En Espagne, "sans l'économie souterraine, il y aurait déjà eu une révolution"
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En Espagne, "sans l'économie souterraine, il y aurait déjà eu une révolution"
LE MONDE | 25.04.2013 à 12h06 • Mis à jour le 26.04.2013 à 09h20
Comment l'Espagne n'implose-t-elle pas avec un taux de 27,16 % de sa population active au chômage au premier trimestre ? Chaque fois que paraissent les chiffres relatifs aux demandeurs d'emploi, la même question revient. Et la même réponse est faite par les sociologues, économistes et politiques : la solidarité familiale empêche de nombreuses personnes de se retrouver à la rue ; et, surtout, l'économie souterraine joue les amortisseurs, représentant, selon les estimations, entre 20 % et 25 % du produit intérieur (PIB) brut espagnol.
Selon l'enquête de population active, publiée jeudi 25 avril par l'Institut national de statistiques, 6,2 millions d'Espagnols, sans emploi, cherchent un travail. Et 1,9 million de familles comptent tous leurs membres au chômage. Mais combien d'entre eux ont un travail non déclaré ? La question est taboue en Espagne, comme si en parler revenait à nier le drame, bien réel, d'un chômage massif.
Et pourtant l'emploi au noir s'affiche au grand jour. "Sur les lampadaires ou sous les abris de bus", a rappelé récemment le président de l'Association des travailleurs autonomes (ATA), Lorenzo Amor, se plaignant de la "compétition déloyale" que ces travailleurs non déclarés infligent aux autres.
OFFRES DE SERVICES
Partout dans la rue, des petits bouts de papier collés sur les murs ou le mobilier urbain interpellent le passant à coups d'offres de services – "Travaux d'intérieur, peintures, parquet," "Ménage à domicile", "Cours d'anglais", "Taxi à l'aéroport" – suivies d'un numéro de téléphone portable.
Et, à Madrid, par exemple, quand les chefs d'entreprise de construction ont besoin d'un travailleur docile, qui ne demandera pas de papiers ni de protection sociale, ils n'ont qu'à se rendre le matin, à partir de 7 heures, sur la place Eliptica, dans le quartier populaire de Carabanchel.
Des dizaines de travailleurs, presque tous d'origine étrangère, attendent, debout, qu'il pleuve ou qu'il vente, qu'une fourgonnette s'approche et leur offre un petit boulot de quelques heures, quelques jours, voire, pour les plus chanceux, quelques mois.
Ils acceptent de donner leur prénom. Pas plus. Tous regardent du coin de l'œil une voiture de police stationnée non loin, plus intéressée à traquer les sans-papiers qu'à arrêter ce trafic de salariés.
"TOUT LE MONDE PROFITE DE LA SITUATION"
"Il faut s'armer de patience", souligne Dagoberto, un Colombien de 47 ans installé depuis sept ans en Espagne. Pendant quatre ans, il a travaillé comme peintre sur des chantiers, "déclaré, avec des papiers". Mais cela fait deux ans et demi qu'il est au chômage et qu'il vient place Eliptica tous les matins.
"En ce moment, il n'y a pas grand-chose, mais, en 2012, j'ai bossé presque toute l'année pour une grosse boîte. On était une vingtaine au noir. Je touchais presque 1 400 euros, plus les indemnités de chômage, de 950 euros. C'était bien", avoue-t-il.
Alberto, jeune homme de 30 ans, originaire de Bolivie, n'est pas aussi positif. "Depuis le début de l'année, j'ai travaillé seulement vingt jours, payés entre 20 et 30 euros, dit-il. Heureusement je touche encore le chômage : 800 euros."
Alex, 37 ans, charpentier ukrainien, intervient : "Ici tout le monde profite de la situation : les patrons et les chômeurs." Lui a perdu son emploi stable dans une entreprise de construction il y a trois ans mais n'a jamais touché le chômage. Et pour cause. "Je n'ai jamais été déclaré", dit-il.
Non loin, Camara, un Malien de 39 ans, originaire de Bamako, pense repartir dans son pays. Il travaille dans un hôtel quatre heures par jour. "On me paie 500 euros. Ce n'est pas assez pour nourrir ma famille. Alors je cherche un petit complément comme plombier, mon premier métier."
Dans la cafétéria de la place Eliptica, Vicente, serveur depuis quinze ans, a toujours vu des travailleurs au noir "attendre les fourgonnettes". "Avant il en passait cinquante par jour. Maintenant, il y a en a trois ou quatre par semaine", raconte-t-il.
LUTTE CONTRE LA FRAUDE
Accoudé au comptoir, Juan Sanchez prend un café. Il possède une petite entreprise de construction mais nie embaucher au noir. Pendant qu'il raconte comment certains travailleurs ont essayé de monter dans sa fourgonnette pour travailler "gratuitement, en échange d'un repas", il compte les billets de 50 euros d'une liasse que lui a donnée un "collègue". "Ce n'est pas parce qu'on me paie en liquide que c'est du noir. Jusqu'à 2 500 euros, c'est légal", précise-t-il avec un sourire ironique.
La construction n'est pas l'unique secteur à employer des travailleurs au noir. Ni le plus important, depuis que la bulle immobilière a explosé. "On calcule que 20 % à 30 % de l'économie du secteur de l'hôtellerie et de la restauration est souterraine, souligne Gonzalo Fuentes, secrétaire général du syndicat des Commissions ouvrières en Andalousie. Le plus commun, ce sont les contrats mixtes, de quelques heures, alors que le salarié travaille à temps complet. Le patron complète son salaire au noir, ce qui lui permet de déjouer plus facilement les inspections."
91 000 EMPLOIS NON DÉCLARÉS EN 2012
En février, plusieurs salariés d'une société de restauration appartenant au vice-président de la Confédération espagnole des organisations patronales, Arturo Fernandez, ont dénoncé publiquement qu'ils recevaient jusqu'à 50 % de leur salaire au noir.
L'inspection du travail a ouvert une enquête et, en attendant, le Parlement, qui payait ses services de restauration, a décidé de ne pas renouveler la concession. Mais l'image s'est imposée d'un travail au noir tellement généralisé qu'il n'épargne ni les patrons des patrons ni, de manière indirecte, les institutions de l'Etat.
Conscient de ce problème, le gouvernement a fait de la lutte contre la fraude une de ses priorités. Son plan de lutte contre l'emploi irrégulier a permis de faire affleurer plus de 91 000 emplois non déclarés en 2012, 12 % de plus qu'en 2011. Mais cela reste une goutte d'eau par rapport à l'ampleur du problème.
Le président du Syndicat des techniciens du ministère des finances, Carlos Cruzado, a assuré, en mars, que l'économie souterraine représente "240 milliards d'euros qui échappent au contrôle du fisc" et 60 milliards qui devraient être versés à l'Etat. "Sans parler des cotisations sociales, a-t-il déclaré. Le niveau de la fraude en Espagne est le deuxième plus élevé d'Europe, après la Grèce."
"Sans l'économie souterraine, il y aurait déjà eu une révolution ici ", conclut M. Fuentes.
Source: http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/25/en-espagne-sans-l-economie-souterraine-il-y-aurait-deja-eu-une-revolution_3166111_3234.html
Comment l'Espagne n'implose-t-elle pas avec un taux de 27,16 % de sa population active au chômage au premier trimestre ? Chaque fois que paraissent les chiffres relatifs aux demandeurs d'emploi, la même question revient. Et la même réponse est faite par les sociologues, économistes et politiques : la solidarité familiale empêche de nombreuses personnes de se retrouver à la rue ; et, surtout, l'économie souterraine joue les amortisseurs, représentant, selon les estimations, entre 20 % et 25 % du produit intérieur (PIB) brut espagnol.
Selon l'enquête de population active, publiée jeudi 25 avril par l'Institut national de statistiques, 6,2 millions d'Espagnols, sans emploi, cherchent un travail. Et 1,9 million de familles comptent tous leurs membres au chômage. Mais combien d'entre eux ont un travail non déclaré ? La question est taboue en Espagne, comme si en parler revenait à nier le drame, bien réel, d'un chômage massif.
Et pourtant l'emploi au noir s'affiche au grand jour. "Sur les lampadaires ou sous les abris de bus", a rappelé récemment le président de l'Association des travailleurs autonomes (ATA), Lorenzo Amor, se plaignant de la "compétition déloyale" que ces travailleurs non déclarés infligent aux autres.
OFFRES DE SERVICES
Partout dans la rue, des petits bouts de papier collés sur les murs ou le mobilier urbain interpellent le passant à coups d'offres de services – "Travaux d'intérieur, peintures, parquet," "Ménage à domicile", "Cours d'anglais", "Taxi à l'aéroport" – suivies d'un numéro de téléphone portable.
Et, à Madrid, par exemple, quand les chefs d'entreprise de construction ont besoin d'un travailleur docile, qui ne demandera pas de papiers ni de protection sociale, ils n'ont qu'à se rendre le matin, à partir de 7 heures, sur la place Eliptica, dans le quartier populaire de Carabanchel.
Des dizaines de travailleurs, presque tous d'origine étrangère, attendent, debout, qu'il pleuve ou qu'il vente, qu'une fourgonnette s'approche et leur offre un petit boulot de quelques heures, quelques jours, voire, pour les plus chanceux, quelques mois.
Ils acceptent de donner leur prénom. Pas plus. Tous regardent du coin de l'œil une voiture de police stationnée non loin, plus intéressée à traquer les sans-papiers qu'à arrêter ce trafic de salariés.
"TOUT LE MONDE PROFITE DE LA SITUATION"
"Il faut s'armer de patience", souligne Dagoberto, un Colombien de 47 ans installé depuis sept ans en Espagne. Pendant quatre ans, il a travaillé comme peintre sur des chantiers, "déclaré, avec des papiers". Mais cela fait deux ans et demi qu'il est au chômage et qu'il vient place Eliptica tous les matins.
"En ce moment, il n'y a pas grand-chose, mais, en 2012, j'ai bossé presque toute l'année pour une grosse boîte. On était une vingtaine au noir. Je touchais presque 1 400 euros, plus les indemnités de chômage, de 950 euros. C'était bien", avoue-t-il.
Alberto, jeune homme de 30 ans, originaire de Bolivie, n'est pas aussi positif. "Depuis le début de l'année, j'ai travaillé seulement vingt jours, payés entre 20 et 30 euros, dit-il. Heureusement je touche encore le chômage : 800 euros."
Alex, 37 ans, charpentier ukrainien, intervient : "Ici tout le monde profite de la situation : les patrons et les chômeurs." Lui a perdu son emploi stable dans une entreprise de construction il y a trois ans mais n'a jamais touché le chômage. Et pour cause. "Je n'ai jamais été déclaré", dit-il.
Non loin, Camara, un Malien de 39 ans, originaire de Bamako, pense repartir dans son pays. Il travaille dans un hôtel quatre heures par jour. "On me paie 500 euros. Ce n'est pas assez pour nourrir ma famille. Alors je cherche un petit complément comme plombier, mon premier métier."
Dans la cafétéria de la place Eliptica, Vicente, serveur depuis quinze ans, a toujours vu des travailleurs au noir "attendre les fourgonnettes". "Avant il en passait cinquante par jour. Maintenant, il y a en a trois ou quatre par semaine", raconte-t-il.
LUTTE CONTRE LA FRAUDE
Accoudé au comptoir, Juan Sanchez prend un café. Il possède une petite entreprise de construction mais nie embaucher au noir. Pendant qu'il raconte comment certains travailleurs ont essayé de monter dans sa fourgonnette pour travailler "gratuitement, en échange d'un repas", il compte les billets de 50 euros d'une liasse que lui a donnée un "collègue". "Ce n'est pas parce qu'on me paie en liquide que c'est du noir. Jusqu'à 2 500 euros, c'est légal", précise-t-il avec un sourire ironique.
La construction n'est pas l'unique secteur à employer des travailleurs au noir. Ni le plus important, depuis que la bulle immobilière a explosé. "On calcule que 20 % à 30 % de l'économie du secteur de l'hôtellerie et de la restauration est souterraine, souligne Gonzalo Fuentes, secrétaire général du syndicat des Commissions ouvrières en Andalousie. Le plus commun, ce sont les contrats mixtes, de quelques heures, alors que le salarié travaille à temps complet. Le patron complète son salaire au noir, ce qui lui permet de déjouer plus facilement les inspections."
91 000 EMPLOIS NON DÉCLARÉS EN 2012
En février, plusieurs salariés d'une société de restauration appartenant au vice-président de la Confédération espagnole des organisations patronales, Arturo Fernandez, ont dénoncé publiquement qu'ils recevaient jusqu'à 50 % de leur salaire au noir.
L'inspection du travail a ouvert une enquête et, en attendant, le Parlement, qui payait ses services de restauration, a décidé de ne pas renouveler la concession. Mais l'image s'est imposée d'un travail au noir tellement généralisé qu'il n'épargne ni les patrons des patrons ni, de manière indirecte, les institutions de l'Etat.
Conscient de ce problème, le gouvernement a fait de la lutte contre la fraude une de ses priorités. Son plan de lutte contre l'emploi irrégulier a permis de faire affleurer plus de 91 000 emplois non déclarés en 2012, 12 % de plus qu'en 2011. Mais cela reste une goutte d'eau par rapport à l'ampleur du problème.
Le président du Syndicat des techniciens du ministère des finances, Carlos Cruzado, a assuré, en mars, que l'économie souterraine représente "240 milliards d'euros qui échappent au contrôle du fisc" et 60 milliards qui devraient être versés à l'Etat. "Sans parler des cotisations sociales, a-t-il déclaré. Le niveau de la fraude en Espagne est le deuxième plus élevé d'Europe, après la Grèce."
"Sans l'économie souterraine, il y aurait déjà eu une révolution ici ", conclut M. Fuentes.
Source: http://www.lemonde.fr/economie/article/2013/04/25/en-espagne-sans-l-economie-souterraine-il-y-aurait-deja-eu-une-revolution_3166111_3234.html
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Que Dieu vous bénisse
« Je suis avec vous pour toujours jusqu’à la fin du monde » ( St Mt 28,20)
Que VSJ soit placé sous leur protection:
Saint Benoit XVI ora pro nobis!
JOSENOVAR- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
- Messages : 73993
Date d'inscription : 10/07/2011
Age : 51
Localisation : Espagne
Re: En Espagne, "sans l'économie souterraine, il y aurait déjà eu une révolution"
Avertissement !
@ Josenovar :
Pourquoi publiez-vous ce genre d'information ?
Ça fait plusieurs messages dans le même genre que vous postez et qui n'ont aucun intérêt pour la spécificité de ce Forum !
Le Forum VSJ est un Forum Catholique consacré à la Fin des Temps, et non pas aux événements de l'actualité !
Je vous demande de cesser de poster ce genre d'informations qui n'a pas sa place, ici, et qui n'est d'aucun intérêt en regard des objectifs de ce Forum !
L'Administrateur
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"Le garant de ces révélations l'affirme :
"Oui, mon retour est proche!
Amen, viens, Seigneur Jésus!"
Apocalypse, 22, 20
*Venez prier et adorer en direct sur le Forum VSJ via le Web* :
http://viens-seigneur-jesus.forumactif.com/
Re: En Espagne, "sans l'économie souterraine, il y aurait déjà eu une révolution"
@ Admin:
d'être si vigilant, vous faites vraiment un travail impeccable, surtout avec les dernieres mises en garde que vous avez envoyées à Josenovar. Ces trois derniers jours, j'etais un peu refroidie à cause de ces messages, c'est lourds, et surtout ils me faisaient perdre ma motivation, et le fil des messages véhiculés habituellement qui nous gardent éveillés et dans la foi.
Encore mille pour votre travail. Que Dieu continue a vous guider, et que l'Esprit Saint continue à éclairer tous les membres de VSJ pour ne pas tomber dans un quelconque piège du démon qui essaie par tous les moyens de nous détourner de notre mission.
d'être si vigilant, vous faites vraiment un travail impeccable, surtout avec les dernieres mises en garde que vous avez envoyées à Josenovar. Ces trois derniers jours, j'etais un peu refroidie à cause de ces messages, c'est lourds, et surtout ils me faisaient perdre ma motivation, et le fil des messages véhiculés habituellement qui nous gardent éveillés et dans la foi.
Encore mille pour votre travail. Que Dieu continue a vous guider, et que l'Esprit Saint continue à éclairer tous les membres de VSJ pour ne pas tomber dans un quelconque piège du démon qui essaie par tous les moyens de nous détourner de notre mission.
Ginou Saliba- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
- Messages : 5974
Date d'inscription : 13/11/2012
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