l’épiscopat envisagerait de célébrer des mariages à l’église avant la mairie.
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l’épiscopat envisagerait de célébrer des mariages à l’église avant la mairie.
Les évêques prêts à désobéir ?
Par Philippe Clanché
Après la prière du 15 août, l’épiscopat envisagerait de célébrer des mariages à l’église avant la mairie. Une transgression symbolique pour protester contre la possible reconnaissance des mariages entre personnes de même sexe.
Alerte rouge. Nos évêques prépareraient un mouvement de désobéissance. On imagine déjà des prélats enchaînés devant les sièges des grands groupes qui licencient à tour de bras au profit de quelques-uns ou devant le ministère de l’Intérieur qui s’obstine à traiter les Roms comme des sous-citoyens. Pas du tout. Ce qui les ferait franchir la ligne jaune de la loi, c’est l’idée du mariage homosexuel que prépare le gouvernement.
L’opposition de l’Église catholique à la remise en cause du modèle familial classique composé d’un homme et d’une femme « n’est pas un scoop », comme le rappelle régulièrement le P. Bernard Podvin, porte-parole des évêques. Comment donc les autorités catholiques comptent-elles peser sur cette question ? Elles ont commencé par utiliser un outil classique : la prière. Lors des messes du 15 août, le cardinal Vingt-Trois a proposé aux paroisses de France des intentions « pour la France »…
Après des invocations autour des questions sociales – l’Église catholique ne veut pas les séparer des sujets sociétaux dans son approche des choix politiques –, le texte appelait à prier pour que « les enfants cessent d’être les objets des désirs et des conflits entre adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère ».
Malgré les critiques déplacées de certains politiques ( on pense ici au Parti radical de gauche ), l’Église demeure tout à fait dans son rôle. « Le 15 août n’est pas un meeting. Chaque chose en son temps », précisait le P. Podvin le 14 août sur France Inter en évoquant cette prière. « Il y aura des meetings contre la loi ? » tente alors l’interlocuteur.
« Nous demandons du débat. Il n’existe pas », avait répondu le porte-parole. Lundi 27 août, France Inter annonçait que l’épiscopat envisageait un coup de force symbolique : transgresser la règle qui veut qu’aucune union religieuse ne soit célébrée avant un mariage contracté en mairie. Si le mariage civil s’ouvre aux couples homosexuels, alors il est dénaturé et il n’est donc plus besoin de le respecter : tel serait l’argument des évêques pour braver la loi.
Sans conséquence juridique réelle, le geste serait un défi symbolique à la République auquel les prélats français ne nous ont pas habitués. Interrogée par TC, Laetitia Saavedra, la journaliste de la radio publique, confirme avoir entendu ce projet de la bouche d’une personnalité importante de l’Église catholique de France. No comment du côté de la Conférence des évêques.
Il y a déjà plusieurs mois, François Hollande n’étant alors que le candidat qui portait l’engagement du mariage gay, la même information avait été publiée, sans susciter de remous. Lors de son reportage sur le pèlerinage des élus à Lourdes (Libération, 11 avril 2012), la journaliste Bernadette Sauvaget écrivait que l’organisateur de la rencontre, le P. Matthieu Rougé (1), avait évoqué l’idée de cette désobéissance. Sans provoquer ni confirmation ni démenti de la part des autorités catholiques.
Celles-ci, reçues cet été par des membres du gouvernement, ont obtenu l’assurance d’être entendues sur certains projets de société qu’elles goûtent peu. Si la cause du mariage gay paraît entendue à l’Élysée, l’évolution de la loi sur la fin de vie l’est moins.
Les catholiques seraient peut-être bien inspirés de concentrer leurs efforts de lobbying et de persuasion sur cette dernière question. Parce qu’elle représente un choix hautement plus engageant sur la société de demain, même si l’évolution du mariage n’est pas un détail. Et parce que l’épiscopat ne sera pas seul, dans le monde religieux et au-delà, dans le combat contre l’euthanasie.
Tandis que les catholiques pratiquants seraient une des rares catégories de la population à être majoritairement opposée au mariage homosexuel (2), même si certains milieux évangéliques et musulmans pourraient suivre le mot d’ordre de révolte.
Ce combat-là risquerait d’occasionner plus de tort que de bien à l’Église catholique. À moins qu’il ne s’agisse de s’aligner sur les méthodes des franges extrémistes – on pense à Civitas – et leur sens de la mise en scène.
(1) Il était alors directeur du Service pastoral d’études politiques (Spep), communément appelé l’aumônerie des parlementaires.
(2) Sondage Ifop, août 2012..
Par Philippe Clanché
Après la prière du 15 août, l’épiscopat envisagerait de célébrer des mariages à l’église avant la mairie. Une transgression symbolique pour protester contre la possible reconnaissance des mariages entre personnes de même sexe.
Alerte rouge. Nos évêques prépareraient un mouvement de désobéissance. On imagine déjà des prélats enchaînés devant les sièges des grands groupes qui licencient à tour de bras au profit de quelques-uns ou devant le ministère de l’Intérieur qui s’obstine à traiter les Roms comme des sous-citoyens. Pas du tout. Ce qui les ferait franchir la ligne jaune de la loi, c’est l’idée du mariage homosexuel que prépare le gouvernement.
L’opposition de l’Église catholique à la remise en cause du modèle familial classique composé d’un homme et d’une femme « n’est pas un scoop », comme le rappelle régulièrement le P. Bernard Podvin, porte-parole des évêques. Comment donc les autorités catholiques comptent-elles peser sur cette question ? Elles ont commencé par utiliser un outil classique : la prière. Lors des messes du 15 août, le cardinal Vingt-Trois a proposé aux paroisses de France des intentions « pour la France »…
Après des invocations autour des questions sociales – l’Église catholique ne veut pas les séparer des sujets sociétaux dans son approche des choix politiques –, le texte appelait à prier pour que « les enfants cessent d’être les objets des désirs et des conflits entre adultes pour bénéficier pleinement de l’amour d’un père et d’une mère ».
Malgré les critiques déplacées de certains politiques ( on pense ici au Parti radical de gauche ), l’Église demeure tout à fait dans son rôle. « Le 15 août n’est pas un meeting. Chaque chose en son temps », précisait le P. Podvin le 14 août sur France Inter en évoquant cette prière. « Il y aura des meetings contre la loi ? » tente alors l’interlocuteur.
« Nous demandons du débat. Il n’existe pas », avait répondu le porte-parole. Lundi 27 août, France Inter annonçait que l’épiscopat envisageait un coup de force symbolique : transgresser la règle qui veut qu’aucune union religieuse ne soit célébrée avant un mariage contracté en mairie. Si le mariage civil s’ouvre aux couples homosexuels, alors il est dénaturé et il n’est donc plus besoin de le respecter : tel serait l’argument des évêques pour braver la loi.
Sans conséquence juridique réelle, le geste serait un défi symbolique à la République auquel les prélats français ne nous ont pas habitués. Interrogée par TC, Laetitia Saavedra, la journaliste de la radio publique, confirme avoir entendu ce projet de la bouche d’une personnalité importante de l’Église catholique de France. No comment du côté de la Conférence des évêques.
Il y a déjà plusieurs mois, François Hollande n’étant alors que le candidat qui portait l’engagement du mariage gay, la même information avait été publiée, sans susciter de remous. Lors de son reportage sur le pèlerinage des élus à Lourdes (Libération, 11 avril 2012), la journaliste Bernadette Sauvaget écrivait que l’organisateur de la rencontre, le P. Matthieu Rougé (1), avait évoqué l’idée de cette désobéissance. Sans provoquer ni confirmation ni démenti de la part des autorités catholiques.
Celles-ci, reçues cet été par des membres du gouvernement, ont obtenu l’assurance d’être entendues sur certains projets de société qu’elles goûtent peu. Si la cause du mariage gay paraît entendue à l’Élysée, l’évolution de la loi sur la fin de vie l’est moins.
Les catholiques seraient peut-être bien inspirés de concentrer leurs efforts de lobbying et de persuasion sur cette dernière question. Parce qu’elle représente un choix hautement plus engageant sur la société de demain, même si l’évolution du mariage n’est pas un détail. Et parce que l’épiscopat ne sera pas seul, dans le monde religieux et au-delà, dans le combat contre l’euthanasie.
Tandis que les catholiques pratiquants seraient une des rares catégories de la population à être majoritairement opposée au mariage homosexuel (2), même si certains milieux évangéliques et musulmans pourraient suivre le mot d’ordre de révolte.
Ce combat-là risquerait d’occasionner plus de tort que de bien à l’Église catholique. À moins qu’il ne s’agisse de s’aligner sur les méthodes des franges extrémistes – on pense à Civitas – et leur sens de la mise en scène.
(1) Il était alors directeur du Service pastoral d’études politiques (Spep), communément appelé l’aumônerie des parlementaires.
(2) Sondage Ifop, août 2012..
sylvia- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
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