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Le Pape Dictateur (Marcantonio Colonna)

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Message  stjeanlagneau Jeu 8 Fév 2018 - 12:50

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Message  VotreServiteur Jeu 8 Fév 2018 - 15:46

Une réforme paralysée

En février 2014, les enquêtes de la Commission mises en place l’été précédent ont révélé, entre autres, que 94 millions d’euros avaient été trouvés à la Secrétairerie d’État et n’étaient pas comptabilisés dans les états financiers (70). Cela ne constituerait que la pointe de l’iceberg. Sur la base des consultations qui avaient été faites, le Conseil a formulé des recommandations globales pour la réforme des structures financières du Vatican. En tant qu’organe de supervision générale, il devait y avoir un Conseil pour l’Économie, composé de huit prélats et de sept laïcs, qui se réunirait tous les deux mois. La réforme structurelle la plus radicale a été la création d’un Secrétariat pour l’Économie, doté de pouvoirs très étendus. Il devait être placé sur un pied d’égalité avec la Secrétairerie d’État, relevant directement du Pape, et il devait assumer des responsabilités étendues jusqu’ici assumées par les autres organismes. Il absorberait la Préfecture des Affaires Économiques et prendrait le relais de l’ensemble de la « section ordinaire » de l’APSA , la gestion des biens immobiliers et du personnel. Plus ambitieusement encore, il assumerait les responsabilités financières et humaines de la Secrétairerie d’État, dans le cadre d’une réduction globale du pouvoir de ce dernier qui était proposé à l’époque.

Mais les Cardinaux au cœur de la Curie étaient trop puissants pour permettre un tel bouleversement. Le Cardinal Parolin, que le Pape François avait nommé Secrétaire d’État en octobre 2013, s’est battu avec acharnement pour défendre les intérêts de sa trop grande puissance. Le mythe selon lequel le Pape François, en tant que réformateur radical qui met de côté les intérêts acquis, est réfuté par la suite. Quoi de plus facile que d’accepter un plan élaboré sur la base des recommandations d’éminentes sociétés de conseil – KPMG, McKinsey & Co., Ernst & Young, Promontory Financial Group – ayant une compétence reconnue en matière d’efficacité et de transparence ? Mais le Pape François a laissé une clique de cardinaux entraver la réforme dès le début. Ses principales directives ont été mises en place – la création du Conseil et du Secrétariat pour l’Économie – mais des parties importantes ont été écartées. Par exemple, il a été souligné qu’un organisme purement administratif tel que l’APSA n’avait pas besoin d’avoir un cardinal à sa tête ; mais cette condition était trop précieuse pour être abandonnée, et l’APSA continue d’être dirigée par un cardinal (Domenico Calcagno, dont les actes seront inspectés sous peu). L’APSA n’a pas cédé sa gestion immobilière au Secrétariat pour l’Économie, mais a cédé le contrôle des revenus locatifs. Le Gouvernorat et la Congrégation de la Propagande restaient autonomes. La Secrétairerie d’État a résisté à toutes les tentatives de réduction et, dans le domaine financier, elle a gardé le contrôle du Denier de Saint-Pierre, les dons faits au Saint-Siège par les fidèles du monde entier, soit plus de 50 millions d’euros par an (71).

Le Cardinal australien George Pell, qui avait la réputation d’être un administrateur solide, a été nommé à la tête du Secrétariat pour l’Économie en février 2014, avec un mandat de cinq ans. Avec son allié, le laïc français Jean-Baptiste de Franssu, responsable de l’IOR, Pell commença rapidement à influencer les affaires du Vatican. En quelques mois, le Cardinal a annoncé ouvertement qu’il avait trouvé 936 millions d’euros dans les divers dicastères du Vatican qui n’avaient pas été inscrits au bilan, et en février 2015 le chiffre avait été porté à 1,4 milliard (72). Ces révélations ne le rendirent pas populaire auprès des fonctionnaires qui l’entouraient. Le Cardinal Pell n’a jamais été un maître de la diplomatie, et les Italiens ne sont pas familiers avec la personnalité d’un anglo-saxon franc et honnête, dont ce modèle a été donné parmi eux.

(70) Gianluigi Nuzzi, "Merchants in the Temple" (Les Marchands du Temple), p. 76. [Via Crucis p.97]

(71) Nuzzi, op.cit., p.56. [Via Crucis p.72]

(72) Nuzzi, op. cit., p.202. [Via Crucis p.265]
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Message  VotreServiteur Ven 9 Fév 2018 - 16:28

La Vieille Garde

L’opposition au Cardinal Pell a été dirigée par quatre cardinaux qui ne s’intéressent pas seulement à retarder la réforme financière, mais aussi à remettre les structures du Vatican dans la position antérieure à l’apparition de Pell. Nous pouvons commencer par le Cardinal Domenico Calcagno, qui est président de l’APSA depuis 2011 et qui est le plus scandaleux des quatre. Gianluigi Nuzzi, dans l’un de ses commentaires les plus éloquents, décrit Calcagno comme « le prélat intrigant et savant connaisseur des secrets de la Curie » (73). Avant d’être nommé à la Curie, Calcagno avait été Évêque de Savone, où entre 2002 et 2003 il a ignoré les cas répétés de violences sexuelles contre des mineurs par un de ses prêtres, le déplaçant simplement dans une autre paroisse. Ce qui est encore plus choquant, c’est que Calcagno fait toujours l’objet d’une enquête pour des transactions immobilières qui ont nui aux finances du diocèse (74). C’est un constat, sous le pontificat de François, que ce passé n’est pas jugé incompatible avec la tenue de l’un des postes financiers clés au Vatican.

Giuseppe Versaldi, Président de la Préfecture des Affaires Économiques de 2011 à 2015, est un autre cardinal qui, à première vue, semble avoir disparu du champ financier. En 2014, le Cardinal Versaldi a été surpris, dans un appel téléphonique intercepté, informant le chef de l’hôpital Bambino Gesù du Vatican de ne pas faire savoir au Pape que 30 millions d’euros des fonds de l’hôpital avaient été détournés (75). La réponse à cette découverte, un an après sous le pontificat du Pape François, fut d’une légèreté révélatrice. Le Cardinal Versaldi a perdu la Préfecture des Affaires Économiques mais a été récompensé en étant nommé Préfet de la Congrégation pour l’Éducation Catholique, poste qu’il occupe encore aujourd’hui. De là, il entretient des relations constantes avec le Cardinal Calcagno et ne ménage aucun effort pour récupérer son ancien pouvoir.

Le troisième cardinal à remarquer est Giuseppe Bertello, Président du Gouvernorat de l’État de la Cité du Vatican, dont le manque d’enthousiasme pour la transparence a été constaté dès les premières étapes des efforts de réforme. Gianluigi Nuzzi décrit les réponses obstruantes que lui et son Secrétaire Général ont données fin 2013 aux demandes d’informations financières formulées par la Commission pour la réforme (76). Ce que Calcagno, Versaldi et Bertello ont en commun, c’est qu’ils ont tous été amenés au Vatican par le Cardinal Bertone lorsqu’il était Secrétaire d’État. Cette association a été jugée toxique dans les premières étapes du pontificat de François, et on a supposé que leurs têtes allaient bientôt rouler. En fait, ils sont toujours au pouvoir et ont fait preuve d’une résistance extraordinaire.

Au-dessus de ces trois derniers se trouve le Secrétaire d’État, le Cardinal Pietro Parolin. Sa résistance au nouveau régime de transparence prétendument introduit par le Pape François a été bien documentée par Gianluigi Nuzzi (77), mais sa principale caractéristique est sa détermination à ne pas abandonner une once de son énorme pouvoir. Dans cette cause, il a immédiatement identifié le Cardinal Pell comme l’ennemi principal, et il s’est consacré au cours des trois dernières années à retarder ses efforts de réforme et à réduire son pouvoir. En cela, le Pape François lui a donné la main libre, lui accordant à maintes reprises ses demandes pour qu’il se débarrasse de la nouvelle structure financière qui semblait avoir été mise en place en 2014.

Il convient de noter qu’aucun des quatre cardinaux mentionnés ne peut être considéré comme représentant une caste curialiste vouée à la préservation du contrôle contre un pape réformateur. Tous sont arrivés à leurs postes assez récemment, les Cardinaux Calcagno, Versaldi et Bertello ayant été installés par le Secrétaire d’État Bertone la même année, 2011, tandis que le Cardinal Parolin a été nommé par le Pape François lui-même en 2013. Ce pour quoi ils se battent, ce n’est pas pour un système de gouvernement traditionnel, mais pour un système qui a pris sa forme actuelle, avec tous ses abus, à une époque très récente.

(73) Nuzzi, "Merchants in the Temple" (Les Marchands du Temple), p.113. Les linguistes peuvent être intéressés à noter que "calcagno" signifie en italien "talon".

(74) Article dans "Lettera 43" du 21 mai 2017 de Francesco Peloso : "Vaticano, la guerra tra dicasteri finanziari frena la riforma del papa" (Vatican, la guerre entre les services financiers freine la réforme du pape). Peloso écrit : « Le cardinal Calcagno est resté à la tête de l’APSA, sous enquête pour des activités immobilières qui finissent par endommager les caisses du diocèse. Pourtant, il est toujours à sa place. »

(75) Agenza Nazionale Stampa Associata, 20 juin 2015 : Nina Fabrizio et Fausto Gasparroni, "Crac Divina Provvidenza : spunta cardinale Versaldi : ’Tacere al Papa 30 milioni sull’ Idi." Ce type de malversation n’était pas nouveau : deux ans plus tôt, 400 000 euros avaient été détournés des fonds du Bambino Gesù pour rénover l’appartement du Cardinal Bertone, alors Secrétaire d’État (cf. note 85 ci-dessous).

(76) Nuzzi, op. cit., p.81. [Via Crucis p.107]

(77) Nuzzi, op. cit., pp.53-54 et 169-170. [Via Crucis p.70-71 et 218-220.]
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Message  VotreServiteur Mar 13 Fév 2018 - 2:02

Le renversement de la réforme

La clé de l’inversion de la réforme conçue en 2014 réside dans le contraste entre le savoir-faire politique du Cardinal Pell et les quatre cardinaux qui l’ont combattu. En tant qu’anglo-saxon, George Pell avait les présupposés d’une culture parlementaire : la réforme des structures du Vatican avait été décrétée par l’autorité légale, les fonctionnaires respecteraient évidemment la politique et travailleraient à sa mise en œuvre, et il ne restait plus qu’à aller de l’avant. Cette méprise n’a pas été le cas des Cardinaux Parolin, Calcagno, Versaldi et Bertello. C’étaient des Italiens, et d’où ils venaient, il y avait une grande différence entre ce qu’un gouvernement a dit qu’il allait faire et ce qu’il avait l’intention de faire. Avant tout, les leçons historiques des cours royales italiennes, et notamment de la cour papale, étaient dans la moelle des os. Dans ce monde, les résultats n’ont pas été obtenus par le débat et les résolutions administratives, ils ont été gagnés en ayant l’oreille du monarque, le fréquentant jour après jour, et en laissant tomber des conseils plausibles constamment à son oreille. C’est le chemin qu’ils ont suivi avec beaucoup de succès.

Le principal scandale des quatre dernières années a été la manière dont l’APSA, sous le Cardinal Calcagno, a pu reprendre son pouvoir. Alors que l’attention des médias se concentrait sur l’IOR (ce qui est compréhensible au vu de ses méfaits passés), il n’a pas été remarqué que l’APSA elle-même fonctionnait comme une "Banque du Vatican" parallèle, et qu’elle a échappé aux réformes auxquelles l’IOR est soumise. L’APSA gère depuis longtemps des comptes pour des clients privés et leur ouvre des comptes codés dans des banques suisses (on ne sait pas si cela existe encore). C’est une ressource très prisée des Italiens riches, car elle leur permet de placer de l’argent dans des fonds d’investissement et d’éviter de payer des impôts. Dans le cadre de ces services, l’APSA a agi en concurrence avec sa propre institution sœur dans sa quête de clients, les fonctionnaires étant connus pour assurer aux investisseurs que l’APSA obtiendrait de meilleurs résultats que l’IOR. Il y a des raisons de croire que c’est l’APSA plutôt que l’IOR qui a été la véritable usine de la criminalité dans les finances du Vatican (78). Sous le Cardinal Calcagno, l’APSA a ignoré les tentatives de réforme avec une facilité déconcertante, tout en défiant les règles de la nouvelle économie en engageant des consultants externes et des avocats coûteux pour l’aider à sceller son passé obscur. Quant au Pape François, il a été mis au courant de tout cela à plusieurs reprises, mais il n’a rien fait.

La malhonnêteté, ou du moins une grande part d’incompétence, était l’ingrédient du scandale qui a éclaté en 2016. Il y a une quinzaine d’années, la gestion des grandes propriétés immobilières de la Basilique Saint-Pierre a été retirée aux Chanoines eux-mêmes et transférée à l’APSA. Le portefeuille comprenait quelque 300 biens immobiliers, principalement dans le centre de Rome et souvent d’une grande valeur historique. En 2016, il a été constaté qu’environ 80 des appartements concernés avaient tout simplement été laissés à l’abandon. Beaucoup d’autres sont loués à des loyers ridiculement bon marché, ou les loyers ne sont tout simplement pas payés par les locataires et ne sont pas perçus ; parfois les loyers préférentiels sont un moyen légitime d’assurer un logement à Rome aux employés de l’Église, mais souvent les méthodes décrites ont été utilisées pour faire des faveurs personnelles sans justification officielle. Il en résulta que les revenus de ce riche patrimoine avaient été transformés en un déficit de 700 000 euros, et les Chanoines de Saint-Pierre se sont fait dire en 2016 qu’ils ne pouvaient pas élire de nouveaux membres parce qu’il n’y avait pas de fonds pour les payer (79).

Ce n’est là qu’un aspect du régime qui prévaut à l’APSA. Le Cardinal Pell a demandé à plusieurs reprises au Pape le renvoi du Cardinal Calcagno, et François lui a répondu qu’il le renverrait si la preuve était apportée. En fait preuve après preuve a été présenté, mais Calcagno continue d’être protégé. Il sait comment garder la faveur, et depuis longtemps il dîne avec le Pape presque tous les soirs. Dans la guerre contre Pell que le Cardinal Calcagno gagne régulièrement, il a récupéré pour l’APSA la supervision des avoirs financiers du Vatican qui avaient été transférés au Secrétariat de l’Économie.

La lutte contre la corruption au Vatican a été réduite à une moquerie par les hauts fonctionnaires qui continuent d’occuper de hautes fonctions. Le signe le plus révélateur est le fait qu’aucune poursuite pour délit financier n’a eu lieu devant le Tribunal de l’État de la Cité du Vatican sous le Pape François. L’organisme de surveillance du Vatican, l’Autorité d’Information Financière, a envoyé 17 rapports au Bureau du Promoteur de la Justice, mais aucun d’entre eux n’a donné lieu à des poursuites, encore moins à une condamnation. On peut opposer cela au sort de Monseigneur Lucio Vallejo, l’ancien Secrétaire de la Préfecture des Affaires Économiques, jugé à l’été 2016 et condamné à 18 mois de prison (qu’il a purgé dans les cellules du Vatican) pour avoir divulgué des documents secrets à Gianluigi Nuzzi dans l’intention de dénoncer les réformes imparfaites. En même temps, sa complice Francesca Chaouqui a été condamnée à dix mois de prison avec sursis. Ces deux-là sont presque les seules poursuites qui ont découlé de tous les scandales financiers du Vatican. Le message est clair : la criminalité financière demeure dans le dossier indéfiniment ; c’est la dénonciation qui sera rigoureusement poursuivie (80).

Le sort de l’audit global introduit par le Cardinal Pell a été un signe avant-coureur du refus de la réforme financière. En décembre 2015, il a été décrété que PricewaterhouseCoopers réaliserait un audit externe de tous les organes du Vatican, et cela a commencé immédiatement. Après quatre mois, cependant, sa suspension a été annoncée, sans motif (81), et en juin 2016, elle a été officiellement annulée. Le changement est venu du Cardinal Parolin lui-même, dont le substitut, l’Archevêque Becciu, a téléphoné à PricewaterhouseCoopers pour les informer que l’audit ne serait pas appliqué à la Secrétairerie d’État, ce qui le rendait pratiquement inutile.

Avant même le début de l’audit, en octobre 2014, il y avait eu restauration d’une partie des compétences qui avaient été transférées au Secrétariat pour l’Économie, et en juillet 2016, par un Motu Proprio signé par le Pape, les larges pouvoirs initialement accordés au Secrétariat ont été révoqués et il ne lui restait plus qu’un rôle de supervision (82). Le Wall Street Journal l’a décrit comme « un signe que les intérêts établis du Vatican ont gagné le soutien du Pape » (83). Le Secrétariat n’avait pas été informé à l’avance du Motu Proprio, pas plus qu’il n’avait été consulté au sujet de l’annulation de l’audit de PricewaterhouseCoopers. C’était un signal clair que la Secrétairerie d’État reprenait le contrôle et n’observait pas les dispositions. En fait, la réalité est bien pire que celle du dossier. Le Secrétariat pour l’Économie est aujourd’hui pratiquement vide, et nombre de ses collaborateurs nominaux sont en fait soumis à l’APSA, à qui ils doivent leur véritable fidélité. Après avoir recouvré le contrôle de ses ressources humaines, la Secrétairerie d’État utilise ce pouvoir pour s’assurer que les emplois du Cardinal Pell ne sont occupés que par des contrats à court terme et sans la sécurité et les avantages généreux qui s’appliquent à la Secrétairerie d’État et à l’APSA.

Ces faits indiquent-ils que le Pape François est contre la réforme financière en soi ? Cela semble être une conclusion injustifiée, mais de son point de vue, elle est loin derrière les jeux de pouvoir qui sont au cœur de son style de gouvernement. George Pell entre dans une classe de prélat – les Cardinaux Burke et Müller en sont d’autres exemples marquants – qui ont mérité l’aversion de François à cause de leur indépendance et de leur refus de tomber dans le rôle de pions. Le Cardinal Pell a pris l’habitude de s’adresser au Pape sur une variété de sujets, pas seulement financiers, et il n’a jamais été impressionné par le bilan de François en tant que réformateur. En ce qui concerne la réforme financière et administrative de la Curie ou la lutte contre les prêtres délinquants sexuels, Pell a déclaré : « François est l’opposé de Théodore Roosevelt. Il parle fort et porte un petit bâton. » Le Pape François n’aime pas les gens de ce genre autour de lui, surtout dans une telle position de pouvoir qu’il a confiée à Pell en 2014. Mais ce n’est pas non plus son style de frapper directement de telles personnages. Le bon commentaire a été fait : « Plutôt que de tirer un clou, le pape François trouve un autre outil. » (84) Et les outils qu’il préfère à Pell sont le Cardinal Calcagno, qui lui est redevable pour la restauration de son pouvoir, et le Cardinal Parolin, qui, en tant que Secrétaire d’État, a mis en œuvre et accepté toutes les mesures tyranniques de son pontificat.

Une autre menace pesait depuis longtemps sur le Cardinal Pell et s’est matérialisée. En tant qu’évêque en Australie, il a été accusé d’avoir omis de prendre des mesures contre les cas d’abus sexuels parmi son clergé, et il a admis avoir commis des erreurs à un moment où la conscience du problème était moins aiguë qu’aujourd’hui. Le but de ce livre n’est pas de présenter le Cardinal Pell comme un héros, et il se peut qu’un manque de sensibilité dans son personnage soit responsable de ses échecs. Plus récemment, il a été accusé d’avoir lui-même abusé de garçons, dans des allégations liées à des incidents survenus il y a quarante ans et qu’il a nié dès le moment où ils ont été signalés. Avant de savoir si les autorités australiennes engageraient des poursuites, il a été noté que les accusations portaient sur des infractions tellement mineures que, s’il s’était agi d’une affaire ordinaire, elles auraient été abandonnées depuis longtemps, et une politicienne australienne, Amanda Vanstone, a dit à ce sujet : « Ce que nous voyons ne vaut pas mieux qu’un lynchage des âges sombres. » (85) La décision de poursuivre a été prise en juin 2017, et le Cardinal Pell est retourné en Australie pour subir son procès. Il y a ceux qui pensent que les ennemis de Pell, tant en Australie qu’au Vatican, ont utilisé cette arme contre lui, et ils signalent des coïncidences remarquables entre les flambées de violence sexuelle et les moments de pression de la guerre du Vatican.

Dans l’affirmative, le système présente une certaine faiblesse. Premièrement, le Cardinal Pell n’a pas été prié de démissionner de sa nomination au Vatican, comme ses ennemis l’auraient espéré. Deuxièmement, il semble peu probable qu’il soit reconnu coupable, même en première instance, et encore moins en appel. Cela signifie qu’il retournera probablement un jour à Rome et reprendra les rênes. Dans ce cas (et comme on l’a vu depuis le début) la stratégie de l’opposition semble être de lui couper les ailes le plus possible, d’attendre l’expiration de son mandat de cinq ans, de tout remettre en place comme c’était avant qu’ils soit nommé, puis de rejeter sur Pell le blâme de l’échec des réformes financières. En toute apparence, c’est la voie que le Pape soutient.

Même à ce niveau, cependant, on peut être autorisé à signaler un problème : le Pape François ne vivra pas éternellement. Il y a toujours le risque que le prochain pape soit un véritable réformateur, qu’il ordonne une enquête sur ce qui s’est passé au Vatican, et que le monde découvre comment la réforme promise a été complètement falsifiée. Les gens évalueront ce que cela signifie que trois cardinaux qui étaient censés être en route pour la sortie en 2013 sont maintenant de retour, et qu’une intention déclarée de réduire le pouvoir de la Secrétairerie d’État a abouti à une situation dans laquelle la Secrétairerie est plus puissante et arbitraire que jamais.

Les détails de l’échec de la réforme financière du Vatican sont connus des journalistes qui ont étudié le sujet : ils sont donnés dans les nombreux articles cités dans ce chapitre. Mais les leçons générales restent à tirer. Un véritable acte d’accusation a été occulté par l’idée étrangère d’un parti conservateur et curialiste au Vatican, vaguement conçu et mal décrit. À l’intérieur de la Curie, chacun sait exactement qui sont les ennemis du Cardinal Pell, et ils savent aussi que, loin d’être en lutte pour résister à la volonté du Pape, ils tirent leur pouvoir de la faveur que leur accorde le Pape François.

(79) Article dans "Il Messaggero" du 29 avril 2016 : Franca Giansoldati, ’’Vaticano, scandalo case : un buco di 700 mila euro." (Le Vatican, affaire scandaleuse : un trou de 700 mille euros.)

(80) En juillet 2017, une exception se produisit tardivement lorsque le tribunal du Vatican commença à juger l’affaire relativement mineure des 400 000 euros détournés des fonds de l’hôpital Bambino Gesù pour rénover l’appartement du Cardinal Bertone (voir plus haut à la note 75). Fait significatif, le déclencheur de cette poursuite pourrait avoir été l’irritation du Pape François devant le fait que le Cardinal Bertone a exercé son droit de continuer à vivre au Vatican même après sa destitution en tant que Secrétaire d’État.

(81) Article dans "Cathotic Culture" du 21 avril 2016 : Philip Lawler, "The drive for Vatican reform has stalled". (L’élan pour la réforme du Vatican est au point mort)

(82) Article dans "LifeSiteNews" du 11 juillet 2016 : Philip Lawler, "Another blow to Vatican transparency and accountability". (Un autre coup porté à la transparence et à la responsabilité du Vatican)

(83) Francis X. Rocca dans "The Wall Street Journal" du 7 September 2016 : "The Trials and Tribulations of the Vatican’s Financial Chief : Pope Francis trimmed powers of Cardinal George Pell, charged with cleaning up the city-state’s muddled accounts, in setback for broader overhaul of Vatican." (Les Procès et les Tribulations du Chef Financier du Vatican : le Pape François a réduit les pouvoirs du Cardinal George Pell, chargé de nettoyer les comptes confus de l’État de la Cité, au détriment d’une refonte plus large du Vatican.)

(84) John Allen dans "Crux", 8 décembre 2016.

(85) Cité dans "Catholic World Report" du 13 juillet 2017, article de Carl Olson, "Is Cardinal Pell ’the quintessential scapegoat’ ?". (Le Cardinal Pell est-il le bouc émissaire par excellence ?) Il convient de noter que l’impopularité dont le Cardinal Pell a été victime en Australie provenait en grande partie du lobby homosexuel, qui n’aimait pas la position qu’il avait adoptée à cet égard.
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Message  VotreServiteur Ven 16 Fév 2018 - 15:58

Guerre ouverte

Le conflit entre le Secrétariat de l’Économie et l’APSA entre dans une phase nouvelle et violente en mai 2017, lorsqu’une missive est distribuée de ce dernier aux départements du Vatican, les chargeant de fournir des informations financières pour un audit de PricewaterhouseCoopers qui devait se dérouler sous la direction de l’APSA – la mesure même qui avait été bloquée lors de son essai par le Secrétariat pour l’Économie. Monseigneur Rivella, qui était responsable de la lettre, a affirmé que le Conseil pour l’Économie avait autorisé l’APSA à entreprendre une procédure de révision, ce qui s’est rapidement avéré faux. En quelques jours, le Cardinal Pell et le Vérificateur Général ont envoyé des lettres aux services concernés pour dénoncer l’ordre et déclarer que l’APSA dépassait ses compétences (86).

Le vainqueur de cette bataille est vite révélé : le 20 juin, la "démission" est annoncée du Vérificateur Général, Libero Milone (87), prétendument parce qu’il refuse d’accepter une réduction de son salaire. Après des mois de silence, Milone révéla publiquement les circonstances de son licenciement le 24 septembre (88), et son témoignage de première main est présenté ici, complété par quelques détails qui ont été ajoutés par des témoins oculaires. Milone a raconté que, le matin du 19 juin, l’Archevêque Becciu lui a ordonné de démissionner lors d’un entretien privé, et a déclaré que l’ordre venait du Pape François en personne. Malgré les protestations de Mr Milone selon lesquelles les plaintes contre lui étaient fabriquées de toutes pièces, le licenciement s’est déroulé dans le style d’un État totalitaire. Le même jour, la Police du Vatican a fait une descente dans le bureau du Vérificateur Général, accompagnée de membres du Service d’Incendie du Vatican. Ils ont arrêté et interrogé Mr Milone pendant des heures, le menaçant souvent après avoir saisi tout son matériel électronique, personnel et professionnel, ainsi que tous les dossiers présents dans son bureau. Ils ont ensuite forcé la porte du bureau du Sous-Vérificateur Général, Ferruccio Pannico, pour prendre et emporter ses dossiers. Curieusement, les clefs du bureau de Mr Pannico et la combinaison du coffre-fort étaient à la disposition des agents de police, mais une procédure plus bruyante et intimidante utilisant des haches, des pieds-de-biche, des marteaux et des ciseaux ont été privilégiés. Mr Pannico, absent du bureau, a également été contraint de démissionner. Des simples employés et des visiteurs malheureux au bureau ce jour-là ont été détenus et privés de leurs téléphones cellulaires pendant leur interrogatoire. Les démissions de Milone et Pannico sont le résultat d’un ultimatum : démissionner ou être arrêté. Ils ont été obligés de signer des lettres scellant leurs lèvres, et Mr Milone, dans son interview du 24 septembre, n’a encore pu révéler qu’une partie de la vérité.

Contrairement à l’allégation en apparence selon laquelle la démission concernait le refus de Mr Milone d’accepter une réduction de salaire, les accusations portées contre lui le 19 juin étaient de nature tout à fait différente et comprenaient la "plainte" qu’il avait adressée à une entreprise extérieure au Vatican lorsqu’il avait constaté que son ordinateur avait été trafiqué. C’était en effet vrai : les consultants ont constaté que l’ordinateur avait été la cible d’un accès non autorisé, alors que l’ordinateur de son secrétaire avait été infecté par des logiciels espions qui copiaient des fichiers. Il est intéressant de noter que lorsque Mr Milone a fait ses révélations le 24 septembre, l’Archevêque Becciu a réagi avec véhémence en niant ses accusations et en déclarant que la raison de son licenciement était que Milone (le fonctionnaire, rappelons-le, qui avait été nommé pour enquêter sur des méfaits financiers au Vatican) avait "espionné" ses supérieurs et son personnel, y compris Becciu lui-même. Il s’agit en effet d’une organisation qui a porté l’espionnage interne à un niveau inconnu depuis la Roumanie de Ceausescu (89).

Quant à la véritable cause du licenciement de Mr Milone, on a vite dit qu’il se rapprochait trop près des finances de la Secrétairerie d’État. L’un des organismes dont ses recherches menaçaient la vie privée était Centesimus Annus, une fondation sous-examen qui est censée être un centre de collecte de fonds de l’Église, mais qui a été qualifiée par Moneyval en 2012 comme le contrôle d’une grande partie de la richesse du Vatican. Plus délicatement encore, Milone commençait à poursuivre l’allégation selon laquelle le Denier de Saint-Pierre - les dons des fidèles au Saint-Siège - avaient été détournés pour aider au financement de la campagne présidentielle de Hillary Clinton l’année précédente.

Le moment où le coup a été porté était également important, et il est lié à l’annonce faite quelques jours plus tard que le Cardinal Pell allait être accusé de maltraitance d’enfants par la police australienne. Le 19 juin, seul la Secrétairerie d’État le savait à Rome, par l’intermédiaire de son nonce en Australie, tandis que le Bureau de Presse du Vatican faisait cette annonce, avec une panoplie inutile, dix jours plus tard. La conclusion à tirer est qu’avec Pell mis hors de cause, la Secrétairerie d’État a estimé qu’il était prudent de se débarrasser également de son principal allié et que le scandale serait bientôt éclipsé par celui des allégations d’abus sexuel.

La responsabilité personnelle du Pape François pour cette manœuvre politique admet peu de doute. L’Archevêque Becciu a assuré à Milone, le 19 juin, que l’ordre de licenciement venait du Pape, et il n’y a guère de raisons d’en douter : il s’inscrit dans le modèle des nombreuses défenses ordonnées par Jorge Bergoglio, dans les coulisses, au cours de sa carrière. Dans son interview du 24 septembre, Milone a révélé qu’à la suite de son licenciement, il a écrit une lettre au Pape, par un canal sécurisé, dénonçant l’injustice et protestant contre le fait qu’il était victime d’une "una montatura" (un coup-monté). Il n’a jamais reçu de réponse, et ses efforts pour parler personnellement au pape François n’ont pas été couronnés de succès.

Le rôle joué dans cette affaire par le Promoteur de la Justice du Vatican mérite également d’être commenté. Son approche draconienne à l’égard de Mr Milone contraste avec sa politique déficiente, décrite plus haut, en ce qui concerne les nombreux cas de crimes financiers signalés à son bureau. La paralysie du système judiciaire au Vatican reste une source de préoccupation majeure.

L’épisode douloureux qui a été décrit soulève un certain nombre de questions, dont les suivantes :

  • Étant donné que le bureau du Vérificateur Général est situé sur des propriétés extraterritoriales mais non pas sur le territoire de l’État du Vatican, la Police du Vatican a-t-elle outrepassé sa juridiction en traversant le territoire Italien et en effectuant le raid et la détention en dehors de l’État du Vatican ?

  • Étant donné qu’une descente policière de ce genre n’a manifestement pas lieu dans le cadre d’un différend salarial, et qu’elle ne justifierait pas le transport de boîtes remplies de dossiers, serait-ce parce que les enquêtes de Milone l’ont rapproché trop dangereusement des vérités impliquant des personnes en position de pouvoir, de sorte qu’il a dû être arrêté et que les preuves ont été retirées ?

  • Enfin, comment le Pape François peut-il penser qu’une réforme des finances du Vatican est possible s’il a lui-même placé la quasi-totalité du pouvoir, de la police et de la justice entre les mains des structures mêmes et des personnes responsables de la corruption ?

(86) "Lettera 43", 21 mai 2017 : Francesco Peloso, "Vaticane, la guerra tra dicasteri finanziari frena la riforma del papa" (Vatican, la guerre entre les services financiers freine la réforme du pape) ; et "National Catholic Register" du 10 mai 2017 : Edward Pentin, "Cardinal Pell Reprimands Vatican’s Real Estate Body for Exceeding Its Authority." (Le Cardinal Pell réprimande l’Organisme Immobilier du Vatican pour avoir outrepassé son autorité)

(87) Article dans "Catholic Culture" du 20 juin 2017 : Philip Lawler, "The Vatican auditor resigns – another crushing blow for financial reform". (Le Vérificateur du Vatican démissionne – un autre coup dur pour la réforme financière)

(88) Interview de Libero Milone donnée au "Corriere della Sera", "Wall Street Journal", "Reuters" et "Sky Tg24", publiée par le "Corriere della Sera" le 24 septembre 2017. Voir aussi l’article de Philip Pullella dans "Reuters World News" de la même date, "Auditor says he was forced to quit Vatican after finding irregularities." (Le Vérificateur dit qu’il a été forcé de quitter le Vatican après avoir constaté des irrégularités)

(89) Pour plus de détails à ce sujet, voir le chapitre 6 ci-dessous.
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Message  VotreServiteur Sam 17 Fév 2018 - 1:57

Un constat troublant et une conclusion tout aussi troublante

Pour résumer ce qui a été dit jusqu’à présent : quatre organismes vitaux ont été mis en place au cours des dernières années : l’Autorité d’Information Financière, le Conseil pour l’Économie, le Secrétariat pour l’Économie et le Cabinet du Vérificateur Général. Depuis leur création, ces entités ont été la cible d’attaques des membres de la Vieille Garde laissés en place et habilités par le Pape François lui-même. Grâce à l’infiltration dans l’Autorité d’Information Financière et le Conseil pour l’Économie, avec la réduction et la suppression définitive du Préfet, le Cardinal Pell, et la révocation du Vérificateur Général, Libero Milone, ces quatre organismes ont été neutralisés, voire anéantis.

Le Pape était-il au courant de ces attaques ? Les initiés nous confirment que la réponse est oui, et qu’il a signé des décrets exécutifs illogiques l’un après l’autre pour accélérer leur disparition.

Cela nous amène à trois dernières questions :

  • Compte tenu du blocage effectif des quatre organismes mentionnés et du rétablissement de l’ancienne structure du Vatican, combien de temps la justice italienne attendra-t-elle avant d’exiger les noms des citoyens italiens qui ont enfreint la loi italienne, dans des actes allant du blanchiment d’argent à l’évasion fiscale, en utilisant des comptes de l’APSA et des canaux financiers protégés contre les paradis fiscaux offshore ?

  • Est-il possible que les autorités bancaires européennes et internationales décident de fermer l’accès de l’APSA aux facilités bancaires mondiales jusqu’à ce qu’un nettoyage des structures et de la population du Vatican ait eu lieu sous surveillance externe ?

  • Pouvons-nous voir le Gouvernement Italien dénoncer le Traité du Latran de 1929 qui a fait du Vatican un État étranger, créant ainsi le terrain de jeu sans loi et corrompu qu’il est devenu ?
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Message  stjeanlagneau Dim 18 Fév 2018 - 10:45



Merci Gilbert Chevallier  Applaudir

@ tous

Terrible conclusion qui nous amène au constat très amère que l'esprit du monde est entré au Vatican.

Beaucoup de malhonnètetés et de perversions, la ou devraient règner l'amour de Dieu et du prochain.

Cette perte de la Foi, risque de nous promettre des années difficiles.  Effrayé

Soyons plus que jamais fidèles à  Poisson


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Message  Admin Dim 18 Fév 2018 - 12:01

@ Gilbert Chevalier :

Merci !

Y a-t-il une suite ?

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Message  VotreServiteur Dim 18 Fév 2018 - 12:22

Oui, il y a une suite puisque le livre comporte 6 chapitres :
encore du boulot pour moi en perspective ! lol !
Et pour vous de la patience, n'est-ce pas ? lol !
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Message  Admin Dim 18 Fév 2018 - 13:21

@ Gilbert Chevalier :

Merci ! Meeerci ! Merci !

Dossier très intéressant à lire... en français !

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