Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
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Re: Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
CHAPITRE XVI
Suite du sujet précédent
Ces grands desseins de Jésus-Christ sur cet incomparable prélat devraient être soutenus de l'esprit qui a toujours animé toute lÉglise, qui n'est autre que l'esprit de la croix.
Les grandes choses que Dieu avait résolu de faire par ce saint, devaient avoir pour fondement des croix extraordinaires : aussi jamais personne n'a souffert des persécutions plus violentes.
Ce saint agissant dans l'esprit et dans la vertu d'Elie, ayant repris avec force les mauvais ecclésiastiques, sétant appliqué avec un zèle incroyable à la réformation de leurs murs, il s'attira leur aversion, et de leur part ils conspirèrent contre lui, et ils le chargèrent de calomnies pour le décrier dans l'esprit du peuple.
Mais c'était, dit l'histoire de sa Vie, une puissante consolation à saint Chrysostome de se voir traité comme son Maitre : car il savait que Jésus-Christ n'eut pas plutôt ouvert la bouche, qu'il excita le murmure des pharisiens et des docteurs de la loi : et comme la contradiction des pharisiens n'empêchait pas le Fils de Dieu de parler fortement contre leurs désordres, quoique cette liberté lui dût coûter la vie ; ainsi l'opposition du clergé n'empêchait pas ce parfait imitateur de Jésus-Christ de leur représenter leurs plus étroites obligations, quoique cette sévérité épiscopale dût être suivie de la perte de son siège, de sa liberté et de sa vie.
Mais l'ennemi de notre salut ayant entrepris de troubler l'Église de Constantinople en la personne de son archevêque, ne perdait nulle occasion de lui susciter des ennemis, et se servait des moindres choses pour le brouiller avec tout le monde. Acace évêque, le menaçant en présence de quelques ecclésiastiques, ne put s'empêcher de dire : « Je lui apprête son bouillon. »
Depuis ce temps-là il fit une ligue secrète avec Severien, évêque des Gabales, et ces évêques avec quelques moines s'étant unis entre eux par un esprit de faction, traitèrent des moyens de s'armer contre saint Jean Chrysostome.
Le premier expédient dont ils s'avisèrent pour perdre ce saint prélat, fut d'envoyer à Antioche pour faire une exacte recherche de sa vie.
Ensuite ils envoyèrent à Alexandrie vers Théophile dont ils connaissaient l'esprit artificieux, qui prit résolution de venir à Constantinople, pour détruire celui qu'il considérait comme son ennemi.
Toutes choses étaient disposées en cette grande ville à la brouillerie, quelques-uns du clergé qui ne souffraient qu'avec beaucoup d'impatience la sévérité et le zèle de leur archevêque, semblaient d'eux-mêmes tendre les bras à ses plus grands persécuteurs.
Les grands de la cour et les riches de la ville souhaitaient avec passion d'être défaits d'un si sévère censeur : les dames mondaines ne le pouvaient plus supporter : et sur ce que le saint se faisait à lui-même cette objection que l'on pourrait bien par une si sévère conduite s'engager dans un mauvais parti, il répond qu'il ne s'en mettra pas en peine ; que ceux qui s'offensaient de sa conduite, ne le défendraient pas devant le tribunal de Jésus-Christ lorsqu'il serait jugé ; qu'on pouvait user jusqu'à deux ou trois fois de condescendance ; mais qu'on n'était pas toujours obligé de se relâcher de la vigueur ecclésiastique par un esprit d'accommodement.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Suite du sujet précédent
Ces grands desseins de Jésus-Christ sur cet incomparable prélat devraient être soutenus de l'esprit qui a toujours animé toute lÉglise, qui n'est autre que l'esprit de la croix.
Les grandes choses que Dieu avait résolu de faire par ce saint, devaient avoir pour fondement des croix extraordinaires : aussi jamais personne n'a souffert des persécutions plus violentes.
Ce saint agissant dans l'esprit et dans la vertu d'Elie, ayant repris avec force les mauvais ecclésiastiques, sétant appliqué avec un zèle incroyable à la réformation de leurs murs, il s'attira leur aversion, et de leur part ils conspirèrent contre lui, et ils le chargèrent de calomnies pour le décrier dans l'esprit du peuple.
Mais c'était, dit l'histoire de sa Vie, une puissante consolation à saint Chrysostome de se voir traité comme son Maitre : car il savait que Jésus-Christ n'eut pas plutôt ouvert la bouche, qu'il excita le murmure des pharisiens et des docteurs de la loi : et comme la contradiction des pharisiens n'empêchait pas le Fils de Dieu de parler fortement contre leurs désordres, quoique cette liberté lui dût coûter la vie ; ainsi l'opposition du clergé n'empêchait pas ce parfait imitateur de Jésus-Christ de leur représenter leurs plus étroites obligations, quoique cette sévérité épiscopale dût être suivie de la perte de son siège, de sa liberté et de sa vie.
Mais l'ennemi de notre salut ayant entrepris de troubler l'Église de Constantinople en la personne de son archevêque, ne perdait nulle occasion de lui susciter des ennemis, et se servait des moindres choses pour le brouiller avec tout le monde. Acace évêque, le menaçant en présence de quelques ecclésiastiques, ne put s'empêcher de dire : « Je lui apprête son bouillon. »
Depuis ce temps-là il fit une ligue secrète avec Severien, évêque des Gabales, et ces évêques avec quelques moines s'étant unis entre eux par un esprit de faction, traitèrent des moyens de s'armer contre saint Jean Chrysostome.
Le premier expédient dont ils s'avisèrent pour perdre ce saint prélat, fut d'envoyer à Antioche pour faire une exacte recherche de sa vie.
Ensuite ils envoyèrent à Alexandrie vers Théophile dont ils connaissaient l'esprit artificieux, qui prit résolution de venir à Constantinople, pour détruire celui qu'il considérait comme son ennemi.
Toutes choses étaient disposées en cette grande ville à la brouillerie, quelques-uns du clergé qui ne souffraient qu'avec beaucoup d'impatience la sévérité et le zèle de leur archevêque, semblaient d'eux-mêmes tendre les bras à ses plus grands persécuteurs.
Les grands de la cour et les riches de la ville souhaitaient avec passion d'être défaits d'un si sévère censeur : les dames mondaines ne le pouvaient plus supporter : et sur ce que le saint se faisait à lui-même cette objection que l'on pourrait bien par une si sévère conduite s'engager dans un mauvais parti, il répond qu'il ne s'en mettra pas en peine ; que ceux qui s'offensaient de sa conduite, ne le défendraient pas devant le tribunal de Jésus-Christ lorsqu'il serait jugé ; qu'on pouvait user jusqu'à deux ou trois fois de condescendance ; mais qu'on n'était pas toujours obligé de se relâcher de la vigueur ecclésiastique par un esprit d'accommodement.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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CHAPITRE XVI
Suite du sujet précédent
La ville de Constantinople étant dans cette disposition à l'égard de saint Jean Chrysostome, ces évêques qui avaient juré sa ruine, voulurent que Jean son archidiacre le chargeât de vingt-neuf chefs d'accusations, et le moine Isaac de dix-sept.
On ne saurait lire sans frémir des accusations si atroces, ou si ridicules ; et il fallait que les yeux de ces prélats et de ces diacres fussent horriblement troublés, puisqu'ils voulaient faire passer le zèle de ce grand saint pour cruauté, son abstinence pour gourmandise, sa retraite pour orgueil. Mais la plus insolente effronterie devait rougir de vouloir donner atteinte à la chasteté d'un homme qui avait la pureté des anges : ce que l'on faisait l'accusant d'avoir reçu des femmes en sa maison, et d'être demeuré seul avec elles, après en avoir fait sortir tout le monde.
L'un des chefs de ces accusations portait d'avoir dit contre les ecclésiastiques plusieurs paroles injurieuses ; et un autre d'avoir composé un livre plein de calomnies contre le clergé.
On l'accusait encore d'avoir été à l'église sans prier Dieu, ni en entrant ni en sortant : d'avoir fait plusieurs ordinations sans se mettre en peine de tirer d'attestations touchant les personnes qu'il ordonnait ; qu'il n'avait pas laissé d'offrir les saints mystères après une grande violence de manger seul, et de mener en particulier une vie de gourmand et de cyclope. De s'être vanté dans l'excès de son amour, et d'avoir usé de ces termes : « J'aime avec une extrême passion, l'amour qui me transporte est furieux. »
Qu'il faisait des entreprises sur les provinces des autres prélats. Qu'il affligeait le clergé d'une manière inouïe, et lui faisait souffrir des outrages tout à fait extraordinaires. Qu'il donnait les Ordres sans assembler le clergé, et sans prendre son avis. Enfin, ils lui reprochaient une rigueur excessive et une condescendance pleine de mollesse.
Le saint au milieu d'une si horrible tempête demeurait inébranlable et prêchant avec plus de force que jamais, il faisait assez paraître que la grandeur de son courage ne savait ce que c'était que de craindre. « En effet, disait-il à son peuple, que pourrions-nous craindre ?
Serait-ce la mort ; vous savez que Jésus-Christ est ma vie, et que ce m'est un gain et un avantage de mourir. Serait-ce l'exil ? Mais toute la terre et toute son étendue est au Seigneur. Serait-ce la perte de mes biens ? Nous n'avons rien apporté en ce monde, et il est certain que nous n'en remporterons rien. Ainsi, toutes les choses du monde les plus terribles sont l'objet de mon mépris, et je me ris des biens et des avantages que les autres souhaitent avec passion.
Je ne crains pas la pauvreté, je ne souhaite pas les richesses ; je n'appréhende pas la mort, et si je désire de vivre, c'est seulement pour travailler à votre avancement spirituel. Vous savez, dit-il ensuite, mes bien-aimés, quel est le sujet pour lequel on me veut perdre : C'est que je n'ai point fait tendre devant moi de riches et précieuses tapisseries ; c'est que je n'ai jamais voulu me vêtir d'habits d'or et de soie. »
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
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La ville de Constantinople étant dans cette disposition à l'égard de saint Jean Chrysostome, ces évêques qui avaient juré sa ruine, voulurent que Jean son archidiacre le chargeât de vingt-neuf chefs d'accusations, et le moine Isaac de dix-sept.
On ne saurait lire sans frémir des accusations si atroces, ou si ridicules ; et il fallait que les yeux de ces prélats et de ces diacres fussent horriblement troublés, puisqu'ils voulaient faire passer le zèle de ce grand saint pour cruauté, son abstinence pour gourmandise, sa retraite pour orgueil. Mais la plus insolente effronterie devait rougir de vouloir donner atteinte à la chasteté d'un homme qui avait la pureté des anges : ce que l'on faisait l'accusant d'avoir reçu des femmes en sa maison, et d'être demeuré seul avec elles, après en avoir fait sortir tout le monde.
L'un des chefs de ces accusations portait d'avoir dit contre les ecclésiastiques plusieurs paroles injurieuses ; et un autre d'avoir composé un livre plein de calomnies contre le clergé.
On l'accusait encore d'avoir été à l'église sans prier Dieu, ni en entrant ni en sortant : d'avoir fait plusieurs ordinations sans se mettre en peine de tirer d'attestations touchant les personnes qu'il ordonnait ; qu'il n'avait pas laissé d'offrir les saints mystères après une grande violence de manger seul, et de mener en particulier une vie de gourmand et de cyclope. De s'être vanté dans l'excès de son amour, et d'avoir usé de ces termes : « J'aime avec une extrême passion, l'amour qui me transporte est furieux. »
Qu'il faisait des entreprises sur les provinces des autres prélats. Qu'il affligeait le clergé d'une manière inouïe, et lui faisait souffrir des outrages tout à fait extraordinaires. Qu'il donnait les Ordres sans assembler le clergé, et sans prendre son avis. Enfin, ils lui reprochaient une rigueur excessive et une condescendance pleine de mollesse.
Le saint au milieu d'une si horrible tempête demeurait inébranlable et prêchant avec plus de force que jamais, il faisait assez paraître que la grandeur de son courage ne savait ce que c'était que de craindre. « En effet, disait-il à son peuple, que pourrions-nous craindre ?
Serait-ce la mort ; vous savez que Jésus-Christ est ma vie, et que ce m'est un gain et un avantage de mourir. Serait-ce l'exil ? Mais toute la terre et toute son étendue est au Seigneur. Serait-ce la perte de mes biens ? Nous n'avons rien apporté en ce monde, et il est certain que nous n'en remporterons rien. Ainsi, toutes les choses du monde les plus terribles sont l'objet de mon mépris, et je me ris des biens et des avantages que les autres souhaitent avec passion.
Je ne crains pas la pauvreté, je ne souhaite pas les richesses ; je n'appréhende pas la mort, et si je désire de vivre, c'est seulement pour travailler à votre avancement spirituel. Vous savez, dit-il ensuite, mes bien-aimés, quel est le sujet pour lequel on me veut perdre : C'est que je n'ai point fait tendre devant moi de riches et précieuses tapisseries ; c'est que je n'ai jamais voulu me vêtir d'habits d'or et de soie. »
Source : Livres-mystiques.com
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CHAPITRE XVI
Suite du sujet précédent
Il prêchait ces sortes de vérités durant l'assemblée des évêques factieux, à qui ayant député trois évêques de sa part, ces trois prélats furent traités outrageusement de ceux de la faction ; car ils frappèrent cruellement le premier de ces évêques, ils déchirèrent les habits du second, et ils mirent au cou du troisième nue chaîne en fer qu'ils avaient préparée pour le saint, dans le dessein qu'ils avaient de le faire entrer par force dans un vaisseau, et de l'envoyer en des pays inconnus. Ensuite ils condamnèrent ce saint patriarche et le déposèrent de son siège patriarcal, et l'empereur le bannit de Constantinople.
Il fut condamné de la sorte sur des mémoires et avec une grande précipitation ; car les ouvrages de cabales sont ordinairement suivis d'impatience. Un des prélats même du conciliabule qui avait déposé le saint, prêcha dans Constantinople, que quand Jean serait innocent d'ailleurs, son orgueil extrême justifierait sa déposition, puisque Dieu, qui pardonne les autres péchés, résiste aux superbes. (Jac IV, 6)
Cependant, étant survenu un grand tremblement de terre la nuit que l'homme de Dieu fut enlevé, l'impératrice épouvantée le fit rappeler, et il rentra comme en triomphe en sa ville patriarcale.
Mais son zèle le portant toujours à condamner avec une sainte liberté les murs corrompues de cette grande ville, et ayant prêché contre des jeux qui se faisaient devant la statue de l'impératrice, il se mit mal tout de nouveau avec cette princesse, qui ayant mandé des évêques pour cabaler contre lui, ils arrivèrent de tous côtés à Constantinople.
Aussitôt ils firent tous leurs efforts pour faire bannir le saint, et se servant du voisinage du temps de Pâques, ils exhortèrent l'empereur Arcade de donner ordre qu'on chassât de l'Église le saint archevêque, comme étant convaincu des choses dont on l'avait accusé. Le respect que portait Arcade à l'épiscopat, lui fit croire que des évêques dont la fonction est de prêcher la vérité, n'étaient pas capables de lui assurer une fausseté, et il ne fit pas de réflexion sur l'exemple du grand Constantin, qui naurait jamais banni saint Athanase s'il n'eût été trop crédule aux calomnies de quelques évêques.
Il fit donc expédier cet ordre inique qui lui était dicté par ces prélats, et commanda à son archevêque de sortir de son Église. Le saint eût beaucoup obligé ses ennemis s'il se fût rendu capable de relâcher quelque chose de la grandeur de son courage, et de se retirer de lui-même en se soumettant à cet ordre par une obéissance aveugle ; mais sa générosité lui fournit cette réponse : « Comme je n'ai entrepris la conduite de cette Église, qu'après y avoir été appelé de Dieu pour y travailler avec soin au salut du peuple, aussi ne puis-je l'abandonner de moi-même. »
Arcade qui avait plus de faiblesse que de malice, se trouva embarrassé de cette réponse, et ce prince qui ressentait des secrets remords dans le fond de sa conscience, attendait que le jugement de Dieu éclatât en cette rencontre par quelque événement extraordinaire, étant résolu d'apaiser la colère de Dieu par le rétablissement de ce grand saint, s'il arrivait quelque disgrâce à ses ennemis ou à lui-même ; comme il avait formé le dessein d'aller plus avant en sa persécution si la chose lui succédait impunément.
Source : Livres-mystiques.com
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ami de la Miséricorde
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Il prêchait ces sortes de vérités durant l'assemblée des évêques factieux, à qui ayant député trois évêques de sa part, ces trois prélats furent traités outrageusement de ceux de la faction ; car ils frappèrent cruellement le premier de ces évêques, ils déchirèrent les habits du second, et ils mirent au cou du troisième nue chaîne en fer qu'ils avaient préparée pour le saint, dans le dessein qu'ils avaient de le faire entrer par force dans un vaisseau, et de l'envoyer en des pays inconnus. Ensuite ils condamnèrent ce saint patriarche et le déposèrent de son siège patriarcal, et l'empereur le bannit de Constantinople.
Il fut condamné de la sorte sur des mémoires et avec une grande précipitation ; car les ouvrages de cabales sont ordinairement suivis d'impatience. Un des prélats même du conciliabule qui avait déposé le saint, prêcha dans Constantinople, que quand Jean serait innocent d'ailleurs, son orgueil extrême justifierait sa déposition, puisque Dieu, qui pardonne les autres péchés, résiste aux superbes. (Jac IV, 6)
Cependant, étant survenu un grand tremblement de terre la nuit que l'homme de Dieu fut enlevé, l'impératrice épouvantée le fit rappeler, et il rentra comme en triomphe en sa ville patriarcale.
Mais son zèle le portant toujours à condamner avec une sainte liberté les murs corrompues de cette grande ville, et ayant prêché contre des jeux qui se faisaient devant la statue de l'impératrice, il se mit mal tout de nouveau avec cette princesse, qui ayant mandé des évêques pour cabaler contre lui, ils arrivèrent de tous côtés à Constantinople.
Aussitôt ils firent tous leurs efforts pour faire bannir le saint, et se servant du voisinage du temps de Pâques, ils exhortèrent l'empereur Arcade de donner ordre qu'on chassât de l'Église le saint archevêque, comme étant convaincu des choses dont on l'avait accusé. Le respect que portait Arcade à l'épiscopat, lui fit croire que des évêques dont la fonction est de prêcher la vérité, n'étaient pas capables de lui assurer une fausseté, et il ne fit pas de réflexion sur l'exemple du grand Constantin, qui naurait jamais banni saint Athanase s'il n'eût été trop crédule aux calomnies de quelques évêques.
Il fit donc expédier cet ordre inique qui lui était dicté par ces prélats, et commanda à son archevêque de sortir de son Église. Le saint eût beaucoup obligé ses ennemis s'il se fût rendu capable de relâcher quelque chose de la grandeur de son courage, et de se retirer de lui-même en se soumettant à cet ordre par une obéissance aveugle ; mais sa générosité lui fournit cette réponse : « Comme je n'ai entrepris la conduite de cette Église, qu'après y avoir été appelé de Dieu pour y travailler avec soin au salut du peuple, aussi ne puis-je l'abandonner de moi-même. »
Arcade qui avait plus de faiblesse que de malice, se trouva embarrassé de cette réponse, et ce prince qui ressentait des secrets remords dans le fond de sa conscience, attendait que le jugement de Dieu éclatât en cette rencontre par quelque événement extraordinaire, étant résolu d'apaiser la colère de Dieu par le rétablissement de ce grand saint, s'il arrivait quelque disgrâce à ses ennemis ou à lui-même ; comme il avait formé le dessein d'aller plus avant en sa persécution si la chose lui succédait impunément.
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CHAPITRE XVI
Suite du sujet précédent
Dans cette agitation de son esprit, il fit venir deux évêques, et, dès qu'ils furent entrés dans son palais, il leur découvrit l'inquiétude de sa conscience : « Que faisons-nous ?, leur dit-il.
Prenez garde que vous ne m'ayez peut-être pas donné un bon conseil. »
Mais ces évêques l'affermirent en sa première résolution et lui protestèrent en termes exprès qu'ils voulaient bien porter sur leurs têtes la déposition de Jean.
Pendant ce temps, les prêtres de son Église qui craignaient Dieu n'avaient pas laissé d'assembler le peuple pour célébrer la fête de Pâques et en avaient commencé la sainte veille par la lecture des livres saints et le baptême des catéchumènes.
Les évêques factieux, ayant appris cette nouvelle, demandèrent main forte aux officiers de l'empereur pour empêcher cette assemblée.
Le général des armées de l'empereur résista de prime abord à cette demande ; mais ces évêques, à qui les conseils toujours plus violents paraissaient les meilleurs, répliquèrent qu'il était à craindre que l'empereur ne remarquât l'affection que le peuple conservait toujours pour son archevêque, vu principalement qu'ils lui avaient dit que Jean n'avait plus aucun ami de reste, et qu'il était abandonné de tout le monde comme séducteur.
Enfin ce général leur ayant donné un colonel païen pour l'exécution de leur dessein, comme les veilles des grandes fêtes de Constantinople étaient célébrées dans la même ville jusqu'au premier chant du coq, ce fut durant ce temps de la nuit que ce colonel, assisté de quatre cents soldats et des ecclésiastiques de la faction, se jeta sur le troupeau de Jésus-Christ avec une fureur inouïe.
Il renversa les saints et adorables mystères que le diacre tenait entre ses mains, c'est-à-dire qu'il profana par un horrible sacrilège la très auguste eucharistie ; il donna tant de coups de bâton sur la tête des prêtres, qu'il remplit de leur sang la piscine sacrée.
On entendait de toutes parts les cris des femmes et les gémissements et les larmes des petits enfants, les plaintes des prêtres et des ministres de l'Église que l'on chargeait d'une infinité de coups.
Ces excès se commirent dans l'obscurité de la nuit, par l'entremise des évêques, qui marchaient eux-mêmes à la tête des soldats.
Le jour étant arrivé, on voyait d'heure en heure de nouveaux édits que l'on affichait en plusieurs endroits, et qui contenaient une intimité de menaces contre ceux qui ne voudraient pas abjurer la communion de Jean.
Toutes les prisons se trouvèrent remplies de personnes qui soutenaient le saint, et il y eut des femmes d'illustre condition qui furent traitées outrageusement.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Suite du sujet précédent
Dans cette agitation de son esprit, il fit venir deux évêques, et, dès qu'ils furent entrés dans son palais, il leur découvrit l'inquiétude de sa conscience : « Que faisons-nous ?, leur dit-il.
Prenez garde que vous ne m'ayez peut-être pas donné un bon conseil. »
Mais ces évêques l'affermirent en sa première résolution et lui protestèrent en termes exprès qu'ils voulaient bien porter sur leurs têtes la déposition de Jean.
Pendant ce temps, les prêtres de son Église qui craignaient Dieu n'avaient pas laissé d'assembler le peuple pour célébrer la fête de Pâques et en avaient commencé la sainte veille par la lecture des livres saints et le baptême des catéchumènes.
Les évêques factieux, ayant appris cette nouvelle, demandèrent main forte aux officiers de l'empereur pour empêcher cette assemblée.
Le général des armées de l'empereur résista de prime abord à cette demande ; mais ces évêques, à qui les conseils toujours plus violents paraissaient les meilleurs, répliquèrent qu'il était à craindre que l'empereur ne remarquât l'affection que le peuple conservait toujours pour son archevêque, vu principalement qu'ils lui avaient dit que Jean n'avait plus aucun ami de reste, et qu'il était abandonné de tout le monde comme séducteur.
Enfin ce général leur ayant donné un colonel païen pour l'exécution de leur dessein, comme les veilles des grandes fêtes de Constantinople étaient célébrées dans la même ville jusqu'au premier chant du coq, ce fut durant ce temps de la nuit que ce colonel, assisté de quatre cents soldats et des ecclésiastiques de la faction, se jeta sur le troupeau de Jésus-Christ avec une fureur inouïe.
Il renversa les saints et adorables mystères que le diacre tenait entre ses mains, c'est-à-dire qu'il profana par un horrible sacrilège la très auguste eucharistie ; il donna tant de coups de bâton sur la tête des prêtres, qu'il remplit de leur sang la piscine sacrée.
On entendait de toutes parts les cris des femmes et les gémissements et les larmes des petits enfants, les plaintes des prêtres et des ministres de l'Église que l'on chargeait d'une infinité de coups.
Ces excès se commirent dans l'obscurité de la nuit, par l'entremise des évêques, qui marchaient eux-mêmes à la tête des soldats.
Le jour étant arrivé, on voyait d'heure en heure de nouveaux édits que l'on affichait en plusieurs endroits, et qui contenaient une intimité de menaces contre ceux qui ne voudraient pas abjurer la communion de Jean.
Toutes les prisons se trouvèrent remplies de personnes qui soutenaient le saint, et il y eut des femmes d'illustre condition qui furent traitées outrageusement.
Source : Livres-mystiques.com
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ami de la Miséricorde
Re: Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
CHAPITRE XVI
Suite du sujet précédent
On suborna des assassins pour le tuer, et le valet d'un prêtre, qui s'était armé de trois poignards pour un dessein si exécrable, ayant blessé sept hommes l'un après l'autre, qu'il avait cru servir d'obstacles au coup damnable qu'il voulait faire, sortit des mains du magistrat sans aucune punition, quoique de ces sept hommes blessés, il y en eût quatre qui furent tués et enterrés sur-le-champ, et les autres languirent longtemps après.
La protection que Dieu rendit à ce saint le sauva de cette conjuration, pour lui faire remporter la couronne d'un plus long martyre.
Cinq jours après la Pentecôte, qui était arrivée cette année-là le cinquième jour de juin, les évêques firent le dernier effort pour le chasser, et s'adressant à l'empereur, ils lui remontrèrent qu'il ne prétendit pas être plus doux que des prêtres et plus saint que des évêques ; qu'il cessât donc de vouloir pardonner à seul homme pour les perdre tous.
Ces paroles obligèrent Arcade à donner les mains à ce conseil d'iniquité, et saint Jean Chrysostome reconnut par son propre exemple qu'on ne doit jamais s'appuyer sur les témoignages d'estime et d'affection que les grands donnent, puisqu'Arcade, qui avait autrefois usé d'artifice pour l'enlever d'Antioche à Constantinople, employa six ans après son autorité pour l'en arracher.
Le saint, ayant dit adieu aux évêques de sa communion, fit venir ses filles spirituelles, la généreuse et charitable Olympiade, qui devait avoir la meilleure part aux croix de son archevêque, Pentadie, veuve du consul Timase, et Procule ; il manda aussi Salvine, veuve de Nébride, pour leur dire ses dernières paroles. Les gémissements et les cris de ces saintes femmes furent presque toute la réponse qu'elles firent à un discours si affligeant.
Elles se jetèrent avec larmes aux pieds de ce cher Père, qu'elles ne devaient plus revoir. Le voilà donc encore pour la seconde fois banni de son siège, pour n'y retourner jamais.
Et comme cette affliction était plus sensible à sainte Olympiade qu'à pas une autre, il prit un soin particulier de la fortifier sur ce sujet ; et, parce qu'elle était privée de ses prédications, et qu'elle souffrait de cette famine dont Dieu menace les Juifs, quand il dit qu'il fera souffrir une faim et une soif pressantes, non pas par la disette du pain et de l'eau, mais en les privant de sa parole (Amos, VIII, 11), il la console en lui promettant de lui écrire autant de fois qu'il trouverait des voies pour lui faire tenir de ses lettres.
Il ne cessait point de consoler ceux qui souffraient pour sa cause, il composait des livres merveilleux pour prouver que personne n'est blessé que par soi-même. Il recevait des lettres de toutes parts, et il y répondait exactement.
Dieu lui suscitait des amis qui s'animaient d'une sainte émulation pour l'assister dans sa disgrâce. Il en recevait de fréquentes visites, et ceux qui lui avaient fermé la bouche en le bannissant de Constantinople, ne pouvaient empêcher, par toutes leurs violences, qu'on ne le consultât comme un oracle ; et la même envie qui avait porté ses ennemis à le déposer leur fit regarder avec une profonde douleur l'éclat de sa réputation, qui s'augmentait toujours au milieu de son exil, qui lui avait procuré l'occasion de se répandre par tout le monde, ou en publiant ses ouvrages, ou en y envoyant ses lettres. Porphyre, Severien et les autres évêques de cette cabale étaient rongés d'envie lorsqu'ils voyaient des événements si contraires à leurs desseins.
Comme sa prospérité leur avait été odieuse, son affliction même leur était insupportable ; ils ne pouvaient souffrir nulle part sa haute réputation, et cette haute réputation le suivait partout. L'honneur de notre saint leur paraissait comme une espèce de miracle qui était plutôt capable de les endurcir que de leur changer le coeur.
C'était une chose étonnante que des prélats qui avaient pour eux des puissances séculières, et qui étaient revêtus des richesses de l'Église, avec toute leur autorité, eussent tant de peur d'un évêque qui était seul et sans appui, d'un homme qu'ils avaient eux-mêmes chassé de son siège, qui était si faible de corps, et que, tout banni qu'il était, il les fit trembler et pâlir de crainte.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Suite du sujet précédent
On suborna des assassins pour le tuer, et le valet d'un prêtre, qui s'était armé de trois poignards pour un dessein si exécrable, ayant blessé sept hommes l'un après l'autre, qu'il avait cru servir d'obstacles au coup damnable qu'il voulait faire, sortit des mains du magistrat sans aucune punition, quoique de ces sept hommes blessés, il y en eût quatre qui furent tués et enterrés sur-le-champ, et les autres languirent longtemps après.
La protection que Dieu rendit à ce saint le sauva de cette conjuration, pour lui faire remporter la couronne d'un plus long martyre.
Cinq jours après la Pentecôte, qui était arrivée cette année-là le cinquième jour de juin, les évêques firent le dernier effort pour le chasser, et s'adressant à l'empereur, ils lui remontrèrent qu'il ne prétendit pas être plus doux que des prêtres et plus saint que des évêques ; qu'il cessât donc de vouloir pardonner à seul homme pour les perdre tous.
Ces paroles obligèrent Arcade à donner les mains à ce conseil d'iniquité, et saint Jean Chrysostome reconnut par son propre exemple qu'on ne doit jamais s'appuyer sur les témoignages d'estime et d'affection que les grands donnent, puisqu'Arcade, qui avait autrefois usé d'artifice pour l'enlever d'Antioche à Constantinople, employa six ans après son autorité pour l'en arracher.
Le saint, ayant dit adieu aux évêques de sa communion, fit venir ses filles spirituelles, la généreuse et charitable Olympiade, qui devait avoir la meilleure part aux croix de son archevêque, Pentadie, veuve du consul Timase, et Procule ; il manda aussi Salvine, veuve de Nébride, pour leur dire ses dernières paroles. Les gémissements et les cris de ces saintes femmes furent presque toute la réponse qu'elles firent à un discours si affligeant.
Elles se jetèrent avec larmes aux pieds de ce cher Père, qu'elles ne devaient plus revoir. Le voilà donc encore pour la seconde fois banni de son siège, pour n'y retourner jamais.
Et comme cette affliction était plus sensible à sainte Olympiade qu'à pas une autre, il prit un soin particulier de la fortifier sur ce sujet ; et, parce qu'elle était privée de ses prédications, et qu'elle souffrait de cette famine dont Dieu menace les Juifs, quand il dit qu'il fera souffrir une faim et une soif pressantes, non pas par la disette du pain et de l'eau, mais en les privant de sa parole (Amos, VIII, 11), il la console en lui promettant de lui écrire autant de fois qu'il trouverait des voies pour lui faire tenir de ses lettres.
Il ne cessait point de consoler ceux qui souffraient pour sa cause, il composait des livres merveilleux pour prouver que personne n'est blessé que par soi-même. Il recevait des lettres de toutes parts, et il y répondait exactement.
Dieu lui suscitait des amis qui s'animaient d'une sainte émulation pour l'assister dans sa disgrâce. Il en recevait de fréquentes visites, et ceux qui lui avaient fermé la bouche en le bannissant de Constantinople, ne pouvaient empêcher, par toutes leurs violences, qu'on ne le consultât comme un oracle ; et la même envie qui avait porté ses ennemis à le déposer leur fit regarder avec une profonde douleur l'éclat de sa réputation, qui s'augmentait toujours au milieu de son exil, qui lui avait procuré l'occasion de se répandre par tout le monde, ou en publiant ses ouvrages, ou en y envoyant ses lettres. Porphyre, Severien et les autres évêques de cette cabale étaient rongés d'envie lorsqu'ils voyaient des événements si contraires à leurs desseins.
Comme sa prospérité leur avait été odieuse, son affliction même leur était insupportable ; ils ne pouvaient souffrir nulle part sa haute réputation, et cette haute réputation le suivait partout. L'honneur de notre saint leur paraissait comme une espèce de miracle qui était plutôt capable de les endurcir que de leur changer le coeur.
C'était une chose étonnante que des prélats qui avaient pour eux des puissances séculières, et qui étaient revêtus des richesses de l'Église, avec toute leur autorité, eussent tant de peur d'un évêque qui était seul et sans appui, d'un homme qu'ils avaient eux-mêmes chassé de son siège, qui était si faible de corps, et que, tout banni qu'il était, il les fit trembler et pâlir de crainte.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Re: Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
CHAPITRE XVI
Suite du sujet précédent
La proscription du saint ne le rendait que plus vénérable à ses disciples, et il recevait de leur part autant de soumission que les adversaires lui faisaient d'outrages. Plusieurs personnes, de l'un et de l'autre sexe, firent divers voyages à Rome pour la défense de sa cause. Ses amis et les dames qui étaient sous sa conduite exerçaient à son égard de si grandes et de si extraordinaires libéralités, qu'il se voyait souvent obligé de leur renvoyer leurs présent.
Et c'est ainsi qu'il en usa, particulièrement envers Carterie, qui lui avait envoyé Libanius, que le saint appelle son très cher frère, et qui l'avait prié instamment, à la fin de sa lettre, de faire voir qu'il avait confiance en elle , et qu'il voulait se servir avec liberté de ce qui lui appartenait, comme si c'était son bien propre. Il lui fait de grandes excuses de ce qu'il lui renvoie son argent, et lui promet de le lui redemander librement quand il en aurait besoin.
Sainte Olympiade lui fournissait quantité d'argent, et Pean, qui était un grand seigneur, lui rendait des services très considérables. Il était capable lui seul de réjouir tous les autres par sa présence dans Constantinople, d'affermir ceux qui étaient chancelants et de remettre dans la bonne voie ceux que la crainte en avait fait sortir. Le saint apprit avec joie son retour dans cette ville impériale, et il le loua de tenir ferme, quoiqu'il fût seul et que personne ne l'assistât dans ce combat de charité, parce que, de tous ses autres amis, les uns avaient pris la fuite, les autres étaient bannis et les autres s'étaient cachés.
Le zèle de ce généreux officier n'était pas borné dans la seule ville de Constantinople. Il ne se contentait pas d'empêcher de toutes ses forces qu'il n'y eût aucun déserteur du parti de notre saint, mais il prenait un soin tout particulier de lui gagner tous les jours, par sa douceur, plusieurs de ceux qui s'étaient trouvés engagés dans la faction de ses ennemis.
On le conduisit de ville en ville et de désert en désert, dans les provinces les plus éloignées, avec tant de rigueur et de cruauté que ce fut une espèce de miracle de voir qu'il ait pu vivre si longtemps dans un exil si pénible, étant accablé de fièvres et de faiblesses de corps.
Tout cela ne l'empêchait pas de composer, dans ses maladies continuelles, des livres remplis de consolation pour ceux qui n'étaient qu'affligés de ses disgrâces ; car, s'il était charitable pour ses ennemis les plus cruels, il était plein de tendresse pour ses disciples et de reconnaissance pour ses amis. Mais une des plus grandes consolations qu'il reçut, en arrivant à la ville de Cucuse, fut d'y voir, le jour même, la généreuse Sabinienne qui y était venue de Constantinople dans la résolution d'aller jusqu'en Scythie pour y suivre le saint si on l'y eût mené ; et dès qu'elle eut la consolation de le voir, elle forma le dessein de ne retourner jamais à Constantinople, et de passer le reste de sa vie dans le lieu où il serait, quel qu'il pût être. Les ministres de l'église de Cucuse la reçurent avec tout l'honneur et toute l'affection que méritait une si grande vertu.
Ils la considérèrent comme la gloire de son sexe, et ils n'eurent que de la vénération pour une action si généreuse et si héroïque. L'amour spirituel et divin de cette femme ne pouvait aller plus avant, et il était malaisé que le saint reçût une plus grande consolation que celle-là. (...)
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Suite du sujet précédent
La proscription du saint ne le rendait que plus vénérable à ses disciples, et il recevait de leur part autant de soumission que les adversaires lui faisaient d'outrages. Plusieurs personnes, de l'un et de l'autre sexe, firent divers voyages à Rome pour la défense de sa cause. Ses amis et les dames qui étaient sous sa conduite exerçaient à son égard de si grandes et de si extraordinaires libéralités, qu'il se voyait souvent obligé de leur renvoyer leurs présent.
Et c'est ainsi qu'il en usa, particulièrement envers Carterie, qui lui avait envoyé Libanius, que le saint appelle son très cher frère, et qui l'avait prié instamment, à la fin de sa lettre, de faire voir qu'il avait confiance en elle , et qu'il voulait se servir avec liberté de ce qui lui appartenait, comme si c'était son bien propre. Il lui fait de grandes excuses de ce qu'il lui renvoie son argent, et lui promet de le lui redemander librement quand il en aurait besoin.
Sainte Olympiade lui fournissait quantité d'argent, et Pean, qui était un grand seigneur, lui rendait des services très considérables. Il était capable lui seul de réjouir tous les autres par sa présence dans Constantinople, d'affermir ceux qui étaient chancelants et de remettre dans la bonne voie ceux que la crainte en avait fait sortir. Le saint apprit avec joie son retour dans cette ville impériale, et il le loua de tenir ferme, quoiqu'il fût seul et que personne ne l'assistât dans ce combat de charité, parce que, de tous ses autres amis, les uns avaient pris la fuite, les autres étaient bannis et les autres s'étaient cachés.
Le zèle de ce généreux officier n'était pas borné dans la seule ville de Constantinople. Il ne se contentait pas d'empêcher de toutes ses forces qu'il n'y eût aucun déserteur du parti de notre saint, mais il prenait un soin tout particulier de lui gagner tous les jours, par sa douceur, plusieurs de ceux qui s'étaient trouvés engagés dans la faction de ses ennemis.
On le conduisit de ville en ville et de désert en désert, dans les provinces les plus éloignées, avec tant de rigueur et de cruauté que ce fut une espèce de miracle de voir qu'il ait pu vivre si longtemps dans un exil si pénible, étant accablé de fièvres et de faiblesses de corps.
Tout cela ne l'empêchait pas de composer, dans ses maladies continuelles, des livres remplis de consolation pour ceux qui n'étaient qu'affligés de ses disgrâces ; car, s'il était charitable pour ses ennemis les plus cruels, il était plein de tendresse pour ses disciples et de reconnaissance pour ses amis. Mais une des plus grandes consolations qu'il reçut, en arrivant à la ville de Cucuse, fut d'y voir, le jour même, la généreuse Sabinienne qui y était venue de Constantinople dans la résolution d'aller jusqu'en Scythie pour y suivre le saint si on l'y eût mené ; et dès qu'elle eut la consolation de le voir, elle forma le dessein de ne retourner jamais à Constantinople, et de passer le reste de sa vie dans le lieu où il serait, quel qu'il pût être. Les ministres de l'église de Cucuse la reçurent avec tout l'honneur et toute l'affection que méritait une si grande vertu.
Ils la considérèrent comme la gloire de son sexe, et ils n'eurent que de la vénération pour une action si généreuse et si héroïque. L'amour spirituel et divin de cette femme ne pouvait aller plus avant, et il était malaisé que le saint reçût une plus grande consolation que celle-là. (...)
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Re: Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
CHAPITRE XVI
Suite du sujet précédent
(...) Il y eut des évêques même et des prêtres emprisonnés pour son sujet, et le saint, dans une de ses lettres, les appelle heureux et trois fois heureux, et qu'ils le sont encore plus qu'il ne leur peut exprimer à cause de leur prison, de leurs liens et de leurs chaînes ; qu'ils ont gagné l'affection de toute la terre, qu'ils se font aimer avec passion par les peuples les plus éloignés, que la terre et la mer retentissent de toutes parts de leurs généreuses actions ; que l'on publie partout leur constance, leur fermeté inébranlable, leur sage et inflexible résolution, qui n'a rien de lâche et de servil.
Cependant les persécuteurs du saint ne purent éviter la juste colère de Dieu. Car il n'y a rien de plus véritable que ce qui a été remarqué par ce même saint après le Psalmiste, que les personnes affligées sont comme des flèches entre les mains d'un homme puissant ; et en n'opposant que sa patience à leurs atteintes, il les perce sans y penser de mille coups invisibles ; que la force des personnes opprimées consiste dans leur oppression même ; que ce n'est ni la bonne vie ni la vertu, mais la seule souffrance des maux qui excite Dieu à la vengeance ; que l'affliction est la plus forte défense dont l'on puisse se couvrir ; que c'est ce qui attire le secours du ciel sur les personnes affligées ; que ceux qui oppriment les personnes faibles doivent trembler, puisque, s'ils ont de leur côté la puissance, les richesses, l'argent et la bienveillance des juges, ces personnes opprimées ont pour elles des armes bien plus fortes, qui sont les pleurs, les gémissements et les injures qu'elles souffrent, et qui attirent sur elles les grâces du ciel ; que les gémissements de ces personnes accablées sont des armes qui renversent les maisons, qui en ruinent les fondements et qui détruisent les nations tout entières.
Dieu punit l'impératrice Endoxie d'une mort terrible, et en plusieurs différentes manières miraculeuses les autres persécuteurs, tout cela n'étant pas capable d'éteindre le feu de la persécution qui s'allumait tous les jours de plus en plus, ce qui faisait dire à ce saint patriarche : « Mes amis ont renoncé à mon amitié, mes proches se sont éloignés de moi, et ceux qui en sont éloignés me chargent de calomnies. »
Ceux qui furent constants en sa défense souffrirent mille maux. Quatre évêques d'Orient, ses meilleurs amis, furent bannis et leurs gardes les traitèrent, sur le chemin, avec une horrible cruauté ; et l'envie de ses ennemis s'augmentant toujours, ils obtinrent un rescrit de l'empereur pour le faire transporter vers le Pont-Euxin, ses gardes, dans un voyage de trois mois, le traitant avec une cruauté toute barbare : il mourut en son exil, en prononçant les mêmes paroles qu'il avait dites une infinité de fois, les disant d'une voix intelligible à tous les assistants : Que Dieu soit glorifié en tout.
La trop grande facilité d'Arcade ne demeura pas longtemps impunie, car il ne vécut que cinq mois et demi après notre saint, et mourut à l'âge de trente-un ans. Ses persécuteurs continuèrent leur violence après sa mort. Théophile, patriarche d'Alexandrie, composa même un livre sanglant contre le saint. Toutes ces persécutions furent l'unique récompense de ses travaux. Tout ceci est tiré de l'histoire de sa Vie, qui a été donnée au public depuis peu, qui fait voir bien clairement que les grandes croix sont les plus signalées marques des plus grands desseins de Notre-Seigneur sur les personnes qu'il destine aux plus illustres emplois de son Église.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Suite du sujet précédent
(...) Il y eut des évêques même et des prêtres emprisonnés pour son sujet, et le saint, dans une de ses lettres, les appelle heureux et trois fois heureux, et qu'ils le sont encore plus qu'il ne leur peut exprimer à cause de leur prison, de leurs liens et de leurs chaînes ; qu'ils ont gagné l'affection de toute la terre, qu'ils se font aimer avec passion par les peuples les plus éloignés, que la terre et la mer retentissent de toutes parts de leurs généreuses actions ; que l'on publie partout leur constance, leur fermeté inébranlable, leur sage et inflexible résolution, qui n'a rien de lâche et de servil.
Cependant les persécuteurs du saint ne purent éviter la juste colère de Dieu. Car il n'y a rien de plus véritable que ce qui a été remarqué par ce même saint après le Psalmiste, que les personnes affligées sont comme des flèches entre les mains d'un homme puissant ; et en n'opposant que sa patience à leurs atteintes, il les perce sans y penser de mille coups invisibles ; que la force des personnes opprimées consiste dans leur oppression même ; que ce n'est ni la bonne vie ni la vertu, mais la seule souffrance des maux qui excite Dieu à la vengeance ; que l'affliction est la plus forte défense dont l'on puisse se couvrir ; que c'est ce qui attire le secours du ciel sur les personnes affligées ; que ceux qui oppriment les personnes faibles doivent trembler, puisque, s'ils ont de leur côté la puissance, les richesses, l'argent et la bienveillance des juges, ces personnes opprimées ont pour elles des armes bien plus fortes, qui sont les pleurs, les gémissements et les injures qu'elles souffrent, et qui attirent sur elles les grâces du ciel ; que les gémissements de ces personnes accablées sont des armes qui renversent les maisons, qui en ruinent les fondements et qui détruisent les nations tout entières.
Dieu punit l'impératrice Endoxie d'une mort terrible, et en plusieurs différentes manières miraculeuses les autres persécuteurs, tout cela n'étant pas capable d'éteindre le feu de la persécution qui s'allumait tous les jours de plus en plus, ce qui faisait dire à ce saint patriarche : « Mes amis ont renoncé à mon amitié, mes proches se sont éloignés de moi, et ceux qui en sont éloignés me chargent de calomnies. »
Ceux qui furent constants en sa défense souffrirent mille maux. Quatre évêques d'Orient, ses meilleurs amis, furent bannis et leurs gardes les traitèrent, sur le chemin, avec une horrible cruauté ; et l'envie de ses ennemis s'augmentant toujours, ils obtinrent un rescrit de l'empereur pour le faire transporter vers le Pont-Euxin, ses gardes, dans un voyage de trois mois, le traitant avec une cruauté toute barbare : il mourut en son exil, en prononçant les mêmes paroles qu'il avait dites une infinité de fois, les disant d'une voix intelligible à tous les assistants : Que Dieu soit glorifié en tout.
La trop grande facilité d'Arcade ne demeura pas longtemps impunie, car il ne vécut que cinq mois et demi après notre saint, et mourut à l'âge de trente-un ans. Ses persécuteurs continuèrent leur violence après sa mort. Théophile, patriarche d'Alexandrie, composa même un livre sanglant contre le saint. Toutes ces persécutions furent l'unique récompense de ses travaux. Tout ceci est tiré de l'histoire de sa Vie, qui a été donnée au public depuis peu, qui fait voir bien clairement que les grandes croix sont les plus signalées marques des plus grands desseins de Notre-Seigneur sur les personnes qu'il destine aux plus illustres emplois de son Église.
Source : Livres-mystiques.com
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Re: Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
CHAPITRE XVI
Suite du sujet précédent
(...) Saint Jérôme a été choisi de Jésus-Christ pour être l'un des docteurs et Pères de l'Église ; que n'a-t-il point souffert par la médisance et la calomnie ? De quels crimes ne l'a-t-on pas voulu accuser ? De quelles hérésies ne l'a-t-on pas voulu rendre coupable ? On a déposé contre lui qu'il avait de l'amour impur pour sainte Paule. Il était haï de toutes sortes de personnes. Les hérétiques le haïssaient, dit Sévère Sulpice, parce qu'il ne cessait de les combattre ; les ecclésiastiques le haïssaient, parce qu'il reprenait leur vie et leurs crimes.
Saint Athanase a été l'un des plus zélés défenseurs de la foi catholique ; aussi a-t-il été un des plus persécutés. On le noircit des plus infâmes calomnies ; il fut accusé de sacrilèges, de meurtres, de magie, d'adultère, et enfin cinq évêques déposèrent contre lui ; ce qui fut cause que l'empereur Constantin l'exila, ce bon prince, trop crédule, ayant ajouté foi à la déposition de ces évêques qui paraissaient d'une vie fort sainte et qui avaient été amis du saint, et qu'il avait amenés même avec lui à Tyr.
CHAPITRE XVII
Le discours des avantages des croix est continué
Mais y a-t-il rien de plus convaincant en cette matière que l'exemple du grand Apôtre ? Le Fils de Dieu dit de lui (Act. IX, 15) qu'il est un vaisseau d'élection pour porter son nom devant les rois et les nations, et en même temps il l'assure qu'il lui montrera combien il faut qu'il souffre pour son nom ; car il semble que ce soit la même chose d'être un apôtre et de beaucoup souffrir. Aussi cet homme tout divin estime ne pouvoir donner des marques plus assurées de son apostolat que les souffrances.
Il savait que son Maitre avait dit à ses disciples (Joan, XX, 21), qu'il les envoyait comme son Père l'avait envoyé, c'est-à-dire non pas aux honneurs, aux richesses ou aux plaisirs de ce monde, mais aux croix. C'est ce qui fait qu'il s'écrie (Galat. VI, 14) : Qu'à Dieu ne plaise qu'il se glorifie en autre chose qu'en la croix, que le monde lui est un crucifié, et qu'il est crucifié au monde ! (Ibid.) Nous avons été faits, dit-il encore, un spectacle au monde, aux anges et aux hommes.
Nous sommes fous pour Jésus-Christ, nous sommes faibles, nous sommes de peu de considération, l'on nous maudit, nous souffrons persécution, l'on nous blasphème et nous sommes comme les ordures du monde. (I Cor. IV, 10-13.) Se peut-on imaginer un état plus crucifiant et plus ignominieux que d'être comme les ordures dun lieu que lon balaye et que l'on jette au vent ?
Si l'humiliation et les mépris rendaient inhabiles aux fonctions apostoliques, jamais homme n'aurait été plus inutile que saint Paul. Si les persécutions obligeaient à la retraite, jamais personne n'a été plus obligé de se retirer que cet apôtre, puisqu'il souffrait de toutes sortes de personnes, et des infidèles et de ceux de sa nation, et même des faux frères, qui se disaient domestiques de la foi ; en toutes sortes de lieux, dans les solitudes aussi bien que dans les villes, sur la mer aussi bien que sur la terre. (II Cor. XI, 26)
Mais il savait bien, ce qui depuis a été enseigné par saint Grégoire, que l'opposition que l'on forme contre les bons desseins n'est qu'une épreuve et un exercice de la vertu, et non pas une marque que Dieu rejette celui qui souffre. (...)
Source : Livres-mystiques.com
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Suite du sujet précédent
(...) Saint Jérôme a été choisi de Jésus-Christ pour être l'un des docteurs et Pères de l'Église ; que n'a-t-il point souffert par la médisance et la calomnie ? De quels crimes ne l'a-t-on pas voulu accuser ? De quelles hérésies ne l'a-t-on pas voulu rendre coupable ? On a déposé contre lui qu'il avait de l'amour impur pour sainte Paule. Il était haï de toutes sortes de personnes. Les hérétiques le haïssaient, dit Sévère Sulpice, parce qu'il ne cessait de les combattre ; les ecclésiastiques le haïssaient, parce qu'il reprenait leur vie et leurs crimes.
Saint Athanase a été l'un des plus zélés défenseurs de la foi catholique ; aussi a-t-il été un des plus persécutés. On le noircit des plus infâmes calomnies ; il fut accusé de sacrilèges, de meurtres, de magie, d'adultère, et enfin cinq évêques déposèrent contre lui ; ce qui fut cause que l'empereur Constantin l'exila, ce bon prince, trop crédule, ayant ajouté foi à la déposition de ces évêques qui paraissaient d'une vie fort sainte et qui avaient été amis du saint, et qu'il avait amenés même avec lui à Tyr.
CHAPITRE XVII
Le discours des avantages des croix est continué
Mais y a-t-il rien de plus convaincant en cette matière que l'exemple du grand Apôtre ? Le Fils de Dieu dit de lui (Act. IX, 15) qu'il est un vaisseau d'élection pour porter son nom devant les rois et les nations, et en même temps il l'assure qu'il lui montrera combien il faut qu'il souffre pour son nom ; car il semble que ce soit la même chose d'être un apôtre et de beaucoup souffrir. Aussi cet homme tout divin estime ne pouvoir donner des marques plus assurées de son apostolat que les souffrances.
Il savait que son Maitre avait dit à ses disciples (Joan, XX, 21), qu'il les envoyait comme son Père l'avait envoyé, c'est-à-dire non pas aux honneurs, aux richesses ou aux plaisirs de ce monde, mais aux croix. C'est ce qui fait qu'il s'écrie (Galat. VI, 14) : Qu'à Dieu ne plaise qu'il se glorifie en autre chose qu'en la croix, que le monde lui est un crucifié, et qu'il est crucifié au monde ! (Ibid.) Nous avons été faits, dit-il encore, un spectacle au monde, aux anges et aux hommes.
Nous sommes fous pour Jésus-Christ, nous sommes faibles, nous sommes de peu de considération, l'on nous maudit, nous souffrons persécution, l'on nous blasphème et nous sommes comme les ordures du monde. (I Cor. IV, 10-13.) Se peut-on imaginer un état plus crucifiant et plus ignominieux que d'être comme les ordures dun lieu que lon balaye et que l'on jette au vent ?
Si l'humiliation et les mépris rendaient inhabiles aux fonctions apostoliques, jamais homme n'aurait été plus inutile que saint Paul. Si les persécutions obligeaient à la retraite, jamais personne n'a été plus obligé de se retirer que cet apôtre, puisqu'il souffrait de toutes sortes de personnes, et des infidèles et de ceux de sa nation, et même des faux frères, qui se disaient domestiques de la foi ; en toutes sortes de lieux, dans les solitudes aussi bien que dans les villes, sur la mer aussi bien que sur la terre. (II Cor. XI, 26)
Mais il savait bien, ce qui depuis a été enseigné par saint Grégoire, que l'opposition que l'on forme contre les bons desseins n'est qu'une épreuve et un exercice de la vertu, et non pas une marque que Dieu rejette celui qui souffre. (...)
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Re: Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
CHAPITRE XVII
Le discours des avantages des croix est continué
(...) Dom Barthélemy des Martyrs a écrit que cette parole de Job est propre à celui qui est dans l'apostolat : J'ai été le frère des dragons et le compagnon des autruches. (Job XXX, 29) Il rapporte que saint Augustin disait, de son temps : « Si un homme fait quelque mal, qu'un évêque le reprenne, on le blâme, on dit, voilà un mauvais évêque ; qu'il ne le reprenne point, on le loue, et on dit : voilà un bon évêque. Et lorsqu'il demeure ferme et constant à reprendre ce qui est répréhensible, on cherche des accusations fausses qu'on lui impute pour le rendre suspect. On dit de lui qu'il ne fait pas ce qu'il dit, ou on l'accuse de faire des choses qu'il ne fait point en effet. »
Il cite saint Bernard, qui enseigne qu'un ancien a dit, qu'un homme n'est pas vraiment courageux, s'il ne sent croitre son courage parmi les difficultés et les obstacles qui se présentent, et qui assure qu'un homme qui vit de la foi, ne doit jamais avoir tant de confiance et de fermeté que lorsque Dieu le châtie par l'affliction. Ce grand prélat du dernier siècle cite encore ces paroles de la divine Sagesse : Faisons tomber le juste dans nos pièges, parce qu'il nous est inutile, et qu'il est contraire à nos desseins et à nos oeuvres. Il nous reproche la violence de la loi, et il décrie les égarements de notre conduite, sa vue seule nous est insupportable, parce que sa vie est dissemblable de celle des autres, et que sa voix n'est point celle qui est commune et ordinaire. Il nous considère comme des gens qui s'amusent à des niaiseries, et il s'abstient de notre conduite comme étant impure et corrompue, et profère ce qui doit enfin arriver aux justes. (Sap. II, 12, 15, 16)
Enfin, au-dessus de tous ces exemples, nous avons l'exemple de Jésus-Christ, dont la conduite doit être au-dessus de toutes les conduites ; qui parlant du temps de sa Passion, l'appelle l'heure de sa gloire. (Joan. XII, 23) Ce qui a fait remarquer à saint Augustin, que notre divin Sauveur a été glorifié selon ses paroles adorables, lorsque Judas l'a trahi, et qu'il a été proche de sa croix ; et que pendant qu'il faisait des miracles, saint Jean a dit que le Saint-Esprit n'était pas donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié. (Joan. VII, 39) .Il n'est pas glorifié, dit ce Père, « selon l'Écriture, lorsqu'il ressuscite les morts ; mais il est glorifié lorsqu'on le mène à la mort. » C'est une conduite de l'Esprit de Dieu qu'il faut adorer et nous y soumettre, contre tout ce que la prudence humaine, et la sagesse même de quelques gens de bien peuvent objecter. Jésus-Christ na établi la gloire de son Père que par la pauvreté, le mépris et la douleur par les persécutions et les croix.
Il ne faut donc pas prétendre prendre d'autres voies : et de vrai, c'est par ces voies toutes saintes, quoique terribles à la nature, que tous les saints ont marché et ont accompli les grands desseins de Dieu sur eux. Il faut que la prudence de l'homme meure, et soit anéantie aux pieds de Jésus, mort et anéanti, comme parle l'Apôtre. (Philip. II, 7) Jamais l'homme, s'il avait agit selon les lumières de sa sagesse, aurait-il pris des moyens en apparence si contraires aux desseins de Dieu pour le salut des hommes ? Ne semble-t-il pas que la haute condition appuie fortement les desseins d'une personne, que la naissance, les richesses, les honneurs rendent plus considérable ce qu'elle dit et fait ; que l'estime est nécessaire pour introduire dans les esprits ce que l'on veut y insinuer ; qu'il faut gagner les affections des peuples, pour obtenir ce que l'on en désire ; qu'il est à propos de se faire des amis pour en être soutenu, qu'il faut prendre garde à ne pas rebuter les esprits par une doctrine sévère ; qu'il se faut conserver une réputation glorieuse, particulièrement parmi les grands, dont la faveur semble nécessaire pour réussir ; qu'il faut mener une vie qui ait de l'éclat dans le monde, et qui nous y fasse honorer ?
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Le discours des avantages des croix est continué
(...) Dom Barthélemy des Martyrs a écrit que cette parole de Job est propre à celui qui est dans l'apostolat : J'ai été le frère des dragons et le compagnon des autruches. (Job XXX, 29) Il rapporte que saint Augustin disait, de son temps : « Si un homme fait quelque mal, qu'un évêque le reprenne, on le blâme, on dit, voilà un mauvais évêque ; qu'il ne le reprenne point, on le loue, et on dit : voilà un bon évêque. Et lorsqu'il demeure ferme et constant à reprendre ce qui est répréhensible, on cherche des accusations fausses qu'on lui impute pour le rendre suspect. On dit de lui qu'il ne fait pas ce qu'il dit, ou on l'accuse de faire des choses qu'il ne fait point en effet. »
Il cite saint Bernard, qui enseigne qu'un ancien a dit, qu'un homme n'est pas vraiment courageux, s'il ne sent croitre son courage parmi les difficultés et les obstacles qui se présentent, et qui assure qu'un homme qui vit de la foi, ne doit jamais avoir tant de confiance et de fermeté que lorsque Dieu le châtie par l'affliction. Ce grand prélat du dernier siècle cite encore ces paroles de la divine Sagesse : Faisons tomber le juste dans nos pièges, parce qu'il nous est inutile, et qu'il est contraire à nos desseins et à nos oeuvres. Il nous reproche la violence de la loi, et il décrie les égarements de notre conduite, sa vue seule nous est insupportable, parce que sa vie est dissemblable de celle des autres, et que sa voix n'est point celle qui est commune et ordinaire. Il nous considère comme des gens qui s'amusent à des niaiseries, et il s'abstient de notre conduite comme étant impure et corrompue, et profère ce qui doit enfin arriver aux justes. (Sap. II, 12, 15, 16)
Enfin, au-dessus de tous ces exemples, nous avons l'exemple de Jésus-Christ, dont la conduite doit être au-dessus de toutes les conduites ; qui parlant du temps de sa Passion, l'appelle l'heure de sa gloire. (Joan. XII, 23) Ce qui a fait remarquer à saint Augustin, que notre divin Sauveur a été glorifié selon ses paroles adorables, lorsque Judas l'a trahi, et qu'il a été proche de sa croix ; et que pendant qu'il faisait des miracles, saint Jean a dit que le Saint-Esprit n'était pas donné, parce que Jésus n'était pas encore glorifié. (Joan. VII, 39) .Il n'est pas glorifié, dit ce Père, « selon l'Écriture, lorsqu'il ressuscite les morts ; mais il est glorifié lorsqu'on le mène à la mort. » C'est une conduite de l'Esprit de Dieu qu'il faut adorer et nous y soumettre, contre tout ce que la prudence humaine, et la sagesse même de quelques gens de bien peuvent objecter. Jésus-Christ na établi la gloire de son Père que par la pauvreté, le mépris et la douleur par les persécutions et les croix.
Il ne faut donc pas prétendre prendre d'autres voies : et de vrai, c'est par ces voies toutes saintes, quoique terribles à la nature, que tous les saints ont marché et ont accompli les grands desseins de Dieu sur eux. Il faut que la prudence de l'homme meure, et soit anéantie aux pieds de Jésus, mort et anéanti, comme parle l'Apôtre. (Philip. II, 7) Jamais l'homme, s'il avait agit selon les lumières de sa sagesse, aurait-il pris des moyens en apparence si contraires aux desseins de Dieu pour le salut des hommes ? Ne semble-t-il pas que la haute condition appuie fortement les desseins d'une personne, que la naissance, les richesses, les honneurs rendent plus considérable ce qu'elle dit et fait ; que l'estime est nécessaire pour introduire dans les esprits ce que l'on veut y insinuer ; qu'il faut gagner les affections des peuples, pour obtenir ce que l'on en désire ; qu'il est à propos de se faire des amis pour en être soutenu, qu'il faut prendre garde à ne pas rebuter les esprits par une doctrine sévère ; qu'il se faut conserver une réputation glorieuse, particulièrement parmi les grands, dont la faveur semble nécessaire pour réussir ; qu'il faut mener une vie qui ait de l'éclat dans le monde, et qui nous y fasse honorer ?
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Re: Méditation avec "Dieu seul" du Vénérable Mr H-M Boudon
CHAPITRE XVII
Le discours des avantages des croix est continué
(...) Sans doute que ces considérations auraient eu lieu dans l'esprit de l'homme agissant en homme, et elles n'en ont que trop encore aujourd'hui parmi les Chrétiens, qui sont des gens morts, ou qui le doivent être aux maximes du siècle.
Hélas ! Si l'admirable Jésus eût pris avis des docteurs, des savants et des politiques, ne lui auraient-ils pas conseillé toutes ces choses ? Ne lui auraient-ils pas donné avis de naitre de la fille de quelque puissant roi, d'amasser de grands trésors, d'avoir auprès de soi des armées nombreuses et des plus savants hommes du monde, de vivre dans l'honneur et dans l'éclat, et établir une réputation glorieuse depuis un bout du monde jusqu'à l'autre, de faciliter tous les moyens qui pourraient engager les hommes à recevoir sa doctrine ; car toutes ces choses ne sont-elles pas les belles voies de faire réussir de grands desseins ?
Mais que les voies de Dieu sont éloignées des voies des hommes ! Il se fait pauvre, il vient au monde dans un lieu pauvre et d'une mère pauvre, il choisit pour son père putatif un pauvre charpentier, et il passe la meilleure partie de sa vie à travailler avec lui, comme un malheureux artisan.
Ceux qui l'approchent de plus près sont de pauvres pécheurs, gens sans science, sans argent, sans éloquence, sans crédit. La doctrine qu'il enseigne est si contraire aux sens, et si élevée au-dessus de la raison, et ce semble si peu propre à un peuple très grossier, que l'on s'en moque, comme il est remarqué en l'Écriture, que ses amis voulurent le lier, pensant qu'il eût perdu l'esprit, qu'on le voulut précipiter du haut d'une montagne en bas. (Luc. IV, 29)
Il est tellement éloigné de l'honneur, que les peuples courant en foule pour le faire leur roi, il prend la fuite dans des lieux écartés, et se retire sur des montagnes. S'il fait voir quelque éclat de sa gloire sur le Thabor, il commande à ses plus chers disciples de n'en jamais dire un seul mot pendant sa vie.
Pour le mépris, c'est tout ce qu'il recherche, il va à la croix avec des désirs inexplicables, ses divines ardeurs pour les plus humiliantes confusions ne se peuvent imaginer.
On l'appelle un endiablé, un séducteur, un buveur de vin, il est accusé de crimes, il se trouve des témoins qui en déposent, les juges le condamnent, il est traîne de tribunal en tribunal comme le dernier des hommes, on lui fait souffrir des tourments inouïs, son corps virginal est déchiré de tous côtés, on lui décharge de cinq à six mille coups de fouets, on le couvre de grandes et profondes plaies, on lui perce la tête d'épines, on lui met un roseau en main comme un insensé, et on le fait mourir tout nu sur une croix.
Source : Livres-mystiques.com
Que Jésus Miséricordieux vous bénisse
ami de la Miséricorde
Le discours des avantages des croix est continué
(...) Sans doute que ces considérations auraient eu lieu dans l'esprit de l'homme agissant en homme, et elles n'en ont que trop encore aujourd'hui parmi les Chrétiens, qui sont des gens morts, ou qui le doivent être aux maximes du siècle.
Hélas ! Si l'admirable Jésus eût pris avis des docteurs, des savants et des politiques, ne lui auraient-ils pas conseillé toutes ces choses ? Ne lui auraient-ils pas donné avis de naitre de la fille de quelque puissant roi, d'amasser de grands trésors, d'avoir auprès de soi des armées nombreuses et des plus savants hommes du monde, de vivre dans l'honneur et dans l'éclat, et établir une réputation glorieuse depuis un bout du monde jusqu'à l'autre, de faciliter tous les moyens qui pourraient engager les hommes à recevoir sa doctrine ; car toutes ces choses ne sont-elles pas les belles voies de faire réussir de grands desseins ?
Mais que les voies de Dieu sont éloignées des voies des hommes ! Il se fait pauvre, il vient au monde dans un lieu pauvre et d'une mère pauvre, il choisit pour son père putatif un pauvre charpentier, et il passe la meilleure partie de sa vie à travailler avec lui, comme un malheureux artisan.
Ceux qui l'approchent de plus près sont de pauvres pécheurs, gens sans science, sans argent, sans éloquence, sans crédit. La doctrine qu'il enseigne est si contraire aux sens, et si élevée au-dessus de la raison, et ce semble si peu propre à un peuple très grossier, que l'on s'en moque, comme il est remarqué en l'Écriture, que ses amis voulurent le lier, pensant qu'il eût perdu l'esprit, qu'on le voulut précipiter du haut d'une montagne en bas. (Luc. IV, 29)
Il est tellement éloigné de l'honneur, que les peuples courant en foule pour le faire leur roi, il prend la fuite dans des lieux écartés, et se retire sur des montagnes. S'il fait voir quelque éclat de sa gloire sur le Thabor, il commande à ses plus chers disciples de n'en jamais dire un seul mot pendant sa vie.
Pour le mépris, c'est tout ce qu'il recherche, il va à la croix avec des désirs inexplicables, ses divines ardeurs pour les plus humiliantes confusions ne se peuvent imaginer.
On l'appelle un endiablé, un séducteur, un buveur de vin, il est accusé de crimes, il se trouve des témoins qui en déposent, les juges le condamnent, il est traîne de tribunal en tribunal comme le dernier des hommes, on lui fait souffrir des tourments inouïs, son corps virginal est déchiré de tous côtés, on lui décharge de cinq à six mille coups de fouets, on le couvre de grandes et profondes plaies, on lui perce la tête d'épines, on lui met un roseau en main comme un insensé, et on le fait mourir tout nu sur une croix.
Source : Livres-mystiques.com
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