Après cinq ans de Pontificat : Triste bilan pour le Pape Franois d'après l'auteur José Antonio Ureta
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Re: Après cinq ans de Pontificat : Triste bilan pour le Pape Franois d'après l'auteur José Antonio Ureta
APRÈS CINQ ANS DE PONTIFICAT : TRISTE BILAN POUR LE PAPE FRANÇOIS D'APRÈS L'AUTEUR JOSÉ ANTONIO URETA !
Dans le livre «Il cambio di paradigma di papa Francesco. Continuità o rottura nella missione della Chiesa?», José Antonio Ureta se propose de faire un bilan du pontificat du Pape François après cinq ans de règne, et les titres des chapitres résument parfaitement le contenu de l’argumentation de l’auteur. Il suffit donc d’énumérer ces titres pour comprendre ce qu’Ureta pense de la ligne de François dans les domaines doctrinal, pastoral, social et politique.
Tout d’abord, Ureta voit dans le Magistère de François une «réduction pastorale des « valeurs non négociables »» qui furent au centre de l’enseignement de saint Jean Paul II et de Benoît XVI. Ensuite, on trouve la «promotion de l’agenda néomarxiste et no global des « mouvements sociaux »», la «promotion de l' »agenda vert », d’un gouvernement mondial et d’une mystique ambigüe », la «promotion de l’immigration et de l’islam» accompagnée d’une «réticence sur les chrétiens persécutés au Moyen-Orient»; puis: un «indifférentisme religieux», un «relativisme philosophique» et une «évolution théologique» qui s’accompagnent d’une «nouvelle morale subjective sans impératifs absolus».
Enfin, après avoir fourni un exemple de ce «changement de paradigme» en se concentrant sur l’accès des divorcés remariés à la Communion, Ureta souligne que «le dénominateur commun du changement de paradigme» introduit par François est la tentative de «s’adapter à la modernité révolutionnaire et anti-chrétienne», tentative amplement démontrée par le «revers de la médaille», en d’autres termes «la sympathie des pouvoirs mondains et des courants anti-chrétiens» pour ce pontificat.
Avant la conclusion, dans laquelle l’auteur parle explicitement de «confusion» dans l’Église et va jusqu’à envisager une possible «scission pratique» comme conséquence de l’actuelle «division virtuelle» entre deux courants clairement opposés, Ureta se demande s’il y a une «licéité de la résistance» à un Magistère qui, à bien des égards, n’apparaît plus catholique, et la réponse, compte tenu de l’argumentation qui précéde, est évidemment que la résistance n’est pas seulement possible, mais juste.
Ce qu’affirme Ureta est depuis longtemp au centre des tentatives d’analyse que d’autres auteurs mènent sous diverses formes et chacun selon son propre style. Tout ce qu’Ureta explique et souligne avec une grande clarté, en utilisant un riche appareil de citations, est vérifiable et pour beaucoup c’est une source de douleur. Certains (quelques observateurs) l’ont remarqué immédiatement, d’autres ont pris plus de temps. Le fait est que les préoccupations d’Ureta semblent justifiées.
Je dirais qu’il manque seulement un pas pour aller un peu plus loin. On doit se poser la question: pourquoi cela se produit-il? Dans quelle direction va François? Quel est le dessein?
Pour essayer de donner une réponse, je crois qu’il faut partir d’une observation, c’est qu’en réalité, parmi les nombreuses choses dites et écrites par François, on peut trouver tout ce qu’Ureta et d’autres signalent, mais aussi le contraire, ou presque.
Prenons, par exemple, les valeurs non négociables. Il est vrai que Bergoglio a affirmé qu’il n’est plus nécessaire de toujours appuyer sur les mêmes touches et est allé jusqu’à dire que l’expression elle-même, «valeurs non négociables», il ne la comprend pas. Il est vrai qu’il a parlé des familles nombreuses en des termes qui n’étaient pas vraiment flatteurs (le fameux «faire des enfants comme lapins»), il est vrai qu’il n’est pas descendu sur le terrain pour défendre la vie naissante avec la force et la persévérance de ses prédécesseurs et parfois il a même semblé prendre ses distances de ceux qui se battent sur ce front, mais, en même temps, nous pouvons trouver ses mots pour défendre la famille formée par un homme et une femme, ainsi que contre l’avortement et l’euthanasie.
Quant à ce qu’Ureta appelle la «promotion de l’immigration», il est inutile de passer en revue toutes les interventions de François en faveur de l’accueil, mais dans ses paroles on peut aussi voir un ajustement progressif qui l’a incité au fil du temps à prendre en compte les raisons des pays d’accueil et à parler non plus génériquement de «migrants» mais de «réfugiés».
Enfin, il est vrai que du point de vue doctrinal, nous pouvons trouver chez François une tendance à la «liquidité», à la primauté de la praxis sur la doctrine et de l’expérience subjective sur la norme générale contraignante, mais il y a aussi des références à la centralité de Jésus et à la nécessité de ne pas abandonner la croix.
Bref, pour dire les choses en peu de mots et sans détour, au fil du temps, la véritable caractéristique de ce pontificat semble être celle de donner à la papauté une connotation qu’au sens large, on pourrait qualifier de «politique».
Que font les politiques? Souvent ils disent et ne disent pas, un jour ils disent A et un jour ils disent B, un jour ils mettent davantage l’accent sur A et un autre jour sur B. La logique politique est celle de l’ambivalence, en fonction de l’interlocuteur du moment et des circonstances.
Il n’y a rien d’absolu pour le politicien, mais tout peut être changé. La réponse typique du politique est «ça dépend», et nous pouvons voir que le jésuite Bergoglio, en général, procède ainsi. Un exemple typique est la réponse qu’il a donnée dans l’église luthérienne de Rome à une question sur l’intercommunion, quand son argumentation extrêmement confuse fut en substance résumée dans un «peut-être oui, peut-être non, je ne sais pas, ça dépend, voyez vous-même».
Au fond, c’est la même logique que nous trouvons dans le chapitre VIII d’Amoris laetitia avec la proposition de la « morale de situation », dans un document qui, dans d’autres pages, élève au contraire un véritable hymne au mariage religieux et à la famille fondée sur lui.
Dans le passé, j’ai déjà eu l’occasion de définir la logique de Bergoglio comme «oui, mais aussi non; non, mais aussi oui». Tout est fluide, indéfini. Un jour nous avons A et un jour nous avons B, un jour davantage A et un davantage B.
Dans son essai indispensable mis à disposition par le blog de Sandro Magister [www.diakonos.be/settimo-cielo], le professeur Roberto Pertici a parlé à juste titre, à propos du pontificat de François, de «fin du catholicisme romain». Le «changement de paradigme», dans son sens le plus profond, ne réside pas tant dans la tentative, présente malgté tout, de passer un accord avec la modernité et de plaire aux maîtres de la pensée contemporaine, que dans le processus de déconstruction de la papauté que François a mis en oeuvre dès le début. De la logique de fer du Dictatus Papae, nous sommes passés à la logique que je définis comme «politique» et qui, comme le dit Pertici, «finit par remettre en question le principe d’autorité». Mais il ne le fait pas par inconscience ou par négligence, mais précisément parce qu’il entend poursuivre cette ligne: minimiser les aspects juridico-hiérarchiques, autoritaires et extérieurs du munus pétrinien et mettre l’accent sur sa portée pastorale, dialoguante, antidogmatique, insérée dans le monde au point de s’approprier les logiques du monde lui-même.
Le «caractère périphérique» (la définition est encore de Pertici) de la formation de Bergoglio a certainement un poids dans la conception que François a de la papauté. C’est une chose d’être né et d’avoir grandi en Europe, c’en est une autre d’avoir été formé, également du point de vue ecclésial, en Argentine. Pertici dit que Bergoglio est si profondément enraciné dans le monde latino-américain qu’il ne peut incarner pleinement l’universalité de l’Église, et cet aspect aussi doit être gardé à l’esprit pour comprendre le processus de déconstruction en cours.
D’autre part, la sympathie évidente avec laquelle François regarde les luthériens et le monde protestant est significative: de ce côté, la déconstruction, avec tout ce qu’elle porte avec elle, est déjà réalisée; l’affaiblissement de l’autorité a déjà eu lieu; la décentralisation a déjà été expérimentée.
Le vrai coup de force de François a lieu au niveau ecclésiologique. D’où l’insistance répétée sur l’importance du «peuple», vu presque dans une dimension mystique. Au centre, nous n’avons plus l’auctoritas du pape, le roc, mais le «chemin» du peuple, le processus synodal. D’où aussi la préférence exprimée par François pour le polyèdre par rapport à la sphère (2): Bergoglio dit qu’il n’a jamais été attiré par la perfection, par le respect du principe de non contradiction, par la pensée structurée, mais par le caractère multiforme, par la rencontre de tendances différentes, par le multiculturalisme. En fait, comme il l’a dit à maintes reprises, il croit que sa tâche est d’initier des processus plutôt que de proposer des solutions. D’où sa vision de l’Église «presque comme une fédération d’Églises locales (encore une fois, ce sont les mots du professeur Pertici) dotée de larges pouvoirs disciplinaires, liturgiques et même doctrinaux».
L’incertitude fait partie de ce dessein. Où doit conduire le «chemin»? Quel est l’objectif du «discernement» toujours invoqué? Pourquoi voit-on mieux depuis les périphéries? Quels soins doivent-ils être prodigués dans l’Église «hôpital de campagne»? Quelle doit être la direction de l’Église «en sortie»? Difficile de trouver des réponses. Parce que plus que les réponses, ce qui intéresse François, c’est le «processus».
Bref, il y a certainement un changement de paradigme et il est profond. Mais il concerne d’abord et essentiellement, précisément la figure du pape et la nature du pontificat.
Quant aux réflexions d’Ureta sur la légitimité et la nécessité de critiquer le pape, le débat est ouvert. Dans l’espoir que la «division virtuelle» actuelle entre visions et sensibilités différentes n’aille jamais jusqu’à une «scission formelle». Parce que là serait la vraie tragédie.
SOURCE : Reçu par courriel. Merci à Corinne D.
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