Le prince de ce monde
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Le prince de ce monde
Le prince de ce monde
Dans son épître catholique, saint Jude nous rappelle que « l’archange Michel lui-même, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui une sentence d’exécration ». Saint Pierre et lui s’élèvent contre les « audacieux » et les « arrogants » qui « injurient les gloires ». C’est donc avec le respect que mérite sa dignité de pur esprit qu’il convient de considérer l’ange tombé. Le Christ le nomme d’un nom fastueux : Voici que vient, dit-il, le Prince de ce monde. Cette parole mystérieuse est-elle seulement comme une ironie divine et la constatation mélancolique de notre misère présente à cause du péché ? N’est-elle pas aussi la révélation d’un secret du gouvernement de Dieu ?
Des trois hiérarchies angéliques la dernière – Anges, Archanges et Principautés – préside, selon Denys et saint Thomas d’Aquin, aux choses de la terre. Plusieurs Pères ont pensé que le premier déchu n’était pas, comme on le dit d’ordinaire, le plus élevé de tous les Esprits, le premier des Séraphins ; mais seulement le premier de cette hiérarchie commise au soin de l’univers matériel. Major eorum, qui peccaverunt, fuit terrestri ordini praelatus (1).
À Lucifer son chef et « aux anges prévaricateurs, par la loi de la divine Providence, cette partie inférieure du monde été soumise, selon la plus grande beauté de l’ordre universel ». C’est l’opinion de saint Augustin dans la Doctrine chrétienne (2), de saint, Grégoire de Nysse, de saint Jean Damascène et d’autres Pères. Saint Thomas la cite sans prendre parti lui-même. Retenons-la comme hypothèse. Et à défaut d’une certitude impossible en l’absence d’une donnée particulière de la révélation, contentons-nous d’une plausibilité déjà bien remarquable, et singulièrement éclairante.
Placé dans l’instant de sa création à la tête des Principautés, Lucifer paraît Prince, et Prince de ce monde, comme par un titre originel. Si le péché ne l’avait pas touché, il aurait gouverné cet univers dans l’allégresse de l’amour. Il aurait fait croître la beauté comme une fleur de louange entre les mains des hommes. Au chant des hymnes et des cantiques il aurait conduit les fêtes innocentes, la liturgie d’une nature sans gémissements.
« Comme un coryphée, comme un chef de guerre », il aurait entraîné les trois chœurs de sa hiérarchie « dans l’exécution des ordres sacrés (3) ».
À l’exception du libre arbitre, du secret des cœurs et de l’immense univers de la grâce, pénétrables à Dieu seul, tout ici-bas, par délégation divine, aurait été soumis à son empire.
Malgré toute la distance qui sépare son essence de la nôtre, on peut même dire qu’une certaine affinité naturelle lui rendait convenable la principauté sur les choses humaines, parce qu’il était le chef de la dernière hiérarchie, et « parce que toujours, selon le Docteur angélique, la classe la plus élevée de l’ordre inférieur a une certaine affinité avec la moins élevée de l’ordre supérieur ».
Pourtant Lucifer n’a jamais exercé le bienfaisant ministère auquel il était destiné. Étoile qui n’a brillé qu’un instant au ciel de la grâce, il est devenu ténèbre en tombant, et chef des ténèbres de ce monde (4). Un autre Prince des esprits célestes a pris la place du porte-lumière.
***
Mais la Principauté convient à la nature de Satan. Perpétuel prétendant à tous les empires, il la cherche sans relâche quand il l’a perdue. Il lui convient aussi de hanter ce monde : Dieu le lui permet, parce qu’il est bon que tout esprit soit éprouvé. Avant de répandre dans sa créature une nouvelle effusion de son amour gratuit, Dieu interroge sur l’amour : Pierre, m’aimes-tu ? Adam, m’aimes-tu, m’aimes-tu assez ? Lucifer interrogé le premier a le premier refusé l’amour.
Et voici que le péché de l’ange et de l’homme met entre eux une affinité nouvelle.
Ce que l’Ange prévaricateur a perdu par son péché, il le retrouve en partie par le péché d’Adam. Il reconquiert à un titre nouveau sa présidence sur les choses d’ici-bas ; non pas sur l’ordre entier de la nature, mais sur l’homme pécheur et sur la créature matérielle en tant qu’elle est le domaine de l’homme et qu’elle peut servir au péché. Il infeste d’innocentes fontaines, des collines, des bois, il s’embusque dans la tempête. Il siège sur les peuples et leurs civilisations, on lui offre des sacrifices, les hommes font, pour lui, passer leurs enfants par le feu. Cet office de présider au gouvernement des royaumes, qui appartient en propre aux Principautés, et que les Anges fidèles exercent en vrais politiques, il le reprend pour détourner de Dieu les peuples, tandis que Jesurun, le faible Israël, perdu parmi les nations, garde les tables de la Loi et met à mort les Prophètes. Le monde ainsi, le monde ennemi de Dieu, et pour qui le Christ ne priera pas, est de nouveau son apanage. Totus in maligno positus est mundus (5).
Ce n’est pas que jamais l’homme (et Dieu moins encore) ait contracté une dette à l’égard de Lucifer, comme le laisseraient entendre certaines expressions des premiers docteurs qui balbutièrent le mystère de la Rédemption. Non ! L’homme n’a de dette qu’envers Dieu. Mais c’est la justice de Dieu qui le livre à son ennemi. Le prince détrôné des Anges a joué sa partie contre Adam, il a gagné contre lui. En nous persécutant il exerce une sorte de droit fondé, non sur ses mérites, car il n’en a aucun, mais sur ses fonctions – justement ordonnées par le Père – de tentateur et d’accusateur, et de ministre des rigueurs d’une loi qu’il sert en la haïssant, et qu’il connaît en pharisien consommé.
L’ami prédestiné de l’homme, et comme son frère aîné, devient son séducteur. Il lui montre un visage délicieux. Il connaît tous les secrets de sa sensibilité et de son imagination, toutes les ressources d’ivresse qui sont en ce monde, – double clavier où il combine ses jeux de volupté et d’art, de science et de puissance.
Séduit lui-même par la plénitude de ses dons naturels, il est le premier de ceux qui, jusqu’à la fin des temps, choisiront le fini présent contre l’infini à venir. Il a préféré, il préfère l’enfer à l’aumône de la grâce. Auteur du désespoir, prince à jamais de l’illusoire indépendance.
Les plénitudes de la nature, la domination, toutes les fêtes de l’orgueil, voilà ses armes pompeuses, le royaume que Dieu lui abandonne en quelque manière, se souvenant de ce qui aurait pu être sans le péché, et parce que l’homme le premier s’est abandonné lui-même.
***
La Passion n’est pas une rançon payée au diable, elle est l’épiphanie de l’amour, sacrifice volontaire de piété filiale et de pitié fraternelle, offert à la Sainteté incréée par la Sainteté incarnée. Dans le Sang de celui qui a pris sur lui toute la mort enfermée dans le péché, le péché a été vaincu. Et le chef du péché a été vaincu en même temps. Mais de quelle façon ? Saint Irénée estime que dans sa souveraine équité le Père, en décrétant l’œuvre de notre rédemption, a voulu encore agir selon la justice envers l’Ange lui-même que sa justice châtie (6).
Afin donc que toute justice s’accomplisse, afin qu’elle abonde et surabonde, le Verbe descendu dans la chair a pris pour lui et pour les siens l’humiliation et la douleur, le rebut dont Satan ne veut pas.
C’est la « meilleure part », la part du Christ en ce monde, celle que l’autre ne peut pas aimer parce qu’il n’en pourrait rien faire ; il n’est pas Dieu, lui, pour créer les choses de rien et faire de la gloire avec de la misère. Et qui le suivrait s’il ne portait qu’une couronne d’épines et un roseau entre les mains ?
Pauvreté, mépris, souffrances, – convoitise des saints. Ils doivent s’y connaître. Armes vraiment loyales contre le prince des concupiscences. Maniées par la grâce, armes pleines de grâce. La nature en elles est exténuée jusqu’aux confins du non-être, leur victoire est tout entière l’œuvre de Dieu. Et toute âme née de Dieu pressent la puissance salutaire d’une telle exténuation.
Ce n’est pas que les armes moins purement spirituelles soient mauvaises en elles-mêmes et doivent être rejetées. En disant que celui qui frapperait par le glaive périrait par le glaive, le Christ ne condamne pas le glaive ; il énonce une loi universelle de l’action. Le temps n’épargne rien de ce qu’il enferme. Les armes de la grâce sont au-dessus du temps.
L’Immaculée Conception, cette gloire immense, comme il est chrétien qu’elle ait été si tard proclamée. Ainsi encore toute justice aura été accomplie. La bienheureuse Vierge est pure non seulement de toute trace de péché, mais du moindre vestige des mesures de ce monde. Elle est la seule, après le Christ, qui ait vécu totalement l’Évangile. Manifestation des dons, repos dans les joies terrestres, tout a été renoncé par elle, en qui, plus qu’en aucune créature, la grâce suffit.
Déguisements de l’innocence, ruses de Dieu pour arriver à verser son sang. Parce que, dit saint Paul, « si les démons l’avaient reconnu, jamais ils n’auraient crucifié le Seigneur de gloire ». Jamais l’Ange homicide n’aurait dirigé le coup de lance qui a ouvert le cœur d’un Dieu et répandu sur le monde le sang de la vie éternelle.
Lucifer savait-il que le Verbe s’incarnerait ? Ce mystère a-t-il été proposé à la foi des Anges comme à la nôtre ? On peut le supposer. Mais il n’a pas prévu que Dieu voilerait aussi complètement sa gloire. Il n’a pas cru qu’un tel abaissement lui serait possible. Comme les Juifs charnels, il attendait un messie triomphant selon les triomphes de ce monde. Avec quelle décision, avec quelle joie Jésus les lui laisse ! C’est le rebut dont à leur tour les saints ne veulent pas.
Transportant le Christ sur une haute montagne, et lui montrant tous les royaumes de la terre avec leur gloire, Satan lui dit : je vous donnerai tout cela, car tout cela m’a été livré et je le donne à qui je veux (7). Le Christ ne l’a pas démenti.
Il nous éprouve, lui, sur une autre montagne. Les bras étendus au-dessus d’elle, il nous convie à la mort de la Croix. Il promet aussi un royaume, mais qui n’est pas de ce monde, ni de cette nature ; et qui a été aussi offert aux anges, et auquel Lucifer s’est préféré.
***
Lucifer a jeté sur nous le filet invisible mais fort de l’illusion (8). Il fait aimer l’instant contre l’éternité, l’inquiétude contre la vérité. Il nous persuade que nous ne pouvons aimer la créature qu’en la déifiant. Il nous endort, il nous fait rêver, (il interprète nos rêves), il nous fait œuvrer. Alors l’esprit de l’homme est porté sur des eaux marécageuses. Et ce n’est pas un des moindres succès du diable que de convaincre les artistes et les poètes qu’il est leur collaborateur nécessaire, inévitable, et le gardien de leur grandeur. Accordez-lui cela, et bientôt vous lui concéderez que le christianisme n’est pas praticable.
C’est ainsi qu’il règne en ce monde. En vérité, il semble que tout lui appartienne, et qu’il faille tout lui arracher. Et pourtant tout lui a déjà été arraché, il est dépossédé, – cette fois sans revanche possible, – de l’empire perdu dans la catastrophe première et reconquis dès le Paradis terrestre. Le monde est sauvé, délivré de lui. Oui, mais à condition que le sang rédempteur soit appliqué au monde et reçu dans les âmes. Toute place que ce sang n’a pas touchée, l’usurpateur l’occupe encore. Rachetez le temps, dit saint Paul, parce que les jours sont mauvais. L’Église prodigue les bénédictions et l’exorcisme sur toutes les créatures, sur l’enfant qu’elle baptise comme sur l’eau du baptême. Le Sacrifice unique, perpétué par la Messe jusqu’à la fin des siècles, la prière incessante des saints rachètent l’espace et le temps, comme point par point et instant par instant.
Ayant en lui toute la vie, divine et humaine, le sang du Christ anéantit partout la mort. Qu’il soit reçu, le sang précieux, et tout renaîtra. Ce qui n’est maintenant que prestige et fruit de mort, – art perdu de luxure, savoir éperdu d’orgueil, pouvoir dévoré d’avarice, – tout cela peut naître à nouveau, comme l’homme lui-même. Sur les traces de tous les saints et des hommes de bonne volonté ces nouvelles naissances ont paru.
Regnavit a ligno Deus. Ce ne sont pas des paroles vides de sens, ni une poétique métaphore. C’est l’infrangible et primordial axiome de toute l’économie humaine. Ce n’est pas un fait à enregistrer comme aboli dans le passé, c’est une vérité toujours urgente. Le Christ n’a pas pris la Croix pour lui seul, en nous laissant la paix du monde et les rentes de son sacrifice. Nous sommes en lui, et de lui, et lui-même, étant ses membres. Il règne en nous par le bois. La Croix seule fait la preuve, est la signature de l’amour. Il faut les mains percées du Fils pour délier les mains miséricordieuses du Père captives de notre péché, pour lier le Prince de ce monde et détruire sa principauté.
R. M.
(Auteur inconnu, mais vraisemblablement Raïssa Maritain.)
Paru dans Le Roseau d’or en 1929.
1. SAINT JEAN DAMASCÈNE, Lib. 2 Orth. Fid. cap. 4, cité par saint Thomas, I, 63, 7.
2. Livre II, ch. XXIII.
3. SAINT THOMAS, I, 108, 5 et 6.
4. SAINT PAUL aux Éphés., VI, 12. Le texte grec désigne les mauvais anges sous le nom de χοσμοχράτορες.
5. Ire Ép. de saint Jean, V. 19.
6. Neque enim juste victus fuisset inimicus nisi ex muliere homo esset qui vicit eum, III, 18, 7 et V, 21, 1.
7. Luc, IV, 6.
8. ’Ενέργειαν πλάνης, dit saint Paul, II, Thessal., 2, 11.
Dans son épître catholique, saint Jude nous rappelle que « l’archange Michel lui-même, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui une sentence d’exécration ». Saint Pierre et lui s’élèvent contre les « audacieux » et les « arrogants » qui « injurient les gloires ». C’est donc avec le respect que mérite sa dignité de pur esprit qu’il convient de considérer l’ange tombé. Le Christ le nomme d’un nom fastueux : Voici que vient, dit-il, le Prince de ce monde. Cette parole mystérieuse est-elle seulement comme une ironie divine et la constatation mélancolique de notre misère présente à cause du péché ? N’est-elle pas aussi la révélation d’un secret du gouvernement de Dieu ?
Des trois hiérarchies angéliques la dernière – Anges, Archanges et Principautés – préside, selon Denys et saint Thomas d’Aquin, aux choses de la terre. Plusieurs Pères ont pensé que le premier déchu n’était pas, comme on le dit d’ordinaire, le plus élevé de tous les Esprits, le premier des Séraphins ; mais seulement le premier de cette hiérarchie commise au soin de l’univers matériel. Major eorum, qui peccaverunt, fuit terrestri ordini praelatus (1).
À Lucifer son chef et « aux anges prévaricateurs, par la loi de la divine Providence, cette partie inférieure du monde été soumise, selon la plus grande beauté de l’ordre universel ». C’est l’opinion de saint Augustin dans la Doctrine chrétienne (2), de saint, Grégoire de Nysse, de saint Jean Damascène et d’autres Pères. Saint Thomas la cite sans prendre parti lui-même. Retenons-la comme hypothèse. Et à défaut d’une certitude impossible en l’absence d’une donnée particulière de la révélation, contentons-nous d’une plausibilité déjà bien remarquable, et singulièrement éclairante.
Placé dans l’instant de sa création à la tête des Principautés, Lucifer paraît Prince, et Prince de ce monde, comme par un titre originel. Si le péché ne l’avait pas touché, il aurait gouverné cet univers dans l’allégresse de l’amour. Il aurait fait croître la beauté comme une fleur de louange entre les mains des hommes. Au chant des hymnes et des cantiques il aurait conduit les fêtes innocentes, la liturgie d’une nature sans gémissements.
« Comme un coryphée, comme un chef de guerre », il aurait entraîné les trois chœurs de sa hiérarchie « dans l’exécution des ordres sacrés (3) ».
À l’exception du libre arbitre, du secret des cœurs et de l’immense univers de la grâce, pénétrables à Dieu seul, tout ici-bas, par délégation divine, aurait été soumis à son empire.
Malgré toute la distance qui sépare son essence de la nôtre, on peut même dire qu’une certaine affinité naturelle lui rendait convenable la principauté sur les choses humaines, parce qu’il était le chef de la dernière hiérarchie, et « parce que toujours, selon le Docteur angélique, la classe la plus élevée de l’ordre inférieur a une certaine affinité avec la moins élevée de l’ordre supérieur ».
Pourtant Lucifer n’a jamais exercé le bienfaisant ministère auquel il était destiné. Étoile qui n’a brillé qu’un instant au ciel de la grâce, il est devenu ténèbre en tombant, et chef des ténèbres de ce monde (4). Un autre Prince des esprits célestes a pris la place du porte-lumière.
***
Mais la Principauté convient à la nature de Satan. Perpétuel prétendant à tous les empires, il la cherche sans relâche quand il l’a perdue. Il lui convient aussi de hanter ce monde : Dieu le lui permet, parce qu’il est bon que tout esprit soit éprouvé. Avant de répandre dans sa créature une nouvelle effusion de son amour gratuit, Dieu interroge sur l’amour : Pierre, m’aimes-tu ? Adam, m’aimes-tu, m’aimes-tu assez ? Lucifer interrogé le premier a le premier refusé l’amour.
Et voici que le péché de l’ange et de l’homme met entre eux une affinité nouvelle.
Ce que l’Ange prévaricateur a perdu par son péché, il le retrouve en partie par le péché d’Adam. Il reconquiert à un titre nouveau sa présidence sur les choses d’ici-bas ; non pas sur l’ordre entier de la nature, mais sur l’homme pécheur et sur la créature matérielle en tant qu’elle est le domaine de l’homme et qu’elle peut servir au péché. Il infeste d’innocentes fontaines, des collines, des bois, il s’embusque dans la tempête. Il siège sur les peuples et leurs civilisations, on lui offre des sacrifices, les hommes font, pour lui, passer leurs enfants par le feu. Cet office de présider au gouvernement des royaumes, qui appartient en propre aux Principautés, et que les Anges fidèles exercent en vrais politiques, il le reprend pour détourner de Dieu les peuples, tandis que Jesurun, le faible Israël, perdu parmi les nations, garde les tables de la Loi et met à mort les Prophètes. Le monde ainsi, le monde ennemi de Dieu, et pour qui le Christ ne priera pas, est de nouveau son apanage. Totus in maligno positus est mundus (5).
Ce n’est pas que jamais l’homme (et Dieu moins encore) ait contracté une dette à l’égard de Lucifer, comme le laisseraient entendre certaines expressions des premiers docteurs qui balbutièrent le mystère de la Rédemption. Non ! L’homme n’a de dette qu’envers Dieu. Mais c’est la justice de Dieu qui le livre à son ennemi. Le prince détrôné des Anges a joué sa partie contre Adam, il a gagné contre lui. En nous persécutant il exerce une sorte de droit fondé, non sur ses mérites, car il n’en a aucun, mais sur ses fonctions – justement ordonnées par le Père – de tentateur et d’accusateur, et de ministre des rigueurs d’une loi qu’il sert en la haïssant, et qu’il connaît en pharisien consommé.
L’ami prédestiné de l’homme, et comme son frère aîné, devient son séducteur. Il lui montre un visage délicieux. Il connaît tous les secrets de sa sensibilité et de son imagination, toutes les ressources d’ivresse qui sont en ce monde, – double clavier où il combine ses jeux de volupté et d’art, de science et de puissance.
Séduit lui-même par la plénitude de ses dons naturels, il est le premier de ceux qui, jusqu’à la fin des temps, choisiront le fini présent contre l’infini à venir. Il a préféré, il préfère l’enfer à l’aumône de la grâce. Auteur du désespoir, prince à jamais de l’illusoire indépendance.
Les plénitudes de la nature, la domination, toutes les fêtes de l’orgueil, voilà ses armes pompeuses, le royaume que Dieu lui abandonne en quelque manière, se souvenant de ce qui aurait pu être sans le péché, et parce que l’homme le premier s’est abandonné lui-même.
***
La Passion n’est pas une rançon payée au diable, elle est l’épiphanie de l’amour, sacrifice volontaire de piété filiale et de pitié fraternelle, offert à la Sainteté incréée par la Sainteté incarnée. Dans le Sang de celui qui a pris sur lui toute la mort enfermée dans le péché, le péché a été vaincu. Et le chef du péché a été vaincu en même temps. Mais de quelle façon ? Saint Irénée estime que dans sa souveraine équité le Père, en décrétant l’œuvre de notre rédemption, a voulu encore agir selon la justice envers l’Ange lui-même que sa justice châtie (6).
Afin donc que toute justice s’accomplisse, afin qu’elle abonde et surabonde, le Verbe descendu dans la chair a pris pour lui et pour les siens l’humiliation et la douleur, le rebut dont Satan ne veut pas.
C’est la « meilleure part », la part du Christ en ce monde, celle que l’autre ne peut pas aimer parce qu’il n’en pourrait rien faire ; il n’est pas Dieu, lui, pour créer les choses de rien et faire de la gloire avec de la misère. Et qui le suivrait s’il ne portait qu’une couronne d’épines et un roseau entre les mains ?
Pauvreté, mépris, souffrances, – convoitise des saints. Ils doivent s’y connaître. Armes vraiment loyales contre le prince des concupiscences. Maniées par la grâce, armes pleines de grâce. La nature en elles est exténuée jusqu’aux confins du non-être, leur victoire est tout entière l’œuvre de Dieu. Et toute âme née de Dieu pressent la puissance salutaire d’une telle exténuation.
Ce n’est pas que les armes moins purement spirituelles soient mauvaises en elles-mêmes et doivent être rejetées. En disant que celui qui frapperait par le glaive périrait par le glaive, le Christ ne condamne pas le glaive ; il énonce une loi universelle de l’action. Le temps n’épargne rien de ce qu’il enferme. Les armes de la grâce sont au-dessus du temps.
L’Immaculée Conception, cette gloire immense, comme il est chrétien qu’elle ait été si tard proclamée. Ainsi encore toute justice aura été accomplie. La bienheureuse Vierge est pure non seulement de toute trace de péché, mais du moindre vestige des mesures de ce monde. Elle est la seule, après le Christ, qui ait vécu totalement l’Évangile. Manifestation des dons, repos dans les joies terrestres, tout a été renoncé par elle, en qui, plus qu’en aucune créature, la grâce suffit.
Déguisements de l’innocence, ruses de Dieu pour arriver à verser son sang. Parce que, dit saint Paul, « si les démons l’avaient reconnu, jamais ils n’auraient crucifié le Seigneur de gloire ». Jamais l’Ange homicide n’aurait dirigé le coup de lance qui a ouvert le cœur d’un Dieu et répandu sur le monde le sang de la vie éternelle.
Lucifer savait-il que le Verbe s’incarnerait ? Ce mystère a-t-il été proposé à la foi des Anges comme à la nôtre ? On peut le supposer. Mais il n’a pas prévu que Dieu voilerait aussi complètement sa gloire. Il n’a pas cru qu’un tel abaissement lui serait possible. Comme les Juifs charnels, il attendait un messie triomphant selon les triomphes de ce monde. Avec quelle décision, avec quelle joie Jésus les lui laisse ! C’est le rebut dont à leur tour les saints ne veulent pas.
Transportant le Christ sur une haute montagne, et lui montrant tous les royaumes de la terre avec leur gloire, Satan lui dit : je vous donnerai tout cela, car tout cela m’a été livré et je le donne à qui je veux (7). Le Christ ne l’a pas démenti.
Il nous éprouve, lui, sur une autre montagne. Les bras étendus au-dessus d’elle, il nous convie à la mort de la Croix. Il promet aussi un royaume, mais qui n’est pas de ce monde, ni de cette nature ; et qui a été aussi offert aux anges, et auquel Lucifer s’est préféré.
***
Lucifer a jeté sur nous le filet invisible mais fort de l’illusion (8). Il fait aimer l’instant contre l’éternité, l’inquiétude contre la vérité. Il nous persuade que nous ne pouvons aimer la créature qu’en la déifiant. Il nous endort, il nous fait rêver, (il interprète nos rêves), il nous fait œuvrer. Alors l’esprit de l’homme est porté sur des eaux marécageuses. Et ce n’est pas un des moindres succès du diable que de convaincre les artistes et les poètes qu’il est leur collaborateur nécessaire, inévitable, et le gardien de leur grandeur. Accordez-lui cela, et bientôt vous lui concéderez que le christianisme n’est pas praticable.
C’est ainsi qu’il règne en ce monde. En vérité, il semble que tout lui appartienne, et qu’il faille tout lui arracher. Et pourtant tout lui a déjà été arraché, il est dépossédé, – cette fois sans revanche possible, – de l’empire perdu dans la catastrophe première et reconquis dès le Paradis terrestre. Le monde est sauvé, délivré de lui. Oui, mais à condition que le sang rédempteur soit appliqué au monde et reçu dans les âmes. Toute place que ce sang n’a pas touchée, l’usurpateur l’occupe encore. Rachetez le temps, dit saint Paul, parce que les jours sont mauvais. L’Église prodigue les bénédictions et l’exorcisme sur toutes les créatures, sur l’enfant qu’elle baptise comme sur l’eau du baptême. Le Sacrifice unique, perpétué par la Messe jusqu’à la fin des siècles, la prière incessante des saints rachètent l’espace et le temps, comme point par point et instant par instant.
Ayant en lui toute la vie, divine et humaine, le sang du Christ anéantit partout la mort. Qu’il soit reçu, le sang précieux, et tout renaîtra. Ce qui n’est maintenant que prestige et fruit de mort, – art perdu de luxure, savoir éperdu d’orgueil, pouvoir dévoré d’avarice, – tout cela peut naître à nouveau, comme l’homme lui-même. Sur les traces de tous les saints et des hommes de bonne volonté ces nouvelles naissances ont paru.
Regnavit a ligno Deus. Ce ne sont pas des paroles vides de sens, ni une poétique métaphore. C’est l’infrangible et primordial axiome de toute l’économie humaine. Ce n’est pas un fait à enregistrer comme aboli dans le passé, c’est une vérité toujours urgente. Le Christ n’a pas pris la Croix pour lui seul, en nous laissant la paix du monde et les rentes de son sacrifice. Nous sommes en lui, et de lui, et lui-même, étant ses membres. Il règne en nous par le bois. La Croix seule fait la preuve, est la signature de l’amour. Il faut les mains percées du Fils pour délier les mains miséricordieuses du Père captives de notre péché, pour lier le Prince de ce monde et détruire sa principauté.
R. M.
(Auteur inconnu, mais vraisemblablement Raïssa Maritain.)
Paru dans Le Roseau d’or en 1929.
1. SAINT JEAN DAMASCÈNE, Lib. 2 Orth. Fid. cap. 4, cité par saint Thomas, I, 63, 7.
2. Livre II, ch. XXIII.
3. SAINT THOMAS, I, 108, 5 et 6.
4. SAINT PAUL aux Éphés., VI, 12. Le texte grec désigne les mauvais anges sous le nom de χοσμοχράτορες.
5. Ire Ép. de saint Jean, V. 19.
6. Neque enim juste victus fuisset inimicus nisi ex muliere homo esset qui vicit eum, III, 18, 7 et V, 21, 1.
7. Luc, IV, 6.
8. ’Ενέργειαν πλάνης, dit saint Paul, II, Thessal., 2, 11.
rafael22- Première Demeure : J'évite le péché mortel.
- Messages : 11
Date d'inscription : 01/08/2010
Re: Le prince de ce monde
@ Rafael22 :
Comme premier message posté sur ce saint Forum, c'en est tout un !
En effet, c'est une très bonne réflexion que ce texte sur le Prince de ce Monde !
Merci !
Par ailleurs, les autres membres aimeraient vous connaître. Pourriez-vous vous présenter sur "Présentez-vous" svp ?
Merci de votre collaboration !
Octo !
Comme premier message posté sur ce saint Forum, c'en est tout un !
En effet, c'est une très bonne réflexion que ce texte sur le Prince de ce Monde !
Merci !
Par ailleurs, les autres membres aimeraient vous connaître. Pourriez-vous vous présenter sur "Présentez-vous" svp ?
Merci de votre collaboration !
Octo !
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"N'éteignez pas l'Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie; mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le; gardez-vous de toute espèce de mal." 1 Thess 5, 19-22
*Venez prier et adorer en direct sur le Forum VSJ via le Web* :
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Re: Le prince de ce monde
Cette Apologie du Diable, me met mal à l'aise. Je veux bien qu'on fasse des réflexions théologiques et autres sur Lucifer, mais vouloir ouvrir ce Fil sur ce déchu sans qu'on sente le besoin édifiant de le faire me semble malsain.
Si Jésus l'a appelé "Prince de ce monde", ce n'est certainement pas pour rappeler ce que le Diable était au Ciel, mais plutôt pour signifier clairement qu'il est celui qui a pour but, par ses manigances et ses mensonges, d'ouvrir à l'humanité les portes de l'Enfer où se trouve naturellement et éternellement son royaume. Il est le Prince des Ténèbres et ne sera plus rien d'autre. Sa Place, il l'a perdue pour l'éternité.
Si vous lisez les écrits de Marie d'Agreda, vous comprendrez pourquoi l'homme ne devrait faire aucun compromis avec le mal, car c'est le Diable qui avec sa jalousie et son esprit désordonné est l'auteur du mystère du Mal.
Le Diable a suffisamment été idiot, en pensant qu'il devait mettre son trône au-dessus de Celui qui l'a tiré du néant. Ses problèmes de jalousie n'ont pas commencé avec l'homme. Lucifer a commencé à avoir des problèmes par rapport à Dieu Lui-même. Il a envié Dieu, il a voulu avoir sans dépendre de Dieu, les EXCELLENCES DE DIEU. Tout cela s'est passé avant la création de l'homme. Le Décret Divin de l'Union Hypostatique du Verbe de Dieu avec la Nature Humaine que Dieu voulait créer, a été la goutte d'eau qui a fait exploser devant tout le Paradis, tout ce que Lucifer couvait en lui. Il s'est révolté contre Celui qui l'a créé, et vous connaissez la suite.
A mon avis, si Dieu laisse faire le Diable, c'est pour nous élever et humilier toujours plus le Diable.
Aujourd'hui plus que jamais, l'homme doit prendre conscience de Sa Place de Prédilection auprès de Dieu son Créateur. La nature humaine inférieure à la création à la nature angélique, est destinée à se mettre au-dessus des Anges. C'est avec notre Nature que Jésus-Christ est assis pour l'Eternité à la Droite du Père.
Si l'homme est donc destiné à une telle Elevation par rapport aux Anges Fidèles que nous vénérons, combien de fois ne sommes-nous pas supérieurs aux anges déchus?
Les PRINCES, ce sont les Enfants de Dieu.
Cordialement en Christ.
Si Jésus l'a appelé "Prince de ce monde", ce n'est certainement pas pour rappeler ce que le Diable était au Ciel, mais plutôt pour signifier clairement qu'il est celui qui a pour but, par ses manigances et ses mensonges, d'ouvrir à l'humanité les portes de l'Enfer où se trouve naturellement et éternellement son royaume. Il est le Prince des Ténèbres et ne sera plus rien d'autre. Sa Place, il l'a perdue pour l'éternité.
Si vous lisez les écrits de Marie d'Agreda, vous comprendrez pourquoi l'homme ne devrait faire aucun compromis avec le mal, car c'est le Diable qui avec sa jalousie et son esprit désordonné est l'auteur du mystère du Mal.
Le Diable a suffisamment été idiot, en pensant qu'il devait mettre son trône au-dessus de Celui qui l'a tiré du néant. Ses problèmes de jalousie n'ont pas commencé avec l'homme. Lucifer a commencé à avoir des problèmes par rapport à Dieu Lui-même. Il a envié Dieu, il a voulu avoir sans dépendre de Dieu, les EXCELLENCES DE DIEU. Tout cela s'est passé avant la création de l'homme. Le Décret Divin de l'Union Hypostatique du Verbe de Dieu avec la Nature Humaine que Dieu voulait créer, a été la goutte d'eau qui a fait exploser devant tout le Paradis, tout ce que Lucifer couvait en lui. Il s'est révolté contre Celui qui l'a créé, et vous connaissez la suite.
A mon avis, si Dieu laisse faire le Diable, c'est pour nous élever et humilier toujours plus le Diable.
Aujourd'hui plus que jamais, l'homme doit prendre conscience de Sa Place de Prédilection auprès de Dieu son Créateur. La nature humaine inférieure à la création à la nature angélique, est destinée à se mettre au-dessus des Anges. C'est avec notre Nature que Jésus-Christ est assis pour l'Eternité à la Droite du Père.
Si l'homme est donc destiné à une telle Elevation par rapport aux Anges Fidèles que nous vénérons, combien de fois ne sommes-nous pas supérieurs aux anges déchus?
Les PRINCES, ce sont les Enfants de Dieu.
Cordialement en Christ.
Marlène- Septième Demeure : C'est l'Union transformante. Je vis la chasteté et la charité parfaites.
- Messages : 2587
Date d'inscription : 01/05/2010
Le diable, un enjeu philosophique et théologique
Bonjour,
J’adhère tout à fait à la réflexion et aux propos de Marlène. Et pour conclure ce sujet épineux, et sans vouloir en aucune façon faire l’apologie du « mal », je souhaiterais apporter une précision par rapport à ce qui a été dit précédemment.
Le rationalisme contemporain élimine a priori le démon de l’Evangile comme de la vie actuelle, il le considère comme un mythe, une abstraction, une production de l’imaginaire des hommes. Le diable s’est même éclipsé avec l’effondrement de la pratique religieuse. Mais néanmoins, il n’a jamais quitté la scène, car son domaine dépasse largement celui de la foi. Le vrai visage du diable est celui du mal.
En effet, depuis les temps les plus reculés, la pensée humaine a été confrontée au problème du mal. À ce problème dramatique, en raison de sa cause et de ses répercussions existentielles, les sages de ce monde ont cherché une réponse capable d’ouvrir la voie à un apaisement de l’intelligence et à une guérison du cœur.
Le mal, en effet, est un mystère et une tristesse : il dépasse toute compréhension humaine par son origine et par son absurdité. Il peut être décrit — nombre de chefs d’œuvres de la poésie et de l’art l’ont fait — il n’est pas pour autant expliqué. Étant donné le mystère du mal, seul un autre mystère plus grand que lui l’éclaire et le maîtrise: celui de l’Amour infini qu’est Dieu, celui de l’épanchement gratuit de cet Amour sur les hommes, épanchement qui trouve sa plénitude en Jésus Christ, « le témoin fidèle, le premier né d’entre les morts, le chef des rois de la terre » (1). C’est bien ce qu’affirme le grand théologien suisse Charles Journet (1891-1975) : « La vision véritable du mal demande une très haute idée de Dieu, et, par un semblable retournement, une très haute idée de Dieu fait descendre dans les profondeurs du mal... Au plan de la vie, seule l’expérience de Dieu résiste à l’expérience du mal; au plan de la connaissance, seule la découverte progressive de Dieu résiste à la découverte progressive du mal » (2). En révélant de manière ultime et définitive l’Amour divin, l’unique Sauveur du monde a dévoilé, par sa mort et par sa résurrection, l’amplitude de ce dont il avait triomphé. Dans la lumière d’une victoire, celle de l’Amour plus puissant que la mort, l’homme découvre enfin les profondeurs ultimes du mal qui déchire son cœur.
Le mal n’est pas lui-même essence, il lui est inférieure. Le mal n’est donc pas essentiel, il est accidentel, il est une déviation, une déformation de l’être, une « décomposition » du bien, une perversion de l’amour, une négation historique et existentielle. Exemple : une pomme pourrie est malheureusement aussi réelle qu’une pomme fraîche.
Le fait que le mal ne puisse pas changer l’essence de ce qu’il contamine, prouve qu’il n’est pas lui-même essence, qu’il lui est inférieur. S’il était essence, il serait capable d’opérer cette transformation, et dès lors la réalité de la pomme pourrie ne serait plus la même que celle de la pomme fraîche. Le mal n’est donc pas essentiel, il est accidentel, il est une déviation, une déformation de l’être. Le mal n’est pas l’être.
Un autre exemple est celui-ci :
Lucifer qui signifie porte-lumière, ou Etoile du matin, parce qu'il resplendissait entre les anges, en devenant Satan, reste un ange, tout comme la pomme pourrie reste une pomme.
Qu’est-ce à dire ? Sa nature angélique, bonne et parfaite dans son ordre, ne change pas. Mais il ne l’oriente plus vers le but, pour lequel il a été créé, notamment la fidélité à Dieu. Il se rebelle contre cette fidélité par une décision qui est en contradiction avec son être intime.
Ici, il est essentiel à la croyance chrétienne que les démons eux-mêmes et leur prince, Satan – ont été créés dans le bien par Dieu et ne sont devenus tels qu’ils sont maintenant que par une chute, dont la seule cause est la rébellion orgueilleuse de leur volonté contre celle de Dieu. Cette « chute » consiste dans le choix libre de ces esprits créés, qui ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son Règne. Non Serviam – Je ne servirai pas. C’est le mot qui se répercute partout. Il fut dit d'abord par Satan.
Ainsi, le mal est le contraire de tout ce qui est divin, parce qu’il est privation de Dieu, et cela à la suite du péché de Lucifer.
Et si le mal existe réellement dans le monde, il n’est pas moins vrai qu’il est privé de l’existence essentielle. Il est l’apanage de la créature (angélique ou humaine), mais il n’est pas l’être. Satan n’est pas Dieu.
La conception mimétique de Satan permet au Nouveau Testament de conférer au mal un rôle à la mesure de son importance sans lui donner le poids ontologique qui ferait de ce personnage une espèce de dieu du mal. Loin de « créer » quoi que ce soit par ses propres moyens, Satan ne se perpétue qu'en parasitant l'être créé par Dieu, en imitant cet être de façon jalouse, grotesque, perverse, aussi contraire que possible à l'imitation droite et docile de Jésus. Satan est imitateur au sens rivalitaire du terme. Son royaume est une caricature du royaume de Dieu. Nous savons que l’ennemi de tous les hommes est appelé aussi « le Singe de Dieu » car il essaie d’imiter Dieu et il se sert souvent de ce qui est de Dieu pour le profaner. Ainsi, il excelle à se déguiser en ange, en séducteur, pour faire croire à ses mensonges, à ses tromperies. Le démon, dans sa chute, cherche à tout attirer à lui (en sens inverse du Père), et, en tentant par la séduction, il cherche à se faire des adeptes, des êtres semblables à lui. (Cf. René Girard, Je vois Satan tomber comme l'éclair, Éditions Grasset & Fasquelle, 1999, pages 78-79). Le but essentiel du diable est d’éloigner l’homme de Dieu, et surtout du Christ, car il sait qui est le Christ Jésus. D’ailleurs, dès son enfance, le démon s'est attaqué à Jésus, à travers son suppôt : Hérode qui cherche à le faire mourir et tue, ainsi, à l'aveuglette, sans atteindre son but, le massacre de milliers d'enfants…Il se déchaîne contre les saints et tous les vrais croyants, redoutables adversaires de son règne (Curé d’Ars, Padre Pio, Marthe Robin…). Jésus nous a révélé l'action pernicieuse et hypocrite du démon et jusqu'à quel point il peut entrer dans l'homme, le déstabiliser, le posséder, le décourager, faire des hommes des fils à son image et à son service. Il nous met en garde contre l'ennemi mortel physiquement et surtout spirituellement… (Cf. Ephata).
Le démon, évidemment, ne peut pas s'anéantir, car il est pur esprit. Mais en lui, à la différence de Dieu, il y a une distinction entre lumière et amour ; il peut donc opter pour l'exaltation de sa propre lumière, contre l'amour. Il opère en lui, par le fait même, un suicide de l'amour, ce qui entraîne immédiatement une haine spirituelle à l'égard de l'amour. Cette haine est intégrée dans sa propre exaltation. Ayant perdu sa finalité et donc toute possibilité de s'unifier, il demeure dans cette dualité : haine de l'amour-exaltation de soi, exaltation de soi-haine de l'amour, ne sachant plus laquelle est première. C'est cela, l'enfer. (Cf. Serviam, citation).
Tout cela exigerait évidemment une longue réflexion philosophique et théologique, et ne peut être regardé d'une façon superficielle. Mais je pense que ce site n’est pas le lieu pour de telles réflexions.
Bien cordialement.
1. Ap 1, 5.
2. Journet Ch., Le mal, essai théologique, DDB, 1962, p. 22-23.
J’adhère tout à fait à la réflexion et aux propos de Marlène. Et pour conclure ce sujet épineux, et sans vouloir en aucune façon faire l’apologie du « mal », je souhaiterais apporter une précision par rapport à ce qui a été dit précédemment.
Le rationalisme contemporain élimine a priori le démon de l’Evangile comme de la vie actuelle, il le considère comme un mythe, une abstraction, une production de l’imaginaire des hommes. Le diable s’est même éclipsé avec l’effondrement de la pratique religieuse. Mais néanmoins, il n’a jamais quitté la scène, car son domaine dépasse largement celui de la foi. Le vrai visage du diable est celui du mal.
En effet, depuis les temps les plus reculés, la pensée humaine a été confrontée au problème du mal. À ce problème dramatique, en raison de sa cause et de ses répercussions existentielles, les sages de ce monde ont cherché une réponse capable d’ouvrir la voie à un apaisement de l’intelligence et à une guérison du cœur.
Le mal, en effet, est un mystère et une tristesse : il dépasse toute compréhension humaine par son origine et par son absurdité. Il peut être décrit — nombre de chefs d’œuvres de la poésie et de l’art l’ont fait — il n’est pas pour autant expliqué. Étant donné le mystère du mal, seul un autre mystère plus grand que lui l’éclaire et le maîtrise: celui de l’Amour infini qu’est Dieu, celui de l’épanchement gratuit de cet Amour sur les hommes, épanchement qui trouve sa plénitude en Jésus Christ, « le témoin fidèle, le premier né d’entre les morts, le chef des rois de la terre » (1). C’est bien ce qu’affirme le grand théologien suisse Charles Journet (1891-1975) : « La vision véritable du mal demande une très haute idée de Dieu, et, par un semblable retournement, une très haute idée de Dieu fait descendre dans les profondeurs du mal... Au plan de la vie, seule l’expérience de Dieu résiste à l’expérience du mal; au plan de la connaissance, seule la découverte progressive de Dieu résiste à la découverte progressive du mal » (2). En révélant de manière ultime et définitive l’Amour divin, l’unique Sauveur du monde a dévoilé, par sa mort et par sa résurrection, l’amplitude de ce dont il avait triomphé. Dans la lumière d’une victoire, celle de l’Amour plus puissant que la mort, l’homme découvre enfin les profondeurs ultimes du mal qui déchire son cœur.
Le mal n’est pas lui-même essence, il lui est inférieure. Le mal n’est donc pas essentiel, il est accidentel, il est une déviation, une déformation de l’être, une « décomposition » du bien, une perversion de l’amour, une négation historique et existentielle. Exemple : une pomme pourrie est malheureusement aussi réelle qu’une pomme fraîche.
Le fait que le mal ne puisse pas changer l’essence de ce qu’il contamine, prouve qu’il n’est pas lui-même essence, qu’il lui est inférieur. S’il était essence, il serait capable d’opérer cette transformation, et dès lors la réalité de la pomme pourrie ne serait plus la même que celle de la pomme fraîche. Le mal n’est donc pas essentiel, il est accidentel, il est une déviation, une déformation de l’être. Le mal n’est pas l’être.
Un autre exemple est celui-ci :
Lucifer qui signifie porte-lumière, ou Etoile du matin, parce qu'il resplendissait entre les anges, en devenant Satan, reste un ange, tout comme la pomme pourrie reste une pomme.
Qu’est-ce à dire ? Sa nature angélique, bonne et parfaite dans son ordre, ne change pas. Mais il ne l’oriente plus vers le but, pour lequel il a été créé, notamment la fidélité à Dieu. Il se rebelle contre cette fidélité par une décision qui est en contradiction avec son être intime.
Ici, il est essentiel à la croyance chrétienne que les démons eux-mêmes et leur prince, Satan – ont été créés dans le bien par Dieu et ne sont devenus tels qu’ils sont maintenant que par une chute, dont la seule cause est la rébellion orgueilleuse de leur volonté contre celle de Dieu. Cette « chute » consiste dans le choix libre de ces esprits créés, qui ont radicalement et irrévocablement refusé Dieu et son Règne. Non Serviam – Je ne servirai pas. C’est le mot qui se répercute partout. Il fut dit d'abord par Satan.
Ainsi, le mal est le contraire de tout ce qui est divin, parce qu’il est privation de Dieu, et cela à la suite du péché de Lucifer.
Et si le mal existe réellement dans le monde, il n’est pas moins vrai qu’il est privé de l’existence essentielle. Il est l’apanage de la créature (angélique ou humaine), mais il n’est pas l’être. Satan n’est pas Dieu.
La conception mimétique de Satan permet au Nouveau Testament de conférer au mal un rôle à la mesure de son importance sans lui donner le poids ontologique qui ferait de ce personnage une espèce de dieu du mal. Loin de « créer » quoi que ce soit par ses propres moyens, Satan ne se perpétue qu'en parasitant l'être créé par Dieu, en imitant cet être de façon jalouse, grotesque, perverse, aussi contraire que possible à l'imitation droite et docile de Jésus. Satan est imitateur au sens rivalitaire du terme. Son royaume est une caricature du royaume de Dieu. Nous savons que l’ennemi de tous les hommes est appelé aussi « le Singe de Dieu » car il essaie d’imiter Dieu et il se sert souvent de ce qui est de Dieu pour le profaner. Ainsi, il excelle à se déguiser en ange, en séducteur, pour faire croire à ses mensonges, à ses tromperies. Le démon, dans sa chute, cherche à tout attirer à lui (en sens inverse du Père), et, en tentant par la séduction, il cherche à se faire des adeptes, des êtres semblables à lui. (Cf. René Girard, Je vois Satan tomber comme l'éclair, Éditions Grasset & Fasquelle, 1999, pages 78-79). Le but essentiel du diable est d’éloigner l’homme de Dieu, et surtout du Christ, car il sait qui est le Christ Jésus. D’ailleurs, dès son enfance, le démon s'est attaqué à Jésus, à travers son suppôt : Hérode qui cherche à le faire mourir et tue, ainsi, à l'aveuglette, sans atteindre son but, le massacre de milliers d'enfants…Il se déchaîne contre les saints et tous les vrais croyants, redoutables adversaires de son règne (Curé d’Ars, Padre Pio, Marthe Robin…). Jésus nous a révélé l'action pernicieuse et hypocrite du démon et jusqu'à quel point il peut entrer dans l'homme, le déstabiliser, le posséder, le décourager, faire des hommes des fils à son image et à son service. Il nous met en garde contre l'ennemi mortel physiquement et surtout spirituellement… (Cf. Ephata).
Le démon, évidemment, ne peut pas s'anéantir, car il est pur esprit. Mais en lui, à la différence de Dieu, il y a une distinction entre lumière et amour ; il peut donc opter pour l'exaltation de sa propre lumière, contre l'amour. Il opère en lui, par le fait même, un suicide de l'amour, ce qui entraîne immédiatement une haine spirituelle à l'égard de l'amour. Cette haine est intégrée dans sa propre exaltation. Ayant perdu sa finalité et donc toute possibilité de s'unifier, il demeure dans cette dualité : haine de l'amour-exaltation de soi, exaltation de soi-haine de l'amour, ne sachant plus laquelle est première. C'est cela, l'enfer. (Cf. Serviam, citation).
Tout cela exigerait évidemment une longue réflexion philosophique et théologique, et ne peut être regardé d'une façon superficielle. Mais je pense que ce site n’est pas le lieu pour de telles réflexions.
Bien cordialement.
1. Ap 1, 5.
2. Journet Ch., Le mal, essai théologique, DDB, 1962, p. 22-23.
rafael22- Première Demeure : J'évite le péché mortel.
- Messages : 11
Date d'inscription : 01/08/2010
Re: Le prince de ce monde
@ Rafael22 :
Merci pour cette longue réflexion théologique sur Satan-Lucifer et le Mal !
En fait, ce site est le lieu DE TOUTES LES RÉFLEXIONS dans la mesure où celles-ci nous éclairent de la réalité de la Fin des Temps, de l'eschatologie et de la compréhension des événements à venir à travers les Messages du Ciel !
Toute réflexion qui va dans ce sens est toujours la bienvenue !
Notre Forum a pour objectif d'annoncer la réalité de la Fin des Temps dans tous les sens du terme en autant que cette réflexion aille dans le sens de l'Interprétation Catholique puisque nous nous définissons comme un Forum Catholique Romain !
Octo !
Merci pour cette longue réflexion théologique sur Satan-Lucifer et le Mal !
Rafael22 a écrit:Tout cela exigerait évidemment une longue réflexion philosophique et théologique, et ne peut être regardé d'une façon superficielle. Mais je pense que ce site n’est pas le lieu pour de telles réflexions.
En fait, ce site est le lieu DE TOUTES LES RÉFLEXIONS dans la mesure où celles-ci nous éclairent de la réalité de la Fin des Temps, de l'eschatologie et de la compréhension des événements à venir à travers les Messages du Ciel !
Toute réflexion qui va dans ce sens est toujours la bienvenue !
Notre Forum a pour objectif d'annoncer la réalité de la Fin des Temps dans tous les sens du terme en autant que cette réflexion aille dans le sens de l'Interprétation Catholique puisque nous nous définissons comme un Forum Catholique Romain !
Octo !
_________________
"N'éteignez pas l'Esprit, ne dépréciez pas les dons de prophétie; mais vérifiez tout : ce qui est bon, retenez-le; gardez-vous de toute espèce de mal." 1 Thess 5, 19-22
*Venez prier et adorer en direct sur le Forum VSJ via le Web* :
http://viens-seigneur-jesus.forumactif.com/
Re: Le prince de ce monde
Cette seconde réflexion de rafael22 me semble beaucoup plus intéressante, contrairement à la première que personnellement j'avais du mal à "digérer".
Dans le sens dont parle notre Administrateur, cette réflexion sur Lucifer et son action en cette Fin des Temps peut apporter un éclairage important, à condition qu'on comprenne qu'en fait on a affaire à un ennemi vaincu.
Ce qui me dérangeait dans le premier post, c'est que j'avais l'impression qu'on donnait au Diable, une place et un pouvoir qu'il n'a plus en réalité, dans la mesure où sans la coopération des humains, il serait depuis longtemps tout penaud dans l'Abîme où il a été refoulé avec les siens.
Maintenant, par rapport à la Fin des Temps, il n'est plus question de tergiverser par rapport au diable, Tous nous devons savoir et comprendre que LUCIFER VA BIENTÔT ÊTRE ENFERME DANS L'ABIME pour ne plus nuire à l'humanité pendant Mille Ans. L'Ere de Paix qui vient dans le Monde a pour préalable L'ENFERMEMENT de Satan. Tout ce que l'humanité vit maintenant peut être considéré comme les Cérémonies qui donneront lieu à cet ENFERMEMENT. Satan sait que ce temps de son ENFERMEMENT est déjà arrivé. C'est pour cela qu'il a maintenant ouvert tout grand les Portes de l'Enfer pour y entraîner le maximum d'âmes. Sa dernière carte avant ce temps, sera l'Antichrist. Nous devons donc savoir que malgré les persécutions et les souffrances actuelles ou futures, la Victoire est du côté de Dieu et de Ses Enfants.
VIVE JESUS, VVE SA CROIX!
Dans le sens dont parle notre Administrateur, cette réflexion sur Lucifer et son action en cette Fin des Temps peut apporter un éclairage important, à condition qu'on comprenne qu'en fait on a affaire à un ennemi vaincu.
Ce qui me dérangeait dans le premier post, c'est que j'avais l'impression qu'on donnait au Diable, une place et un pouvoir qu'il n'a plus en réalité, dans la mesure où sans la coopération des humains, il serait depuis longtemps tout penaud dans l'Abîme où il a été refoulé avec les siens.
Maintenant, par rapport à la Fin des Temps, il n'est plus question de tergiverser par rapport au diable, Tous nous devons savoir et comprendre que LUCIFER VA BIENTÔT ÊTRE ENFERME DANS L'ABIME pour ne plus nuire à l'humanité pendant Mille Ans. L'Ere de Paix qui vient dans le Monde a pour préalable L'ENFERMEMENT de Satan. Tout ce que l'humanité vit maintenant peut être considéré comme les Cérémonies qui donneront lieu à cet ENFERMEMENT. Satan sait que ce temps de son ENFERMEMENT est déjà arrivé. C'est pour cela qu'il a maintenant ouvert tout grand les Portes de l'Enfer pour y entraîner le maximum d'âmes. Sa dernière carte avant ce temps, sera l'Antichrist. Nous devons donc savoir que malgré les persécutions et les souffrances actuelles ou futures, la Victoire est du côté de Dieu et de Ses Enfants.
VIVE JESUS, VVE SA CROIX!
Marlène- Septième Demeure : C'est l'Union transformante. Je vis la chasteté et la charité parfaites.
- Messages : 2587
Date d'inscription : 01/05/2010
Re: Le prince de ce monde
MARLENE a écrit:Maintenant, par rapport à la Fin des Temps, il n'est plus question de tergiverser par rapport au diable, Tous nous devons savoir et comprendre que LUCIFER VA BIENTÔT ÊTRE ENFERME DANS L'ABIME pour ne plus nuire à l'humanité pendant Mille Ans. L'Ere de Paix qui vient dans le Monde a pour préalable L'ENFERMEMENT de Satan. Tout ce que l'humanité vit maintenant peut être considéré comme les Cérémonies qui donneront lieu à cet ENFERMEMENT. Satan sait que ce temps de son ENFERMEMENT est déjà arrivé. C'est pour cela qu'il a maintenant ouvert tout grand les Portes de l'Enfer pour y entraîner le maximum d'âmes. Sa dernière carte avant ce temps, sera l'Antichrist. Nous devons donc savoir que malgré les persécutions et les souffrances actuelles ou futures, la Victoire est du côté de Dieu et de Ses Enfants.
VIVE JESUS, VIVE SA CROIX!
@ Marlène :
Notre Modératrice a très bien compris que Satan-Lucifer est DÉJÀ vaincu !
Il est comme une poule dont on vient de couper la tête en attaquant de partout parce qu'il est déjà à l'agonie !
Ses derniers soubresauts finiront bientôt !
Octo !
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