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Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey

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Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey  - Page 76 Empty Re: Méditation avec le Précis de Théologie de Tanquerey

Message  ami de la Miséricorde Mar 31 Mai 2016 - 4:26

1453. Le mot extase n'implique pas nécessairement le phénomène de la lévitation, dont nous parlerons au chapitre suivant, mais seulement la suspension des sens extérieurs qui caractérise cette union. Elle est donc plus complète que les deux unions précédentes, puisqu'elle contient, outre les éléments propres à celles-ci, la suspension des sens extérieurs, Nous allons en décrire : 1° la nature ; 2° les phases ou degrés ; 3° les effets.

1° Nature de l’union extatique

1454. Deux éléments constituent cette union : l'absorption de l'âme en Dieu et la suspension des sens... c'est parce que l'âme est complètement absorbée en Dieu que les sens extérieurs semblent rivés sur lui ou l'objet qu'il manifeste.
A) L'absorption en Dieu naît de deux causes principales, l'admiration et l'amour, comme l'explique fort bien S. François de Sales : a) « L'admiration se fait en nous par la rencontre d'une vérité nouvelle que nous ne connaissions pas ni n'attendions pas de connaître ; et si à la nouvelle vérité que nous rencontrons est jointe la beauté et bonté, l'admiration qui en pro- vient est grandement délicieuse... Quand donc il plaît à la divine bonté de donner à notre entendement quelque spéciale clarté, par le moyen de laquelle il vienne à contempler les mystères divins d'une contemplation extraordinaire et fort relevée, alors voyant plus de beauté en iceux qu'il n'avait pu s'imaginer, il entre en admiration. Or l'admiration des choses agréables attache et colle fortement l'esprit à la chose admirée : tant à raison de l'excellence de la beauté qu'elle lui découvre, qu'à raison de la nouveauté de cette excellence ; l'entendement ne se pouvant assez assouvir de voir ce qu'il n'a encore point vu et qui est si agréable à voir. » (Amour de Dieu, l. VII, ch. IV – VI). b) A l'admiration se joint l'amour. « Or ce ravissement d'amour se fait sur la volonté de cette sorte : Dieu la touche par ces attraits de suavité, et lhors, comme une aiguille touchée par l’aimant se tourne et remue vers le pôle, s'oubliant de son insensible condition, ainsi la volonté atteinte de l'amour céleste s'élance et porte en Dieu, quittant toutes ses inclinations terrestres, entrant par ce moyen dans un ravissement non de connaissance, mais de jouissance, non d’admiration mais d'affection, non de science mais d'expérience, non de vue mais de goût et de savourement. » (Amour de Dieu, l. VII, ch. IV – VI).

1455. c) Du reste l'admiration s'accroît par l'amour et l'amour par l'admiration : « L'entendement entre quelquefois en admiration voyant la sacrée délectation que la volonté a en son extase, comme la volonté reçoit souvent de la délectation appercevant l'entendement en admiration ; de sorte que ces deux facultés s'entre-communiquent leurs ravissements, le regard de la beauté nous la faisant aimer, et l'amour nous la faisant regarder ». Il n'est pas étonnant qu'une âme, livrée ainsi à l'admiration et à l'amour de Dieu, soit, pour ainsi dire, hors d'elle-même et ravie, emportée vers lui. Si celui qui se laisse entraîner par la passion de l’amour humain en vient à tout quitter pour se donner à l'objet aimé, est-il donc étonnant que l'amour divin, imprimé dans notre âme par Dieu lui-même, nous absorbe tellement que nous en venions à tout oublier pour ne voir et n'aimer que lui ?

1456. B) La suspension des sens est le résultat de cette absorption en Dieu ; elle se fait progressivement et n'arrive pas au même degré chez tous. a) En ce qui concerne les sens extérieurs : 1) C’est d'abord l'insensibilité plus ou moins marquée et le ralentissement de la vie physique, de la respiration, par suite la diminution de la chaleur vitale : « On s'aperçoit, dit Ste Thérèse, que la chaleur naturelle se retire, et que le corps se refroidit progressivement, mais avec une suavité et un plaisir indicibles » (Vie, p. 249).

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Message  ami de la Miséricorde Mar 31 Mai 2016 - 21:00

1456. (...) 2) C'est ensuite une certaine immobilité qui fait que le corps conserve l'attitude où il a été surpris ; le regard demeure fixé sur un objet invisible. 3) Cet état, qui naturellement devrait affaiblir le corps, lui donne au contraire de nouvelles forces (Vie, ch. XVIII et XX). Sans doute au moment du réveil on sent une certaine lassitude, mais elle est suivie d'une recrudescence de vigueur.
4) Parfois la suspension des sens est complète ; mais parfois elle est incomplète et permet de dicter les révélations qu'on reçoit, comme on le voit dans la vie de Ste Catherine de Sienne. b) Les sens intérieurs sont suspendus encore plus parfaitement que dans l'union mystique dont nous avons déjà parlé.

1457. c) On se demande si la liberté est elle-même suspendue. On répond communément, avec S. Thomas, Suarez, Ste Thérèse, Alvarez de Paz, que la liberté demeure, et que par conséquent l'âme peut mériter dans l'extase : c'est librement en effet que l'âme reçoit les faveurs spirituelles qui lui sont alors données. d) Quant à la durée de l'extase, elle varie beau- coup : l'extase complète ne dure généralement que quelques instants, parfois une demi-heure ; mais, comme elle est précédée et suivie de moments où l'extase est incomplète, elle peut durer plusieurs jours, en tenant compte de toutes les alternatives par lesquelles elle passe. e) On sort de l'extase par voie de réveil spontané ou provoqué : 1) dans le premier cas, on éprouve une certaine angoisse, comme si on revenait d'un autre monde, et ce n'est que peu à peu que l'âme reprend son action sur le corps. 2) Dans le second cas, le réveil est provoqué par l'ordre ou rappel d'un supérieur : s'il est oral, il est toujours obéi ; s'il n'est que mental, il ne l'est pas toujours.

2° Les trois phases de l’union extatique

1458. Il y a trois phases principales dans l'extase : l'extase simple, le ravissement et le vol de l'esprit. a) L'extase simple est une sorte de défaillance qui se produit doucement, et cause à l'âme une blessure douloureuse et délicieuse en même temps : son Epoux lui fait sentir sa présence, mais pour un temps seulement ; or elle voudrait en jouir constamment, et souffre de cette privation. Toutefois cette jouissance est plus savoureuse que dans la quiétude. Ecoutons Ste Thérèse : « L'âme sent qu'elle vient de recevoir une délicieuse blessure. Comment, de qui l’a-t-elle reçue, elle ne s'en rend pas compte ; mais elle en comprend si bien le prix, qu'elle voudrait n'en jamais guérir. Elle se plaint à son Epoux par des paroles d'amour, et cela, même extérieurement. Elle ne peut s'en empêcher parce qu'il lui fait sentir sa présence, sans pourtant se manifester de manière à l’en laisser jouir. La peine qu'elle en éprouve est très vive, mais suave et pleine de douceur... elle goûte dans cette peine une joie tout autrement grande que dans la savoureuse absorption de l’oraison de quiétude, où il n'entre aucune souffrance.» (Château, 6e Dem., ch. II, p. 180). Il y a déjà dans cette phase des paroles surnaturelles et des révélations : nous en parlerons plus tard.

1459. b) Le ravissement s'empare de l'âme avec impétuosité et violence, si bien qu'on ne peut y résister. On dirait un aigle puissant vous emportant sur ses ailes : on ne sait où l'on va. Malgré le plaisir qu'on éprouve, la faiblesse naturelle cause, dans les commencements, un sentiment de frayeur. « Mais cette crainte est mêlée d'un ardent et nouvel armour pour Celui qui en témoigne un si tendre à un vermisseau qui n'est que pourriture » (Vie, ch. XX, p. 246). C'est dans le ravissement que se concluent les fiançailles spirituelles ; et c'est là une attention délicate de la part de Dieu ; car, si l'âme conservait l'usage de ses sens, elle perdrait peut-être la vie en se voyant si proche de cette suprême Majesté (Château, 6e Dem., ch. IV, p. 199). Le ravissement fini, la volonté demeure comme enivrée, et ne peut plus s'occuper que de Dieu ; dégoûtée des choses terrestres, elle a un désir insatiable de faire pénitence, si bien qu'elle se plaint quand elle ne souffre pas.

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Message  ami de la Miséricorde Jeu 2 Juin 2016 - 5:54

2° Les trois phases de l’union extatique

1461. A) L'effet qui résume tous les autres, c'est une grande sainteté de vie, allant jusqu'à l'héroïsme, tellement que si elle n'existe pas, l'extase est suspecte. C'est la remarque de S. François de Sales : « Quand donc on voit une personne qui en l'oraison a des ravissements..., et néanmoins n'a pas d'extase en sa vie, c'est-à-dire, ne fait point une vie relevée et attachée à Dieu, par abnégation des convoitises mondaines et mortification des volontés et inclinations naturelles, par une intérieure douceur, simplicité, humilité, et surtout par une continuelle charité, croyez, Théotime, que tous ces ravissements sont grandement douteux et périlleux ; ce sont ravissements propres à faire admirer les hommes, mais non pas à les sanctifier » (Am. De Dieu, l. VII, ch. VII).

1462. B) Quant aux vertus princtpales que l'union extatique produit, elles sont : I) Un détachement parfait des créatures : Dieu fait, pour ainsi dire, monter l'âme au sommet d'une forteresse, d'où elle découvre clairement le néant des choses d'ici-bas. Aussi désormais elle ne veut plus avoir de volonté propre, elle voudrait même renoncer à son libre arbitre, si c'était possible. 2) Une immense douleur des péchés commis : ce qui l'afflige, ce n'est pas la crainte de l'enfer, mais celle d'offenser Dieu. 3) Une vue fréquente et affectueuse de la sainte humanité de Notre Seigneur, de la T. Ste Vierge. Et combien est excellente cette compagnie de Jésus et de Marie ! Les visions imaginatives et intellectuelles qui se font alors plus nombreuses, achèvent de détacher l'âme et de la plonger dans l'humilité. 4) Enfin une patience admirable pour supporter vaillamment les nouvelles épreuves passives que le Bon Dieu lui envoie, ce qu'on appelle la purification d'amour. Embrasée du désir de voir Dieu, l'âme se sent comme transpercée d'une flèche de feu, et pousse de grands cris en se voyant séparée de Celui qu'elle aime uniquement. C'est un véritable martyre qui commence, martyre de l'âme et martyre du corps, qui est accompagné d'un désir ardent de mourir pour ne plus être jamais séparé du Bien-Aimé, martyre interrompu parfois de délices enivrantes ; c'est ce que nous comprendrons mieux quand nous aurons étudié la seconde nuit de S. Jean de la Croix, la nuit de l'esprit.

II. La nuit de l'esprit

1463. La première nuit avait purifié l'âme pour la préparer aux joies de la quiétude, de l'union et de l'extase ; mais, avant les joies plus pures encore et plus durables du mariage spirituel, il faut une purification plus profonde et plus radicale, qui se fait généralement au cours de l'union extatique. Nous allons en exposer : 1° la raison d'être ; 2° les rudes épreuves ; 3° les heureux effets.

1° Raison d’être de la nuit de l’esprit

1464. Pour être uni à Dieu d'une façon aussi intime et durable qu'on l'est dans l'union transformante ou mariage spirituel, il est nécessaire d'être débarrassé des dernières imperfections qui restent dans l'âme. Or, nous dit S. Jean de la Croix, ces imperfections sont de deux sortes : les unes habituelles et les autres actuelles.

A) Les premières consistent en deux choses : a) en des affections et habitudes imparfaites ; ce sont comme des racines demeurées dans l’esprit, là où la purification du sens n'a pu pénétrer, par exemple des amitiés un peu trop vives ; il faut donc les déraciner ; (...)

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Message  ami de la Miséricorde Ven 3 Juin 2016 - 5:56

1° Raison d’être de la nuit de l’esprit

1464. (...) b) en une certaine faiblesse de l'esprit, hebetudo mentis, qui rend sujet aux distractins et à l’épanchement de l’esprit vers le dehors ; or ces faiblesses sont incompatibles avec l'union parfaite.
B) Les imperfections actuelles, qui sont aussi de deux sortes : a) un certain orgueil, une vaine complaisance en soi-même, venant des consolations spirituelles abondantes qu'on reçoit ; ce sentiment conduit parfois à l'illusion et nous fait prendre de fausses visions et prophéties pour des réalités ; b) une hardiesse trop grande avec Dieu, qui nous fait perdre la crainte respectueuse, sauvegarde de toutes les vertus.
Il faut donc à la fois purifier et réformer ces tendances ; et c'est pour nous aider à le faire que Dieu nous envoie les épreuves de la seconde nuit.

2° Epreuves de la nuit de l’esprit

1465. Pour purifier et réformer l'âme, Dieu laisse l'entendement dans les ténèbres, la volonté dans l'aridité, la mémoire sans souvenirs et les affections perdues dans la douleur et dans l'angoisse. C'est par la lumière de la contemplation infuse, dit S. Jean de la Croix, que Dieu produit cette purification, lumière vive en elle-même, mais obscure et douloureuse pour l'âme à cause de ses ignorances et de son impureté.
A) Souffrances de l'intelligence. a) La lumière de la contemplation étant vive et pure, offusque les yeux de notre intelligence trop faible et trop impure pour la supporter : de même que les yeux malades sont offusqués par une lumière vive et claire, ainsi notre âme encore maladive est torturée et comme paralysée par la lumière divine, si bien que la mort lui paraîtrait une délivrance. b) Cette douleur est intensifiée par la rencontre du divin et de l'humain dans la même âme : le divin, c'est-à-dire la contemplation purificatrice, l'envahit pour la renouveler, la perfectionner, la diviniser ; l'humain, c'est-à-dire l'âme elle-même avec ses défauts, éprouve l'impression d'un anéantissement, d'une mort spirituelle, par laquelle il faut passer pour parvenir à la résurrection. c) A cette douleur s'ajoute la vue intense de sa pauvreté et de sa misère : la partie sensitive de l'âme étant plongée dans la sécheresse, la partie intellectuelle dans les ténèbres, elle éprouve l'impression angoissante d'un homme sans appui, suspendu en l'air ; parfois même, elle voit l'enfer s'ouvrir pour l'engloutir à jamais. Ce sont là des expressions figurées sans doute, mais qui dépeignent l'effet de cette lumière qui montre, d'un côté, la grandeur et la sainteté de Dieu, et, de l'autre, le néant et les misères de l'homme.

1466. B) Les souffrances de la volonté sont non moins indicibles : a) l'âme se voit privée de tout bonheur et est persuadée que c'est pour toujours ; son confesseur même ne peut la consoler. b) Pour la soutenir dans cette épreuve, Dieu lui envoie des intervalles de soulagement, où elle goûte une paix suave dans l'amour et la familiarité divine. Mais ces moments sont suivis de retours offensifs, où elle s'imagine que Dieu ne l'aime pas, qu'elle est justement abandonnée par lui : c'est le supplice de la déréliction spirituelle. c) En cet état, il est impossible de prier ; si on le fait, c'est avec tant de sécheresse qu'il lui semble que Dieu ne l'écoute pas. Il y a des cas où elle ne peut même plus s'occuper de ses intérêts temporels, sa mémoire étant pleine de défaillances : c'est une ligature des puissances qui s'étend aux actions naturelles. Pour tout résumer en un mot : c'est une sorte d'enfer par la douleur qu'on éprouve, et de purgatoire par la purification qui en est le fruit.

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Message  ami de la Miséricorde Dim 5 Juin 2016 - 2:57

I. Nature de l'union transformante

Signalons : 1° ses principaux caractères ; 2° la description qu'en fait Ste Thérèse.

1470. 1° Ses principaux caractères sont l'intimité, la sérénité, l'indissolubilité.
A) L'intimité. C'est parce que cette union est plus intime que les autres qu'elle s'appelle mariage spirituel ; entre époux plus de secrets : c'est la fusion de deux vies en une seule. Or telle est l'union qui existe entre l'âme et Dieu ; Ste Thérèse l'explique par une comparaison : « On dirait l'eau du ciel qui tombe dans une rivière... et qui se confond tellement avec elle qu'on ne peut plus ni les diviser, ni distinguer quelle est l'eau de la rivière et quelle est l'eau du ciel » (Château, 7e Dem., ch. II,p. 287). B) La sérénité : en cet état, plus d'extases ni de ravissements, ou du moins fort peu ; c'étaient là des faiblesses, des défaillances qui ont disparu presque totalement, pour faire place à cet état d'âme paisible et calme dans lequel se trouvent deux époux assurés désormais de leur amour mutuel. C) L'indissolubilité : les autres unions n'étaient que transitoires ; celle-ci devient de sa nature permanente comme l'est le mariage chrétien.

1471. Est-ce que cette indissolubilité entraîne l'impeccabilité ? Il y a là-dessus une différence de vues entre S. Jean de la Croix et Ste Thérèse. Le premier pense que l'âme est alors confirmée en grâce : « A mon avis, l'âme ne peut jamais être mise en possession de cet état, sans se trouver en même temps confirmée en grâce… Elle n'a plus à redouter ni tentations, ni troubles, ni chagrins, et oublie toutes ses sollicitudes et ses soucis » (Cantique spirituel, str. XXII). Ste Thérèse est loin d'être aussi affirmative : « Toutes les fois que je dis que l'âme est en assurance, cela doit s'entendre : aussi longtemps que la divine Majesté la tiendra dans la main et qu'elle-même ne l'offensera pas. Je sais du moins, à n'en point douter, que la personne en question, bien qu'arrivée à cet état et y persévérant depuis des années, ne se croit pas en assurance » (Château, 7e Dem., ch. II, p. 290-291). Il nous semble que le langage de ste Thérèse est plus conforme à celui de la théologie, qui nous enseigne que la grâce de la persévérance finale ne peut se mériter ; pour être assuré de son salut, il faudrait donc une révélation spéciale portant non seulement sur l’état de grâce présent, mais encore sur la persévérance en cet état jusqu'à la mort.

1472. 2° La description de Ste Thérèse contient deux apparitions, l'une de Notre Seigneur et l’autre de la Sainte Trinité.
A) C'est Jésus qui introduit l'âme dans cette dernière demeure par une double vision : l’une imaginaire, l'autre intellectuelle. a) Dans une vision imaginaire, qui eut lieu après la communion, il apparut à la Sainte « dans une splendeur, une beauté, une majesté admirables, tel qu'il était après sa résurrection » (Château, 7e Dem., ch. II, p. 284). « Il lui dit qu'il était temps qu'elle fît de ses intérêts à lui ses intérêts propres, et qu'Il prendrait soin de ce qui la concernait » ... « Désormais tu auras soin de mon honneur, non seulement parce que je suis ton Créateur, ton Roi et ton Dieu, mais encore parce que tu es ma véritable épouse. Mon honneur est le tien, et ton honneur est le mien » (Relation XXV, t. II des Œuvres, p. 246). b) Vient ensuite la vision intellectuelle : « Ce que Dieu communique alors à l'âme en un moment est un si grand secret, une faveur si sublime, et inonde l'âme de si excessives délices, que je ne sais à quoi les comparer. Je dirai seulement qu'en cet instant le Seigneur daigne lui manifester la béatitude du ciel, par un mode dont la sublimité dépasse celle de toutes les visions et de tous les goûts spirituels. Tout ce que l'on peut dire, c'est que l'âme ou plutôt l'esprit de l'âme, devient, selon qu'on en peut juger, une même chose avec Dieu » (Château, ibid., p. 286).

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Message  ami de la Miséricorde Lun 6 Juin 2016 - 4:26

1473. B) Vision de la Sainte Trinité. Une fois qu'elle est introduite dans cette demeure, les trois personnes de la Très Sainte Trinité dans une vision intellectuelle se découvrent à elle par une certaine représentation de la vérité et au milieu d'un embrasement qui, semblable à une nuée resplendissante, vient droit à son esprit.

Les trois divines Personnes se montrent distinctes, et, par une notion admirable qui lui est communiquée, l'âme connaît d'une certitude absolue que toutes trois ne sont qu'une même substance, une même puissance, une même science et un seul Dieu. « Ainsi, ce que nous croyons par la foi, l'âme, on peut le dire, le perçoit ici par la vue. Et cependant l'on ne voit rien, ni des yeux du corps, ni des yeux de l'âme, parce que ce n'est pas ici une vision imaginaire. Alors les personnes divines se communiquent toutes trois à l'âme, elles lui parlent et lui découvrent le sens de ce passage de l'Evangile où Notre Seigneur annonce qu'il viendra, avec le Père et l'Esprit Saint, habiter dans l'âme qui l'aime et garde ses commandements. O Dieu ! Quelle dijférence entre écouter ces paroles, les croire même, ou comprendre par la voie que je viens de dire à quel point elles sont vraies » . Cette âme est dans un étonnement qui grandit tous les jours, parce qu'il lui semble que depuis lors ces trois divines personnes ne l'ont jamais quittée ; elle voit clairement de la manière déjà mentionnée qu'elles résident dans son intérieur. C’est dans la partie la plus intime d'elle-même qu'elle sent cette divine compagnie, et comme dans un abîme très profond qu'elle ne saurait définir, faute de science » (Château, 6e Dem., ch. I, p. 279-281).

II. Effets de l'union transformante.

1474. Une union si intime et si profonde ne peut que produire de merveilleux effets de sanctification. Ils se résument en un mot : l'âme est tellement transformée qu'elle s'oublie elle-même pour ne plus songer qu’à Dieu et sa gloire. D’où :
1° Un saint abandon entre les mains de Dieu, si bien que l'âme est souverainement indifférente à tout ce qui n'est pas Dieu ; dans l'union extatique, elle désirait la mort pour s'unir à son Bien-Aimé ; maintenant elle est indifférente à la vie ou à la mort, pourvu que Dieu soit glorifié : « Sa seule préoccupation est de lui plaire toujours davantage, de trouver des occasions, des moyens de lui témoigner son amour. C'est là le but de l'oraison, et ce mariage spirituel est destiné à produire continuellement des œuvres » (Château, l.c. p. 308).

1475. 2° Un immense désir de souffrir, mais sans inquiétude, en conformité parfaite à la volonté de Dieu : « S'il veut qu'elles souffrent, fort bien ; s'il ne le veut pas, elles ne s'en désolent plus. Sont-elles en butte à la persécution, elles en ressentent intérieurement la joie la plus vive et gardent une paix beaucoup plus profonde que dans les états précédents. Elles n'ont pas le moindre ressentiment contre ceux qui leur font du mal ou voudraient leur en faire. Que dis-je ? Elles les aiment d'une affection spéciale » (ibid. p. 295).

1476. 3° L'absence de désirs et de peines intérieures : « Pour tout dire, elles n'ont plus d'attrait pour les consolations... Leur attrait constant est d'être seules, ou de travailler à l'avancement spirituel du prochain. Elles n'ont ni sécheresses ni peines intérieures, mais toujours tendrement occupées de Notre Seigneur, elles voudraient ne jamais cesser de lui donner des louanges » (p. 296).

1477. 4° L'absence de ravissements. « Une fois arrivée là, l'âme n'a plus de ravissements, ou, si elle en a, ce qui est très rare, ce ne sont plus de ces enlèvements et de ces vols d'esprit, comme ceux dont j'ai parlé. En outre, cela ne lui arrive presque jamais en public, chose qui lui était fort ordinaire » (p. 300). (...)

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Message  ami de la Miséricorde Mar 7 Juin 2016 - 5:19

1477. 4° L'absence de ravissements. « Une fois arrivée là, l'âme n'a plus de ravissements, ou, si elle en a, ce qui est très rare, ce ne sont plus de ces enlèvements et de ces vols d'esprit, comme ceux dont j'ai parlé. En outre, cela ne lui arrive presque jamais en public, chose qui lui était fort ordinaire » (p. 300). (...) C'est donc la paix, la sérénité parfaite : « En ce temple de Dieu, en cette demeure qui est sienne, Dieu seul et l'âme jouissent l'un de l'autre dans un très profond silence » (p. 299).

1478. 5° Un zèle ardent, mais contenu, pour la sanctijication des âmes. Il ne suffit pas de rester dans ce doux repos, il faut agir, faire des œuvres, souffrir, se faire l'esclave de Dieu et du prochain, travailler à progresser dans les vertus, l'humilité surtout : car ne pas croître, c'est décroître. Faire l'office de Marie et de Marthe en même temps, telle est la perfection. On peut faire du bien aux âmes, sans sortir du cloître ; et, sans viser à faire du bien au monde entier, on peut en faire aux personnes avec lesquelles on vit : « Cette œuvre sera d'autant plus méritoire que vous êtes obligées de l'accomplir. Pensez-vous que ce sera peu de chose si par votre humilité profonde, votre esprit de mortification, votre dévouement, votre tendre charité pour vos sœurs, votre amour pour Notre Seigneur, vous les embrasez de ce feu céleste et leur devenez un continuel stimulant à la vertu ? Vous ferez un très grand fruit au contraire, et vous rendrez à N. S. un service qui lui sera très àgréable » (p. 313). Mais surtout il faut faire ces œuvres par amour : « Le Seigneur regarde moins la grandeur de nos œuvres que l'amour avec lequel nous les accomplissons » (p. 314).

1479. En terminant, la Sainte invite ses sœurs à entrer dans ces demeures, s'il plaît au maître du Château de les y introduire, mais à ne pas vouloir en forcer l'entrée. « Si donc vous rencontrez de sa part quelque résistance, je vous le conseille, n'essayez pas de passer outre. Vous le fâcheriez si bien qu'il vous en fermerait l'entrée pour toujours. Il aime extrêmement l'humilité. Si vous vous croyez indigne de pénétrer même dans la troisième Demeure, vous obtiendrez bien vite l'entrée de la cinquième. Vous pourrez même la fréquenter si assidûment et le servir si bien lui-même, qu'il vous admettra dans celle qu'il s'est réservée» (p. 316).

Synthèse du chapitre second


1480. Après avoir parcouru les quatre grandes phases de la contemplation, avec leurs alternatives d'épreuves douloureuses et de joies enivrantes, il me semble que se trouve confirmée la notion de la contemplation infuse telle que nous l'avons donnée, à savoir la prise de possession progressive de l'âme par Dieu avec le libre consentement de celle-ci.
1° Dieu s'empare progressivement de l'âme contemplative tout entière : d'abord de la volonté, dans la quiétude ; puis de toutes les puissances intérieures dans l'union pleine ; des facultés intérieures et des sens extérieurs dans l'extase ; et enfin de l'âme tout entière, d'une façon non plus transitoire, mais permanente, dans le mariage spirituel. Or, si Dieu s'empare de l'âme, c'est pour l'inonder de lumière et d'amour, c'est pour la faire communier à ses perfections. a) Cette lumière est d'abord faible, et douloureuse tant que l'âme n'est pas suffisamment purifiée ; mais elle devient plus forte, plus consolante, bien que toujours mélangée d'obscurité, à cause de la faiblesse de notre esprit. Elle produit une vive impression parce qu'elle vient de Dieu, et qu'elle donne à l'âme une connaissance expérimentale de l'infinie grandeur, bonté et beauté de Dieu, de la petitesse, du néant et des misères de la créature. b) L'amour, qui est donné à l'âme contemplative, est ardent, généreux, avide de sacrifices : on s'oublie soi-même, et on veut s'immoler pour Celui qu'on aime.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,
Desclée and Co, 1923

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Message  ami de la Miséricorde Mer 8 Juin 2016 - 4:57

Synthèse du chapitre second

1481. 2° L'âme consent librement à cette possession divine, et se donne librement, joyeusement à Dieu par l' humilité la plus profonde, l'amour de la croix pour Dieu et pour Jésus, le saint abandon. Par là elle se purifie de plus en plus de ses imperfections, s'unit à Dieu et se transforme en lui, si bien que se réalise aussi pleinement que possible le désir ardent de Notre Seigneur : « Ut et ipsi in nobis unum sint » (Joan., XVII, 21).
Telle est la vraie mystique ; il importe de la distinguer du faux mysticisme ou du quiétisme.

Appendice : le faux mysticisme ou quiétisme

1482. A côté des vrais mystiques, dont nous venons d'exposer la doctrine, il s'est trouvé parfois de faux mystiques, qui, sous des noms divers, ont perverti la notion de l'état passif et sont tombés dans des erreurs doctrinales, dangereuses au point de vue des mœurs : tels furent les Montanistes, les Béghards. Mais l'erreur la plus célèbre fut le Quiétisme. Elle s'est présentée sous trois formes différentes : 1° le quiétisme grossier de Molinos ; 2° le quiétisme atténué et spiritualisé de Fénelon ; 3° les tendances semi-quiétistes.

1° Le quiétisme de Molinos

1488. Né en Espagne, en 1640, Michel de Molinos passa la plus grande partie de sa vie à Rome, et c'est là qu'il dissémina ses erreurs dans deux ouvrages, qui eurent beaucoup de succès : La Guide spirituelle et L'Oraison de quiétude. Son erreur fondamentale fut d'affirmer que la perfection consiste dans la passivité complète de l'âme, dans un acte continuel de contemplation et d'amour, qui, une fois fait, dispense de tous les autres actes, et même de la résistance aux tentations : laissons faire Dieu, telle est sa devise.
1484. Pour mieux faire saisir les erreurs de détail, mettons sur deux colonnes la docrine catholique et les déviations de Molinos.

Doctrine catholique

1) II y a un état passif où Dieu agit en nous par sa grâce opérante ; mais on n’y arrive normalement qu'après avoir longuement pratiqué les vertus et la méditation.
2) L'acte de contemplation ne dure que peu de temps, bien que l’état d’âme qui en résulte puisse durer plusieurs jours.
3) La contemplation contient émimemment les actes de toutes les vertus chrétiennes, mais ne nous dispense pas de faire, en dehors du temps de la contemplation, des actes explicites de ces vertus.
4) L'objet principal de la contemplation est Dieu lui-même, mais Jésus en est l'objet secondaire, et en dehors de l'acte contemplatif on n'est pas dispensé de penser à Jésus-Christ, le médiateur nécessaire, ni d'aller à Dieu par lui.
5) Le saint abandon est une vertu très parfaite ; mais il ne doit pas aller jusqu'à l'indifférence par rapport au salut éternel : il faut au contraire le désirer, l'espérer et le demander ;
6) Il peut arriver que, dans les épreuves intérieures, l'imagination et la sensibilité soient profondément troublées, tandis que la fine pointe de l'âme jouit d'une paix profonde ; mais la volonté est toujours obligée de résister aux tentations.

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,
Desclée and Co, 1923

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Message  ami de la Miséricorde Jeu 9 Juin 2016 - 5:15

Synthèse du chapitre second

Erreurs de Molinos


1) Il n'y a qu'une voie, la voie intérieure ou la voie de la contemplation passive qu’on peut acquérir pour soi-même, avec la grâce commune ; il faut donc entrer aussitôt dans la voie passive, et par là annihiler ses passions. 2) L’acte de contemplation peut durer des années entières, et même toute la vie, jusque dans le sommeil, sans être réitéré. 3) La contemplation étant perpétuelle, dispense de tous les actes explicites des vertus, qui ne sont que pour les commençants, par exemple, des actes de foi, d'espérance, de religion, de mortification, de la confession, etc.
4) C'est une imperfection de penser à Jésus Christ et à ses mystères ; il faut et il suffit de se perdre dans l'essence divine : celui qui se sert d'images ou d'idées n'adore pas Dieu en esprit et en vérité.

5) Dans l'état de contemplation, il faut être indifférent à tout, même à sa sanctification, à son salut, et perdre l'espérance, pour que l'amour soit désintéressé.
6) Il ne faut pas se mettre en peine de résister aux tentations ; les imaginations les plus obcènes, les actes qui en résultent, ne sont pas forcément répréhensibles, parce qu’ils sont l’œuvre du démon. Ce sont des épreuves passives que les Saints eux-mêmes ont éprouvées, et qu'il faut bien se garder de confesser. C'est par là qu'on arrive à la pureté parfaite et à l'union intime avec Dieu.
L’exposé que nous avons fait de la vraie doctrine catholique nous disense de la réfutation de cette erreur. Mais de l’histoire du Quiétisme on tirera la conclusion que, lorsqu'on veut arriver trop tôt à la contemplation et s'y ingérer de soi-même sans avoir mortifié ses passions et pratiqué les vertus chrétiennes, on tombe d'autant plus bas qu'on avait prétendu s'élever plus haut : qui veut faire l'ange fait la bête.

2° Le Quiétisme atténué de Fénélon

1485. Le quiétisme de Molinos fut repris, sous une forme tempérée, et sans les conséquences immorales qu'en avait tirées son auteur, par Mme Guyon, qui, devenue veuve à un âge encore jeune, se lança avec ardeur dans une piété émotive et imaginative qu'elle appelait la voie de l'amour pur. Elle gagna d’abord à ses idées le P. Lacombe, barnabite, puis, dans une certaine mesure, Fénelon lui-même, qui, dans l' Explication des maximes des saints sur la vie intérieure, 1697, formula un quiétisme mitigé où il s'efforçait de mettre en lumière la doctrine du pur amour, « charité pure et sans aucun mélange du motif de l'intérêt propre » ! Toutes les erreurs contenues dans ce livre, peuvent, au jugement de Bossuet, se ramener aux quatre propositions suivantes : « 1) Il y a dans cette vie un état habituel de pur amour, dans lequel le désir du salut éternel n'a plus lieu. 2) Dans les dernières épreuves de la vie intérieure, une âme peut être persuadée d'une persuasion invincible et réfléchie, qu'elle est justement réprouvée de Dieu, et, dans cette persuasion, faire à Dieu le sacrifice absolu de son bonheur éternel. 3) Dans l'état du pur amour, l'âme est indifférente pour sa propre perfection et pour les pratiques de vertu. 4) Les âmes contemplatives perdent, en certains états, la vue distincte, sensible et réfléchie de Jésus-Christ »...

1486. Assurément ce quiétisme est beaucoup moins dangereux que celui de Molinos. Mais les quatre propositions sont fausses, et pourraient conduire à des conséquences funestes. 1) Il est faux qu'il y ait sur terre un état habituel de pur amour excluant l'espérance... car, comme le dit avec raison le 5e article d'Issy, « tout chrétien en tout état, quoique non à tout moment, est obligé de vouloir, désirer et demander explicitement son salut éternel, comme chose que Dieu veut et qu'il veut que nous voulions pour sa gloire ».

Source : Précis de Théologie Ascétique et Mystique de Tanquerey,
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Message  ami de la Miséricorde Sam 11 Juin 2016 - 3:57

1486. (...) Ce qui est vrai c'est que, chez les parfaits, le désir de la béatitude est souvent commandé par la charité, et qu'il y a des moments où ils ne songent pas explicitement à leur salut. 2) La seconde proposition n'est pas moins fausse. Sans doute il y a des Saints qui ont eu l'impression très vive dans la partie inférieure de leur âme, qu'ils étaient justement réprouvés ; mais ce n'était pas une persuasion réfléchie de la partie supérieure ; si quelques-uns ont fait le sacrifice conditionnel de leur salut, ce n'était pas un sacrifice absolu. 3) Il n'est pas exact non plus que l'âme, dans l'état du pur amour, soit indifférente à sa perfection et aux pratiques de vertu ; nous avons vu au contraire que Ste Thérèse ne cesse de recommander, dans les plus hauts états de perfection, le souci du progrès et des vertus fondamentales. 4) Il est faux enfin que dans les états parfaits on perde la vue distincte de Jésus-Christ. Nous avons vu, n° 1472, que, dans l'union transformante, Ste Thérèse avait des visions de l'humanité sainte de Jésus-Christ ; ce qui est vrai, c'est que, en certains moments transitoires, on ne pense pas explicitement à lui.

3° Tendances semi-quiétistes

1487. On trouve parfois, dans certains ouvrages de piété, d'ailleurs excellents, des tendances plus ou moins quiétistes, qui, si elles servaient de règles de direction pour les âmes ordinaires, conduiraient à des abus. L'erreur principale, qui se glisse dans ces livres, c'est qu'on semble inculquer à toutes les âmes, même à celles qui sont peu avancées, des dispositions de passivité qui ne conviennent en réalité qu'à la voie unitive. On veut arriver trop tôt à simplifier la vie spirituelle, oubliant que, pour la plupart des âmes, cette simplification ne peut se faire utilement qu'après avoir passé par la méditation discursive, les examens de conscience détaillés et la pratique des vertus morales. C’est l'excès d'une bonne qualité ; on veut rendre les âmes parfaites le plus rapidement possible, en supprimant les étapes intermédiaires, et en suggérant dès le début les moyens qui réussissent aux âmes plus avancées.

1488. a) Ainsi, sous prétexte de favoriser l'amour désintéressé, on ne donne pas à l'espérance chrétienne la place qu'elle doit occuper ; on suppose que le désir du bonheur éternel n'est qu'accessoire, que la gloire de Dieu est tout. Or, en réalité, la gloire de Dieu et le bonheur éternel sont intimement liés ensemble : car, c'est par la connaissance et l'amour de Dieu qu'on procure sa gloire, et cette connaissance et cet amour constituent en même temps notre bonheur. Au lieu de séparer ces deux éléments, il faut au contraire les unir, et montrer comment ils se complètent et s'harmonisent, tout en remarquant que, si on considère séparément l'un et l'autre, c'est la gloire de Dieu qui est le principal. b) De même on insiste trop sur le côté passif de la piété : laisser Dieu agir en nous, nous porter entre ses bras, sans ajouter que Dieu ne le fait généralement que lorsque, pendant longtemps, nous nous sommes exercés à la piété active. c) Quand on en vient aux moyens de sanctification, on propose presque exclusivement ceux qui conviennent à la voie unitive : on critique, par exemple, la méditation méthodique et cloisonnée, comme on l'appelle ; les résolutions de détail, qui, dit-on, brisent l'unité de la vie spirituelle ; les examens de conscience détaillés qu'on veut remplacer par un simple coup d'œil. Mais on oublie que les commençants n’arrivent généralement à l'oraison de simplicité que par l'oraison méthodique, que, pour eux, les résolutions générales d'aimer Dieu de tout son cœur ont besoin d'être précisées, et que, pour connaître leurs défauts, et les réformer, il faut entrer dans le détail : ils ne sont que trop exposés à se contenter d'un regard superficiel sur eux-mêmes qui laissera subsister leurs passions et leurs défaillances. En un mot on oublie trop qu'il y a plusieurs étapes à parcourir avant d'arriver à l'union à Dieu et à l'état passif.

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