L'obéissance aux demandes de Notre-Dame Samedi prochain, 1er juin 2024 : 1er samedi du mois
Viens, Seigneur Jésus ! :: Messages du Ciel : Apparitions récentes et anciennes :: Fatima (Portugal)
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L'obéissance aux demandes de Notre-Dame Samedi prochain, 1er juin 2024 : 1er samedi du mois
L'obéissance aux demandes de Notre-Dame
Samedi prochain, 1er juin 2024 : 1er samedi du mois
N’oublions pas de réciter un acte de réparation ce jour-là.
Mystère à méditer
5e mystère joyeux : Le recouvrement de Jésus au temple
Méditations proposées par Cap Fatima : cliquer ICI
Méditation proposée par Salve Corda (Les noces de Cana) : cliquer ICI
Blasphèmes à réparer
Les offenses de ceux qui outragent Notre-Dame directement dans ses saintes images
Lettre de liaison n° 162 (30 mai 2024)
Les avertissements du secret de Fatima
Dans le secret qu’elle confia aux petits voyants le 13 juillet 1917, Notre-Dame donna deux avertissements :
Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. (…). Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre pire.
Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église.
Ces deux avertissements doivent nous conduire à une sérieuse réflexion sur l’obéissance aux demandes de la Sainte Vierge. Notre-Dame est la bonté même ; c’est la meilleure de toutes les mères. Malgré cela, ou plutôt à cause de cela, elle ne peut pas ne pas avertir ses enfants des dangers qu’ils courent, aussi dure que soit cette réalité. Car la loi divine est la même pour tous. Ce n’est pas Dieu qui nous condamne, mais Il respecte notre liberté. Si nous nous écartons de Lui et des préceptes que, dans son immense sagesse, Il a posés, n’est-il pas juste que nous en subissions les conséquences ? C’est le mystère de la liberté humaine.
Voilà, ce que Notre-Dame est venue nous rappeler. Et comme elle est bonne et qu’elle sait que nous avons la tête dure, elle répète deux fois son avertissement : si nous suivons ce qu’elle demande, nous aurons la paix et beaucoup d’âmes seront sauvées ; sinon, nous aurons la guerre et des persécutions de tous ordres. Telle est la volonté de Dieu. Il est donc de notre intérêt d’obéir à ce que dit la Sainte Vierge, et même d’obéir tout court. Car l’obéissance est une des plus grandes vertus morales, peut-être même la plus grande.
La plus grande des vertus
La vertu d'obéissance est au centre de la vie humaine : c'est par un acte de désobéissance que l'homme a perdu le paradis terrestre ; et c'est par un acte héroïque d'obéissance qu'il a été racheté. Il en découle que l’obéissance est un des plus sûrs moyens de sanctification. La vie de tous les saints le prouve abondamment. Qu'on se rappelle le cri d’admiration du Christ (unique dans l’Évangile) après l'exposé du centurion sur la discipline militaire et le sens de la hiérarchie, au-dessus de laquelle le centurion n’hésite pas à placer le Christ.
L'âme de l'obéissance, c'est la foi surnaturelle. L'obéissance est la vertu qui nous pousse à soumettre notre volonté à celle de Dieu et à celle de ceux qui représentent Dieu. Seul celui qui voit dans le supérieur le représentant de Dieu sait vraiment obéir ; car il sait qu'en obéissant, il est en accord avec la volonté de Dieu, même quand cela lui coûte, et il sait que la vertu d'obéissance s'exerce dans le sacrifice. Combien de fois il faut obéir en silence dans les choses pénibles ! Durant la Passion, Jésus, au lieu de se défendre ou de se faire défendre, s’est tu. Et saint Paul nous dit qu’Il « a appris, tout Fils qu’Il est, par ses propres souffrances ce que c’est qu’obéir » (He V, 8).
Saint Thomas dit que l’obéissance est la plus grandes des vertus morales :
Par elle-même, l'obéissance est la plus louable des vertus : pour Dieu elle méprise la volonté propre, alors que, par les autres vertus morales, on méprise certains autres biens en vue de Dieu. C'est pourquoi saint Grégoire écrit : « Il est juste de préférer l'obéissance aux sacrifices, parce que ceux-ci immolent une chair étrangère, tandis que l'obéissance immole notre propre volonté ». (Somme théologique, IIa-IIae, q.104, a. 4)
La vertu d’obéissance est également une de celles qui plait le plus à Dieu. Sainte Catherine de Sienne dans Dialogue, le recueil des révélations qu’elle reçut de Dieu Lui-même, nous en rapporte un très bel exemple :
On lit dans la vie des Pères, un bel exemple de cette obéissance inspirée par l'amour. Un solitaire ayant reçu un ordre de son supérieur au moment où il avait commencé d'écrire un O, - une bien petite chose pourtant ! – il ne prit pas le temps de le finir ; sans le moindre retard, il alla où l'appelait l'obéissance. Pour lui témoigner par un signe extérieur, combien cette promptitude m'était agréable, ma clémence acheva en or la lettre commencée. Cette gracieuse vertu me plaît tant, que, pour aucune autre je n'ai accompli tant de miracles, ni donné tant de signes et de témoignage de la satisfaction qu'elle me cause.
Pour cela, l’obéissance fait des miracles. Inversement, la désobéissance les empêche. Quand saint Joseph Cottolengo sut qu'il y avait de nombreuses sœurs malades et qu'on ne savait pas comment faire pour assurer le service de la Petite Maison, il donna l'ordre aux sœurs de se lever et d'accomplir le service. Les sœurs se levèrent et se trouvèrent toutes guéries. Une seule ne voulut pas se lever. Non seulement elle ne fut pas guérie, mais plus tard elle quitta l'Institut.
À qui obéir ?
L'obéissance est d'abord due à Dieu, notre Père et créateur. Nous sommes ses créatures et ses fils, nous Lui devons l'obéissance des êtres créés et des fils. L'obéissance ensuite due au Christ, car Il nous a rachetés par son sang. Pour cette raison, nous lui appartenons et nous devons obéir à sa divine volonté : « Vous ne vous appartenez pas. Vous avez été bel et bien rachetés » dit saint Paul (1Co VI, 20).
L'obéissance aux supérieurs a pour source le fait qu'ils sont les représentants de Dieu. Dieu ne nous gouverne pas directement, mais par ses envoyés, par ses représentants, qu'Il fait participer de son autorité. « Il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu. » (Rom. XIII, 2) Une désobéissance aux supérieurs est donc une désobéissance à Dieu : « Celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner. » (Rm. XIII, 2). Et saint Thomas enseigne que : « Le vouloir d’un inférieur doit se régler sur le vouloir du supérieur, le vouloir du soldat sur celui de son chef. » (Somme théologique, I q. 63, a. 1)
Bossuet explique ainsi cette nécessité de l’obéissance : « L'homme est plus apte au gouvernement d'autrui qu'au gouvernement de lui-même. » C'est pourquoi le mieux est d'agir par obéissance, en exécutant de façon irréprochable les ordres des supérieurs.
Cette obéissance aux supérieurs a toutefois des limites, comme nous l’avons déjà vu dans la lettre de liaison n° 112). Saint Thomas lui-même le reconnaît et précise deux cas dans lesquels nous n’avons pas à obéir.
Il peut arriver pour deux motifs que le sujet ne soit pas tenu à obéir en tout à son supérieur.
1° À cause de l'ordre d'un supérieur plus puissant. Sur le texte (Rm XIII, 2) : « Ceux qui résistent attirent sur eux-mêmes la condamnation », la Glose commente : « Si le commissaire donne un ordre, devras-tu l'exécuter si le proconsul ordonne le contraire ? Et si le proconsul donne un ordre, et l'empereur un autre, n'est-il pas évident qu'en méprisant le premier, tu dois obéir au second ? Donc si l'empereur donne un ordre, et Dieu un autre, tu devras mépriser celui-là et obéir à Dieu. »
2° L'inférieur n'est pas tenu d'obéir à son supérieur si celui-ci donne un ordre auquel il n'a pas à se soumettre. Car Sénèque écrit : « On se trompe si l'on croit que la servitude s'impose à l'homme tout entier. La meilleure partie de lui-même y échappe. C'est le corps qui est soumis et engagé envers les maîtres ; l'âme est indépendante. » C'est pourquoi, en ce qui concerne le mouvement intérieur de la volonté on n'est pas tenu d'obéir aux hommes, mais à Dieu seul. (Somme théologique, IIa-IIae, q.104, a.5)
Il en résulte que l'obéissance ne peut pas être une obéissance aveugle. Elle a des limites que la doctrine catholique a toujours reconnue et qu'il faut connaître pour ne pas les transgresser involontairement : il ne doit pas y avoir d'ordre supérieur contraire, en particulier d'ordre divin ; et l'ordre donné doit être dans le domaine de responsabilité du supérieur. L'obéissance fait donc nécessairement appel à l'intelligence.
Mais en dehors de ces quelques cas, il faut véritablement cultiver l’esprit d’obéissance, ce d’autant plus qu’il est particulièrement rejeté, voire attaqué, aujourd’hui. La société moderne met en avant l’esprit de rébellion, le refus de l’autorité, … Nos droits sont placés avant nos devoirs. L’esprit de révolte et de revendication est partout. Pour lutter contre cet esprit inspiré par le démon, il est indispensable de méditer l’exemple des saints.
Comment obéir ?
La meilleure façon de pratiquer l’obéissance est d’obéir en tout à nos supérieurs légitimes. Il est clair que les supérieurs ne doivent exercer l'autorité qu'en tant que délégués de Dieu et donc ils ne doivent jamais commander ce qui est contraire à la loi de Dieu. Ils ne peuvent être les ambassadeurs de Dieu s'ils commandent le péché (mentir, voler, avorter...) ou s'ils ne l'empêchent pas. Dans ce cas ce sont des délégués de Satan : on ne peut et on ne doit pas leur obéir.
Par contre, dans toutes les autres situations, il faut obéir, même si l'obéissance nous pèse ou nous heurte, même si celui qui commande est odieux et partial. Jésus disait : « Vous, les domestiques soyez soumis à vos maîtres.... non seulement aux bons et aux bienveillants, mais aussi aux difficiles. » (1P II, 18)
En soi, il n’y a pas à refuser d'obéir ; il y a en réalité conflit entre deux obéissances : l'ordre du supérieur et un ordre de Dieu. Lorsque les deux sont incompatibles, on choisit simplement d'obéir à Dieu plutôt qu'au supérieur. Mais dans ce cas-là encore, on n'agit pas par sa volonté propre : on agit par obéissance à Dieu.
Obéir à la volonté de Dieu, sans réserve, voilà l'attitude du véritable obéissant. Et l'obéissance douloureuse doit être aimée autant que l'obéissance joyeuse, même si la nature réagit ! Jésus Lui-même nous a montré l’exemple : « Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la vôtre. » (Lc XXII, 42)
En cas de doute
Il y a toutefois des situations où il n’est pas facile de savoir s’il faut ou non obéir à un supérieur. Pour répondre à ce dilemme, on trouve dans les traités sur la vie spirituelle un sage conseil à propos du scrupule de conscience qui s'applique tout à fait à ce cas : agir par obéissance. Dans son Traité de la paix intérieure, le père de Lombez dit (2e partie, chap. VII, art. XXIII) :
Dieu ne vous imputera jamais à blâme ce que vous aurez fait par une obéissance toute chrétienne à un sage directeur. Tout ce que vous ferez par obéissance à vos confesseurs éclairés sera un accomplissement de sa volonté ; par conséquent, quand vos confesseurs, par une méprise personnelle, erreraient dans la décision de vos doutes, vous n'erreriez pas ; et il est de la bonté de Dieu et même de sa souveraine équité de ne pas vous imputer les méprises où pourrait vous induire cette religieuse référence à leur autorité, puisque ce serait en vous une erreur bien innocente et non une malice ; quand le faisant, vous auriez suivi l'ordre que Dieu a établi, et qu'ainsi vous n'auriez pas fait votre volonté propre en quoi consiste le péché, mais la sienne qui est la règle souveraine de toute justice ; que ce ne serait pas votre penchant que vous auriez suivi, mais la raison et la prudence ; qu'il vous en aurait bien moins coûté de suivre vos scrupules, que de leur résister ; et que ce n'est pas pour vous flatter, que vous auriez obéi, mais pour vous vaincre.
Et effectivement, l'Évangile n'a jamais porté le moindre blâme contre les soldats qui ont arrêté le Christ et l'ont conduit au supplice. Pourtant, certains avaient assisté à son procès et savaient probablement que les pharisiens n'avaient rien trouvé à Lui reprocher. Ils ont malgré tout accompli les ordres reçus. Et le centurion qui les commandait a même eu l'insigne honneur d'être le premier à confesser la plénitude de la foi catholique juste après la mort de Jésus en disant : « Cet homme était vraiment Fils de Dieu. » (Mat., XVII, 54)
L’exemple de la Sainte Vierge et des saints
La Sainte Vierge nous a donné un exemple unique d’obéissance. Les premières pages de l'Évangile de saint Luc s'ouvrent sur son "fiat" à l’annonce de l'Ange Gabriel (Lc I, 36). Elle obéit humblement à l'envoyé de Dieu, en acceptant des réalités humainement incompréhensibles : la conception virginale du Verbe Fils de Dieu et la maternité divine, ainsi que des réalités douloureuses, jusqu'à la plus terrible tragédie pour une mère : offrir son fils à la mort ! La Sainte Vierge obéit aussi à l'ordre d'Auguste pour le recensement (Lc II, 1-5), à la loi de la présentation et de la purification (Lc II, 21-24), à l’ordre de l’Ange de fuir en Égypte (Mt II, 13-15), à l’ordre de revenir à Nazareth (Mt II, 21-24). Nous la retrouvons enfin au Calvaire y accomplissant son "fiat" dans l'angoisse la plus tragique (Jn XIX, 25). Au calvaire, son obéissance fut « le glaive qui lui transperça l'âme » (Lc II, 35).
Les saints n’ont pas agi différemment.
Quand saint François d'Assise et sainte Thérèse d'Avila recevaient des communications au cours de leurs extases, ils étaient prêts à y renoncer si leur supérieur en décidait autrement, parce que, dans la parole du supérieur, l'intention de Dieu n'est pas douteuse, tandis que dans une vision ou une communication, il y a toujours une marge d'incertitude.
Dans la vie de Sainte Gertrude, on lit que, pendant un certain temps, elle eut une supérieure à l'humeur plutôt difficile. La sainte pria le Seigneur qu'elle soit remplacée par une autre plus équilibrée. Mais Jésus lui répondit : « Non, parce que ses défauts l'obligent à s'humilier chaque jour en ma présence. Par ailleurs, ton obéissance n'a jamais été aussi surnaturelle que pendant cette période. »
Sainte Marguerite-Marie éprouva une difficulté semblable. À propos de la dévotion au Sacré-Cœur, ses supérieurs ne voulaient pas qu’elle en parle. S’en étant plainte un jour à Notre-Seigneur, elle reçut de Lui la réponse suivante :
Je suis content que tu préfères la volonté de tes supérieures à la mienne, lorsqu’elles te défendront de faire ce que je t’aurai ordonné. Laisse-les faire tout ce qu’elles voudront de toi, je saurai bien trouver le moyen de faire réussir mes desseins, même par des moyens qui y semblent opposés et contraires.
« Je suis content que tu préfères la volonté de tes supérieurs à la mienne » ! On voit combien Dieu apprécie l’obéissance aux supérieurs légitimes !
L'obéissance a crucifié Jésus qui, pendant sa Passion, se taisait et priait. L'obéissance a crucifié les saints qui, eux-aussi, se taisaient et priaient.
Dominique Savio, garçon actif et bon élève, fut accusé injustement auprès du maître pour une vilaine espièglerie. Surpris, le maître fut contraint de le réprimander sévèrement. Dominique se tut. Quand le maître connut la vérité, il appela Dominique et lui demanda pourquoi il n'avait rien dit. « Pour deux raisons - dit-il - parce que si j'avais dit qui était le vrai coupable, il aurait été renvoyé de l'école, car ce n'était pas la première fois qu'il était pris en défaut, tandis que moi c'était la première fois. De plus, je me suis tu parce Jésus aussi, accusé devant le sanhédrin, se taisait. »
Saint Gérard Majella, calomnié d'une manière infâme, fut sévèrement puni par saint Alphonse. On lui interdit la sainte communion, on le changea de lieu et il fut traité comme un pécheur. Il se tut et obéit. Quand on découvrit la vérité, saint Alphonse put dire que ce douloureux épisode suffisait à lui seul à garantir la sainteté extraordinaire de saint Gérard.
Quand saint Joseph Calasanzio fut calomnié et persécuté par ses propres disciples, quand, vieux et malade, il fut emprisonné et traduit devant le tribunal, et quand, au seuil de la mort, il fut expulsé de la congrégation et dut assister à sa dévastation, par ordre du Vicaire même du Christ, il accepta cet enchaînement de tourments en murmurant : « Que maintenant et toujours soit bénie la très sainte volonté de Dieu ! ».
Quand saint Alphonse de Liguori, octogénaire, fut calomnié par un de ses fils et fut expulsé de la congrégation par le pape lui-même, lui, le grand, le passionné, l'ardent défenseur du pape, surmonta ce déchirement mortel en s'écriant, face contre terre, au pied de l'autel : « Le pape a raison, le pape a raison »... !
L'obéissance nous crucifie comme elle crucifia Jésus ! Mais le saint est celui qui se laisse crucifier. Nous, au contraire, que d'expédients, de compromis, d'échappatoires nous essayons de trouver pour éviter le poids et les ennuis que nous cause l'obéissance. Mais si nous agissons ainsi, il est impossible d'aimer, parce que, dit Jésus : « Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements » (Jn 14, 15). Nous devons donc observer ses commandements, même s'ils nous coûtent.
Alors, obéissons à Dieu en observant sa loi. Obéissons aussi aux demandes de Notre-Dame, ce d’autant plus que ce qu’elle demande n’exige pas de grands efforts : qui ne peut trouver une vingtaine de minutes dans la journée pour réciter un chapelet ? Est-il difficile d’offrir pour la conversion des pécheurs les contrariétés que, de toutes les façons, nous ne pouvons pas éviter ? La communion réparatrice des premiers samedis du mois n’est pas non plus une pratique difficile. Or ces quelques demandes de Notre-Dame ont des fruits particulièrement extraordinaires : le salut pour les pécheurs (y compris le nôtre) et la paix dans le monde. Aussi, empressons-nous de répondre aux demandes de notre Mère du Ciel.
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie
Yves de Lassus
Samedi prochain, 1er juin 2024 : 1er samedi du mois
N’oublions pas de réciter un acte de réparation ce jour-là.
Mystère à méditer
5e mystère joyeux : Le recouvrement de Jésus au temple
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Les offenses de ceux qui outragent Notre-Dame directement dans ses saintes images
Lettre de liaison n° 162 (30 mai 2024)
Les avertissements du secret de Fatima
Dans le secret qu’elle confia aux petits voyants le 13 juillet 1917, Notre-Dame donna deux avertissements :
Si l’on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et l’on aura la paix. (…). Mais si l’on ne cesse d’offenser Dieu, sous le règne de Pie XI en commencera une autre pire.
Si l’on écoute mes demandes, la Russie se convertira et l’on aura la paix. Sinon elle répandra ses erreurs à travers le monde, provoquant des guerres et des persécutions contre l’Église.
Ces deux avertissements doivent nous conduire à une sérieuse réflexion sur l’obéissance aux demandes de la Sainte Vierge. Notre-Dame est la bonté même ; c’est la meilleure de toutes les mères. Malgré cela, ou plutôt à cause de cela, elle ne peut pas ne pas avertir ses enfants des dangers qu’ils courent, aussi dure que soit cette réalité. Car la loi divine est la même pour tous. Ce n’est pas Dieu qui nous condamne, mais Il respecte notre liberté. Si nous nous écartons de Lui et des préceptes que, dans son immense sagesse, Il a posés, n’est-il pas juste que nous en subissions les conséquences ? C’est le mystère de la liberté humaine.
Voilà, ce que Notre-Dame est venue nous rappeler. Et comme elle est bonne et qu’elle sait que nous avons la tête dure, elle répète deux fois son avertissement : si nous suivons ce qu’elle demande, nous aurons la paix et beaucoup d’âmes seront sauvées ; sinon, nous aurons la guerre et des persécutions de tous ordres. Telle est la volonté de Dieu. Il est donc de notre intérêt d’obéir à ce que dit la Sainte Vierge, et même d’obéir tout court. Car l’obéissance est une des plus grandes vertus morales, peut-être même la plus grande.
La plus grande des vertus
La vertu d'obéissance est au centre de la vie humaine : c'est par un acte de désobéissance que l'homme a perdu le paradis terrestre ; et c'est par un acte héroïque d'obéissance qu'il a été racheté. Il en découle que l’obéissance est un des plus sûrs moyens de sanctification. La vie de tous les saints le prouve abondamment. Qu'on se rappelle le cri d’admiration du Christ (unique dans l’Évangile) après l'exposé du centurion sur la discipline militaire et le sens de la hiérarchie, au-dessus de laquelle le centurion n’hésite pas à placer le Christ.
L'âme de l'obéissance, c'est la foi surnaturelle. L'obéissance est la vertu qui nous pousse à soumettre notre volonté à celle de Dieu et à celle de ceux qui représentent Dieu. Seul celui qui voit dans le supérieur le représentant de Dieu sait vraiment obéir ; car il sait qu'en obéissant, il est en accord avec la volonté de Dieu, même quand cela lui coûte, et il sait que la vertu d'obéissance s'exerce dans le sacrifice. Combien de fois il faut obéir en silence dans les choses pénibles ! Durant la Passion, Jésus, au lieu de se défendre ou de se faire défendre, s’est tu. Et saint Paul nous dit qu’Il « a appris, tout Fils qu’Il est, par ses propres souffrances ce que c’est qu’obéir » (He V, 8).
Saint Thomas dit que l’obéissance est la plus grandes des vertus morales :
Par elle-même, l'obéissance est la plus louable des vertus : pour Dieu elle méprise la volonté propre, alors que, par les autres vertus morales, on méprise certains autres biens en vue de Dieu. C'est pourquoi saint Grégoire écrit : « Il est juste de préférer l'obéissance aux sacrifices, parce que ceux-ci immolent une chair étrangère, tandis que l'obéissance immole notre propre volonté ». (Somme théologique, IIa-IIae, q.104, a. 4)
La vertu d’obéissance est également une de celles qui plait le plus à Dieu. Sainte Catherine de Sienne dans Dialogue, le recueil des révélations qu’elle reçut de Dieu Lui-même, nous en rapporte un très bel exemple :
On lit dans la vie des Pères, un bel exemple de cette obéissance inspirée par l'amour. Un solitaire ayant reçu un ordre de son supérieur au moment où il avait commencé d'écrire un O, - une bien petite chose pourtant ! – il ne prit pas le temps de le finir ; sans le moindre retard, il alla où l'appelait l'obéissance. Pour lui témoigner par un signe extérieur, combien cette promptitude m'était agréable, ma clémence acheva en or la lettre commencée. Cette gracieuse vertu me plaît tant, que, pour aucune autre je n'ai accompli tant de miracles, ni donné tant de signes et de témoignage de la satisfaction qu'elle me cause.
Pour cela, l’obéissance fait des miracles. Inversement, la désobéissance les empêche. Quand saint Joseph Cottolengo sut qu'il y avait de nombreuses sœurs malades et qu'on ne savait pas comment faire pour assurer le service de la Petite Maison, il donna l'ordre aux sœurs de se lever et d'accomplir le service. Les sœurs se levèrent et se trouvèrent toutes guéries. Une seule ne voulut pas se lever. Non seulement elle ne fut pas guérie, mais plus tard elle quitta l'Institut.
À qui obéir ?
L'obéissance est d'abord due à Dieu, notre Père et créateur. Nous sommes ses créatures et ses fils, nous Lui devons l'obéissance des êtres créés et des fils. L'obéissance ensuite due au Christ, car Il nous a rachetés par son sang. Pour cette raison, nous lui appartenons et nous devons obéir à sa divine volonté : « Vous ne vous appartenez pas. Vous avez été bel et bien rachetés » dit saint Paul (1Co VI, 20).
L'obéissance aux supérieurs a pour source le fait qu'ils sont les représentants de Dieu. Dieu ne nous gouverne pas directement, mais par ses envoyés, par ses représentants, qu'Il fait participer de son autorité. « Il n'y a pas d'autorité qui ne vienne de Dieu. » (Rom. XIII, 2) Une désobéissance aux supérieurs est donc une désobéissance à Dieu : « Celui qui résiste à l'autorité se rebelle contre l'ordre établi par Dieu. Et les rebelles se feront eux-mêmes condamner. » (Rm. XIII, 2). Et saint Thomas enseigne que : « Le vouloir d’un inférieur doit se régler sur le vouloir du supérieur, le vouloir du soldat sur celui de son chef. » (Somme théologique, I q. 63, a. 1)
Bossuet explique ainsi cette nécessité de l’obéissance : « L'homme est plus apte au gouvernement d'autrui qu'au gouvernement de lui-même. » C'est pourquoi le mieux est d'agir par obéissance, en exécutant de façon irréprochable les ordres des supérieurs.
Cette obéissance aux supérieurs a toutefois des limites, comme nous l’avons déjà vu dans la lettre de liaison n° 112). Saint Thomas lui-même le reconnaît et précise deux cas dans lesquels nous n’avons pas à obéir.
Il peut arriver pour deux motifs que le sujet ne soit pas tenu à obéir en tout à son supérieur.
1° À cause de l'ordre d'un supérieur plus puissant. Sur le texte (Rm XIII, 2) : « Ceux qui résistent attirent sur eux-mêmes la condamnation », la Glose commente : « Si le commissaire donne un ordre, devras-tu l'exécuter si le proconsul ordonne le contraire ? Et si le proconsul donne un ordre, et l'empereur un autre, n'est-il pas évident qu'en méprisant le premier, tu dois obéir au second ? Donc si l'empereur donne un ordre, et Dieu un autre, tu devras mépriser celui-là et obéir à Dieu. »
2° L'inférieur n'est pas tenu d'obéir à son supérieur si celui-ci donne un ordre auquel il n'a pas à se soumettre. Car Sénèque écrit : « On se trompe si l'on croit que la servitude s'impose à l'homme tout entier. La meilleure partie de lui-même y échappe. C'est le corps qui est soumis et engagé envers les maîtres ; l'âme est indépendante. » C'est pourquoi, en ce qui concerne le mouvement intérieur de la volonté on n'est pas tenu d'obéir aux hommes, mais à Dieu seul. (Somme théologique, IIa-IIae, q.104, a.5)
Il en résulte que l'obéissance ne peut pas être une obéissance aveugle. Elle a des limites que la doctrine catholique a toujours reconnue et qu'il faut connaître pour ne pas les transgresser involontairement : il ne doit pas y avoir d'ordre supérieur contraire, en particulier d'ordre divin ; et l'ordre donné doit être dans le domaine de responsabilité du supérieur. L'obéissance fait donc nécessairement appel à l'intelligence.
Mais en dehors de ces quelques cas, il faut véritablement cultiver l’esprit d’obéissance, ce d’autant plus qu’il est particulièrement rejeté, voire attaqué, aujourd’hui. La société moderne met en avant l’esprit de rébellion, le refus de l’autorité, … Nos droits sont placés avant nos devoirs. L’esprit de révolte et de revendication est partout. Pour lutter contre cet esprit inspiré par le démon, il est indispensable de méditer l’exemple des saints.
Comment obéir ?
La meilleure façon de pratiquer l’obéissance est d’obéir en tout à nos supérieurs légitimes. Il est clair que les supérieurs ne doivent exercer l'autorité qu'en tant que délégués de Dieu et donc ils ne doivent jamais commander ce qui est contraire à la loi de Dieu. Ils ne peuvent être les ambassadeurs de Dieu s'ils commandent le péché (mentir, voler, avorter...) ou s'ils ne l'empêchent pas. Dans ce cas ce sont des délégués de Satan : on ne peut et on ne doit pas leur obéir.
Par contre, dans toutes les autres situations, il faut obéir, même si l'obéissance nous pèse ou nous heurte, même si celui qui commande est odieux et partial. Jésus disait : « Vous, les domestiques soyez soumis à vos maîtres.... non seulement aux bons et aux bienveillants, mais aussi aux difficiles. » (1P II, 18)
En soi, il n’y a pas à refuser d'obéir ; il y a en réalité conflit entre deux obéissances : l'ordre du supérieur et un ordre de Dieu. Lorsque les deux sont incompatibles, on choisit simplement d'obéir à Dieu plutôt qu'au supérieur. Mais dans ce cas-là encore, on n'agit pas par sa volonté propre : on agit par obéissance à Dieu.
Obéir à la volonté de Dieu, sans réserve, voilà l'attitude du véritable obéissant. Et l'obéissance douloureuse doit être aimée autant que l'obéissance joyeuse, même si la nature réagit ! Jésus Lui-même nous a montré l’exemple : « Que ce ne soit pas ma volonté qui se fasse, mais la vôtre. » (Lc XXII, 42)
En cas de doute
Il y a toutefois des situations où il n’est pas facile de savoir s’il faut ou non obéir à un supérieur. Pour répondre à ce dilemme, on trouve dans les traités sur la vie spirituelle un sage conseil à propos du scrupule de conscience qui s'applique tout à fait à ce cas : agir par obéissance. Dans son Traité de la paix intérieure, le père de Lombez dit (2e partie, chap. VII, art. XXIII) :
Dieu ne vous imputera jamais à blâme ce que vous aurez fait par une obéissance toute chrétienne à un sage directeur. Tout ce que vous ferez par obéissance à vos confesseurs éclairés sera un accomplissement de sa volonté ; par conséquent, quand vos confesseurs, par une méprise personnelle, erreraient dans la décision de vos doutes, vous n'erreriez pas ; et il est de la bonté de Dieu et même de sa souveraine équité de ne pas vous imputer les méprises où pourrait vous induire cette religieuse référence à leur autorité, puisque ce serait en vous une erreur bien innocente et non une malice ; quand le faisant, vous auriez suivi l'ordre que Dieu a établi, et qu'ainsi vous n'auriez pas fait votre volonté propre en quoi consiste le péché, mais la sienne qui est la règle souveraine de toute justice ; que ce ne serait pas votre penchant que vous auriez suivi, mais la raison et la prudence ; qu'il vous en aurait bien moins coûté de suivre vos scrupules, que de leur résister ; et que ce n'est pas pour vous flatter, que vous auriez obéi, mais pour vous vaincre.
Et effectivement, l'Évangile n'a jamais porté le moindre blâme contre les soldats qui ont arrêté le Christ et l'ont conduit au supplice. Pourtant, certains avaient assisté à son procès et savaient probablement que les pharisiens n'avaient rien trouvé à Lui reprocher. Ils ont malgré tout accompli les ordres reçus. Et le centurion qui les commandait a même eu l'insigne honneur d'être le premier à confesser la plénitude de la foi catholique juste après la mort de Jésus en disant : « Cet homme était vraiment Fils de Dieu. » (Mat., XVII, 54)
L’exemple de la Sainte Vierge et des saints
La Sainte Vierge nous a donné un exemple unique d’obéissance. Les premières pages de l'Évangile de saint Luc s'ouvrent sur son "fiat" à l’annonce de l'Ange Gabriel (Lc I, 36). Elle obéit humblement à l'envoyé de Dieu, en acceptant des réalités humainement incompréhensibles : la conception virginale du Verbe Fils de Dieu et la maternité divine, ainsi que des réalités douloureuses, jusqu'à la plus terrible tragédie pour une mère : offrir son fils à la mort ! La Sainte Vierge obéit aussi à l'ordre d'Auguste pour le recensement (Lc II, 1-5), à la loi de la présentation et de la purification (Lc II, 21-24), à l’ordre de l’Ange de fuir en Égypte (Mt II, 13-15), à l’ordre de revenir à Nazareth (Mt II, 21-24). Nous la retrouvons enfin au Calvaire y accomplissant son "fiat" dans l'angoisse la plus tragique (Jn XIX, 25). Au calvaire, son obéissance fut « le glaive qui lui transperça l'âme » (Lc II, 35).
Les saints n’ont pas agi différemment.
Quand saint François d'Assise et sainte Thérèse d'Avila recevaient des communications au cours de leurs extases, ils étaient prêts à y renoncer si leur supérieur en décidait autrement, parce que, dans la parole du supérieur, l'intention de Dieu n'est pas douteuse, tandis que dans une vision ou une communication, il y a toujours une marge d'incertitude.
Dans la vie de Sainte Gertrude, on lit que, pendant un certain temps, elle eut une supérieure à l'humeur plutôt difficile. La sainte pria le Seigneur qu'elle soit remplacée par une autre plus équilibrée. Mais Jésus lui répondit : « Non, parce que ses défauts l'obligent à s'humilier chaque jour en ma présence. Par ailleurs, ton obéissance n'a jamais été aussi surnaturelle que pendant cette période. »
Sainte Marguerite-Marie éprouva une difficulté semblable. À propos de la dévotion au Sacré-Cœur, ses supérieurs ne voulaient pas qu’elle en parle. S’en étant plainte un jour à Notre-Seigneur, elle reçut de Lui la réponse suivante :
Je suis content que tu préfères la volonté de tes supérieures à la mienne, lorsqu’elles te défendront de faire ce que je t’aurai ordonné. Laisse-les faire tout ce qu’elles voudront de toi, je saurai bien trouver le moyen de faire réussir mes desseins, même par des moyens qui y semblent opposés et contraires.
« Je suis content que tu préfères la volonté de tes supérieurs à la mienne » ! On voit combien Dieu apprécie l’obéissance aux supérieurs légitimes !
L'obéissance a crucifié Jésus qui, pendant sa Passion, se taisait et priait. L'obéissance a crucifié les saints qui, eux-aussi, se taisaient et priaient.
Dominique Savio, garçon actif et bon élève, fut accusé injustement auprès du maître pour une vilaine espièglerie. Surpris, le maître fut contraint de le réprimander sévèrement. Dominique se tut. Quand le maître connut la vérité, il appela Dominique et lui demanda pourquoi il n'avait rien dit. « Pour deux raisons - dit-il - parce que si j'avais dit qui était le vrai coupable, il aurait été renvoyé de l'école, car ce n'était pas la première fois qu'il était pris en défaut, tandis que moi c'était la première fois. De plus, je me suis tu parce Jésus aussi, accusé devant le sanhédrin, se taisait. »
Saint Gérard Majella, calomnié d'une manière infâme, fut sévèrement puni par saint Alphonse. On lui interdit la sainte communion, on le changea de lieu et il fut traité comme un pécheur. Il se tut et obéit. Quand on découvrit la vérité, saint Alphonse put dire que ce douloureux épisode suffisait à lui seul à garantir la sainteté extraordinaire de saint Gérard.
Quand saint Joseph Calasanzio fut calomnié et persécuté par ses propres disciples, quand, vieux et malade, il fut emprisonné et traduit devant le tribunal, et quand, au seuil de la mort, il fut expulsé de la congrégation et dut assister à sa dévastation, par ordre du Vicaire même du Christ, il accepta cet enchaînement de tourments en murmurant : « Que maintenant et toujours soit bénie la très sainte volonté de Dieu ! ».
Quand saint Alphonse de Liguori, octogénaire, fut calomnié par un de ses fils et fut expulsé de la congrégation par le pape lui-même, lui, le grand, le passionné, l'ardent défenseur du pape, surmonta ce déchirement mortel en s'écriant, face contre terre, au pied de l'autel : « Le pape a raison, le pape a raison »... !
L'obéissance nous crucifie comme elle crucifia Jésus ! Mais le saint est celui qui se laisse crucifier. Nous, au contraire, que d'expédients, de compromis, d'échappatoires nous essayons de trouver pour éviter le poids et les ennuis que nous cause l'obéissance. Mais si nous agissons ainsi, il est impossible d'aimer, parce que, dit Jésus : « Si vous m'aimez, vous garderez mes commandements » (Jn 14, 15). Nous devons donc observer ses commandements, même s'ils nous coûtent.
Alors, obéissons à Dieu en observant sa loi. Obéissons aussi aux demandes de Notre-Dame, ce d’autant plus que ce qu’elle demande n’exige pas de grands efforts : qui ne peut trouver une vingtaine de minutes dans la journée pour réciter un chapelet ? Est-il difficile d’offrir pour la conversion des pécheurs les contrariétés que, de toutes les façons, nous ne pouvons pas éviter ? La communion réparatrice des premiers samedis du mois n’est pas non plus une pratique difficile. Or ces quelques demandes de Notre-Dame ont des fruits particulièrement extraordinaires : le salut pour les pécheurs (y compris le nôtre) et la paix dans le monde. Aussi, empressons-nous de répondre aux demandes de notre Mère du Ciel.
En union de prière dans le Cœur Immaculé de Marie
Yves de Lassus
Célestine- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
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5E mystère joyeux Le recouvrement de Jésus au temple Tirée des Méditations sur les mystères de notr
5E mystère joyeux
Le recouvrement de Jésus au temple
Tirée des Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.
DE CE QUE FIT LA SAINTE VIERGE
DEPUIS QU’ELLE S’APERÇUT
DE L’ABSENCE DE SON DIVIN FILS
JUSQU’À CE QU’ELLE L’EUT RETROUVÉ
I. — L’absence de Jésus
Joseph et Marie, étant sortis de Jérusalem, s’en retournaient à Nazareth en compagnie de plusieurs de leurs concitoyens. Comme les hommes et les femmes marchaient séparément, Joseph croyait que l’Enfant était avec sa Mère, et la Vierge pensait qu’il était avec son saint époux. Ils firent ainsi une journée de chemin, et arrivés le soir à l’hôtellerie, ils ne trouvèrent point Jésus. Ils se mirent aussitôt à le chercher parmi leurs parents et ceux de leur connaissance, mais en vain.
1) Remarquons ici la mystérieuse conduite du Seigneur à l’égard de deux personnes d’une si haute sainteté. Il les afflige sans qu’elles soient coupables de la moindre faute, à l’occasion d’une bonne œuvre qu’elles viennent de faire pour l’honorer, et du côté qui leur est le plus sensible, c’est-à-dire, par la disparition subite d’un enfant qu’elles aiment uniquement. Il veut par-là les exercer à la pratique de la patience, de l’humilité, d’une diligence pleine de ferveur, et de plusieurs autres vertus qui brillèrent en cette circonstance dans la Vierge et dans saint Joseph, et dont l’imitation nous est tous les jours si nécessaire.
Ils montrent leur patience. Ils ne se troublent point et ne perdent pas la paix de l’âme. Loin de se plaindre de la conduite rigoureuse en apparence de Jésus, ils supportent cette séparation cruelle avec un esprit égal et entièrement soumis aux ordres de la Providence.
Ils font paraître leur humilité. Ils craignent sans sujet de s’être rendus coupables de quelque négligence. Ils appréhendent que l’Enfant-Jésus, peu satisfait de leurs soins, ne les ait abandonnés pour embrasser un nouveau genre de vie ; et pénétrés du sentiment de leur indignité, ils confessent qu’ils ne méritaient point de veiller plus longtemps sur sa personne.
Leur diligence ne saurait être plus grande. À peine s’aperçoivent-ils de son absence, qu’ils se mettent à le chercher avec toute la sollicitude et tout l’empressement possible, l’amour d’un côté et de l’autre la considération de leur devoir ne leur laissent aucun repos. Mais, parce qu’ils le cherchent parmi leurs parents et ceux de leur connaissance, ils ne le trouvent point. En effet, si Jésus n’eût désiré autre chose que la compagnie de ses proches, où pouvait-il être mieux qu’auprès de sa Mère ?
À l’exercice de ces trois vertus, ils ajoutent une longue et fervente prière. Oh ! Quelle langue pourrait exprimer l’affliction dans laquelle la plus aimante des mères passa cette triste nuit, et combien de fois elle soupira après son bien-aimé Jésus ! Tantôt elle gémit dans sa solitude, comme une colombe à qui on a ravi ses petits ; tantôt elle conjure le Père éternel de ne pas lui ôter si tôt le soin de son adorable Fils ; tantôt elle le prie de veiller sur lui, quelque part qu’il soit ; tantôt elle le presse de le lui rendre et de ne pas l’en priver plus longtemps.
Ô souveraine du Ciel et de la terre, vous voici exposée sur une mer en fureur, et la prière est votre unique recours au milieu de la tempête. La perte de celui qui est votre trésor vous plonge dans un océan d’amertume ; la tristesse a inondé votre âme, et les pensées diverses dont vous êtes agitée sont comme autant de flots qui menacent de vous engloutir. Les ténèbres arrêtent vos pas ; elles ne vous permettent point de poursuivre l’objet de votre tendresse, dont l’éloignement est pour vous un indicible martyre. Vous êtes sans espoir du côté de la terre ; aussi levez-vous les yeux vers le ciel, d’où vous attendez le secours. Votre espérance ne sera pas vaine ; car le Pilote céleste, qui est votre Père, ne délaisse pas ceux qu’Il aime ; Il n’abandonne pas pour toujours ceux qui espèrent en Lui.
2) Après avoir médité ce fait évangélique en lui-même et dans ses causes, élevons plus haut nos pensées et efforçons-nous de pénétrer le sens spirituel qu’il renferme. Il arrive souvent que Dieu se cache aux hommes et s’éloigne d’eux sans qu’ils s’en aperçoivent, selon cette parole de Job : « S’il vient à moi, je ne le verrai point ; et s’il s’en va, je ne m’en apercevrai point ; et si je suis juste, mon cœur ne le saura pas. » Cette ignorance dure ordinairement pendant tout le jour, jusqu’à ce que la nuit vienne nous ouvrir les yeux, comme il arriva dans la circonstance présente à la très sainte Vierge et à saint Joseph. Ces mystérieuses absences du Seigneur ont plusieurs causes.
La première est le péché mortel commis avec ignorance coupable, ou par illusion du démon, sous une apparence de bien. Alors Dieu se retire sans que l’homme s’en aperçoive ; et l’ignorance du pécheur dure parfois tout le jour, c’est-à-dire tout le temps de cette vie, jusqu’à ce que la nuit de la mort le surprenne séparé de Dieu. C’est ce qui a fait dire au Sage : « Il y a une voie qui paraît droite à l’homme, et qui aboutit à la mort. » Cet éloignement de Dieu est épouvantable, parce qu’il est le prélude de la séparation qui n’aura point de fin. Supplions le Seigneur de ne pas s’éloigner ainsi de nous, et disons-Lui avec le Psalmiste : « Purifiez-moi, mon Dieu, de mes fautes cachées ; oubliez celles que l’ignorance m’a fait commettre. »
La seconde est une vaine gloire et un orgueil secret. Ce vice consume peu à peu la substance de la dévotion et finit par priver l’âme de la présence favorable de son Seigneur. Cette âme ne reconnaît point sa perte durant le jour, au temps de la prospérité, par la raison que l’amour-propre lui fait trouver un certain goût dans l’exercice des bonnes œuvres. Mais la nuit de l’adversité et de l’humilité survient ; elle voit alors qu’elle est éloignée de Dieu et vide de toute vertu solide ce qui la jette dans l’abattement et dans le trouble.
La troisième cause est une disposition secrète de la Providence qui nous soustrait la dévotion sensible pour nous fournir l’occasion de nous exercer dans l’humilité. Il est même remarquable que souvent nous éprouvons ces sécheresses dans les jours les plus solennels, où nous nous adonnons davantage aux œuvres extérieures de la piété. Nous n’y prenons pas toujours garde dans l’ardeur de l’action ; mais nous ne le sentons que trop quand nous voulons nous appliquer au recueillement intérieur. Le plus sûr pour nous est de regarder cet éloignement de Dieu comme un châtiment de notre tiédeur et de nos négligences, ne nous fussent-elles pas connues, et de dire avec David : « J’ai péché, Seigneur, avant de tomber dans l’humiliation, et c’est justement que vous m’avez humilié : mes infidélités dans votre service m’ont attiré cette confusion. » Mais, après tout, que nous soyons innocents ou coupables, nous devons nous persuader que Dieu ne nous prive de la grâce de la dévotion et de ses visites célestes que pour notre plus grand bien, selon cette autre parole du même prophète : « Il m’est avantageux que vous m’ayez humilié, afin que j’apprenne à connaître vos jugements. »
Dans toutes ces circonstances, nous devons faire des actes réitérés des quatre vertus dont Marie et Joseph nous ont donné l’exemple, et, comme eux, nous affermir dans l’humilité, nous armer de patience, chercher Dieu avec diligence, et Le prier instamment, de nous montrer de nouveau son divin visage ; car il est écrit : « Demandez, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez. »
Ô mon doux Jésus, puisque Vous m’assurez que quiconque cherche trouvera, inspirez-moi un si vif désir de Vous voir, que j’aie le bonheur d’obtenir cette grâce ; et aidez-moi à Vous chercher avec tant de soin, que je Vous trouve et Vous possède dans tous les siècles. Ainsi soit-il.
II. — Joseph et Marie cherchent et trouvent Jésus.
Le lendemain, Joseph et Marie partirent de grand matin et retournèrent à Jérusalem pour chercher l’enfant Jésus. Et, trois jours après l’avoir perdu, ils entrèrent dans le temple où ils le trouvèrent assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant, ce qui les remplit d’admiration.
Considérerons attentivement, sur ce point, le temps et le lieu où la Vierge retrouva Jésus, dans quelle compagnie Il était, ce qu’Il y faisait et quelle joie éprouva cette mère affligée en Le revoyant. Cherchons le sens caché de tout ceci.
1) Pour ce qui est du temps, Marie retrouva son Fils le troisième jour, e sorte que, dans cette circonstance, elle eut à peu près autant d’heures à passer dans l’isolement et dans l’affliction, qu’il s’en écoula plus tard depuis la Passions jusqu’à la Résurrection du Sauveur, moment heureux où il lui apparut vivant et plein de gloire. Cet espace de trois jours signifie que celui qui a perdu la présence sensible de son Dieu et la grâce de la dévotion, ne recouvre pas sur-le-champ ce qu’il a perdu. Quand le Seigneur se cache à une âme, c’est toujours pour un certain temps ; soit en punition d’une faute qu’elle a commise, soit pour lui fournir l’occasion de pratiquer la patience et l’humilité, soit enfin pour exciter par ce délai la vivacité de ses désirs et l’obliger à Le chercher avec tant d’ardeur qu’elle mérite de Le retrouver au plus tôt et même de recevoir des grâces plus abondantes de son infinie bonté. Du reste, ce terme de trois jours, pris en lui-même, est de nature à soutenir notre confiance et notre courage, puisqu’il nous montre comme rapproché le moment où nous serons de nouveau consolés. « Après deux jours, disent par la bouche d’un prophète les justes affligés, le Seigneur nous vivifiera ; au troisième, il nous ressuscitera, et nous vivrons en sa présence. »
2) Le lieu où fut retrouvé Jésus, c’est le temple, c’est la maison de Dieu, maison de prière et de recueillement, consacrée au culte du souverain Seigneur de toutes choses et aux œuvres du service divin. Cela signifie que nous ne trouverons pas Jésus-Christ dans la compagnie de ceux que nous connaissons selon la chair et le sang, ni parmi les délices et les vanités du monde, mais dans la véritable Église et dans notre propre cœur, pourvu que nous en fassions un temple vivant, une maison de prière, dédiée aux œuvres de la dévotion et de la sainteté. L’Épouse, dans les Cantiques, nous enseigne admirablement cette vérité, quand elle nous dit qu’elle n’a point trouvé son Bien-Aimé dans sa couche nuptiale, c’est-à-dire dans le repos et les plaisirs des sens, ni dans les rues et les places publiques de Jérusalem, c’est-à-dire dans le bruit et les embarras du monde. Elle ne l’a trouvé que dans la solitude, après avoir renoncé entièrement aux consolations des créatures, pour chercher uniquement le Créateur. Par conséquent, ô mon âme, si tu désires trouver le Seigneur, examine bien où tu le cherches ; car l’Esprit-Saint nous avertit qu’il n’habite point la terre de ceux qui vivent dans les délices.
3) En quelle compagnie était le Seigneur, que faisait-Il lorsque la Vierge entra dans le temple ? Ce ne fut pas sans un dessein spécial de la Providence qu’elle le trouva assis parmi les docteurs de la loi, les écoutant et leur proposant des questions. Il prétendait par-là faire comprendre à sa sainte Mère la raison pour laquelle Il l’avait quittée et était demeuré seul à Jérusalem. Il désirait en même temps nous apprendre qu’Il est toujours au milieu des docteurs de son Église, et que nous avons toujours, dans leur enseignement et leur direction, un moyen sûr d’aller à Lui et de Le trouver. Il voulait enfin signifier aux docteurs que, s’Il est au milieu d’eux, c’est pour écouter ce qu’ils disent et ce qu’ils enseignent, afin de les redresser, s’ils s’égarent, et de les aider à connaître la vérité, pourvu qu’ils ne se rendent pas indignes de recevoir ses lumières.
4) Essayons de comprendre quelle dut être la joie de la Vierge quand elle rencontra celui qu’elle avait perdu depuis trois jours, et qu’elle avait cherché avec tant de peine. Lorsque la mère du jeune Tobie vit de retour et en pleine santé le fils qu’elle pensait avoir perdu pour jamais, les larmes que la douleur faisait couler de ses yeux se changèrent en larmes de bonheur. C’est une image de ce qui arriva à la Mère de Jésus. Ce troisième jour fut pour elle une sorte de résurrection ; la mesure de son affliction fut celle de son allégresse ; et en elle s’accomplit à la lettre cette parole de David : « Autant la douleur avait pénétré mon cœur, autant, Seigneur, vos consolations ont inondé mon rimes. »
Ô Vierge sainte, qui retrouvez enfin l’unique objet de votre amour, comment ne prendrais-je point part à votre joie ? Votre espérance, si longtemps différée, vous causait un cruel tourment ; aujourd’hui, l’accomplissement de votre désir est pour vous comme un arbre de vie, car vous retrouvez l’arbre mystérieux et divin qui est la vie des nations. Obtenez-moi, Vierge bénie, la grâce de Le chercher avec tant de zèle, que je mérite de Le trouver et d’y cueillir, comme vous, des fruits de bénédiction et de salut.
5) Voyons avec admiration comment la Vierge sut tempérer par une rare modestie l’extrême joie de son cœur. Voilà son Fils parmi les docteurs ; Il les frappe tous par la sagesse de ses paroles. Quelle est la conduite de l’humble Marie ? Loin d’imiter les autres femmes, naturellement si portées à relever les qualités heureuses de leurs enfants et à se vanter d’être leur mère, elle contemple, avec une surprise mêlée de vénération, le spectacle qu’elle a sous les yeux. Ainsi nous enseigne-t-elle à unir la modestie à la joie, suivant ce précepte de l’Apôtre : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je vous le dis encore une fois, réjouissez-vous ; mais que votre modestie soit connue de tous, parce que le Seigneur est proche. » C’est-à-dire : Réjouissez-vous sans perdre la modestie : le Seigneur est au milieu de vous, Il vous regarde, et il ne convient pas que vous vous livriez à une joie orgueilleuse en sa présence.
III. — Les paroles de Marie à Jésus manière de prier en forme de plainte inspirée par l’amour.
La Vierge, ayant aperçu son divin Fils, se plaignit amoureusement à lui en ces termes rapportés par l’Évangéliste saint Luc : « Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? Voilà que nous vous cherchions, votre père et moi, plongés dans la douleur. » Toutes ces paroles sont pleines de mystères ; elles méritent d’être méditées chacune en particulier.
1) « Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? » La Vierge ne prétend point, par cette question, demander compte à son Fils de ce qu’Il a fait, ni en savoir la raison, ce qui serait une curiosité présomptueuse et inexcusable ; elle veut seulement lui exprimer la douleur qui navre son cœur maternel. Les saints emploient souvent cette manière de parler avec Dieu lorsqu’ils sont dans l’affliction. C’est, à proprement dire, une prière par laquelle ils Lui demandent implicitement le remède à leurs maux. Car, d’un côté, ils attribuent leurs peines à la Providence qui veut ou permet toutes choses pour leur bien ; de l’autre, ils confessent qu’il n’appartient qu’à Elle de les délivrer et de les sauver.
Nous aussi, nous pouvons prier Dieu notre Seigneur de cette manière. Tantôt, nous Lui dirons avec Job : « Pourquoi m’avez-vous rendu l’objet de votre colère ? Faut-il que je sois à charge à moi-même ? Pourquoi n’effacez-vous pas mon péché et ne me pardonnez-vous point mon iniquité ? Pourquoi me cachez-vous votre visage et me croyez-vous votre ennemi ? » Tantôt nous répéterons avec notre Sauveur attaché à la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? »
Remarquons ici que la Vierge ne dit pas, pourquoi avez-vous agi ainsi envers moi ; mais, envers nous ? En voici la raison. Lorsque les saints souffrent des peines qui leur sont communes avec plusieurs, ils ne ressentent pas uniquement leur mal et n’en demandent point pour eux seuls le remède ; mais, sensibles aux souffrances de leurs frères comme aux leurs mêmes, ils ne négligent rien pour leur en obtenir la délivrance. Car la charité n’est point égoïste ; l’homme vraiment charitable ne songe pas seulement à ses propres intérêts, il s’occupe encore de ceux du prochain. Il dit avec le Psalmiste : « Pourquoi, Seigneur, détournez-vous de nous votre visage ? Et pourquoi oubliez-vous notre pauvreté et notre tribulation ? » Il faut se garder, dans cette manière de prier en forme de plainte, de tout ce qui pourrait diminuer le sentiment de l’amour et de la confiance en Dieu. Pour ce motif, il est à propos de mêler à notre prière quelques termes affectueux, comme Marie lorsqu’elle dit à Jésus : « Mon fils » ; et comme Notre-Seigneur quand il s’écria dans son délaissement sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu » : expressions qui respirent la confiance et l’amour.
2) « Voilà que votre père et moi. » Oh ! Prodigieuse humilité de la Mère de Dieu ! Non contente de nommer saint Joseph le premier, à cause du respect qu’elle lui porte, elle lui donne encore publiquement le nom de père de Jésus, comme si la conception du Sauveur du monde n’avait pas été l’œuvre du Saint-Esprit. C’est une humiliation pour elle ; mais la Vierge, humble par excellence, est plus jalouse de l’honneur de son époux que du sien propre, et elle tient, à lui donner, dans l’assemblée des docteurs et en présence d’un grand nombre de Juifs, le glorieux titre de père. Ainsi nous enseigne-t-elle à honorer notre prochain, au préjudice même de notre réputation et de notre gloire.
3) « Nous vous cherchions plongés dans la douleur. » Ces paroles nous avertissent que nous devons chercher Dieu avec une douleur qui procède, comme celle de Marie et de Joseph, de l’amour, de cet amour surnaturel et divin qui produit dans l’âme les quatre effets suivants : une vive douleur qui nous fait répandre des larmes à la seule pensée que nous avons perdu celui que nous aimons ; un désir ardent de le chercher avec une intention pure, non pour notre propre intérêt et pour notre consolation, mais uniquement pour unir plus étroitement notre cœur à son cœur ; une diligence extrême à employer les moyens les plus efficaces pour le retrouver ; enfin, une constance généreuse qui ne nous permette de prendre aucun repos, avant d’avoir réussi dans une si sainte entreprise. « Cherchez le Seigneur, dit le prophète royal, et soyez constants, cherchez sans cesse sa présence. » Isaïe dit dans le même sens : « Si vous cherchez le Seigneur, cherchez-le bien » ; c’est-à-dire, comme un Seigneur si grand et si bon mérite d’être cherché ; et n’en doutez pas, vous le trouverez. La promesse qu’Il a faite est formelle : « Si vous me cherchez, vous me trouverez, pourvu que vous me cherchiez de tout votre cœur. » Si donc nous ne trouvons pas le Seigneur, c’est que nous avons négligé de remplir quelqu’une des conditions précédentes. Examinons-nous sur ce point ; voyons en quoi nous avons manqué, et prenons la résolution d’être désormais plus fidèle.
4) Remarquons, en dernier lieu, la brièveté et la concision des paroles de Marie. Non seulement elle n’en dit aucune qui soit superflue, mais elle en supprime même plusieurs qui paraîtraient nécessaires pour déclarer entièrement sa pensée.
Elle renferme tout dans un seul mot, ainsi : « Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi ? » Cet exemple confirme ce que nous avons eu lieu d’observer ailleurs, l’attention continuelle que la très prudente Vierge avait de modérer sa langue et de peser tout ce qu’elle disait. Mais aujourd’hui, elle montre d’une manière plus frappante l’empire qu’elle a sur elle-même, en comprimant cette abondance de paroles qui s’échappent ordinairement d’un cœur affligé.
IV. — Réponse de Jésus à sa Mère.
À la demande de sa sainte Mère, Jésus répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois occupé aux choses qui regardent le service de mon Père ? » Cette réponse n’est pas moins grave ni moins admirable que celles qu’Il venait de faire aux docteurs. Il convient donc de la méditer attentivement : ce sont les paroles de la Sagesse incarnée.
1) « Pourquoi me cherchiez-vous ? » Cette parole, à la première impression, paraît dure et sévère et semble tenir de la réprimande. On est tenté de croire qu’elle signifie : Qu’aviez-vous besoin de me chercher et de vous inquiéter à mon sujet ? Étant ce que je suis, pouvais-je me perdre ? Mais Jésus parle de la sorte pour faire comprendre qu’Il est plus qu’un homme, et pour fournir à sa Mère l’occasion de montrer sa patience et son humilité héroïque. Marie, en effet, ne se borne pas à souffrir en silence une réponse empreinte d’une apparente sécheresse ; elle la reçoit encore avec respect et avec amour. Le Sauveur veut en même temps enseigner aux directeurs de conscience chargés de la conduite spirituelle des personnes religieuses et, généralement, des âmes qui tendent à la perfection, qu’ils doivent quelquefois, selon la doctrine de saint Jean Climaque, les éprouver par des réponses mortifiantes et des réprimandes aigres, en des occasions où elles ne sont point coupables, afin qu’elles donnent la mesure du progrès qu’elles ont fait dans l’humilité et la patience, et qu’elles avancent de plus en plus dans ces vertus. Car c’est peu de nous taire quand on nous reprend d’une faute que notre conscience nous reproche ; mais garder le silence quand notre conscience nous justifie, c’est la marque d’une vertu héroïque.
2) « Ne saviez-vous pas, ajoute le Sauveur, qu’il faut que je sois occupé aux choses qui regardent le service de mon Père ? » Comme s’il disait : Puisque vous n’ignorez pas qui Je suis, vous deviez savoir que c’est une obligation pour Moi de M’employer tout entier au service de mon Père qui est dans le Ciel, moi qui n’ai point de père sur la terre. Jésus-Christ notre Seigneur nous apprend par ces paroles que son unique occupation était de servir son Père ; que le seul but de ses pensées et de ses travaux était de procurer sa gloire, comme Il le déclare plus tard, en disant : « Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais-la volonté de celui qui m’a envoyé. Il faut que je fasse les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour, c’est-à-dire durant tout le cours de ma vie mortelle. » À l’imitation de notre divin modèle, occupons-nous non de ce qui peut satisfaire notre sensualité et notre amour-propre, mais des choses du service de Dieu ou qui peuvent se rapporter à sa gloire. Confondons-nous en voyant combien nous nous sommes écartés jusqu’ici de cette ligne de conduite. Par un étrange aveuglement, nous avons songé aux choses de la terre, et nous avons oublié celles du Ciel.
Ô bon Jésus, quelle n’a pas été votre application au service de votre Père ! C’était pour vous un sujet d’étonnement que l’on pût à la fois Vous connaître et espérer Vous trouver occupé à des choses qui y fussent étrangères. Aidez-moi, je Vous en conjure, à n’abandonner jamais les œuvres de votre service, et à n’avoir d’autre désir que de les aimer et de les accomplir. Il est juste, Seigneur, que ma mémoire, mon entendement, ma volonté, mes sens, tout ce que je suis, s’occupent sans cesse de Vous et de votre gloire, puisque Vous ne cessez de Vous employer à ce qui regarde mon utilité, ma perfection et mon salut.
Le recouvrement de Jésus au temple
Tirée des Méditations sur les mystères de notre sainte foi
du vénérable père Du Pont, s. j.
DE CE QUE FIT LA SAINTE VIERGE
DEPUIS QU’ELLE S’APERÇUT
DE L’ABSENCE DE SON DIVIN FILS
JUSQU’À CE QU’ELLE L’EUT RETROUVÉ
I. — L’absence de Jésus
Joseph et Marie, étant sortis de Jérusalem, s’en retournaient à Nazareth en compagnie de plusieurs de leurs concitoyens. Comme les hommes et les femmes marchaient séparément, Joseph croyait que l’Enfant était avec sa Mère, et la Vierge pensait qu’il était avec son saint époux. Ils firent ainsi une journée de chemin, et arrivés le soir à l’hôtellerie, ils ne trouvèrent point Jésus. Ils se mirent aussitôt à le chercher parmi leurs parents et ceux de leur connaissance, mais en vain.
1) Remarquons ici la mystérieuse conduite du Seigneur à l’égard de deux personnes d’une si haute sainteté. Il les afflige sans qu’elles soient coupables de la moindre faute, à l’occasion d’une bonne œuvre qu’elles viennent de faire pour l’honorer, et du côté qui leur est le plus sensible, c’est-à-dire, par la disparition subite d’un enfant qu’elles aiment uniquement. Il veut par-là les exercer à la pratique de la patience, de l’humilité, d’une diligence pleine de ferveur, et de plusieurs autres vertus qui brillèrent en cette circonstance dans la Vierge et dans saint Joseph, et dont l’imitation nous est tous les jours si nécessaire.
Ils montrent leur patience. Ils ne se troublent point et ne perdent pas la paix de l’âme. Loin de se plaindre de la conduite rigoureuse en apparence de Jésus, ils supportent cette séparation cruelle avec un esprit égal et entièrement soumis aux ordres de la Providence.
Ils font paraître leur humilité. Ils craignent sans sujet de s’être rendus coupables de quelque négligence. Ils appréhendent que l’Enfant-Jésus, peu satisfait de leurs soins, ne les ait abandonnés pour embrasser un nouveau genre de vie ; et pénétrés du sentiment de leur indignité, ils confessent qu’ils ne méritaient point de veiller plus longtemps sur sa personne.
Leur diligence ne saurait être plus grande. À peine s’aperçoivent-ils de son absence, qu’ils se mettent à le chercher avec toute la sollicitude et tout l’empressement possible, l’amour d’un côté et de l’autre la considération de leur devoir ne leur laissent aucun repos. Mais, parce qu’ils le cherchent parmi leurs parents et ceux de leur connaissance, ils ne le trouvent point. En effet, si Jésus n’eût désiré autre chose que la compagnie de ses proches, où pouvait-il être mieux qu’auprès de sa Mère ?
À l’exercice de ces trois vertus, ils ajoutent une longue et fervente prière. Oh ! Quelle langue pourrait exprimer l’affliction dans laquelle la plus aimante des mères passa cette triste nuit, et combien de fois elle soupira après son bien-aimé Jésus ! Tantôt elle gémit dans sa solitude, comme une colombe à qui on a ravi ses petits ; tantôt elle conjure le Père éternel de ne pas lui ôter si tôt le soin de son adorable Fils ; tantôt elle le prie de veiller sur lui, quelque part qu’il soit ; tantôt elle le presse de le lui rendre et de ne pas l’en priver plus longtemps.
Ô souveraine du Ciel et de la terre, vous voici exposée sur une mer en fureur, et la prière est votre unique recours au milieu de la tempête. La perte de celui qui est votre trésor vous plonge dans un océan d’amertume ; la tristesse a inondé votre âme, et les pensées diverses dont vous êtes agitée sont comme autant de flots qui menacent de vous engloutir. Les ténèbres arrêtent vos pas ; elles ne vous permettent point de poursuivre l’objet de votre tendresse, dont l’éloignement est pour vous un indicible martyre. Vous êtes sans espoir du côté de la terre ; aussi levez-vous les yeux vers le ciel, d’où vous attendez le secours. Votre espérance ne sera pas vaine ; car le Pilote céleste, qui est votre Père, ne délaisse pas ceux qu’Il aime ; Il n’abandonne pas pour toujours ceux qui espèrent en Lui.
2) Après avoir médité ce fait évangélique en lui-même et dans ses causes, élevons plus haut nos pensées et efforçons-nous de pénétrer le sens spirituel qu’il renferme. Il arrive souvent que Dieu se cache aux hommes et s’éloigne d’eux sans qu’ils s’en aperçoivent, selon cette parole de Job : « S’il vient à moi, je ne le verrai point ; et s’il s’en va, je ne m’en apercevrai point ; et si je suis juste, mon cœur ne le saura pas. » Cette ignorance dure ordinairement pendant tout le jour, jusqu’à ce que la nuit vienne nous ouvrir les yeux, comme il arriva dans la circonstance présente à la très sainte Vierge et à saint Joseph. Ces mystérieuses absences du Seigneur ont plusieurs causes.
La première est le péché mortel commis avec ignorance coupable, ou par illusion du démon, sous une apparence de bien. Alors Dieu se retire sans que l’homme s’en aperçoive ; et l’ignorance du pécheur dure parfois tout le jour, c’est-à-dire tout le temps de cette vie, jusqu’à ce que la nuit de la mort le surprenne séparé de Dieu. C’est ce qui a fait dire au Sage : « Il y a une voie qui paraît droite à l’homme, et qui aboutit à la mort. » Cet éloignement de Dieu est épouvantable, parce qu’il est le prélude de la séparation qui n’aura point de fin. Supplions le Seigneur de ne pas s’éloigner ainsi de nous, et disons-Lui avec le Psalmiste : « Purifiez-moi, mon Dieu, de mes fautes cachées ; oubliez celles que l’ignorance m’a fait commettre. »
La seconde est une vaine gloire et un orgueil secret. Ce vice consume peu à peu la substance de la dévotion et finit par priver l’âme de la présence favorable de son Seigneur. Cette âme ne reconnaît point sa perte durant le jour, au temps de la prospérité, par la raison que l’amour-propre lui fait trouver un certain goût dans l’exercice des bonnes œuvres. Mais la nuit de l’adversité et de l’humilité survient ; elle voit alors qu’elle est éloignée de Dieu et vide de toute vertu solide ce qui la jette dans l’abattement et dans le trouble.
La troisième cause est une disposition secrète de la Providence qui nous soustrait la dévotion sensible pour nous fournir l’occasion de nous exercer dans l’humilité. Il est même remarquable que souvent nous éprouvons ces sécheresses dans les jours les plus solennels, où nous nous adonnons davantage aux œuvres extérieures de la piété. Nous n’y prenons pas toujours garde dans l’ardeur de l’action ; mais nous ne le sentons que trop quand nous voulons nous appliquer au recueillement intérieur. Le plus sûr pour nous est de regarder cet éloignement de Dieu comme un châtiment de notre tiédeur et de nos négligences, ne nous fussent-elles pas connues, et de dire avec David : « J’ai péché, Seigneur, avant de tomber dans l’humiliation, et c’est justement que vous m’avez humilié : mes infidélités dans votre service m’ont attiré cette confusion. » Mais, après tout, que nous soyons innocents ou coupables, nous devons nous persuader que Dieu ne nous prive de la grâce de la dévotion et de ses visites célestes que pour notre plus grand bien, selon cette autre parole du même prophète : « Il m’est avantageux que vous m’ayez humilié, afin que j’apprenne à connaître vos jugements. »
Dans toutes ces circonstances, nous devons faire des actes réitérés des quatre vertus dont Marie et Joseph nous ont donné l’exemple, et, comme eux, nous affermir dans l’humilité, nous armer de patience, chercher Dieu avec diligence, et Le prier instamment, de nous montrer de nouveau son divin visage ; car il est écrit : « Demandez, et vous recevrez ; cherchez, et vous trouverez. »
Ô mon doux Jésus, puisque Vous m’assurez que quiconque cherche trouvera, inspirez-moi un si vif désir de Vous voir, que j’aie le bonheur d’obtenir cette grâce ; et aidez-moi à Vous chercher avec tant de soin, que je Vous trouve et Vous possède dans tous les siècles. Ainsi soit-il.
II. — Joseph et Marie cherchent et trouvent Jésus.
Le lendemain, Joseph et Marie partirent de grand matin et retournèrent à Jérusalem pour chercher l’enfant Jésus. Et, trois jours après l’avoir perdu, ils entrèrent dans le temple où ils le trouvèrent assis au milieu des docteurs, les écoutant et les interrogeant, ce qui les remplit d’admiration.
Considérerons attentivement, sur ce point, le temps et le lieu où la Vierge retrouva Jésus, dans quelle compagnie Il était, ce qu’Il y faisait et quelle joie éprouva cette mère affligée en Le revoyant. Cherchons le sens caché de tout ceci.
1) Pour ce qui est du temps, Marie retrouva son Fils le troisième jour, e sorte que, dans cette circonstance, elle eut à peu près autant d’heures à passer dans l’isolement et dans l’affliction, qu’il s’en écoula plus tard depuis la Passions jusqu’à la Résurrection du Sauveur, moment heureux où il lui apparut vivant et plein de gloire. Cet espace de trois jours signifie que celui qui a perdu la présence sensible de son Dieu et la grâce de la dévotion, ne recouvre pas sur-le-champ ce qu’il a perdu. Quand le Seigneur se cache à une âme, c’est toujours pour un certain temps ; soit en punition d’une faute qu’elle a commise, soit pour lui fournir l’occasion de pratiquer la patience et l’humilité, soit enfin pour exciter par ce délai la vivacité de ses désirs et l’obliger à Le chercher avec tant d’ardeur qu’elle mérite de Le retrouver au plus tôt et même de recevoir des grâces plus abondantes de son infinie bonté. Du reste, ce terme de trois jours, pris en lui-même, est de nature à soutenir notre confiance et notre courage, puisqu’il nous montre comme rapproché le moment où nous serons de nouveau consolés. « Après deux jours, disent par la bouche d’un prophète les justes affligés, le Seigneur nous vivifiera ; au troisième, il nous ressuscitera, et nous vivrons en sa présence. »
2) Le lieu où fut retrouvé Jésus, c’est le temple, c’est la maison de Dieu, maison de prière et de recueillement, consacrée au culte du souverain Seigneur de toutes choses et aux œuvres du service divin. Cela signifie que nous ne trouverons pas Jésus-Christ dans la compagnie de ceux que nous connaissons selon la chair et le sang, ni parmi les délices et les vanités du monde, mais dans la véritable Église et dans notre propre cœur, pourvu que nous en fassions un temple vivant, une maison de prière, dédiée aux œuvres de la dévotion et de la sainteté. L’Épouse, dans les Cantiques, nous enseigne admirablement cette vérité, quand elle nous dit qu’elle n’a point trouvé son Bien-Aimé dans sa couche nuptiale, c’est-à-dire dans le repos et les plaisirs des sens, ni dans les rues et les places publiques de Jérusalem, c’est-à-dire dans le bruit et les embarras du monde. Elle ne l’a trouvé que dans la solitude, après avoir renoncé entièrement aux consolations des créatures, pour chercher uniquement le Créateur. Par conséquent, ô mon âme, si tu désires trouver le Seigneur, examine bien où tu le cherches ; car l’Esprit-Saint nous avertit qu’il n’habite point la terre de ceux qui vivent dans les délices.
3) En quelle compagnie était le Seigneur, que faisait-Il lorsque la Vierge entra dans le temple ? Ce ne fut pas sans un dessein spécial de la Providence qu’elle le trouva assis parmi les docteurs de la loi, les écoutant et leur proposant des questions. Il prétendait par-là faire comprendre à sa sainte Mère la raison pour laquelle Il l’avait quittée et était demeuré seul à Jérusalem. Il désirait en même temps nous apprendre qu’Il est toujours au milieu des docteurs de son Église, et que nous avons toujours, dans leur enseignement et leur direction, un moyen sûr d’aller à Lui et de Le trouver. Il voulait enfin signifier aux docteurs que, s’Il est au milieu d’eux, c’est pour écouter ce qu’ils disent et ce qu’ils enseignent, afin de les redresser, s’ils s’égarent, et de les aider à connaître la vérité, pourvu qu’ils ne se rendent pas indignes de recevoir ses lumières.
4) Essayons de comprendre quelle dut être la joie de la Vierge quand elle rencontra celui qu’elle avait perdu depuis trois jours, et qu’elle avait cherché avec tant de peine. Lorsque la mère du jeune Tobie vit de retour et en pleine santé le fils qu’elle pensait avoir perdu pour jamais, les larmes que la douleur faisait couler de ses yeux se changèrent en larmes de bonheur. C’est une image de ce qui arriva à la Mère de Jésus. Ce troisième jour fut pour elle une sorte de résurrection ; la mesure de son affliction fut celle de son allégresse ; et en elle s’accomplit à la lettre cette parole de David : « Autant la douleur avait pénétré mon cœur, autant, Seigneur, vos consolations ont inondé mon rimes. »
Ô Vierge sainte, qui retrouvez enfin l’unique objet de votre amour, comment ne prendrais-je point part à votre joie ? Votre espérance, si longtemps différée, vous causait un cruel tourment ; aujourd’hui, l’accomplissement de votre désir est pour vous comme un arbre de vie, car vous retrouvez l’arbre mystérieux et divin qui est la vie des nations. Obtenez-moi, Vierge bénie, la grâce de Le chercher avec tant de zèle, que je mérite de Le trouver et d’y cueillir, comme vous, des fruits de bénédiction et de salut.
5) Voyons avec admiration comment la Vierge sut tempérer par une rare modestie l’extrême joie de son cœur. Voilà son Fils parmi les docteurs ; Il les frappe tous par la sagesse de ses paroles. Quelle est la conduite de l’humble Marie ? Loin d’imiter les autres femmes, naturellement si portées à relever les qualités heureuses de leurs enfants et à se vanter d’être leur mère, elle contemple, avec une surprise mêlée de vénération, le spectacle qu’elle a sous les yeux. Ainsi nous enseigne-t-elle à unir la modestie à la joie, suivant ce précepte de l’Apôtre : « Réjouissez-vous toujours dans le Seigneur ; je vous le dis encore une fois, réjouissez-vous ; mais que votre modestie soit connue de tous, parce que le Seigneur est proche. » C’est-à-dire : Réjouissez-vous sans perdre la modestie : le Seigneur est au milieu de vous, Il vous regarde, et il ne convient pas que vous vous livriez à une joie orgueilleuse en sa présence.
III. — Les paroles de Marie à Jésus manière de prier en forme de plainte inspirée par l’amour.
La Vierge, ayant aperçu son divin Fils, se plaignit amoureusement à lui en ces termes rapportés par l’Évangéliste saint Luc : « Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? Voilà que nous vous cherchions, votre père et moi, plongés dans la douleur. » Toutes ces paroles sont pleines de mystères ; elles méritent d’être méditées chacune en particulier.
1) « Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi envers nous ? » La Vierge ne prétend point, par cette question, demander compte à son Fils de ce qu’Il a fait, ni en savoir la raison, ce qui serait une curiosité présomptueuse et inexcusable ; elle veut seulement lui exprimer la douleur qui navre son cœur maternel. Les saints emploient souvent cette manière de parler avec Dieu lorsqu’ils sont dans l’affliction. C’est, à proprement dire, une prière par laquelle ils Lui demandent implicitement le remède à leurs maux. Car, d’un côté, ils attribuent leurs peines à la Providence qui veut ou permet toutes choses pour leur bien ; de l’autre, ils confessent qu’il n’appartient qu’à Elle de les délivrer et de les sauver.
Nous aussi, nous pouvons prier Dieu notre Seigneur de cette manière. Tantôt, nous Lui dirons avec Job : « Pourquoi m’avez-vous rendu l’objet de votre colère ? Faut-il que je sois à charge à moi-même ? Pourquoi n’effacez-vous pas mon péché et ne me pardonnez-vous point mon iniquité ? Pourquoi me cachez-vous votre visage et me croyez-vous votre ennemi ? » Tantôt nous répéterons avec notre Sauveur attaché à la croix : « Mon Dieu, mon Dieu, pourquoi m’avez-vous abandonné ? »
Remarquons ici que la Vierge ne dit pas, pourquoi avez-vous agi ainsi envers moi ; mais, envers nous ? En voici la raison. Lorsque les saints souffrent des peines qui leur sont communes avec plusieurs, ils ne ressentent pas uniquement leur mal et n’en demandent point pour eux seuls le remède ; mais, sensibles aux souffrances de leurs frères comme aux leurs mêmes, ils ne négligent rien pour leur en obtenir la délivrance. Car la charité n’est point égoïste ; l’homme vraiment charitable ne songe pas seulement à ses propres intérêts, il s’occupe encore de ceux du prochain. Il dit avec le Psalmiste : « Pourquoi, Seigneur, détournez-vous de nous votre visage ? Et pourquoi oubliez-vous notre pauvreté et notre tribulation ? » Il faut se garder, dans cette manière de prier en forme de plainte, de tout ce qui pourrait diminuer le sentiment de l’amour et de la confiance en Dieu. Pour ce motif, il est à propos de mêler à notre prière quelques termes affectueux, comme Marie lorsqu’elle dit à Jésus : « Mon fils » ; et comme Notre-Seigneur quand il s’écria dans son délaissement sur la croix : « Mon Dieu, mon Dieu » : expressions qui respirent la confiance et l’amour.
2) « Voilà que votre père et moi. » Oh ! Prodigieuse humilité de la Mère de Dieu ! Non contente de nommer saint Joseph le premier, à cause du respect qu’elle lui porte, elle lui donne encore publiquement le nom de père de Jésus, comme si la conception du Sauveur du monde n’avait pas été l’œuvre du Saint-Esprit. C’est une humiliation pour elle ; mais la Vierge, humble par excellence, est plus jalouse de l’honneur de son époux que du sien propre, et elle tient, à lui donner, dans l’assemblée des docteurs et en présence d’un grand nombre de Juifs, le glorieux titre de père. Ainsi nous enseigne-t-elle à honorer notre prochain, au préjudice même de notre réputation et de notre gloire.
3) « Nous vous cherchions plongés dans la douleur. » Ces paroles nous avertissent que nous devons chercher Dieu avec une douleur qui procède, comme celle de Marie et de Joseph, de l’amour, de cet amour surnaturel et divin qui produit dans l’âme les quatre effets suivants : une vive douleur qui nous fait répandre des larmes à la seule pensée que nous avons perdu celui que nous aimons ; un désir ardent de le chercher avec une intention pure, non pour notre propre intérêt et pour notre consolation, mais uniquement pour unir plus étroitement notre cœur à son cœur ; une diligence extrême à employer les moyens les plus efficaces pour le retrouver ; enfin, une constance généreuse qui ne nous permette de prendre aucun repos, avant d’avoir réussi dans une si sainte entreprise. « Cherchez le Seigneur, dit le prophète royal, et soyez constants, cherchez sans cesse sa présence. » Isaïe dit dans le même sens : « Si vous cherchez le Seigneur, cherchez-le bien » ; c’est-à-dire, comme un Seigneur si grand et si bon mérite d’être cherché ; et n’en doutez pas, vous le trouverez. La promesse qu’Il a faite est formelle : « Si vous me cherchez, vous me trouverez, pourvu que vous me cherchiez de tout votre cœur. » Si donc nous ne trouvons pas le Seigneur, c’est que nous avons négligé de remplir quelqu’une des conditions précédentes. Examinons-nous sur ce point ; voyons en quoi nous avons manqué, et prenons la résolution d’être désormais plus fidèle.
4) Remarquons, en dernier lieu, la brièveté et la concision des paroles de Marie. Non seulement elle n’en dit aucune qui soit superflue, mais elle en supprime même plusieurs qui paraîtraient nécessaires pour déclarer entièrement sa pensée.
Elle renferme tout dans un seul mot, ainsi : « Mon fils, pourquoi avez-vous agi ainsi ? » Cet exemple confirme ce que nous avons eu lieu d’observer ailleurs, l’attention continuelle que la très prudente Vierge avait de modérer sa langue et de peser tout ce qu’elle disait. Mais aujourd’hui, elle montre d’une manière plus frappante l’empire qu’elle a sur elle-même, en comprimant cette abondance de paroles qui s’échappent ordinairement d’un cœur affligé.
IV. — Réponse de Jésus à sa Mère.
À la demande de sa sainte Mère, Jésus répondit : « Pourquoi me cherchiez-vous ? Ne saviez-vous pas qu’il faut que je sois occupé aux choses qui regardent le service de mon Père ? » Cette réponse n’est pas moins grave ni moins admirable que celles qu’Il venait de faire aux docteurs. Il convient donc de la méditer attentivement : ce sont les paroles de la Sagesse incarnée.
1) « Pourquoi me cherchiez-vous ? » Cette parole, à la première impression, paraît dure et sévère et semble tenir de la réprimande. On est tenté de croire qu’elle signifie : Qu’aviez-vous besoin de me chercher et de vous inquiéter à mon sujet ? Étant ce que je suis, pouvais-je me perdre ? Mais Jésus parle de la sorte pour faire comprendre qu’Il est plus qu’un homme, et pour fournir à sa Mère l’occasion de montrer sa patience et son humilité héroïque. Marie, en effet, ne se borne pas à souffrir en silence une réponse empreinte d’une apparente sécheresse ; elle la reçoit encore avec respect et avec amour. Le Sauveur veut en même temps enseigner aux directeurs de conscience chargés de la conduite spirituelle des personnes religieuses et, généralement, des âmes qui tendent à la perfection, qu’ils doivent quelquefois, selon la doctrine de saint Jean Climaque, les éprouver par des réponses mortifiantes et des réprimandes aigres, en des occasions où elles ne sont point coupables, afin qu’elles donnent la mesure du progrès qu’elles ont fait dans l’humilité et la patience, et qu’elles avancent de plus en plus dans ces vertus. Car c’est peu de nous taire quand on nous reprend d’une faute que notre conscience nous reproche ; mais garder le silence quand notre conscience nous justifie, c’est la marque d’une vertu héroïque.
2) « Ne saviez-vous pas, ajoute le Sauveur, qu’il faut que je sois occupé aux choses qui regardent le service de mon Père ? » Comme s’il disait : Puisque vous n’ignorez pas qui Je suis, vous deviez savoir que c’est une obligation pour Moi de M’employer tout entier au service de mon Père qui est dans le Ciel, moi qui n’ai point de père sur la terre. Jésus-Christ notre Seigneur nous apprend par ces paroles que son unique occupation était de servir son Père ; que le seul but de ses pensées et de ses travaux était de procurer sa gloire, comme Il le déclare plus tard, en disant : « Je suis descendu du ciel pour faire, non ma volonté, mais-la volonté de celui qui m’a envoyé. Il faut que je fasse les œuvres de celui qui m’a envoyé, tandis qu’il est jour, c’est-à-dire durant tout le cours de ma vie mortelle. » À l’imitation de notre divin modèle, occupons-nous non de ce qui peut satisfaire notre sensualité et notre amour-propre, mais des choses du service de Dieu ou qui peuvent se rapporter à sa gloire. Confondons-nous en voyant combien nous nous sommes écartés jusqu’ici de cette ligne de conduite. Par un étrange aveuglement, nous avons songé aux choses de la terre, et nous avons oublié celles du Ciel.
Ô bon Jésus, quelle n’a pas été votre application au service de votre Père ! C’était pour vous un sujet d’étonnement que l’on pût à la fois Vous connaître et espérer Vous trouver occupé à des choses qui y fussent étrangères. Aidez-moi, je Vous en conjure, à n’abandonner jamais les œuvres de votre service, et à n’avoir d’autre désir que de les aimer et de les accomplir. Il est juste, Seigneur, que ma mémoire, mon entendement, ma volonté, mes sens, tout ce que je suis, s’occupent sans cesse de Vous et de votre gloire, puisque Vous ne cessez de Vous employer à ce qui regarde mon utilité, ma perfection et mon salut.
Célestine- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
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4ème mystère joyeux : Méditation sur les Noces de Cana Fruit du mystère proposé : Une parfaite o
4ème mystère joyeux : Méditation sur les Noces de Cana
Fruit du mystère proposé : Une parfaite obéissance à la volonté de Dieu
Le miracle des Noces de Cana (Jn 2, 1-11) est un passage de l’Évangile qui a deux particularités : d’une part il marque l’entrée de Notre Seigneur dans sa vie publique et d’autre part c’est le seul miracle où la Sainte Vierge intervient. Commençons par méditer ce deuxième point.
Lorsque Notre Dame attire l’attention du Christ sur l’absence de vin, Notre Seigneur a une réaction qui peut nous surprendre : “Mon heure n’est pas encore venue.“ En cela, il ne refuse pas la prière de la Sainte Vierge, mais Il indique qu’il manque quelque chose avant de commencer sa vie publique. Alors que manque-t-il ? La suite nous apporte la réponse. Sous l’inspiration du Saint-Esprit, Notre Dame va comprendre que la mission publique de Jésus doit commencer mais qu’il manque son aval. En disant aux serviteurs : “Faites tout ce qu’il vous dira“, Elle envoie Jésus dans le monde. Voilà donc ce qui manquait à ce Fils si respectueux de ses parents : l’accord de sa merveilleuse Mère. Quelle délicatesse ! Oh Notre Dame, que votre phrase a dû éprouver votre Cœur. Non seulement cela signifiait pour vous le départ de votre Fils, mais vous saviez très bien où cela conduirait. Mais telle étant la volonté du Père vous nous avez envoyé Jésus, lui faisant quitter sa vie cachée avec Vous à Nazareth.
Notons ici que cette vie cachée aura duré 30 ans (90% de la vie du Christ sur terre !). Une telle disproportion doit générer des questions car dans notre vision terrestre des choses, nous imaginons toujours qu’un homme providentiel va agir en permanence, de façon visible. Au contraire, ce Messie, attendu depuis des siècles, Dieu lui-même, roi du Ciel et de la terre, va se cacher pendant presque toute sa vie. L’Évangile même cachera cette période et la décrira en une seule phrase ! Quel sens tout cela a-t-il ? Don Augustin Guillerand, célèbre chartreux, nous répond : « L’Évangile s’en est tu. Il lui a suffi de dire que Jésus obéissait ; et il doit nous suffire à nous même de savoir cette obéissance. Car on ne vaut pas par ce que l’on fait, mais par l’âme que l’on sait y mettre. » Jésus nous montre ainsi ce qui est le plus important sur terre : la vie de l’âme invisible. C’est cette vie intérieure, ce cœur à cœur permanent avec Dieu. La veuve de l’Évangile, qui dépose sa modeste offrande sans que personne ne la voit mais avec toute son âme (car elle donne une partie de son essentiel), illustre parfaitement la vie cachée de Jésus. Nous aussi, à son exemple, cessons de vouloir paraître aux yeux du monde et attachons-nous à retrouver Dieu dans notre vie spirituelle intérieure.
Nous pourrions croire que les Noces de Cana allaient mettre un terme à cette vie cachée de Jésus. Notre chartreux nous explique qu’il n’en est rien. « La vraie vie, en effet, est toujours cachée. La vie publique n’est que la vie cachée qui se découvre. La vie publique, si elle n’est pas cela, n’est qu’un trompe l’œil. » Preuve en est que dans sa vie publique Jésus continuera à se cacher. Les hommes veulent en faire un roi visible ? Il s’enfuira. Lors de sa Passion toutes ses douleurs seront vécues dans son amour intérieur pour nous. Lors de sa Résurrection, il restera caché au monde. Il nous a dit dans l’Évangile « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mat 28,20) Comment est-il avec nous aujourd’hui ? Toujours caché. Caché dans la Sainte Hostie, caché dans le Tabernacle, caché au fond de notre cœur, comme il l’était à Nazareth. C’est pourquoi l’essentiel de notre vie avec Notre Seigneur ce ne sont pas les grandes démonstrations extérieures, les acclamations, etc. C’est avant tout cette vie cachée avec lui dans le silence et la prière intérieure.
Mais en quoi consistait réellement cette vie cachée de Jésus à Nazareth ? Don Guillerand nous répond : « Un seul mot enferme en ses quelques syllabes assourdies et simples les années de l’adolescence et de la jeunesse de Jésus : subditus (Lc 2,51), il était soumis ; il était mis au-dessous des autres êtres, il se comportait à leur égard en inférieur. » Quel exemple ! Plus des trois quarts de sa vie, Jésus, le Roi des Rois, a été le dernier, le tout petit. Il n’a été qu’humilité, soumission à ses parents et à la volonté de Dieu. « La mort était née d’une révolte. La vie renaissait d’une soumission » nous expliquera le chartreux. Ces paroles nous font rentrer directement dans l’autre aspect des Noces de Cana.
Cana est en effet le miracle de la soumission et de la stricte obéissance à la volonté divine. Reprenons les paroles de la Sainte Vierge “Faites tout ce qu’il vous dira.“ L’injonction de Marie est sans équivoque. Il s’agit d’obéir scrupuleusement à Jésus. D’effacer totalement notre volonté devant la Sienne. C’est ce que vont faire les serviteurs. Notons ici plusieurs points sur leur remarquable obéissance. Alors que l’ordre était absurde sur le plan humain, qu’ont-ils fait ? Ont-ils discuté ? Non. Ils ont exécuté la demande de Jésus sans murmurer. Si le monde d’aujourd’hui avait été à leur place que n’aurions-nous pas entendu ! “C’est absurde“, “pour quoi faire“, “il ne manque pas d’eau mais du vin“, etc. Oui, dans ce monde plein d’orgueil, l’exemple des serviteurs de Cana est un guide dans la nuit.
Le deuxième point que nous pouvons noter est leur façon d’obéir. “Et ils les remplirent [les jarres] jusqu’au bord.“ Leur obéissance est parfaite. Non seulement ils suivent exactement la demande de Jésus, mais ils le font au maximum de leurs possibilités (jusqu’au bord). Ici aussi, imaginons la réaction du monde d’aujourd’hui. Certains auraient plutôt choisi de verser l’eau dans des carafes, d’autres auraient préféré aller chercher quelques restes de vin, etc. Dans l’Évangile le Christ nous parle de cette attitude qui consiste à faire sa propre volonté sous apparence de bien au détriment de la volonté de Dieu : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : “Seigneur, Seigneur“, qui rentreront dans le Royaume des cieux, mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les Cieux. » (Mat 7,21) Le message est clair. Saint Alphonse de Liguori insistera : « Dieu a sans doute pour agréable les mortifications, les méditations, les communions, les œuvres de charité envers le prochain ; mais dans quel cas ? Quand elles ont pour règle sa volonté. Si au contraire sa volonté divine en est absente, c’est peu dire qu’il ne les agrée pas : il les a en abomination, et il les punit. » Ainsi, dans la bible, lorsque Dieu demande à Moïse de parler au rocher, Moïse n’obéira pas exactement et frappera le rocher avec son bâton. Dieu le punira sévèrement en le privant de la terre promise. Et c’est Moïse !
Oui, l’exemple de la stricte obéissance des serviteurs de Cana doit interpeler le catholique d’aujourd’hui. Face à l’état dramatique du monde moderne, la Sainte Vierge est venue à Fatima dire ce que Dieu attend pour convertir le monde : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et on aura la paix.» Fatima 13 juillet 1917. Et Elle précisera les moyens par lesquels Dieu veut que cette dévotion s’exerce, entre autres le Rosaire et la réparation des 1ers samedis du mois. Sœur Lucie, voyante de Fatima, a fidèlement expliqué les choses à plusieurs reprises : « De la pratique de cette dévotion, unie à la consécration au Cœur Immaculé de Marie, dépendent pour le monde la paix ou la guerre. (…) « Cela signifie que Dieu veut que ce soit cette dévotion et non une autre. » Soeur Lucie, 1939
« Elle a dit [la Sainte Vierge ndlr], aussi bien à mes cousins qu’à moi-même, que Dieu donnait les deux derniers remèdes au monde : le Saint Rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et ceux-ci étant les deux derniers remèdes cela signifie qu’il n’y en aura pas d’autre. » Sœur Lucie, 1957
Nous avons bien lu : les demandes de Fatima sont les derniers remèdes envoyés au monde et Dieu veut que le salut de ce monde soit obtenu par cette dévotion et non une autre. Si nous sommes nombreux à vouloir œuvrer et prier pour la conversion du monde, ce qui est très bien, combien le font en commençant par réaliser fidèlement la volonté de Dieu exprimée à Fatima ? On préfère suivre telle nouvelle mystique, telle nouvelle apparition, ou encore telle nouvelle dévotion. Finalement, chacun y va de sa volonté et de son moyen pour le salut du monde oubliant de faire d’abord la volonté de Dieu. Sœur Lucie de Fatima nous mettra face à nos responsabilités et écrira en 1957 : « Toujours dans les plans de la providence, lorsque Dieu va châtier le monde, il épuise avant tous les autres recours. Or comme il a vu que le Monde n’a fait cas d’aucun [confère le refus des demandes du Sacré-Cœur ndlr], alors, comme nous dirions dans notre façon imparfaite de parler, il nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, Sa Très Sainte Mère [et la façon dont il veut qu’on la prie ndlr]. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n’aurons plus le pardon du Ciel parce que nous aurons commis un péché que l’Évangile appelle le péché contre l’Esprit Saint, qui consiste à repousser ouvertement en toute connaissance et volonté le salut qu’on nous offre. »
Alors au lieu de dire “Seigneur, Seigneur“, agissons comme les serviteurs de Cana. C’est par cette humble obéissance que nous obtiendrons le triomphe du Cœur Immaculé de Marie promis à Fatima.
Fruit du mystère proposé : Une parfaite obéissance à la volonté de Dieu
Le miracle des Noces de Cana (Jn 2, 1-11) est un passage de l’Évangile qui a deux particularités : d’une part il marque l’entrée de Notre Seigneur dans sa vie publique et d’autre part c’est le seul miracle où la Sainte Vierge intervient. Commençons par méditer ce deuxième point.
Lorsque Notre Dame attire l’attention du Christ sur l’absence de vin, Notre Seigneur a une réaction qui peut nous surprendre : “Mon heure n’est pas encore venue.“ En cela, il ne refuse pas la prière de la Sainte Vierge, mais Il indique qu’il manque quelque chose avant de commencer sa vie publique. Alors que manque-t-il ? La suite nous apporte la réponse. Sous l’inspiration du Saint-Esprit, Notre Dame va comprendre que la mission publique de Jésus doit commencer mais qu’il manque son aval. En disant aux serviteurs : “Faites tout ce qu’il vous dira“, Elle envoie Jésus dans le monde. Voilà donc ce qui manquait à ce Fils si respectueux de ses parents : l’accord de sa merveilleuse Mère. Quelle délicatesse ! Oh Notre Dame, que votre phrase a dû éprouver votre Cœur. Non seulement cela signifiait pour vous le départ de votre Fils, mais vous saviez très bien où cela conduirait. Mais telle étant la volonté du Père vous nous avez envoyé Jésus, lui faisant quitter sa vie cachée avec Vous à Nazareth.
Notons ici que cette vie cachée aura duré 30 ans (90% de la vie du Christ sur terre !). Une telle disproportion doit générer des questions car dans notre vision terrestre des choses, nous imaginons toujours qu’un homme providentiel va agir en permanence, de façon visible. Au contraire, ce Messie, attendu depuis des siècles, Dieu lui-même, roi du Ciel et de la terre, va se cacher pendant presque toute sa vie. L’Évangile même cachera cette période et la décrira en une seule phrase ! Quel sens tout cela a-t-il ? Don Augustin Guillerand, célèbre chartreux, nous répond : « L’Évangile s’en est tu. Il lui a suffi de dire que Jésus obéissait ; et il doit nous suffire à nous même de savoir cette obéissance. Car on ne vaut pas par ce que l’on fait, mais par l’âme que l’on sait y mettre. » Jésus nous montre ainsi ce qui est le plus important sur terre : la vie de l’âme invisible. C’est cette vie intérieure, ce cœur à cœur permanent avec Dieu. La veuve de l’Évangile, qui dépose sa modeste offrande sans que personne ne la voit mais avec toute son âme (car elle donne une partie de son essentiel), illustre parfaitement la vie cachée de Jésus. Nous aussi, à son exemple, cessons de vouloir paraître aux yeux du monde et attachons-nous à retrouver Dieu dans notre vie spirituelle intérieure.
Nous pourrions croire que les Noces de Cana allaient mettre un terme à cette vie cachée de Jésus. Notre chartreux nous explique qu’il n’en est rien. « La vraie vie, en effet, est toujours cachée. La vie publique n’est que la vie cachée qui se découvre. La vie publique, si elle n’est pas cela, n’est qu’un trompe l’œil. » Preuve en est que dans sa vie publique Jésus continuera à se cacher. Les hommes veulent en faire un roi visible ? Il s’enfuira. Lors de sa Passion toutes ses douleurs seront vécues dans son amour intérieur pour nous. Lors de sa Résurrection, il restera caché au monde. Il nous a dit dans l’Évangile « Et moi, je suis avec vous tous les jours jusqu’à la fin du monde. » (Mat 28,20) Comment est-il avec nous aujourd’hui ? Toujours caché. Caché dans la Sainte Hostie, caché dans le Tabernacle, caché au fond de notre cœur, comme il l’était à Nazareth. C’est pourquoi l’essentiel de notre vie avec Notre Seigneur ce ne sont pas les grandes démonstrations extérieures, les acclamations, etc. C’est avant tout cette vie cachée avec lui dans le silence et la prière intérieure.
Mais en quoi consistait réellement cette vie cachée de Jésus à Nazareth ? Don Guillerand nous répond : « Un seul mot enferme en ses quelques syllabes assourdies et simples les années de l’adolescence et de la jeunesse de Jésus : subditus (Lc 2,51), il était soumis ; il était mis au-dessous des autres êtres, il se comportait à leur égard en inférieur. » Quel exemple ! Plus des trois quarts de sa vie, Jésus, le Roi des Rois, a été le dernier, le tout petit. Il n’a été qu’humilité, soumission à ses parents et à la volonté de Dieu. « La mort était née d’une révolte. La vie renaissait d’une soumission » nous expliquera le chartreux. Ces paroles nous font rentrer directement dans l’autre aspect des Noces de Cana.
Cana est en effet le miracle de la soumission et de la stricte obéissance à la volonté divine. Reprenons les paroles de la Sainte Vierge “Faites tout ce qu’il vous dira.“ L’injonction de Marie est sans équivoque. Il s’agit d’obéir scrupuleusement à Jésus. D’effacer totalement notre volonté devant la Sienne. C’est ce que vont faire les serviteurs. Notons ici plusieurs points sur leur remarquable obéissance. Alors que l’ordre était absurde sur le plan humain, qu’ont-ils fait ? Ont-ils discuté ? Non. Ils ont exécuté la demande de Jésus sans murmurer. Si le monde d’aujourd’hui avait été à leur place que n’aurions-nous pas entendu ! “C’est absurde“, “pour quoi faire“, “il ne manque pas d’eau mais du vin“, etc. Oui, dans ce monde plein d’orgueil, l’exemple des serviteurs de Cana est un guide dans la nuit.
Le deuxième point que nous pouvons noter est leur façon d’obéir. “Et ils les remplirent [les jarres] jusqu’au bord.“ Leur obéissance est parfaite. Non seulement ils suivent exactement la demande de Jésus, mais ils le font au maximum de leurs possibilités (jusqu’au bord). Ici aussi, imaginons la réaction du monde d’aujourd’hui. Certains auraient plutôt choisi de verser l’eau dans des carafes, d’autres auraient préféré aller chercher quelques restes de vin, etc. Dans l’Évangile le Christ nous parle de cette attitude qui consiste à faire sa propre volonté sous apparence de bien au détriment de la volonté de Dieu : « Ce ne sont pas tous ceux qui me disent : “Seigneur, Seigneur“, qui rentreront dans le Royaume des cieux, mais seulement ceux qui font la volonté de mon Père qui est dans les Cieux. » (Mat 7,21) Le message est clair. Saint Alphonse de Liguori insistera : « Dieu a sans doute pour agréable les mortifications, les méditations, les communions, les œuvres de charité envers le prochain ; mais dans quel cas ? Quand elles ont pour règle sa volonté. Si au contraire sa volonté divine en est absente, c’est peu dire qu’il ne les agrée pas : il les a en abomination, et il les punit. » Ainsi, dans la bible, lorsque Dieu demande à Moïse de parler au rocher, Moïse n’obéira pas exactement et frappera le rocher avec son bâton. Dieu le punira sévèrement en le privant de la terre promise. Et c’est Moïse !
Oui, l’exemple de la stricte obéissance des serviteurs de Cana doit interpeler le catholique d’aujourd’hui. Face à l’état dramatique du monde moderne, la Sainte Vierge est venue à Fatima dire ce que Dieu attend pour convertir le monde : « Dieu veut établir dans le monde la dévotion à mon Cœur Immaculé. Si on fait ce que je vais vous dire, beaucoup d’âmes se sauveront et on aura la paix.» Fatima 13 juillet 1917. Et Elle précisera les moyens par lesquels Dieu veut que cette dévotion s’exerce, entre autres le Rosaire et la réparation des 1ers samedis du mois. Sœur Lucie, voyante de Fatima, a fidèlement expliqué les choses à plusieurs reprises : « De la pratique de cette dévotion, unie à la consécration au Cœur Immaculé de Marie, dépendent pour le monde la paix ou la guerre. (…) « Cela signifie que Dieu veut que ce soit cette dévotion et non une autre. » Soeur Lucie, 1939
« Elle a dit [la Sainte Vierge ndlr], aussi bien à mes cousins qu’à moi-même, que Dieu donnait les deux derniers remèdes au monde : le Saint Rosaire et la dévotion au Cœur Immaculé de Marie et ceux-ci étant les deux derniers remèdes cela signifie qu’il n’y en aura pas d’autre. » Sœur Lucie, 1957
Nous avons bien lu : les demandes de Fatima sont les derniers remèdes envoyés au monde et Dieu veut que le salut de ce monde soit obtenu par cette dévotion et non une autre. Si nous sommes nombreux à vouloir œuvrer et prier pour la conversion du monde, ce qui est très bien, combien le font en commençant par réaliser fidèlement la volonté de Dieu exprimée à Fatima ? On préfère suivre telle nouvelle mystique, telle nouvelle apparition, ou encore telle nouvelle dévotion. Finalement, chacun y va de sa volonté et de son moyen pour le salut du monde oubliant de faire d’abord la volonté de Dieu. Sœur Lucie de Fatima nous mettra face à nos responsabilités et écrira en 1957 : « Toujours dans les plans de la providence, lorsque Dieu va châtier le monde, il épuise avant tous les autres recours. Or comme il a vu que le Monde n’a fait cas d’aucun [confère le refus des demandes du Sacré-Cœur ndlr], alors, comme nous dirions dans notre façon imparfaite de parler, il nous offre avec une certaine crainte le dernier moyen de salut, Sa Très Sainte Mère [et la façon dont il veut qu’on la prie ndlr]. Car si nous méprisons et repoussons cet ultime moyen, nous n’aurons plus le pardon du Ciel parce que nous aurons commis un péché que l’Évangile appelle le péché contre l’Esprit Saint, qui consiste à repousser ouvertement en toute connaissance et volonté le salut qu’on nous offre. »
Alors au lieu de dire “Seigneur, Seigneur“, agissons comme les serviteurs de Cana. C’est par cette humble obéissance que nous obtiendrons le triomphe du Cœur Immaculé de Marie promis à Fatima.
Célestine- C'est la Béatitude Éternelle du Ciel !
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