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La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange

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Message  ami de la Miséricorde Mer 22 Avr 2020 - 15:22

CINQUIÈME PARTIE
PROVIDENCE, JUSTICE ET MISÉRICORDE

CHAPITRE V
LA PROVIDENCE ET LA COMMUNION DES SAINTS

Les relations des membres entre eux


Les âmes croyantes des différents pays, non seulement d'Europe, mais du monde entier, doivent s'unir sans tarder dans une fervente prière, surtout au saint sacrifice de la messe, pour obtenir que la paix du Christ règne parmi les nations.

C'est le même corps et le même sang du Sauveur qui sont offerts sur tous les autels de la terre, à Rome, à Jérusalem, en toutes les églises catholiques des cinq parties du monde.

C'est la même oblation intérieure toujours vivante au cœur du Christ qui est l'âme de toutes les messes qui se célèbrent par milliers chaque jour, partout où le soleil se lève.

II faut instamment demander que le règne de Dieu arrive, le demander par Marie médiatrice, pour qu'elle présente cette prière à son Fils, à qui le genre humain tout entier fut consacré par sa S. S. Léon XIII au début de ce siècle.

Cette consécration du genre humain tout entier, y compris les infidèles, attire sur eux de nouvelles grâces.

C'est en vivant plus profondément du mystère de la communion des saints, surtout en faisant célébrer des messes pour la conversion des infidèles, qu'on peut efficacement préparer auprès d'eux l'apostolat des missionnaires.

Comme l'a compris le Père de Foucauld, il faut préparer d'avance cet apostolat en baignant pour ainsi dire les âmes des infidèles dans le sang du Christ qui nous a été donné, et que nous pouvons offrir avec Lui tous les jours.

La communion des saints met entre nos mains le calice de la surabondante rédemption, pour que par la prière et le sacrifice nous le fassions déborder sur les âmes qui, sans le savoir peut-être, ont faim de Dieu et qui se meurent loin du Christ.


A la doctrine que nous exposons on a objecté : comment se fait-il que tant de milliers de saints soient au ciel confirmés en grâce et qu'ils n'obtiennent pas la conversion de plus de pécheurs ?

Un contemplatif a justement répondu : « Sans être séparés, le Ciel et l'Église de la terre sont distincts.

De même qu'il y a dans une seule étoile de quoi faire fondre toutes les glaces de la terre et que pourtant nous devions subir les rigueurs de l'hiver ; de même que pour soulever un fardeau avec un puissant levier il faut un point d'appui, Dieu veut que toute action du ciel ici-bas ait un point d'appui sur la terre.

Ce point d'appui ce sont les saints qui poursuivent leur pèlerinage en cette vie.

Cette puissance incompréhensible du ciel n'a toute son efficacité sur la terre que par quelqu'un qui communie vraiment avec Jésus-Christ, que par quelqu'un qui est en communication immédiate avec le Calvaire et la Croix ».

Comme l'écrivait le Père de Foucauld : « Celui qui possède Jésus n'est-il pas assez riche et assez heureux » ? Fût-il délaissé de tous, il a l'unique nécessaire, et, par la prière et le sacrifice, il peut le donner aux autres.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Jeu 23 Avr 2020 - 15:48

CINQUIÈME PARTIE
PROVIDENCE, JUSTICE ET MISÉRICORDE

CHAPITRE V
LA PROVIDENCE ET LA COMMUNION DES SAINTS

Les relations des membres entre eux


Les conséquences pratiques du mystère de la communion des saints sont innombrables. Bossuet les résume fort bien dans son Catéchisme de Meaux Il s'ensuit que tous les biens spirituels sont communs entre les fidèles : les grâces que chacun reçoit et les bonnes œuvres qu'il fait, profitent à tout le corps et à chaque membre de l'Église, à cause de leur intime union. Et donc lorsqu'un membre de l'Église a quelque bien, que tous les autres s'en réjouissent, au lieu de se laisser aller à la jalousie. Lorsqu'un membre est affligé, que tous y compatissent, au lieu de fermer leur cœur.

Quels vices sont exclus par cette communion des fidèles ? Les inimitiés et les jalousies. Ceux qui sont jaloux pèchent contre cet article du Symbole : la communion des saints.

Nous comprenons enfin pourquoi en ce dogme les fidèles sont appelés saints : parce qu'ils sont appelés à la sainteté, et qu'ils sont consacrés à Dieu par le baptême.
Qui sont ceux à qui ce nom de saint convient particulièrement ?

Ce sont ceux qui, dans une foi parfaite, mènent aussi une sainte vie.

On voit par là quel malheur il y a à être privé de la communion des saints ; ainsi par l'excommunication l'Église prive les pécheurs scandaleux de la fréquentation des sacrements, source de vie, jusqu'à ce que le pécheur veuille sincèrement se repentir.
Rien ne montre mieux que ce mystère de la communion des saints que la vie chrétienne dès ici-bas est la vie éternelle commencée, puisqu'elle est surtout la grâce sanctifiante et la charité, qui sont vraiment en nous le germe de la gloire.

On voit ainsi admirablement à quel but suprême la Providence ordonne tout, et quel est le sens et la portée de la parole de Notre-Seigneur, dans l'Oraison sacerdotale : « Que tous ceux qui croient en moi soient un, comme vous, mon Père, vous êtes en moi et moi en vous » Jean, XVII, 22.

CHAPITRE VI
LA FIN DU GOUVERNEMENT DIVIN


Le gouvernement divin, avons-nous dit, veille à l'exécution du plan providentiel, il a pour fin la manifestation de la bonté divine, qui donne et conserve aux justes la vie éternelle.

Voyons d'abord ce que nous dit de cette fin la révélation imparfaite de l'Ancien Testament, pour mieux apprécier ensuite la plénitude de lumière donnée dans l'Évangile. Ainsi aimait à procéder saint Augustin en particulier dans l'admirable ouvrage qu'il écrivit sur la Providence ou sur le plan divin : La Cité de Dieu, sa constitution progressive ici-bas et son plein développement dans l'éternelle béatitude.

L'annonce imparfaite

Dans l'Ancien Testament la fin dernière du gouvernement divin n'était exprimée que d'une façon encore imparfaite, souvent, symbolique.

La terre promise par exemple était la figure du ciel ; le culte tout entier avec ses sacrifices et ses différents rites et plus encore les prophéties annonçaient la venue du Rédempteur promis, qui devait apporter la lumière et la paix, la réconciliation avec Dieu.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Sam 25 Avr 2020 - 3:28

CINQUIÈME PARTIE
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CHAPITRE VI
LA FIN DU GOUVERNEMENT DIVIN

L'annonce imparfaite


L'annonce du Rédempteur contenait ainsi confusément celle de la vie éternelle, qui devait nous venir par lui. Avant la plénitude de la révélation contenue dans l'Évangile, on s'explique que l'Ancien Testament ne donne pas beaucoup de lumière sur l'éternelle béatitude, car avant la passion et la mort du Christ les âmes des justes devaient attendre dans les limbes que le Sauveur leur ouvrît les portes du ciel.

Cependant, nous l'avons vu, de temps en temps les prophètes avaient des paroles très hautes, fort expressives sur la grandeur de la récompense que Dieu réserve aux justes dans l'autre vie, paroles qui précisaient ce qui avait été déjà dit avant eux.

Le Psalmiste avait dit : « Pour moi, dans mon innocence, je verrai ta face ; à mon réveil, je me rassasierai de ton image, satiabor cum apparuerit gloria tua » Ps. XVI, 15. Job avait parlé de même.

Isaïe, ch. LX, 19, parlant de la nouvelle Jérusalem, disait : « Yahvéh sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta gloire, ton soleil ne se couchera plus, car Yahvéh sera pour toi une lumière éternelle et les jours de ton deuil seront achevés ».

Daniel écrivait, ch. XII, 13 : « Ceux qui auront eu l'intelligence des choses de Dieu (et auront été fidèles à sa loi brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui en auront conduit beaucoup à la justice, seront comme les étoiles éternellement et toujours »

Il ne s'agit pas ici des justes futurs qui viendront plus tard sur la terre, il s'agit de ceux qui existent déjà et de ceux qui sont morts, la récompense qui leur est promise est éternelle.
Plus clairement encore il est écrit au livre IIe des Machabées, VII, 9, nous l'avons vu, qu'un de ces martyrs dit à ses bourreaux en expirant : « Scélérat que tu es ; tu nous ôtes la vie présente, mais le Roi de l'univers nous ressuscitera pour une vie éternelle, nous qui mourons pour être fidèles à ses lois ».

C'est aussi de la béatitude éternelle que parlait le Livre de la Sagesse, ch. III, 1, en disant : « Au jour de leur récompense les justes brilleront semblables à une flamme qui sort à travers les roseaux. Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples, le Seigneur régnera sur eux à jamais...

Car la grâce et la Miséricorde sont pour ses saints et il prend soin de ses élus ». - « Les justes vivent éternellement, leur récompense est auprès du Seigneur, et le Tout-Puissant a soin d'eux ». Ibid., V, 1 et ss.

L'annonce imparfaite de la vie éternelle contenait ainsi parfois des lueurs d'aurore avant le lever du soleil.

La vie éternelle selon le Nouveau Testament

La plénitude de la révélation contenue dans le Nouveau Testament nous parle de l'éternelle béatitude d'une façon accessible à tous. Maintenant en effet le Christ nous a été donné, et tandis que tout ce qui le précédait annonçait sa venue, lui-même désormais annonce le royaume de Dieu à tous les peuples, et conduit les âmes à la vie éternelle.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Dim 26 Avr 2020 - 2:46

CINQUIÈME PARTIE
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CHAPITRE VI
LA FIN DU GOUVERNEMENT DIVIN

La vie éternelle selon le Nouveau Testament


Très souvent cette expression revient dans les sermons du Sauveur conservés dans les trois premiers évangiles.

Il y est dit de la récompense des justes : «ils ne pourront plus mourir, parce qu'ils seront semblables aux anges, et qu'ils seront les fils de Dieu, étant fils de la résurrection » Luc, XX, 36. - « Les justes iront à la vie éternelle » Matth., XXV, 46, Marc, X, 30. Il n'est pas dit seulement qu'ils iront à la vie future dont ont parlé des philosophes comme Socrate et Platon, mais à la vie éternelle, qui participe à l'éternité de Dieu, au-dessus du temps, du passé, du présent et du futur.

Jésus dit encore, ce qui rappelle la prophétie de Daniel, XII, 13 : « Les justes resplendiront comme le soleil dans le royaume de leur Père » Matth., XIII, 43.

« Le Fils de l'homme leur dira : « Venez, les bénis de mon Père, prenez possession du royaume qui vous a été préparé dès la fondation du monde (voilà bien la fin du gouvernement divin). Car j'ai eu faim et vous m'avez donné à manger, j'ai eu soif et vous m'avez donné à boire... vous m'avez recueilli,... vêtu,.., visité... » Matth., XXV, 34.

Dès le sermon sur la montagne Jésus avait dit : « Heureux ceux qui ont le cœur pur, car ils verront Dieu... Réjouissez-vous et soyez dans l'allégresse parce que votre récompense sera grande dans les cieux » Matth., V, 8-12. Voilà la vraie terre promise dont l'Ancien Testament ne parlait guère que par symboles ; les âmes n'étaient pas encore prêtes à recevoir la pleine lumière, elles faisaient l'expérience de leur profond besoin de rédemption.

Dans l'Évangile de saint Jean, Jésus plus souvent encore parle de la vie éternelle. A la Samaritaine : « Si tu savais le don de Dieu !... Celui qui boira de l'eau que je lui donnerai n'aura plus soif ; l'eau que je lui donnerai deviendra en lui une source jaillissant en vie éternelle » Jean, VI, 10-14.

A plusieurs reprises en ce quatrième évangile Jésus dit : « Celui qui croit en moi, a la vie éternelle » Jean, III, 36 ; VI, 40, 47 ; c'est-à-dire : celui qui croit en moi d'une foi vive unie à l'amour de Dieu, a la vie éternelle commencée.

Pourquoi ? Parce que, comme il est dit plus loin dans l'oraison sacerdotale : « la vie éternelle, c'est qu'ils te connaissent toi le seul vrai Dieu et celui que tu as envoyé, Jésus-Christ » Jean, XVII, 3.

« Père, je veux que là où je suis ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant la fondation du monde » Jean, XVII, 24. Pour voir la gloire du Christ il faut être où il est lui-même déjà par le sommet de sa sainte âme, dans le ciel. Il le dit lui-même : « Personne n'est monté au ciel, si ce n'est celui qui est descendu du ciel, le Fils de l'homme qui est dans le ciel » Jean, III, 11-13.

Dans le même sens Jésus a dit : « En vérité, en vérité, je vous l'affirme, quiconque gardera ma parole ne verra jamais la mort » Jean, VIII, 51, et au tombeau de Lazare : « Je suis la résurrection et la vie..., celui qui croit en moi, fût-il mort, vivra ; quiconque vit et croit en moi ne mourra jamais » Jean, XI, 25-26. Voilà la plénitude de la révélation annoncée de loin par Job, par le Psalmiste, par Isaïe, par Daniel, par le livre des Machabées et par celui de la Sagesse. Ce n'était alors qu'un ruisseau ; maintenant c'est un fleuve immense qui va se perdre dans l'océan infini de la vie divine.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Dim 26 Avr 2020 - 15:04

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CHAPITRE VI
LA FIN DU GOUVERNEMENT DIVIN

La vie éternelle selon le Nouveau Testament


Jésus dit encore que « la porte étroite et le chemin étroit (de l'abnégation) mènent à la vie », à la voie sans mesure qui conduit à Dieu. Le Seigneur appelle tous les hommes à travailler à sa vigne et il donne sa propre béatitude en récompense, même aux ouvriers de la dernière heure (Matth., XX. 1-6).

La récompense c'est Lui-même, bien qu'il y ait « plusieurs demeures dans la maison du Père céleste » (Jean, XIV, 2) selon les mérites ou le degré de charité de chacun.

Cette doctrine de Jésus est encore précisée par saint Paul et saint Jean dans leurs épîtres.

C'est de la béatitude éternelle que parle Paul dans la Ie aux Corinthiens, II, 9 : « Ce sont des choses que l'œil n'a point vues, que l'oreille n'a point entendues, et qui ne sont pas montées au cœur de l'homme, des choses que Dieu a préparées pour ceux qui l'aiment. Dieu nous les a révélées par l'Esprit, car l'Esprit sonde tout, même les profondeurs de Dieu ».

Plus nettement encore saint Paul dit dans cette même épître I Cor., XIII, 8 : « La charité ne périt jamais. Les prophéties prendront fin, les langues cesseront, la science (imparfaite) disparaîtra. Car nous connaissons en partie, et nous prophétisons imparfaitement, mais quand ce qui est parfait sera venu, ce qui est partiel disparaîtra...

Aujourd'hui nous voyons (Dieu) dans un miroir, d'une manière obscure, énigmatique, mais alors nous le verrons face à face ; je ne connais maintenant Dieu qu'imparfaitement, mais alors je le connaîtrai comme je suis moi-même connu de lui », c'est-à-dire d'une connaissance immédiate et parfaitement lucide, je le verrai comme il se voit, non plus dans un miroir, de façon obscure, énigmatique, mais face à face, facie ad faciem.

Saint Jean parle de même dans sa Ie Épître, III, 2 : « Bien-aimés, nous sommes maintenant enfants de Dieu et ce que nous serons n'a pas encore été manifesté ; mais nous savons que lorsque ce sera manifesté, nous serons semblables à Dieu, parce que nous le verrons tel qu'il est, videbimus eum sicuti est ».

L'Église a défini que cette doctrine révélée doit s'entendre d'une vision immédiate de l'essence divine, sans l'intermédiaire d'aucune créature préalablement connue.

En d'autres termes par le regard de l'intelligence nous verrons Dieu mieux que nous ne voyons de nos yeux de chair les personnes avec lesquelles nous parlons, car nous le verrons clairement comme un objet plus intime à nous que nous-mêmes.

Ici-bas nous connaissons surtout de Dieu ce qu'il n'est pas, nous savons qu'il n'est pas matériel, changeant, limité ou borné, nous le verrons alors tel qu'il est, en sa Déité, en son essence infinie, en sa vie intime, commune aux trois Personnes, et dont la grâce, surtout la gloire ou grâce consommée, est une Participation, puisqu'elle nous donnera de le voir ainsi immédiatement comme il se voit, de l'aimer comme il s'aime et de vivre éternellement de Lui.

Tel est l'enseignement de la Révélation sur la vie éternelle, manifestation de la bonté divine et fin du gouvernement de Dieu. Voyons brièvement ce que la théologie ajoute dans son balbutiement pour nous faire mieux entendre ce mystère.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Lun 27 Avr 2020 - 15:59

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CHAPITRE VI
LA FIN DU GOUVERNEMENT DIVIN

La vision béatifique et l'amour de Dieu qui en résulte


La théologie apporte ici un peu de lumière en comparant la béatitude naturelle à celle que seule la grâce consommée peut nous donner.

Si Dieu nous avait créés dans un état purement naturel, avec un corps mortel et une âme immortelle, mais sans la vie surnaturelle de la grâce, même alors notre fin dernière, notre béatitude, aurait consisté à connaître Dieu et à l'aimer par-dessus tout, car notre intelligence est faite pour connaître la vérité et par-dessus tout la Vérité suprême, et notre volonté est faite pour aimer et vouloir le bien et par-dessus tout le Souverain Bien.

Si nous avions été créés sans la vie surnaturelle de la grâce, les justes auraient eu pour récompense dernière de connaître Dieu et de l'aimer, mais ils ne l'auraient connu que du dehors pour ainsi dire, par le reflet de ses perfections dans les créatures, comme les plus grands philosophes de l'antiquité l'ont connu, sans doute d'une façon plus certaine et sans mélange d'erreurs, mais enfin d'une connaissance abstraite, par l'intermédiaire des choses, dans le miroir des choses créées.

Nous aurions connu Dieu comme cause première des esprits et des corps et nous aurions énuméré ses infinies perfections connues analogiquement par leur reflet dans l'ordre créé. Nos idées des attributs divins seraient restées comme des petits carrés de mosaïque incapables de reproduire parfaitement sans la durcir la physionomie spirituelle de Dieu.

De même nous aurions aimé Dieu comme l'auteur de notre nature, d'un amour fait d'admiration sans doute, de respect, de reconnaissance, mais sans cette douce et simple familiarité qui est au cœur des enfants de Dieu. Nous aurions été ses serviteurs, non ses enfants.

Déjà pourtant cette fin dernière naturelle est très haute. Elle ne saurait produire la satiété, pas plus que notre œil ne se lasse de voir l'azur du ciel. De plus c'est une fin spirituelle qui, à la différence des biens matériels, peut être possédée par tous et chacun, sans que la possession de l'un nuise à celle de l'autre et engendre la jalousie.

Mais cette connaissance abstraite et médiate de Dieu eût laissé subsister bien des obscurités, en particulier sur la conciliation intime des perfections divines. Nous nous serions toujours demandé comment se peut concilier la toute-puissante bonté et la permission divine du mal, comment peuvent s'accorder intimement l'infinie miséricorde et l'infinie justice.

L'intelligence humaine n'aurait pu s'empêcher de dire : si pourtant je pouvais le voir ce Dieu, source de toute vérité et de toute bonté, d'où s'échappe la vie de la création, la vie des intelligences et celle des volontés !

Ce que la raison la plus puissante ne peut découvrir, la Révélation nous l'a fait connaître. Elle nous a dit que notre fin dernière consiste à voir Dieu immédiatement face à face, et tel qu'il est, sicuti est, à le connaître non plus seulement du dehors, mais intimement comme il se connaît, et à l'aimer comme il s'aime. Elle nous dit que « nous sommes prédestinés à devenir conformes à l'image de son Fils unique, pour que celui-ci soit le premier-né entre plusieurs frères » (Rom., VIII,. 29). Dieu n'était pas tenu en nous créant de nous faire participer à sa vie intime, de nous appeler à le voir immédiatement, mais il le pouvait, et par pure bonté il l'a voulu, en faisant de nous ses fils adoptifs.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Mar 28 Avr 2020 - 15:18

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CHAPITRE VI
LA FIN DU GOUVERNEMENT DIVIN

La vision béatifique et l'amour de Dieu qui en résulte


Nous sommes donc appelés à voir Dieu, non pas seulement dans le miroir des créatures si parfaites soient-elles, non pas seulement par son rayonnement dans le monde des anges, mais à le voir immédiatement, sans l'intermédiaire d'aucune créature, mieux même que les personnes que nous voyons de nos yeux, car Dieu, étant tout spirituel, sera intimement présent dans notre intelligence qu'il éclairera et fortifiera pour nous donner la force de le voir (Cf. S. Thomas, Ia, q. 12, a. 2).

Entre lui et nous il n'y aura même pas l'intermédiaire d'une idée, car cette idée créée ne pourrait représenter tel qu'il est en soi le pur éclair intellectuel éternellement subsistant qu'est Dieu, et sa vérité infinie. Nous ne pourrons exprimer notre contemplation par aucune parole, même par aucune parole intérieure, comme lorsqu'on est absorbé par la vue d'un spectacle sublime il est impossible de l'exprimer. Une seule parole peut dire ce qu'est Dieu tel qu'il est en soi : la parole éternelle et substantielle du Verbe.

Cette vision de Dieu face à face l'emporte infiniment sur la plus haute philosophie. Ce ne seront plus des concepts des attributs divins, ces concepts qui font penser aux petits carrés de mosaïque. Nous sommes appelés à voir toutes les perfections divines intimement conciliées, identifiées dans leur source commune, dans la Déité, ou vie intime de Dieu ; à voir comment la Miséricorde la plus tendre et la justice la plus inflexible procèdent d'un seul et même amour, infiniment généreux et infiniment saint, comment la même qualité éminente d'amour identifie en soi des attributs en apparence si opposés ; à voir comment la Miséricorde et la justice s'unissent dans toutes les œuvres de Dieu.

Nous sommes appelés à voir comment cet amour, même en son bon plaisir le plus libre, s'identifie avec la pure sagesse, comment il n'y a rien en lui qui ne soit sage, et rien dans la sagesse qui ne se convertisse en amour. Nous sommes appelés à voir comment cet amour s'identifie avec le Souverain Bien toujours aimé de toute éternité, comment la divine Sagesse s'identifie avec la Vérité première toujours connue, et comment toutes ces perfections ne font qu'un dans l'essence même de Celui qui est.

Nous sommes appelés à contempler cette éminente simplicité de Dieu, pureté et sainteté absolues, à voir l'infinie fécondité de la nature divine s'épanouissant en trois Personnes, à contempler l'éternelle génération du Verbe, « splendeur du Père et figure de sa substance », à voir l'ineffable spiration du Saint-Esprit, terme de l'amour commun du Père et du Fils, qui les unit éternellement dans la plus absolue diffusion d'eux-mêmes. « Bonum est essentialiter diffusivum sui » le bien est essentiellement diffusif de soi dans la vie intérieure de Dieu, et c'est librement qu'il répand ses richesses au dehors.

Nul ne peut exprimer la joie qu'engendrera pareille vision, ni l'amour qui en résultera en nous, amour de Dieu si fort, si absolu, que rien ne pourra désormais non seulement le détruire mais l'amoindrir, amour fait sans doute d'admiration, de respect, de reconnaissance, mais surtout d'amitié, avec la simplicité et la sainte familiarité qu'elle implique. Par cet amour nous nous réjouirons surtout que Dieu soit Dieu, infiniment saint, juste, Miséricordieux, nous adorerons tous les décrets de sa providence en vue de la manifestation de sa bonté, et nous nous subordonnerons pleinement à Lui.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Mer 29 Avr 2020 - 15:47

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CHAPITRE VI
LA FIN DU GOUVERNEMENT DIVIN

La vision béatifique et l'amour de Dieu qui en résulte


Cette connaissance et cet amour tout surnaturels ne seront possibles que par la grâce qui surélèvera nos facultés et qui, à la racine même de nos facultés, en l'essence même de notre âme, sera pour toujours comme une greffe divine que rien ne pourra plus nous faire perdre. Cette grâce consommée, qu'on appelle la gloire, sera vraiment une participation inamissible de la nature même de Dieu, de sa vie intime, puisqu'elle nous donnera de le voir comme il se voit et de l'aimer comme il s'aime.
Telle est fort imparfaitement exprimée la vie éternelle, à laquelle nous pouvons aspirer parce que par le baptême nous en avons reçu le germe, la grâce sanctifiante, semen gloriæ.

C'est là la fin du gouvernement divin, la manifestation de la bonté divine qui nous donnera et nous conservera l'éternelle béatitude. Alors se réalisera la parole : « Dieu nous a prédestinés à devenir conformes à l'image de son Fils unique, pour qu'il soit le premier-né entre plusieurs frères » Rom., VIII, 29, pour que Fils par nature, il soit le premier-né entre plusieurs frères, enfants de Dieu par adoption.

Ce sera l'accomplissement parfait de la parole de Jésus : « Père, je veux que là où je suis ceux que tu m'as donnés soient aussi avec moi, afin qu'ils voient ma gloire, la gloire que tu m'as donnée, parce que tu m'as aimé avant là fondation du monde » Jean, XVII, 24. Cette gloire du Christ est la suprême manifestation de la bonté divine et en même temps pour lui et pour nous la béatitude qui ne finit pas, mesurée comme celle de Dieu, au-dessus du temps, qui s'écoule, par l'unique instant de l'immobile éternité.

Concluons avec saint Paul : « C'est pourquoi ne perdons pas courage, ayons confiance ; bien qu'en nous l'homme extérieur dépérisse et se corrompe, cependant l'homme intérieur se renouvelle de jour en jour, car le moment si court et léger de nos afflictions produit en nous, au delà de toute mesure, un poids éternel de gloire » II Cor., IV, 17.

Le vœu d'abandon

Plusieurs âmes intérieures, dans des périodes fort douloureuses, ont trouvé la paix et même la joie, bien que les circonstances restassent très pénibles, en recevant du Seigneur l'idée de faire le vœu d'abandon à la Providence.

Pour les âmes qui y sont portées par la grâce, et qui sont fermement décidées à ne pas séparer l'abandon de la fidélité quotidienne, ce vœu peut être ainsi conçu et renouvelé tous les jours à l'action de grâce : « Devant toutes les volontés de Dieu crucifiantes, me livrer entièrement avec une note de joie, sans regarder les « instruments ».

« Dans les difficultés plus ou moins angoissantes, éviter les retours, les repliements sur moi-même, les préoccupations creuses ; me plonger dans la confiance, et chercher à dénouer les difficultés sous l'action de la grâce.

« Arriver à prendre cette attitude d'âme, à me jeter profondément en Dieu, dès qu'une chose me blesse. Tout cela avec un très grand amour ».
Cette abandon doit s'accompagner d'une grande fidélité à la grâce et aux lumières obtenues par la prière.
FIN

Source : Livres-mystiques.com

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