On aurait donc besoin du pape ?
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On aurait donc besoin du pape ?
JEAN-PIERRE DENIS, DIRECTEUR DE LA RÉDACTION
CRÉÉ LE 17/06/2015
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L’Église romaine est souvent jugée ringarde. Soyons francs : il lui arrive de l’être plus souvent qu’à son tour, et même « vieillie, usée, fatiguée »,
pour paraphraser Jospin. Généralement, d’ailleurs, elle tient à montrer qu’elle se soucie comme d’une guigne de sa réputation. Et dans le petit monde de ceux qui font le monde, on se frotte les mains. On en profite pour passer la religion chrétienne par pertes et profits. Elle est jugée dépassée, ou résiduelle, comme une vieille chose qui prend encore un peu de place mais, au fond, ne compte plus. On veut lui piquer ses jours fériés. On se demande si elle ne devrait pas rendre ses chapelles inutilisées. On trouve qu’elle ferait mieux de se taire sur le mariage, sur les migrations, sur la famille, sur l’économie, sur le corps humain. Et quand on en parle comme d’un organisme réellement vivant, c’est pour la noyer dans l’inquiétude et la suspicion, la « menace intégriste », et autres périls obscurantistes qui nous guettent et qu’il faut conjurer par le blasphème officiel, la laïcité rigoriste, l’incroyance sourcilleuse.
Mais voilà. Depuis que le pape François est arrivé, tout va de travers. Plus rien ne rentre dans les cases. L’Église est de nouveau attendue et entendue. Tout d’un coup, on éprouve le besoin d’une conscience universelle, d’une autorité prophétique et d’une caution spirituelle transcendant les appartenances politiques ou culturelles, toutes choses que, bizarrement, seule cette institution « croulante » semble pouvoir fournir. Les grands de ce monde se tournent vers le pontife de Rome comme jadis on le faisait vers la pythie de Delphes. Le pape François les reçoit volontiers, mesurant son sourire. Et puisqu’on le lui demande gentiment, il parle. Sans ménager ses mots.
Ses prédécesseurs n’étaient pas muets. Même le timide Benoît XVI, évidemment. Simplement, leur parole ne portait pas toujours. François a retrouvé, en tout cas, la crédibilité internationale qui fut celle d’un Jean Paul II à l’époque de la chute du communisme, mais sans s’encombrer jusqu’ici des polémiques qui entouraient le pontife polonais. Habile dans le bon sens du terme, il fait le pari que la parole de l’Église peut rejoindre tous les hommes quelle que soit leur religion ou leur absence de religion. En ce sens, il est authentiquement missionnaire sans être lourdement prosélyte, ce qui n’a rien de très étonnant pour un jésuite du Nouveau Monde. Le pape François est devenu, on l’a déjà écrit, le curé du monde. Mais c’est un curé qui est crédible parce qu’il se convertit lui-même. La « conversion écologique » à laquelle François nous invite commence non comme une leçon faite aux personnes et aux peuples, mais comme une conversion de l’Église. Celle-ci revient vers ses sources bibliques avec humilité et avec honnêteté, pour discerner à la lumière de Dieu de quoi l’homme a besoin aujourd’hui. Et pour le partager avec une humanité qui a soif.
François ne mâche pas pour autant ses mots. Prenez « l’écologie intégrale » qui sera la clé de son encyclique Laudato sii. Ce ne sont pas quelques gouttes d’eau bénite à jeter sur les participants au sommet de Paris sur le climat, ni davantage, pour les catholiques, un supplément de mauvaise conscience à ajouter à une panoplie déjà obligeamment fournie par tous les prêches qu’ils subissent. Il ne s’agit pas non plus d’un petit coup de pouce politique destiné à aider un Occident en perte de vitesse ou une réunion de chefs d’État en panne d’intelligence et de générosité collective. C’est un appel à croire dans la dignité de l’homme et dans la beauté de l’univers qui l’entoure, et à y croire de manière active, cohérente, sans plus jamais séparer le personnel et le social, le spirituel et le terrestre, la création divine et la responsabilité humaine. Cet appel à retrouver l’unité profonde, qui pouvait le faire entendre ? François, évidemment.
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L’Église romaine est souvent jugée ringarde. Soyons francs : il lui arrive de l’être plus souvent qu’à son tour, et même « vieillie, usée, fatiguée »,
pour paraphraser Jospin. Généralement, d’ailleurs, elle tient à montrer qu’elle se soucie comme d’une guigne de sa réputation. Et dans le petit monde de ceux qui font le monde, on se frotte les mains. On en profite pour passer la religion chrétienne par pertes et profits. Elle est jugée dépassée, ou résiduelle, comme une vieille chose qui prend encore un peu de place mais, au fond, ne compte plus. On veut lui piquer ses jours fériés. On se demande si elle ne devrait pas rendre ses chapelles inutilisées. On trouve qu’elle ferait mieux de se taire sur le mariage, sur les migrations, sur la famille, sur l’économie, sur le corps humain. Et quand on en parle comme d’un organisme réellement vivant, c’est pour la noyer dans l’inquiétude et la suspicion, la « menace intégriste », et autres périls obscurantistes qui nous guettent et qu’il faut conjurer par le blasphème officiel, la laïcité rigoriste, l’incroyance sourcilleuse.
Mais voilà. Depuis que le pape François est arrivé, tout va de travers. Plus rien ne rentre dans les cases. L’Église est de nouveau attendue et entendue. Tout d’un coup, on éprouve le besoin d’une conscience universelle, d’une autorité prophétique et d’une caution spirituelle transcendant les appartenances politiques ou culturelles, toutes choses que, bizarrement, seule cette institution « croulante » semble pouvoir fournir. Les grands de ce monde se tournent vers le pontife de Rome comme jadis on le faisait vers la pythie de Delphes. Le pape François les reçoit volontiers, mesurant son sourire. Et puisqu’on le lui demande gentiment, il parle. Sans ménager ses mots.
Ses prédécesseurs n’étaient pas muets. Même le timide Benoît XVI, évidemment. Simplement, leur parole ne portait pas toujours. François a retrouvé, en tout cas, la crédibilité internationale qui fut celle d’un Jean Paul II à l’époque de la chute du communisme, mais sans s’encombrer jusqu’ici des polémiques qui entouraient le pontife polonais. Habile dans le bon sens du terme, il fait le pari que la parole de l’Église peut rejoindre tous les hommes quelle que soit leur religion ou leur absence de religion. En ce sens, il est authentiquement missionnaire sans être lourdement prosélyte, ce qui n’a rien de très étonnant pour un jésuite du Nouveau Monde. Le pape François est devenu, on l’a déjà écrit, le curé du monde. Mais c’est un curé qui est crédible parce qu’il se convertit lui-même. La « conversion écologique » à laquelle François nous invite commence non comme une leçon faite aux personnes et aux peuples, mais comme une conversion de l’Église. Celle-ci revient vers ses sources bibliques avec humilité et avec honnêteté, pour discerner à la lumière de Dieu de quoi l’homme a besoin aujourd’hui. Et pour le partager avec une humanité qui a soif.
François ne mâche pas pour autant ses mots. Prenez « l’écologie intégrale » qui sera la clé de son encyclique Laudato sii. Ce ne sont pas quelques gouttes d’eau bénite à jeter sur les participants au sommet de Paris sur le climat, ni davantage, pour les catholiques, un supplément de mauvaise conscience à ajouter à une panoplie déjà obligeamment fournie par tous les prêches qu’ils subissent. Il ne s’agit pas non plus d’un petit coup de pouce politique destiné à aider un Occident en perte de vitesse ou une réunion de chefs d’État en panne d’intelligence et de générosité collective. C’est un appel à croire dans la dignité de l’homme et dans la beauté de l’univers qui l’entoure, et à y croire de manière active, cohérente, sans plus jamais séparer le personnel et le social, le spirituel et le terrestre, la création divine et la responsabilité humaine. Cet appel à retrouver l’unité profonde, qui pouvait le faire entendre ? François, évidemment.
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Ginou Saliba- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
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