Le conclave raconté par le cardinal Ricard : pourquoi les cardinaux ont choisi le pape François?
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Le conclave raconté par le cardinal Ricard : pourquoi les cardinaux ont choisi le pape François?
Le conclave raconté par le cardinal Ricard : pourquoi les cardinaux ont choisi le pape François
famillechretienne.fr
16/03/2013
Le cardinal Ricard a participé au conclave en tant qu’électeur. Il revient sur ces quelques jours qui ont conduit à l’élection du pape François.
Pourquoi et comment les voix se sont portées peu à peu sur lui selon des critères qui vont forcément orienter son pontificat.
Vous avez été très marqué par l’intervention du cardinal Bergolio au moment des congrégations générales ? Pourquoi ?
Le cardinal Bergoglio a fait une très belle intervention. Il a expliqué que l’Eglise ne pouvait être l’Eglise du Christ que si elle se décentrait d’elle-même et aller à la périphérie, comme le Christ lui-même est allé manger chez les pécheurs et à la rencontre de ceux qui sont loin.
Avec l’image des grandes mégalopoles comme Buenos Aires, des favelas, des pauvres de la périphérie. Le Christ allait à la rencontre des foules, des possédés, des pécheurs. On ne s’était pas dit, en l’écoutant : c’est lui. Mais, lors des votes, on s’est souvenu de cette intervention.
Pouvez-vous nous raconter l’élection du pape François ?
Le nom du cardinal Bergoglio avait déjà été prononcé par quelques cardinaux avant le conclave. Il y avait néanmoins cette interrogation sur son âge. Le 1er scrutin du conclave est important, il reste assez large mais il permet une première sélection. Celle-ci est nettement plus importante au 2e scrutin.
C’est ainsi que nous avons progressivement vu la personnalité de Bergoglio apparaître comme pouvant être un futur pape. Mais les choses n’étaient pas jouées. Et progressivement il y a un moment où il y a une intuition spirituelle qui fait dire à l’assemblée : c’est peut-être lui que le Seigneur a choisi. C’est ainsi que nous avons eu assez rapidement une concentration des voix.
Par suivisme ?
Il ne s’agit en aucun cas d’une sorte d’opportunisme politique, sur le mode d’un ralliement à celui dont on sent qu’il va l’emporter. Une telle approche fait abstraction de la dimension quasi liturgique, très spirituelle, dans laquelle on vit ces moments : on arrive le matin, on est en avance, on prie, on célèbre la messe. Le vote dure une heure. Pendant ce temps, on médite, on réfléchit.
Personnellement, j’avais devant moi la vie du Christ et derrière moi la vie de Moïse. On se demande forcément : Seigneur, qu’est-ce que tu veux nous dire ? Par où veux-tu nous faire passer ? Il y a une sorte d’obéissance spirituelle qui se joue. Qui peut passer par la voix des autres.
Dans quelle mesure les travaux préparatoires ont-ils orienté les cardinaux dans leur choix ?
Longtemps, les cardinaux ont été perplexes sur le choix du pape : qui choisir ? Il y avait un certain nombre de personnalités. Il y avait celles dont les médias parlaient. Il y avait ceux dont on se disait : pourquoi pas lui ?
Les interventions lors des congrégations générales ont joué, faisant connaître des personnalités qui ne l’étaient pas et permettant de mieux connaître celles qui l’étaient déjà. L’un des sujets qui été le plus évoqué est l’évangélisation. Nous en avons parlé à de nombreuses reprises, pour tous les continents.
En lien avec cette exigence s’est exprimé le désir d’un pape spirituel, un homme de Dieu, habité par l’Evangile. Un pape qui tirerait l’Eglise en avant, nous aiderait à aller tous vers le Christ. Un pape qui soit un pasteur, proche des gens, sachant écouter, conduire. Un pape dont l’enseignement nourrirait la foi de tous. Un pape qui soit à la fois un pasteur et un docteur de la foi.
La question de la réforme de la curie a-t-elle eu une part essentielle dans le choix fait par les cardinaux ?
La question de la curie a certes été présente, mais elle n’a pas pris autant d’importance qu’on a pu le dire. Les problèmes évoqués étaient notamment un certain isolement des préfets de congrégation ou des présidents de conseils pontificaux. Certains ont indiqué qu’il serait souhaitable que les cardinaux puissent rencontrer plus régulièrement le pape.
Il a également été proposé que le pape et le secrétaire d’Etat donnent des lignes directrices aux travaux des congrégations. Et qu’il y ait davantage de concertation et d’échange entre conseils et congrégations, afin que des organismes ne travaillent pas en parallèle sur des sujets proches ou identiques, sans le savoir. Le souhait qu’il y ait plus de transparence et de rigueur morale a également été traité.
Les cardinaux étaient-ils divisés ?
Ce n’est pas du tout l’impression que j’ai eue. Si certains dans la curie souhaitaient que la phase d’échange soit rapide, ils ne l’ont jamais exprimé. Je n’ai pas senti de blocage interne. Les cardinaux représentant la curie étaient très divers et avaient des approches très différentes. Je n’ai pas senti non plus de division par nationalité. Certes les Américains formaient un groupe peut-être plus visible que les autres, organisant au début des congrégations leurs propres conférences de presse, ce qui leur donnait une certaine visibilité. Mais je n’ai pas senti de tension.
Le pape François correspond-il au « profil » que vous recherchiez ?
Il me semble en effet que ce nouveau pape réunit un certain nombre d’éléments auxquels nous aspirions. C’est un spirituel, c’est un homme habité par la Parole de Dieu et l’Evangile. C’est un pasteur, un homme de relation. C’est un homme d’écoute. C’est un homme qui, du fait de sa formation jésuite, a de belles qualités intellectuelles.
C’est quelqu’un de déterminé, qui saura faire les choix qui doivent être faits. Il connaît bien l’Eglise et ses rouages et n’aura pas peur de faire les réformes nécessaires. Enfin, sa grande qualité est sa simplicité.
Qu’est-ce que ce nouveau pape va apporter selon vous de spécifique à l’Eglise ?
Il y a deux éléments principaux qui sont dans les préoccupations de ce pape. Le premier, c’est de nous conduire à l’Evangile, au Christ, de conforter et d’affermir la foi de ses frères dans l’amour du Christ crucifié et ressuscité. Le deuxième, c’est la préoccupation que le message de l’Evangile puisse rejoindre ceux qui s’en sentent éloignés, tout particulièrement les pauvres.
Ces éléments nourriront ses actions. Ainsi, quand on parle de la curie romaine, il fera pour moi une réforme qui ne sera pas avant tout administrative et structurelle, mais qui l’aidera à entrer dans une dynamique spirituelle, en lui montrant qu’elle peut être un instrument au service de l’Evangile et de son annonce dans les diocèses du monde entier.
Par Propos recueillis à Rome par Jean-Marie Dumont et Samuel Pruvot
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famillechretienne.fr
16/03/2013
Le cardinal Ricard a participé au conclave en tant qu’électeur. Il revient sur ces quelques jours qui ont conduit à l’élection du pape François.
Pourquoi et comment les voix se sont portées peu à peu sur lui selon des critères qui vont forcément orienter son pontificat.
Vous avez été très marqué par l’intervention du cardinal Bergolio au moment des congrégations générales ? Pourquoi ?
Le cardinal Bergoglio a fait une très belle intervention. Il a expliqué que l’Eglise ne pouvait être l’Eglise du Christ que si elle se décentrait d’elle-même et aller à la périphérie, comme le Christ lui-même est allé manger chez les pécheurs et à la rencontre de ceux qui sont loin.
Avec l’image des grandes mégalopoles comme Buenos Aires, des favelas, des pauvres de la périphérie. Le Christ allait à la rencontre des foules, des possédés, des pécheurs. On ne s’était pas dit, en l’écoutant : c’est lui. Mais, lors des votes, on s’est souvenu de cette intervention.
Pouvez-vous nous raconter l’élection du pape François ?
Le nom du cardinal Bergoglio avait déjà été prononcé par quelques cardinaux avant le conclave. Il y avait néanmoins cette interrogation sur son âge. Le 1er scrutin du conclave est important, il reste assez large mais il permet une première sélection. Celle-ci est nettement plus importante au 2e scrutin.
C’est ainsi que nous avons progressivement vu la personnalité de Bergoglio apparaître comme pouvant être un futur pape. Mais les choses n’étaient pas jouées. Et progressivement il y a un moment où il y a une intuition spirituelle qui fait dire à l’assemblée : c’est peut-être lui que le Seigneur a choisi. C’est ainsi que nous avons eu assez rapidement une concentration des voix.
Par suivisme ?
Il ne s’agit en aucun cas d’une sorte d’opportunisme politique, sur le mode d’un ralliement à celui dont on sent qu’il va l’emporter. Une telle approche fait abstraction de la dimension quasi liturgique, très spirituelle, dans laquelle on vit ces moments : on arrive le matin, on est en avance, on prie, on célèbre la messe. Le vote dure une heure. Pendant ce temps, on médite, on réfléchit.
Personnellement, j’avais devant moi la vie du Christ et derrière moi la vie de Moïse. On se demande forcément : Seigneur, qu’est-ce que tu veux nous dire ? Par où veux-tu nous faire passer ? Il y a une sorte d’obéissance spirituelle qui se joue. Qui peut passer par la voix des autres.
Dans quelle mesure les travaux préparatoires ont-ils orienté les cardinaux dans leur choix ?
Longtemps, les cardinaux ont été perplexes sur le choix du pape : qui choisir ? Il y avait un certain nombre de personnalités. Il y avait celles dont les médias parlaient. Il y avait ceux dont on se disait : pourquoi pas lui ?
Les interventions lors des congrégations générales ont joué, faisant connaître des personnalités qui ne l’étaient pas et permettant de mieux connaître celles qui l’étaient déjà. L’un des sujets qui été le plus évoqué est l’évangélisation. Nous en avons parlé à de nombreuses reprises, pour tous les continents.
En lien avec cette exigence s’est exprimé le désir d’un pape spirituel, un homme de Dieu, habité par l’Evangile. Un pape qui tirerait l’Eglise en avant, nous aiderait à aller tous vers le Christ. Un pape qui soit un pasteur, proche des gens, sachant écouter, conduire. Un pape dont l’enseignement nourrirait la foi de tous. Un pape qui soit à la fois un pasteur et un docteur de la foi.
La question de la réforme de la curie a-t-elle eu une part essentielle dans le choix fait par les cardinaux ?
La question de la curie a certes été présente, mais elle n’a pas pris autant d’importance qu’on a pu le dire. Les problèmes évoqués étaient notamment un certain isolement des préfets de congrégation ou des présidents de conseils pontificaux. Certains ont indiqué qu’il serait souhaitable que les cardinaux puissent rencontrer plus régulièrement le pape.
Il a également été proposé que le pape et le secrétaire d’Etat donnent des lignes directrices aux travaux des congrégations. Et qu’il y ait davantage de concertation et d’échange entre conseils et congrégations, afin que des organismes ne travaillent pas en parallèle sur des sujets proches ou identiques, sans le savoir. Le souhait qu’il y ait plus de transparence et de rigueur morale a également été traité.
Les cardinaux étaient-ils divisés ?
Ce n’est pas du tout l’impression que j’ai eue. Si certains dans la curie souhaitaient que la phase d’échange soit rapide, ils ne l’ont jamais exprimé. Je n’ai pas senti de blocage interne. Les cardinaux représentant la curie étaient très divers et avaient des approches très différentes. Je n’ai pas senti non plus de division par nationalité. Certes les Américains formaient un groupe peut-être plus visible que les autres, organisant au début des congrégations leurs propres conférences de presse, ce qui leur donnait une certaine visibilité. Mais je n’ai pas senti de tension.
Le pape François correspond-il au « profil » que vous recherchiez ?
Il me semble en effet que ce nouveau pape réunit un certain nombre d’éléments auxquels nous aspirions. C’est un spirituel, c’est un homme habité par la Parole de Dieu et l’Evangile. C’est un pasteur, un homme de relation. C’est un homme d’écoute. C’est un homme qui, du fait de sa formation jésuite, a de belles qualités intellectuelles.
C’est quelqu’un de déterminé, qui saura faire les choix qui doivent être faits. Il connaît bien l’Eglise et ses rouages et n’aura pas peur de faire les réformes nécessaires. Enfin, sa grande qualité est sa simplicité.
Qu’est-ce que ce nouveau pape va apporter selon vous de spécifique à l’Eglise ?
Il y a deux éléments principaux qui sont dans les préoccupations de ce pape. Le premier, c’est de nous conduire à l’Evangile, au Christ, de conforter et d’affermir la foi de ses frères dans l’amour du Christ crucifié et ressuscité. Le deuxième, c’est la préoccupation que le message de l’Evangile puisse rejoindre ceux qui s’en sentent éloignés, tout particulièrement les pauvres.
Ces éléments nourriront ses actions. Ainsi, quand on parle de la curie romaine, il fera pour moi une réforme qui ne sera pas avant tout administrative et structurelle, mais qui l’aidera à entrer dans une dynamique spirituelle, en lui montrant qu’elle peut être un instrument au service de l’Evangile et de son annonce dans les diocèses du monde entier.
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sylvia- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
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Date d'inscription : 06/02/2011
Re: Le conclave raconté par le cardinal Ricard : pourquoi les cardinaux ont choisi le pape François?
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