Dieu habite mon âme (enseignement)
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Dieu habite mon âme (enseignement)
Dieu habite mon âme
Dieu est présent dans la création et on peut l’y contempler, il est présent dans l’Eucharistie et on peut l’y adorer, il est présent dans sa Parole et on peut trouver Dieu en méditant l’Écriture. Mais il y a une modalité de la présence de Dieu dont la conséquence est très importante pour la vie de prière : la présence de Dieu dans notre cœur.
« Ce tout petit palais »
Cette présence de Dieu à l’intérieur de nous-mêmes est objet de foi : indépendamment de ce que nous pouvons ressentir ou pas, nous savons de science certaine, par la foi, que Dieu habite le fond de notre cœur. « Ne savez-vous pas que votre corps est le temple du Saint-Esprit ? » dit saint Paul (I Co 6, 19).
Sainte Thérèse d’Avila raconte elle-même que le fait d’avoir compris cette vérité a été une illumination qui a profondément transformé sa vie de prière : Il m’est avis que si j’avais compris, comme je le fais aujourd’hui, qu’en ce tout petit palais qu’est mon âme habite un si grand Roi, je ne l’aurais pas laissé seul si souvent.
Tout l’aspect de recueillement, d’intériorité, de retour en soi-même qu’il peut y avoir dans la vie d’oraison trouve là son vrai sens. Sinon le recueillement ne serait qu’un repli sur soi. Le chrétien peut légitimement rentrer en lui-même parce que, au-delà et plus profond que toutes ses misères intérieures, il y trouve Dieu, « plus intime à nous-mêmes que nous-mêmes », selon l’expression de saint Augustin, Dieu qui demeure en nous par la grâce de l’Esprit Saint.
La « cellule intérieure »
Le centre le plus profond de l’âme, dit saint Jean de la Croix, c’est Dieu. On trouve dans cette vérité la justification de toutes les formes d’oraison comme « prière du cœur » : descendant avec foi dans son propre cœur, l’homme s’y unit à la présence de Dieu qui l’habite. Dans l’oraison en effet, il y a ce mouvement par lequel nous descendons à l’intérieur de notre propre cœur pour y rejoindre Jésus, tellement proche, tellement accessible.
Quand nous ne savons pas comment prier, il est tout simple de procéder ainsi : recueillons-nous, faisons silence et entrons dans notre propre cœur, descendons en nous-mêmes, rejoignons par la foi cette présence de Jésus qui nous habite, et restons paisiblement avec lui. Ne Le laissons pas seul, mais tenons-Lui compagnie aussi souvent que nous le pourrons.
Et si nous persévérons dans cet exercice, nous ne tarderons pas découvrir la réalité de ce que les chrétiens orientaux appellent le lieu du cœur ou la cellule intérieure, pour parler comme sainte Catherine de Sienne ; ce centre de notre personne où Dieu s’est établi pour être avec nous et où nous pouvons être toujours avec lui.
Un jardin très pur
Cet espace intérieur de communion avec Dieu existe, il est donné, mais beaucoup d’hommes et de femmes ne le soupçonnent même pas, car ils n’y sont jamais entrés, ils ne sont jamais descendus dans ce jardin pour en cueillir les fruits. Heureux celui qui fait cette découverte que le Royaume de Dieu est au-dedans de lui : sa vie en sera changée.
Il est vrai que le cœur de l’homme est un abîme de misère et de péché. Mais, plus profondément, il y a Dieu. Pour reprendre l’image de sainte Thérèse d’Avila, l’homme qui persévère dans l’oraison est comme celui qui va puiser de l’eau dans un puits. Il jette son seau et, au début, il ne retire que de la boue. Mais s’il a confiance et s’il persévère, un jour viendra où ce sera une eau très pure qu’il trouvera dans son propre cœur.
Ceci est d’une grande portée pour toute notre vie. Si nous découvrons grâce à la persévérance dans l’oraison ce lieu du cœur, peu à peu nos pensées, nos choix et nos actions, qui trop souvent jaillissent de la partie superficielle de notre être – nos inquiétudes, nos énervements, nos réactions immédiates – procèderont de ce centre profond de l’âme où nous sommes unis à Dieu dans l’amour. Nous accèderons à une nouvelle manière d’être, dans laquelle tout procédera de l’amour, et alors nous serons libres.
Le cœur à Cœur
Le centre de l’humanité de Jésus, c’est son cœur blessé. Le Cœur de Jésus a été ouvert pour que l’amour divin puisse s’épancher sur nous, et pour que nous ayons accès à Dieu. Nous ne pourrons vraiment recevoir cet épanchement d’amour que si notre propre cœur, lui aussi, s’ouvre par une blessure. Alors il peut y avoir vraiment échange d’amour, ce qui est le seul but de la vie d’oraison. Elle devient alors ce qu’elle doit être : un cœur à Cœur.
Cette blessure que produit l’amour en nous pourra voir, selon les moments, bien des manifestations. Elle pourra être désir, recherche anxieuse du Bien-Aimé, repentance et douleur de son péché, soif de Dieu, agonie de l’absence. Elle pourra être douceur qui dilate l’âme, elle pourra être bonheur inexprimable, elle pourra être flamme ardente et passion. Elle fera de nous des êtres à tout jamais marqués par Dieu, qui ne peuvent plus avoir d’autre vie que la vie de Dieu en eux.
Le Seigneur, quand il se révèle à nous, cherche bien sûr à nous guérir : à nous guérir de nos amertumes, de nos fautes, de nos culpabilités vraies ou fausses, de nos duretés, etc. Nous le savons et nous espérons toutes ces guérisons. Mais il importe davantage de comprendre qu’en un certain sens, Il cherche à nous blesser davantage qu’à nous guérir. C’est en nous blessant de plus en plus profondément qu’Il nous procure la vraie guérison.
Vers le cœur de l’Église
Entre la vie de l’Église avec l’ampleur spirituelle de sa mission et entre ce qui se passe dans une âme et son Dieu dans l’intimité de la prière, il y a un lien souvent invisible mais extrêmement profond. La grâce de l’oraison est toujours accompagnée d’une profonde insertion dans le mystère de l’Église. Saint Jean de la Croix affirme très clairement que l’amour gratuit et désintéressé de Dieu vécu dans l’oraison est ce qui profite le plus à l’Église, et ce dont elle a le plus besoin : Un acte de pur amour profite plus à l’Église que toutes les œuvres du monde.
C’est sainte Thérèse de l’Enfant-Jésus qui exprime de la manière la plus belle et la plus complète ce lien entre l’amour personnel pour Dieu vécu dans l’oraison et le mystère de l’Église. Le moment le plus fort de la vie de la petite Thérèse sera celui où elle découvrira sa vocation : elle qui veut avoir toutes les vocations, parce qu’elle veut aimer Jésus à la folie et servir l’Église de toutes les manières possibles, et dont les désirs démesurés sont un martyre, ne trouvera la paix que quand l’Écriture lui aura fait comprendre que le plus grand service à rendre à l’Église, et celui qui contient tous les autres, est d’entretenir en elle le feu de l’amour : Dans le cœur de l’Église, ma mère, je serai l’amour !
La soif des âmes
Thérèse n’a jamais voulu vivre qu’une chose, un cœur à cœur avec Jésus. Mais plus elle entre dans ce cœur à cœur, plus elle se centre sur l’amour de Jésus, plus en même temps son cœur s’agrandit et se dilate dans l’amour de l’Église, au-delà de toute limite d’espace et de temps. Plus Thérèse vit dans la prière sa vocation d’amour sponsal pour Jésus, plus elle entre de l’intérieur dans le mystère de l’Église. C’est d’ailleurs la seule manière de comprendre vraiment l’Église. Car elle est l’Épouse du Christ.
Dans l’oraison, Dieu se communique à l’âme, et il lui communique son désir que tous les hommes soient sauvés. Notre cœur s’identifie au Cœur de Jésus. Il partage son amour pour son Épouse qui est l’Église et sa soif de donner sa vie pour elle et pour toute l’humanité.
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