienheureux John Henry sur la prière montre comment le fidèle chrétien est définitivement pris pour le service du seul véritable Maître, le seul qui puisse prétendre recevoir une dévotion sans conditions à son service (cf. Mt 23,10). Newman nous aide à comprendre ce que cela signifie dans notre vie quotidienne : il nous dit que notre divin Maître a donné à chacun de nous une tâche spécifique à accomplir, « un service précis » demandé de manière unique et à chaque personne individuellement : « J'ai une mission», écrivait-il, « je suis un chaînon, un lien entre des personnes. Il ne m'a pas créé pour rien. Je ferai le bien, j'exécuterai la tâche qu'il m'a confiée ; je serai un ange de paix, je prêcherai la vérité à la place où je suis... si j'observe ses commandements et le sers à la place qui est la mienne ». (Méditations sur la doctrine chrétienne, Ad Solem, Genève 2000, pp. 28-29)."
Mais d'une part il n'est pas suivi en son Église, d'autre part sa conscience le pousse à se convertir au catholicisme, et comme il suit sa conscience en tout premier, il se convertit malgré tous les déchirements du rejet de son ancienne Église et de sa famille. Il est fait prêtre et est envoyé pour mettre en place une université catholique et rénover l'enseignement. Car il est lucide et croit que les étudiants doivent avoir toutes connaissances des réalités du monde, des sciences et de la vie, comme le dit si bien Benoit XVI :
"Le service particulier auquel le bienheureux John Henry a été appelé consistait à appliquer son intelligence fine et sa plume féconde sur les nombreuses et urgentes « questions du jour ». Ses intuitions sur le rapport entre foi et raison, sur la place vitale de la religion révélée dans la société civilisée, et sur la nécessité d'une approche de l'éducation qui soit ample en ses fondements et ouverte à de larges perspectives ne furent pas seulement d'une importance capitale pour l'Angleterre de l'époque victorienne, mais elles continuent à inspirer et à éclairer bien des personnes de par le monde.
Je voudrais rendre un hommage particulier à sa conception de l'éducation, qui a eu une grande influence pour former l'éthos, force motrice qui soutient les écoles et les collèges catholiques d'aujourd'hui. Fermement opposé à toute approche réductrice ou utilitaire, il s'est efforcé de mettre en place un environnement éducationnel où l'exercice intellectuel, la discipline morale et l'engagement religieux pourraient progresser ensemble. Le projet de fonder une Université catholique en Irlande lui donna la possibilité de développer ses idées à ce sujet, et l'ensemble des discours qu'il a publiés sur « l'idée d'une Université » met en évidence un idéal dont tous ceux qui sont engagés dans la formation académique peuvent continuer à s'inspirer. En effet, quel meilleur objectif pourraient avoir des professeurs de religion que celui que le bienheureux John Henry a présenté dans son célèbre appel en faveur d'un laïcat intelligent et bien formé : « Je désire un laïcat qui ne soit pas arrogant, ni âpre dans son langage, ni prompt à la dispute, mais des personnes qui connaissent leur religion, qui pénètrent en ses profondeurs, qui savent précisément où ils sont, qui savent ce qu'ils ont et ce qu'ils n'ont pas, qui connaissent si bien leur foi qu'ils peuvent en rendre compte, qui connaissent assez leur histoire pour pouvoir la défendre » (The Present position of Catholics in England, IX, 390). En ce jour où l'auteur de ces lignes est élevé à l'honneur des autels, je prie pour que, par son intercession et son exemple, tous ceux qui sont engagés dans l'enseignement et la catéchèse se sentent poussés par la conception qu'il a si clairement exposée devant nous à entreprendre de nouveaux efforts."
Pour ma part , je conclurai que sa lucidité sur le monde, son oecuménisme et ses dialogues font de lui le prophète des textes de Vatican II et donc son incontournable actualité. Mais je laisse Benoît XVI conclure avec son coeur de prêtre et de grand ami du penseur que fut John Henry Newman :
" S'il est bien compréhensible que l'héritage intellectuel de John Henry Newman ait été l'objet d'une large attention dans la vaste littérature qui illustre sa vie et son oeuvre, je préfère, en ce jour, conclure par une brève réflexion sur sa vie de prêtre, de pasteur des âmes. La chaleur et l'humanité qui marquent son appréciation du ministère pastoral sont magnifiquement mises en évidence dans un autre de ses célèbres sermons : « Si des anges avaient été vos prêtres, mes frères, ils n'auraient pas pu souffrir avec vous, avoir de la sympathie pour vous, éprouver de la compassion pour vous, sentir de la tendresse envers vous et se montrer indulgents avec vous, comme nous ; ils n'auraient pas pu être vos modèles et vos guides, et n'auraient pas pu vous amener à sortir de vous-mêmes pour entrer dans une vie nouvelle, comme le peuvent ceux qui viennent du milieu de vous » (« Hommes, non pas Anges : les prêtres de l'Évangile », Discourses to Mixed Congregations, 3). Il a vécu à fond cette vision profondément humaine du ministère sacerdotal dans l'attention délicate avec laquelle il s'est dévoué au service du peuple de Birmingham au long des années qu'il a passées à l'Oratoire, fondé par lui, visitant les malades et les pauvres, réconfortant les affligés, s'occupant des prisonniers. Il n'est pas étonnant qu'à sa mort, des milliers de personnes s'alignaient dans les rues avoisinantes tandis que son corps était transporté vers sa sépulture à moins d'un kilomètre d'ici. Cent vingt ans plus tard, de grandes foules se sont rassemblées à nouveau pour se réjouir de la reconnaissance solennelle de l'Église pour l'exceptionnelle sainteté de ce père des âmes très aimé. Comment pourrions-nous mieux exprimer la joie de ce moment, sinon en nous tournant vers notre Père des cieux dans une vibrante action de grâce, et en priant avec les paroles mêmes que le bienheureux John Henry a mises sur les lèvres du choeur des anges dans le ciel :
Loué soit le Très Saint dans les hauteurs
Et loué soit-Il dans les profondeurs ;
Très admirable en toutes Ses paroles ;
Infaillible en toutes Ses voies! (Le songe de Gerontius)"
Voilà un nouveau bienheureux dont toute l'oeuvre n'a seulement pas vieilli mais a une actualité qui nous pousse à vous dire : Allez avec zèle lire ou relire son oeuvre, elle vous nourrira et formera votre coeur et votre intelligence et éclairera votre conscience.
PS. Les textes cités de Benoit XVI sont tirés de son homélie pour la béatification du Cardinal John Henry Newman à Birmingham - 19 septembre 2010
et pour historique et livre voir à cette page:
http://fr.wikipedia.org/wiki/John_Henry_Newman
http://www.ad-solem.com/
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