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La Providence et la confiance en Dieu par Fr. Garrigou-Lagrange

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Message  ami de la Miséricorde Mer 29 Jan 2020 - 15:27

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT

La Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses


Ces simples paroles relatives à la confiance en Dieu de ceux que porte un radeau, affirment plus clairement que toutes les autres de Platon et d'Aristote l'existence de la Providence qui s'étend à toutes choses, si minimes soient-elles. C'est la même affirmation que nous trouvons dans les plus belles prières rapportées dans l'Ancien Testament, par exemple dans la prière de Judith, lorsqu'elle invoque le Seigneur avant de se rendre au camp d'Holoferne : « Assistez-moi, je vous prie, Seigneur, mon Dieu, secourez une veuve. C'est vous qui avez opéré les merveilles des temps anciens, et qui avez formé le dessein de celles qui ont suivi, et elles se sont accomplies parce que vous l'avez voulu. Toutes vos voies sont tracées d'avance et vous avez disposé vos jugements par votre prévision.

Regardez en ce moment le camp des Assyriens... Qu'il en soit d'eux comme des Égyptiens (engloutis dans la Mer Rouge); ils se confient dans leur multitude, dans leurs chars, dans leurs javelots, dans leurs boucliers et dans leurs flèches, et ils sont fiers de leurs lances. Ils ne savent pas que c'est vous qui êtes notre Dieu, vous qui dès le commencement terrassez les armées et dont le nom est Yahvéh... Vous avez toujours eu pour agréable la prière des hommes humbles et doux. Dieu du ciel, Créateur des eaux et Seigneur de toute la création, exaucez-moi, malheureuse, qui vous supplie et qui mets ma confiance en votre miséricorde. » (Judith, IX, 4-17.) Avec la Providence, son universelle extension et la rectitude de ses voies, est affirmée ici la liberté de l'élection divine à l'égard du peuple où devra naître le Sauveur.

Mais de quelle manière toutes choses ont-elles été ainsi ordonnées ?° L'infaillibilité de la Providence à l'égard de tout ce qui arrive, même à l'égard de nos actes libres présents et futurs, n'est pas moins clairement affirmée dans l'Ancien Testament, que son extension universelle.

II faut surtout citer à ce sujet dans le livre d'Esther, XIII, 9 (grec, ch. IV), la prière de Mardochée qui implore le secours de Dieu, contre Aman et les ennemis du peuple élu : « Seigneur, Seigneur, Roi tout-puissant, je vous invoque; car toutes choses sont soumises à votre pouvoir et il n'est personne qui puisse faire obstacle à votre volonté, si Vous avez résolu de sauver Israël. C'est Vous qui avez fait le ciel et la terre et toutes les merveilles qui sont sous le ciel.

Vous êtes le Seigneur de toutes choses, et nul ne peut Vous résister, à Vous, le Seigneur ! Vous connaissez toutes choses et Vous savez que ce n'est ni par insolence, ni par orgueil, ni par quelque désir de gloire que je ne me suis pas prosterné devant le superbe Aman... Je l'ai fait pour ne pas mettre l'honneur d'un homme au-dessus de l'honneur dû à mon Dieu... Maintenant donc, Seigneur, mon Dieu et mon Roi, Dieu d'Abraham, ayez pitié de votre peuple, parce que nos ennemis veulent nous perdre... Exaucez ma prière !... *

Changez notre deuil en joie, afin que, conservant la vie, nous célébrions votre nom. »La prière de la reine Esther (Ibid., XIV, 12-19) en ces mêmes circonstances n'est pas moins émouvante et affirme mieux encore l'infaillibilité de la Providence à l'égard même des actes libres des hommes, car elle demande que le cœur du roi Assuérus soit changé et elle l'obtient : « Souvenez-vous de nous, Seigneur; faites-vous connaître dans ce temps de notre affliction et donnez-moi du courage, Roi des cieux et Dominateur de toute puissance ! Mettez de sages paroles sur mes lèvres en présence du lion et faites passer son cœur à la haine de notre ennemi, afin qu'il périsse, lui et tous ceux qui ont les mêmes sentiments. Mais nous, délivrez-nous par votre main, et assistez-moi dans mon délaissement, car je n'ai d'autre secours que Vous, Seigneur. Vous connaissez toutes choses, et Vous savez que je hais la splendeur des méchants ...délivrez-nous de leurs mains et tirez-moi de mon angoisse. » Et de fait comme il est dit un peu plus loin, ibid., XV, 11 : « Dieu changea la colère du roi Assuérus en douceur; inquiet (voyant Esther défaillir devant lui), il s'élança de son trône et soutint Esther dans ses bras, jusqu'à ce qu'elle eût repris ses sens. » Il ne tarda pas ensuite à se rendre compte de la perfidie d'Aman et l'envoya au supplice, en donnant aux juifs pour se défendre contre leurs ennemis l'appui du pouvoir[30].

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Jeu 30 Jan 2020 - 14:51

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT

La Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses


On voit par là que la Providence divine s'étend infailliblement, non seulement jusqu'aux événements extérieurs les plus particuliers, mais jusqu'aux secrets des cœurs et aux actes libres les plus intimes, puisque, à la prière des justes, elle change les dispositions intérieures de la volonté des rois. Socrate et Platon ne se sont jamais élevés à des vues aussi hautes et à des certitudes aussi fermes sur le gouvernement divin.
Il y a dans la Bible bien des textes semblables sur lesquels ont souvent insisté saint Augustin et saint Thomas.

Nous lisons par exemple dans le livre des Proverbes, XXI, 1 : « Le cœur du roi est comme un cours d'eau dans la main de Yahvéh, il l'incline partout où il veut. Toutes les voies de l'homme sont droites à ses propres yeux; mais celui qui pèse les cœurs, c'est Yahvéh ». - Le livre de l'Ecclésiastique, XXXIII, 13, dit aussi : « Comme l'argile est dans la main du potier, et qu'il en dispose selon son bon plaisir, ainsi les hommes sont dans la main de Celui qui les a faits, et il leur donne selon son jugement ».

De même encore Isaïe (XIV, 24) dans ses prophéties contre les nations païennes : « Yahvéh, Dieu des armées, a juré en disant : « Oui, le dessein qui est arrêté s'accomplira, et ce que j'ai décidé se réalisera. Je briserai Assur dans ma terre... et son joug sera ôté de dessus mon peuple. » - « C'est là, ajoute le prophète, la main qui est étendue contre les nations.

Car Yahvéh, Dieu des armées, a décidé, et qui l'empêcherait ? Sa main est étendue et qui la détournerait ? » Toujours est affirmée la liberté de l'élection divine, l'universalité et l'infaillibilité de la Providence descendant aux moindres détails et aux actes libres des hommes.

3° A quelle fin la Providence universelle et infaillible a-t-elle ordonné toutes choses ? Les Psaumes, sans nous donner encore toute la lumière qui nous viendra de l'Évangile, répondent souvent à cette question, en nous disant que Dieu ordonne toutes choses au bien, à la manifestation de sa bonté, de sa Miséricorde, de sa justice ; qu'il n'est nullement cause du péché, mais le permet pour un plus grand bien. La Providence apparaît ainsi comme une vertu divine toujours unie à la Justice et à la Miséricorde, comme dans l'homme vertueux la vraie prudence ne peut jamais être contraire aux vertus morales de justice, de force, de modération, mais est connexe avec elles. La connexion des vertus ne peut exister en sa perfection souveraine qu'en Dieu.

Très souvent dans les Psaumes reviennent des paroles comme celles-ci : « Tous les sentiers de Yahvéh sont Miséricorde et vérité » Ps. XXIV, 10. - « Toutes ses œuvres s'accomplissent dans la fidélité. Il aime la justice et la droiture; la terre est remplie de sa bonté ». Ps. XXXII, 5. - « Seigneur, fais-moi connaître tes voies, enseigne-moi tes sentiers.

Conduis-moi dans ta vérité et instruis-moi; car tu es le Dieu de mon salut, tu es tout le jour mon espérance. Souviens-toi, Seigneur, de ta Miséricorde et de ta bonté, car elles sont éternelles. Ne te souviens pas des péchés de ma jeunesse, ni de mes transgressions. Souviens-toi de moi selon ta Miséricorde, à cause de ta bonté. » Ps. XXIV, 4. - « Yahvéh est mon pasteur; je ne manquerai de rien. Il me fait reposer dans de verts pâturages, il me mène près des eaux rafraîchissantes.

Il restaure mon âme, il me conduit dans les droits sentiers, à cause de son nom. Même quand je marche dans une vallée d'ombre de mort, je ne crains aucun mal, car tu es avec moi. Ta houlette et ton bâton me rassurent... » Ps. XXII, 1-5. - « En toi, Seigneur, j'ai placé mon refuge et mon espoir ; que jamais je ne sois confondu !... Mes destinées sont dans ta main ; délivre-moi de la puissance de mes ennemis ! Fais luire ta face sur ton serviteur, sauve-moi par ta grâce... Qu'elle est grande ta bonté pour ceux qui te craignent et qui espèrent en toi ; tu les mets à couvert, dans l'asile de ta face, contre les machinations des hommes et contre les langues qui les attaquent » Ps. XXX, 1, 16, 20.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Sam 1 Fév 2020 - 2:39

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT

La Providence universelle et infaillible ordonne au bien toutes choses


C'est là le double fondement de notre espérance, de notre confiance en Dieu : sa providence, le soin particulier qu'il prend des justes, et sa toute-puissance. Tous ces versets des psaumes peuvent se résumer en ces paroles de sainte Thérèse déjà citées : « Seigneur, vous savez tout, vous pouvez tout et vous m'aimez ».

Si la Providence est ainsi absolument universelle, s'étendant aux moindres détails, si elle est en même temps infaillible et ordonne toutes choses au bien, elle doit être très manifeste pour ceux qui veulent voir. D'où vient donc que ses voies sont souvent pour les justes eux-mêmes impénétrables ? L'Ancien Testament touche plusieurs fois ce grand problème.

La Providence est à la fois pour nous très manifeste et en certaines de ses voies absolument insondable
Considérée en général, la Providence, selon la Bible, est évidente, soit par l'ordre du monde, soit par l'histoire du peuple élu, soit par ce qui constitue l'ensemble de la vie des justes ou celle des impies.

L'ordre du monde, disent les psaumes, proclame l'existence d'une Intelligence ordonnatrice : « Cœli enarrant gloriam Dei... Les cieux racontent la gloire de Dieu et le firmament annonce l'œuvre de ses mains » Ps. XVIII, 2. - « Célébrez notre Dieu sur la harpe !

C'est lui qui couvre les cieux de nuages, qui prépare la pluie pour la terre, qui fait croître l'herbe sur les montagnes, qui donne la nourriture aux troupeaux, aux petits du corbeau qui crient vers lui » Ps. CXLVI, 7. Item. Job, XXXVIII, 41. - « Insensés sont les hommes qui ont ignoré Dieu, qui n'ont pas su, par les biens visibles, s'élever à la connaissance de Celui qui est ; ni par la considération de ses œuvres, reconnaître l'Ouvrier... Ils sont inexcusables, car s'ils ont acquis assez de science pour chercher à connaître les lois du monde, comment n'en ont-ils pas connu plus facilement le Seigneur ? » Sagesse, XIII, 1 et 8.

La Providence n'est pas moins manifeste dans l'histoire du peuple élu, comme le rappellent les psaumes, en particulier le Psaume CXIII In exitu Israel de Ægypto : « Quand Israël sortit d'Égypte, ... la mer le vit et s'enfuit, le Jourdain retourna en arrière... Qu'as-tu, mer, pour t'enfuir ?... Qu'avez-vous, montagnes, pour bondir comme des béliers et vous, collines, comme des agneaux ? Tremble, ô terre, devant la face du Seigneur, devant la face du Dieu de Jacob, qui change le rocher en étang et le roc en source d'eau vive.

Non pas à nous, Seigneur, non pas à nous, mais à ton nom donne la gloire, à cause de ta bonté, à cause de ta fidélité !... Yahvéh s'est souvenu de nous : il bénira la maison d'Israël... il bénira ceux qui le craignent, les petits et les grands... Nous le bénirons aussi dès maintenant et à jamais. »La Providence se montre enfin dans l'ensemble de la vie des justes, par la récompense souvent visible qu'elle leur accorde.

Comme le dit le Psaume CXI : « Heureux l'homme qui craint le Seigneur, qui met toute sa joie à observer ses préceptes !

Sa postérité sera puissante sur la terre, la race des justes sera bénie. Il a dans sa maison bien-être et richesse et sa justice subsiste à jamais. La lumière se lève dans les ténèbres pour les hommes droits, pour celui qui est Miséricordieux, compatissant et juste... Son cœur est ferme, confiant dans le Seigneur, son cœur est inébranlable, il ne craint pas ce que ses ennemis peuvent lui faire, il sème l'aumône, il donne à l'indigent, sa justice subsistera à jamais... ».

Le Seigneur apparaît particulièrement comme la Providence des malheureux : « Il relève le malheureux de la poussière, il retire le pauvre du fumier, pour le faire asseoir avec les princes, avec les princes de son peuple » Ps. CXII, 7.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Dim 2 Fév 2020 - 2:11

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT

La Providence est à la fois pour nous très manifeste et en certaines de ses voies absolument insondable


Par contre la malice des impies reçoit déjà son châtiment, et souvent même un châtiment visible, autre signe du gouvernement divin : « N'entre pas dans le sentier des méchants,... évite-le, n'y passe point,... ils se nourrissent du crime, comme on mange du pain... Le sentier des justes est comme la brillante lumière du matin, dont l'éclat va croissant jusqu'au milieu du jour.

La voie des méchants est comme les ténèbres, ils n'aperçoivent pas ce qui va les faire tomber. » L'argent mal acquis ne profite pas, Prov., IV, 14[31]. - Dieu retire aux impies sa bénédiction et les livre à leur aveuglement, tandis qu'il vient au secours de ses serviteurs, quelquefois même de façon extraordinaire, comme il dit à Élie (III Rois, XVII, 3) : « Dirige-toi vers l'Orient et cache-toi au torrent de Carith... j'ai commandé aux corbeaux de te nourrir là ». Il partit, obéissant à la parole du Seigneur, alla s'établir au torrent de Carith... les corbeaux lui apportaient du pain et de la viande matin et soir et il buvait de l'eau du torrent.

Si la Providence est ainsi manifeste dans ce qui constitue l'ensemble de la vie des justes, elle reste cependant insondable en plusieurs de ses voies, surtout en certaines voies très supérieures qui ne sont obscures pour nous qu'à cause de leur trop grande splendeur, éblouissante pour nos faibles yeux. Telle est surtout dans Isaïe l'annonce des souffrances du serviteur de Yahvéh ou du Sauveur.

On lit aussi dans le Psaume XXXIII, 20 : « Multæ tribulationes justorum, bien des tribulations atteignent le juste, mais le Seigneur l'en délivre toujours ». - « Nos pères, dit Judith, VIII, 21, ont été éprouvés afin que l'on connût s'ils servaient véritablement leur Dieu. Abraham fut éprouvé par de nombreuses tribulations et il est devenu l'ami de Dieu.

De même Isaac, de même Jacob, de même Moïse et tous ceux qui ont plu à Dieu, ont passé par beaucoup d'afflictions en demeurant fidèles... Ne nous laissons donc pas aller à l'impatience à cause des maux que nous souffrons. Mais estimons que ces tourments, moindres que nos péchés, sont les verges dont le Seigneur nous châtie pour nous amender, et croyons que ce n'est pas pour notre perte qu'ils nous sont envoyés. »

Les prophètes ont souvent parlé du caractère très mystérieux de certaines voies de la Providence, surtout quand ils voyaient, comme Jérémie, la stérilité relative de leurs efforts.
Isaïe écrit au ch. LV, 6 : « Invoquez le Seigneur, pendant qu'il est temps encore; invoquez-le, tandis qu'il est près. Que le méchant abandonne sa voie et le criminel ses pensées ; qu'il se convertisse à notre Dieu, et il lui fera grâce. Car, dit le Seigneur, mes pensées ne sont pas vos pensées et vos voies ne sont pas mes voies. Autant les cieux sont élevés au-dessus de la terre, autant mes voies sont élevées au-dessus de vos voies, et mes pensées au-dessus de vos pensées ».

C'est ce qu'avait dit le Psaume XXXV, 7 : « Ta justice, Seigneur, est comme les montagnes inaccessibles, tes jugements comme le vaste abîme, judicia tua abyssus multa ».
Cependant dans cette obscurité supérieure, si différente de l'obscurité inférieure du péché et de la mort, le juste trouve sa route ; il apprend à distinguer de plus en plus l'une de l'autre ces deux obscurités si opposées entre elles[32]. Disons comme le juste Tobie après ses épreuves (cf. Tobie, XIII, 1) : « Vous êtes grand, Seigneur, dans l'éternité, et votre règne s'étend à tous les siècles. Car vous châtiez et vous sauvez, vous conduisez au tombeau et vous en ramenez, et il n'est personne qui puisse échapper à votre main.

Célébrez le Seigneur, enfants d'Israël, et louez-le devant les nations, car il vous a dispersés parmi les nations qui l'ignorent, pour que vous leur racontiez ses merveilles et que vous leur fassiez connaître qu'il n'y a point d'autre Dieu tout-puissant que lui seul. Il nous a châtiés à cause de nos iniquités, et il nous sauvera à cause de sa Miséricorde[33]... Convertissez-vous donc, pécheurs, et pratiquez la justice devant Dieu, dans la confiance qu'il vous fera Miséricorde ! »

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Dim 2 Fév 2020 - 15:32

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE II
LES CARACTÈRES DE LA PROVIDENCE D'APRÈS L'ANCIEN TESTAMENT


La Providence est à la fois pour nous très manifeste et en certaines de ses voies absolument insondable

Telles sont les principales affirmations de l'Ancien Testament sur la Providence : elle est universelle, s'étend aux moindres détails, aux secrets des cœurs elle est infaillible à l'égard de tout ce qui arrive, même à l'égard de nos actes libres ; elle ordonne au bien toutes choses, et à la prière des justes elle change le cœur des pécheurs.

Elle est manifeste pour ceux qui veulent voir, bien qu'elle reste inscrutable en certaines de ses voies. Cette doctrine nous montre quelle confiance nous devons avoir en Dieu, et combien dans l'épreuve nous devons nous abandonner à Lui, dans une parfaite conformité à sa divine volonté ; alors il fera tourner toutes choses à notre sanctification et à notre salut. Ainsi s'annonce la parole de l'Évangile : « Cherchez avant tout le royaume de Dieu, et tout le reste vous sera donné par surcroît ».

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB


On ne peut parler de la Providence selon l'Ancien Testament, sans s'arrêter au livre de Job. Il convient d'en rappeler les idées générales, en insistant sur le sens et la portée de sa conclusion.

Il considère le mystère de la douleur ou de la répartition du bonheur et du malheur en cette vie. Pourquoi le juste lui-même est-il parfois affligé ici-bas de tant de maux ? Quelle en est la raison dans le plan de la divine Providence ? La réponse générale qui y est donnée se précise, nous le verrons, par de nombreux passages de la Bible, qui nous montrent le bien supérieur auquel sont ordonnées les épreuves des serviteurs de Dieu.

Tout le monde à peu près s'accorde à dire, avec tous les Pères de l'Église, que Job a réellement existé. Lui et ses amis ont dû prononcer le fond du discours que l'auteur inspiré leur met dans la bouche, mais celui-ci a donné au livre la forme d'un poème didactique, qui se propose surtout d'instruire. Il est d'une richesse littéraire extraordinaire. Le sujet en est : Quelle est la cause des maux de cette vie ? – Voyons d'abord comme le problème y est posé et ensuite quelle réponse y est donnée[34].

Il est bon de revoir les principaux de ces textes, surtout pour les âmes qui ne peuvent se contenter de considérer la question de l'amour pur comme un problème théorique, mais qui s'y intéressent par tout leur être et s'en passionnent. Le Seigneur aime leurs détresses plus que leurs paroles ou leurs écrits, et c'est parce que leurs paroles, comme celles de Job, sont le fruit de leurs détresses, qu'elles font parfois tant de bien.

Aidons-nous un peu du Commentaire de saint Thomas sur Job qui fait prévoir les plus hautes pages écrites par saint Jean de la Croix dans la Nuit obscure sur les purifications passives de la nuit de l'esprit [35].

Lorsque le malheur frappe l'homme en cette vie est-ce toujours à cause de ses péchés ?L'innocent lui-même est-il frappé et pourquoi ?

C'est la question que se pose Job, éprouvé dans son corps par une horrible maladie. Il est dit de lui au début du livre (I, 1) qu'il était « intègre et droit, craignant Dieu et éloigné du mal », qu'il avait de grandes richesses, et rappelait souvent à ses fils leurs devoirs envers le Seigneur, en offrant un holocauste pour chacun d'eux.

Le Très-Haut lui-même affirme : « il n'y a pas d'homme comme lui sur la terre, intègre et droit, craignant Dieu et éloigné du mal », I, 8. A quoi Satan répond : « Est-ce gratuitement que Job craint Dieu ?... Il a tout en abondance... Mais étends la main, touche à ses biens, et on verra s'il ne te maudit pas en face », I, 11.

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Lun 3 Fév 2020 - 15:38

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE ET LE LIVRE DE JOB


Le Seigneur dit alors à Satan : « Je te livre tout ce qui lui appartient ; seulement ne porte pas la main sur lui ». Et Satan se retira de devant la face du Seigneur. Ces paroles font penser à celles-ci de Notre-Seigneur à Pierre avant la Passion : « Simon, Simon, voici que Satan vous a réclamés pour vous cribler comme le froment, ut vos cribraret sicut triticum; mais j'ai prié pour toi, afin que ta foi ne défaille pas ». (Luc, XXII, 31).
Ce sont les meilleurs qui sont criblés ainsi.

Ce chapitre premier du livre de Job, le plus important de tous, éclaire le livre tout entier, surtout sa conclusion ; mais Job lui-même ignore ce que le Seigneur a dit à Satan et ce qu'il lui a permis de faire. Ce sont là précisément les voies cachées de la Providence, dont le secret nous est révélé au début du livre, mais qui restent profondément mystérieuses pour l'affligé.

De fait Job est privé de tous ses biens ; ses fils et ses filles trouvent la mort dans un orage, et le patriarche reste soumis à Dieu, en disant : « Le Seigneur a donné, le Seigneur a ôté, que le nom du Seigneur soit béni ! » I, 21. « Dominus dedit, Dominus abstulit... sit nomen Domini benedictum ». Puis Satan obtient de Dieu la permission de frapper le juste « d'une lèpre maligne depuis la plante des pieds jusqu'au sommet de la tête » II, 7. Malgré les insultes de sa femme qui lui dit : « Maudis Dieu et meurs ! » Job reste fidèle à Dieu.

C'est alors qu'arrivent pour le consoler trois de ses amis, un vieillard Éliphaz, Baldad d'âge moyen et le jeune Sophar ; ils pleurent et restent longtemps sans parole, parce qu'ils voient combien la douleur de l'infortuné est grande.

Après l'arrivée de ses amis, Job reste lui aussi silencieux, pendant sept jours et sept nuits de souffrances, puis, à bout de forces, il ouvre la bouche et dit : « Périsse le jour où je suis né... Pourquoi la lumière est-elle donnée aux malheureux et la vie à ceux dont l'âme est remplie d'amertume, qui espèrent la mort et la mort ne vient pas, qui la cherchent plus ardemment qu'un trésor !... Plus de tranquillité, plus de paix, plus de repos ! » III, 3 et 20.
Alors les amis de Job lui disent : « Tu as enseigné la sagesse à plusieurs... tes paroles ont relevé ceux qui chancelaient... et maintenant qu'il s'agit de toi, tu faiblis » (IV, 1).

Éliphaz, le plus âgé, jaloux de sa réputation de sagesse, s'étonne que Job se laisse aller à un si profond découragement ; l'innocent, dit-il, ne saurait périr et les méchants seuls sont consumés par la colère divine. Puis il raconte ce qui lui a été révélé pendant une nuit, savoir, que nul homme n'est juste devant Dieu.

Que Job donc cesse de faire entendre des plaintes amères, s'il ne veut pas avoir le sort des impies ; qu'il s'avoue coupable et implore la miséricorde de Dieu, car Dieu châtie en père et les blessures qu'il a faites, il les guérit. (IV et V)

Job répond que ses plaintes sont bien au-dessous de ses souffrances, auxquelles il préfère la mort. Il espérait trouver quelque consolation dans ses amis, mais il a été déçu dans son attente, et cependant ses amis ne peuvent lui reprocher qu'un peu de vivacité dans ses paroles (VI, 24-30).

Puis se tournant vers Dieu, il lui expose ses maux et son désespoir et le conjure d'y mettre fin par la mort. (VII, 1-21.) « J'ai eu en partage des mois de douleur, pour mon lot des nuits de souffrances, où je suis rassasié d'angoisses jusqu'au jour... Ah ! mon âme préfère la mort... Pourquoi m'éprouver ainsi ? Si j'ai péché, que puis-je te faire, ô Gardien des hommes... Que ne me pardonnes-tu mon offense !... »

Au lieu de consoler son ami, Baldad, qui est d'âge moyen, riche et présomptueux, lui répond que Dieu n'est pas injuste et qu'il n'envoie de pareils malheurs qu'à ceux qui sont gravement coupables, et il exhorte Job à revenir à Dieu. (VIII.)

Job reconnaît que Dieu est sage et qu'il est juste, mais il ajoute : « Innocent ! je le suis » et il donne libre cours à sa plainte. (IX-X.)

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Mar 4 Fév 2020 - 15:54

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CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB

Lorsque le malheur frappe l'homme en cette vie est-ce toujours à cause de ses péchés ?


Sophar, le troisième de ses amis, le plus jeune, fougueux, emporté, reprend la thèse des deux autres ; d'après lui, l'iniquité de Job surpasse la rigueur de son châtiment, et il l'exhorte à revenir à Dieu.

Job, aux chapitres XII, XIII, XIV, reconnaît de nouveau que Dieu est infiniment sage, juste et puissant ; il célèbre lui-même les perfections divines, plus hautement que ses amis. Puis il ajoute, ch. XIII : « Quand il me tuerait, que je n'aurais rien à espérer, je défendrais devant lui ma conduite. Mais il sera mon Salut... Je suis sûr que mon droit triomphera »... Quel est le nombre de mes iniquités ? Fais-moi connaître mes transgressions et mes offenses ». Enfin Job s'apaise, s'excuse et implore la pitié de son juge. Mais il ne parvient pas à convaincre ses amis. Éliphaz, dans un discours dur, lui soutient encore qu'il a tort de se plaindre, car tout homme est coupable devant Dieu. (XV).

Job répond (XVI) : « J'ai souvent entendu de semblables discours ; vous êtes tous d'insupportables consolateurs... Mais aussi je saurais parler comme vous, si vous étiez à ma place ». Il atteste encore une fois son innocence, il fait appel à Dieu lui-même, et le prend pour arbitre entre ses amis et lui. « A cette heure même, j'ai un témoin dans le ciel, un défenseur dans les hauts lieux. Mes amis se moquent de moi. C'est Dieu que j'implore avec larmes ». (XVI, 19).

Les amis de job, dit saint Thomas dans son Commentaire, ne pensent pas à la vie future, ils croient que dès ici-bas le juste doit être récompensé et le méchant puni.

Baldad répète ce qu'il a déjà dit, que l'impie est toujours malheureux sur la terre ; mais cette fois il n'ajoute ni consolation, ni promesses ; pour lui Job est un coupable endurci et il le traite comme tel. On voit par là que l'une des plus grandes épreuves de Job lui vient de ses amis. Ils l'accablent, parce qu'oubliant la vie future, ils ne cessent de dire que tout doit se régler ici-bas.

C'est alors que Job, figure du Christ, est comme élevé par une inspiration supérieure vers le mystère de l'au-delà, que nous a fait entrevoir le prologue. Il répond (XIX) : « Voilà dix fois que vous m'insultez, que vous m'outragez sans pudeur. Quand même j'aurais failli, c'est avec moi que demeure ma faute. Mais vous, qui vous élevez contre moi, qui invoquez mon opprobre pour me convaincre, sachez enfin que c'est Dieu qui m'opprime... Il m'a barré le chemin, et je ne puis passer ; il a répandu les ténèbres sur ma route... il a déraciné, comme un arbre, mon espérance... Il m'a traité comme un ennemi... Il a éloigné de moi mes frères ; mes amis se sont détournés de moi,... les enfants eux-mêmes me méprisent... Ayez pitié, ayez pitié de moi, car la main de Dieu m'a frappé !... Oh ! qui me donnera que mes paroles soient écrites,... gravées pour toujours dans le roc ! Je sais que mon vengeur est vivant et qu'il se lèvera le dernier sur la poussière. Alors de ce squelette revêtu de sa peau, de ma chair je verrai Dieu. Moi-même je le verrai. Mes yeux le verront, et non un autre; mes reins se consument d'attente au dedans de moi. Vous direz alors : « Pourquoi le poursuivions-nous, et la justice de ma cause sera reconnue ».

Malgré ce cri sublime d'espérance, le jeune Sophar revient à sa thèse première que le malheur dans la vie présente ne saurait être que le châtiment du crime.

Job au contraire démontre par l'expérience (XXI) que ce principe est faux. Sans doute, les méchants sont souvent punis d'une manière éclatante, mais il arrive aussi que les choses extérieurement leur réussissent jusqu'à la mort et que des justes ont parfois beaucoup à souffrir.

Éliphaz revient obstinément à sa thèse, et fait même une longue énumération des fautes que Job doit avoir commises : « A l'affamé tu refusais le pain et tu renvoyais les veuves les mains vides » (XXII).

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Mer 5 Fév 2020 - 16:18

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB


Lorsque le malheur frappe l'homme en cette vie est-ce toujours à cause de ses péchés ?

Job maintient (XXVIII-XXXI) que le malheur ici-bas n'est pas toujours le châtiment d'une vie criminelle. Il ignore, dit-il, la raison de ses souffrances, mais cette raison Dieu la connaît dans sa sagesse, qui reste insondable pour l'homme. Ici s'achève la première partie du livre au ch. XXXI ; c'est la fin des discours de Job, « qui finit par réduire au silence ses interlocuteurs, sans cependant trouver lui-même le mot de l'énigme »[36].

Dans une seconde partie, un jeune homme, Éliu, qui fait preuve d'une assez grande sagesse, « mais ne semble pas pur de présomption » (Le Hir), vient soutenir que Job est puni, non pour des crimes énormes, mais pour n'avoir pas tenu son cœur assez humble devant Dieu, et que les plaintes amères auxquelles il s'est laissé emporter sont l'indice de cette disposition intérieure. Qu'il se repente donc et Dieu lui rendra le bonheur (XXXII-XXXVII). Job ne trouve rien à répliquer, car ce que dit Éliu est possible et contient une grande part de vérité.

Le problème de la douleur a été ainsi retourné sous toutes ses faces. II y manque pourtant quelque chose.

Sens et portée de la réponse du Seigneur

Enfin dans la troisième partie le Seigneur lui-même intervient et répond à Job, qui a demandé à plaider sa cause devant lui (XIII, 22).
Il est contraire à la dignité de Dieu de discuter avec l'homme, il répond en faisant passer sous les yeux de Job un tableau magnifique des merveilles de la création, depuis les étoiles du ciel jusqu'aux effets les plus admirables de l'instinct des animaux (XXXVIII-XXXIX).
« Est-ce toi, lui dit-il, qui serres les liens des Pléiades ou pourrais-tu relâcher les chaînes d'Orion ? Est-ce toi qui fais lever les constellations en leur temps ?... Connais-tu les lois du ciel ? Règles-tu ses influences sur la terre ?... Est-ce toi qui procures à la lionne sa proie et qui rassasies les lionceaux ?... Est-ce toi qui donnes au cheval sa vigueur ?... Est-ce à ton ordre que l'aigle s'élève et fait son nid sur les hauteurs ? »

Toutes ces œuvres révèlent une sagesse, une providence, une adaptation parfaite des moyens aux fins, qui attestent dans leur Auteur une bonté absolue et doivent apprendre à l'homme à accepter humblement et sans murmure tout ce que le Tout-Puissant peut ordonner ou permettre. En lisant ces paroles de Celui qui est, on a comme l'intuition qu'il est l'Auteur et le conservateur de notre être, qu'il a soudé pour ainsi dire notre essence et notre existence, qu'il les conserve, et qu'il est cause de tout ce qu'il y a de réel et de bon dans la création.

On a dit que cette réponse divine ne touche pas au côté philosophique de la question agitée. En réalité, elle montre que Dieu ne fait rien que pour le bien, et que s'il y a déjà un ordre si admirable dans les choses sensibles, à plus forte raison il doit y avoir un ordre bien supérieur dans les choses spirituelles, quoiqu'il reste parfois bien obscur pour nous, à cause de son élévation même. Notre-Seigneur dira par un a fortiori semblable : « Regarde les oiseaux du ciel : ils ne sèment, ni ne moissonnent... Le Père céleste les nourrit. Ne valez-vous pas beaucoup plus qu'eux ? »

C'est ainsi que la réponse divine fait descendre dans le cœur de Job des sentiments d'humilité et de résignation.

Pour finir Dieu invite ironiquement Job à prendre le gouvernement du monde, pour y faire régner l'ordre et la justice (XL, 1-9). Mais le pourrait-il, lui, impuissant et désarmé devant deux monstres qui ne sont qu'un jouet dans la main de Dieu ?[37] Le Seigneur, au ch. XL, montre la force qu'il a donnée à Béhémoth et à Léviathan, c'est-à-dire à l'hippopotame et au crocodile, comme pour dire : si, comme ces monstres, le démon a parfois une singulière puissance pour éprouver les hommes, il ne peut cependant pas l'exercer sans ma permission et je puis faire servir au bien jusqu'à sa fureur [38].

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Jeu 6 Fév 2020 - 15:47

TROISIÈME PARTIE

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB

Sens et portée de la réponse du Seigneur


Alors, à la fin, ch. XLII, Job fait cette humble confession : « Je sais, Seigneur, que tu peux tout... Oui, j'ai parlé sans intelligence des merveilles qui me dépassent et que j'ignore ». Il reconnaît par là que ses plaintes ont été excessives, ses paroles plusieurs fois inconsidérées. Cependant le Seigneur dit à Éliphaz : « Ma colère est allumée contre toi et tes deux amis, parce que vous n'avez pas parlé de moi selon la vérité, comme l'a fait mon serviteur Job... Offrez pour vous un holocauste. Job, mon serviteur, priera pour vous et c'est par égard pour lui seul que je ne vous traite point selon votre folie ». Et le Seigneur bénit les derniers temps de Job plus encore que les premiers, et celui-ci mourut dans la paix à un âge très avancé.

Tout le livre s'éclaire par le chapitre premier où il fut dit que le Seigneur avait permis au démon d'éprouver son serviteur Job. La conclusion est donc manifeste, savoir : Dieu envoie des tribulations aux hommes, non seulement pour les punir de leurs péchés, mais aussi pour les éprouver comme l'or dans la fournaise et faire grandir leurs vertus. C'est la purification de l'amour, comme diront les grands mystiques chrétiens. Satan avait dit dans le Prologue I, 9 : « Est-ce gratuitement que Job craint Dieu... il a tout en abondance ». On voit maintenant que Job est resté fidèle au Seigneur dans la plus grande adversité. C'est là le sens des épreuves des justes, comme le disent bien d'autres passages de l'Ancien Testament.

Le bien supérieur auquel sont ordonnées ces épreuves des justes


Deux grandes épreuves racontées dans la Genèse viennent confirmer cette doctrine, c'est celle d'Abraham s'apprêtant sur l'ordre du Seigneur à immoler son fils Isaac (Genèse, XXII) et celle de Joseph vendu par ses frères (Gen., XXXVII).

Dieu mit Abraham à l'épreuve et lui demanda de lui offrir en holocauste, son fils, Isaac, le fils de la promesse. Comme le dit saint Paul aux Hébreux, XI, 17 : « C'est par la foi qu'Abraham, mis à l'épreuve, offrit Isaac en sacrifice. Ainsi celui qui avait reçu les promesses, et à qui il avait été dit : « C'est d'Isaac que naîtra ta postérité » offrit ce fils unique, estimant que Dieu est assez puissant pour ressusciter même les morts ; aussi le recouvra-t-il comme en figure ». L'ange du Seigneur arrêta la main du patriarche, qui entendit ces paroles du ciel : « Parce que tu as fait cela et que tu ne m'as pas refusé ton fils, ton unique, je te bénirai ; je te donnerai une postérité nombreuse comme les étoiles du ciel... ; en ta postérité seront bénies toutes les nations de la terre, parce que tu as obéi à ma voix » (Gen., XXII, 16).

De même fut, éprouvé Joseph vendu par ses frères, jaloux de lui à cause de ses songes et de ses lumières ; le juste Joseph, calomnié par la femme de son maître, fut jeté en prison, mais élevé ensuite au premier rang par Pharaon qui reconnut en lui l'esprit de Dieu (Gen., XLI, 38). Plus tard quand ses frères éprouvés par la famine vinrent chercher du blé en Égypte, il leur dit : « Je suis Joseph ! Mon père vit-il encore ?... Je suis Joseph que vous avez vendu pour être mené en Égypte. Maintenant ne vous affligez pas et ne soyez pas fâchés contre vous-mêmes de ce que vous m'avez vendu pour être conduit ici ; c'est pour vous sauver la vie que Dieu m'a envoyé devant vous... Ce n'est donc pas vous qui m'avez envoyé ici, mais c'est Dieu ; il m'a établi.., seigneur sur toute la maison de Pharaon et gouverneur de tout le pays d'Égypte... Alors il se jeta au cou de Benjamin et il pleura » (Gen., XLV, 3-14). Quelle plus éloquente affirmation de la Providence ou du gouvernement divin, qui fait tourner au bien les épreuves des justes, et parfois même au bien de leurs persécuteurs finalement éclairés.

C'est ce que nous disent souvent les psaumes, en particulier le Ps. 90, 11-16, d'où est tiré le graduel et le trait du ler Dimanche de Carême : « Angelis suis Deus mandavit de te, ut custodiant te in omnibus viis tuis. Dieu ordonnera pour toi à ses anges de te garder dans toutes tes voies[39]

Source : Livres-mystiques.com

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Message  ami de la Miséricorde Sam 8 Fév 2020 - 2:58

CHAPITRE III
LES VOIES CACHÉES DE LA PROVIDENCE
ET LE LIVRE DE JOB

Le bien supérieur auquel sont ordonnées ces épreuves des justes


Ils te porteront sur leurs mains de peur que ton pied ne heurte contre la pierre ; tu marcheras sur le lion et sur l'aspic, tu fouleras le lionceau et le dragon... Celui qui demeure sous l'abri du Très-Haut repose à l'ombre du Tout-Puissant. Il dira au Seigneur : « Vous êtes mon défenseur et mon refuge ! Vous êtes mon Dieu en qui je me confie. Aussi vous me délivrerez du filet de l'oiseleur, de la peste dévastatrice ». Il te couvrira de son aile : sous ses ailes tu trouveras ton refuge. Sa fidélité vaut une égide et un bouclier : tu ne craindras ni les terreurs de la nuit, ni la flèche qui vole pendant le jour... Mille tomberont à ta gauche, et dix mille à ta droite, et tu ne seras pas atteint... Car le Seigneur ordonnera à ses anges de te garder dans toutes tes voies... parce que tu as mis en lui ta confiance...
Il dira : « Puisqu'il s'est attaché à moi, je le délivrerai ; je le protégerai, parce qu'il connaît mon nom. Quand il m'invoquera je l'exaucerai. Je serai avec lui dans la détresse, pour le délivrer et le glorifier ; je le comblerai de longs jours et je lui ferai voir mon salut. Eripiam eum et glorificabo eum, longitudine dierum adimplebo eum et ostendam illi salutare meum ».
Ces admirables vers, remplis de la plus sublime poésie et d'un si puissant réalisme spirituel, font prévoir la vie future.

Sans doute l'Ancien Testament n'en parle guère que d'une façon voilée, généralement par des symboles ; cependant Isaïe écrit ch. LX, 19, en décrivant la gloire de la nouvelle Jérusalem : « Le soleil ne sera plus ta lumière pendant le jour, et la lune ne t'éclairera plus de son flambeau ; Yahvéh sera pour toi une lumière éternelle, et ton Dieu sera ta gloire. Ton soleil ne se couchera plus ; car Yahvéh sera pour toi une lumière éternelle, et les jours de ton deuil seront achevés ». De même Isaïe, LXV, 18 : « Et je me réjouirai de Jérusalem, dit le Seigneur, on n'y entendra plus la voix des pleurs, ni le cri de l'angoisse ».

Plus clairement encore le livre de la Sagesse, III, 1 : « Justorum animæ in manu Dei sunt, et non tanget illos tormentum mortis. Les âmes des justes sont dans la main de Dieu et les tourments ne les atteindront pas. Aux yeux des insensés ils paraissent être morts, et leur sortie de ce monde semble un malheur, et un anéantissement ; mais ils sont dans la paix... Leur espérance est pleine d'immortalité[40]. Après une légère peine, ils recevront une grande récompense ; car Dieu les a éprouvés et les a trouvés dignes de lui. Il les a purifiés comme l'or dans la fournaise, et les a agréés comme un parfait holocauste. Au jour de leur récompense, les justes brilleront, semblables à la flamme qui court à travers les roseaux. Ils jugeront les nations et domineront sur les peuples et le Seigneur régnera sur eux à jamais... Car la grâce et la Miséricorde sont pour ses saints et il prend soin de ses élus ». Ibid., V, 1 : « Alors le juste sera debout en grande assurance, en face de ceux qui l'ont persécuté et qui méprisaient ses labeurs... Ils diront : nous regardions sa vie comme une folie et sa fin comme un opprobre. Et le voilà compté parmi les enfants de Dieu et sa part est parmi les saints ! Nous avons donc erré, loin du chemin de la vérité... à quoi nous a servi l'orgueil et la jactance... Mais les justes vivent éternellement ; leur récompense est auprès du Seigneur, et le Tout-Puissant a soin d'eux. Ils recevront de sa main le magnifique royaume et le splendide diadème. Dieu les protégera de sa droite et les défendra à jamais ». Ces paroles ne peuvent s'entendre que de la vie éternelle : « Justi autem in perpetuum vivent et apud Dominum est merces eorum ». Le Psalmiste avait dit, Ps. XVI, 15 : « Pour moi dans mon innocence je contemplerai ta face ; à mon réveil, je me rassasierai de ton image, satiabor cum apparuerit gloria tua ».

Daniel annonce, XII, 3 : « Ceux qui auront eu l'intelligence des choses de Dieu (et auront été fidèles à sa loi) brilleront comme la splendeur du firmament, et ceux qui en auront conduit beaucoup à la justice seront comme les étoiles, éternellement et toujours, quasi stellæ in perpetuas æternitates ». Enfin un des sept frères Machabées dit à son bourreau pendant son martyre : « Tu nous ôtes la vie présente, scélérat, mais le Roi du monde nous ressuscitera un jour pour la vie éternelle, nous qui mourons pour être fidèles à ses lois ». II Machab., VII, 9. - Tobie XIII, 2, avait dit : « Seigneur, vous êtes grand dans l'éternité et votre règne s'étend dans tous les siècles. Vous châtiez et vous sauvez, vous conduisez jusqu'au tombeau et vous en ramenez... C'est lui qui nous a châtiés à cause de nos iniquités ; c'est lui qui nous sauvera à cause de sa Miséricorde ».

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